Voici un article auquel j’ai participé pour la revue gestion de fortune datée du mois de décembre 2012. La question porte sur les alternatives possibles pour faire face à l’inéluctable baisse des rendements des fonds euros.
 

La rémunération des fonds en euros est en baisse constante ces dernières années. Quelles sont alors les options pour booster un contrat sans prendre trop de risque ?

 
Les rendements des supports sécurisés de l’assurance vie ne font plus rêver les épargnants. Preuve en est la décollecte subie par l’enveloppe depuis plusieurs mois. Et cette tendance pourrait se poursuivre. En effet, dans le contexte de taux bas, de marchés boursiers chahutés et avec le poids de la réglementation Solvabilité II (cf. page XX) les assureurs ont très peu de marge de manœuvre et les opportunités se font rares. « En 2012, la plupart des composantes du rendement brut des fonds en euros sont orientées à la baisse spécifiquement en ce qui concerne les OAT, les spread sur les obligations corporate ou à taux variables et surtout sur la partie monétaire, explique Bernard Le Bras, directeur exécutif de Suravenir. Mais il y a tout de même des opportunités de diversification intéressantes notamment sur l’immobilier. Même si les rémunérations risquent de baisser en 2012, cela se fera certainement dans des proportions plus faibles que précédemment. Les perspectives ne sont donc pas si défavorables ». Les acteurs du marché s’attendent en effet à des taux servis relativement stables, de l’ordre de 2,80 % à 3 % en moyenne. Cependant, d’après le directeur exécutif de Suravenir, « le faible niveau de collecte n’est paradoxalement pas handicap pour les assureurs. En effet, s’il y avait beaucoup de liquidités à investir aujourd’hui, les rendements moyens baisseraient plus rapidement ». « Les actifs généraux se composent globalement de 11 % d’actions à l’heure actuelle. Bien que cette part ait été un peu allégée à cause de la crise et de la forte volatilité des marchés, cela permet une bonne diversification. Pour le reste, ils sont constitués à hauteur de 75 % d’obligations (dont un tiers en emprunt d’Etats et le reste d’entreprises), de 5 % en immobilier puis de 9 % de divers investissements dont notamment des liquidités. Face à la faible rémunération des obligations, il relève du métier de l’assureur de gérer au mieux dans le cadre prudentiel et l’environnement économique et de rechercher d’autres poches de rendement. Ainsi, en complément des grandes classes d’actifs, les gestionnaires n’hésitent pas à prendre des initiatives pour une diversification complémentaire sur de nouveaux marchés tels que dans les infrastructures. Cela permet de plus de répondre aux besoins de l’économie générale », expose Pierre de Villeneuve, président du comité vie de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA).
 

Quel avenir pour le fonds en euros ?

La rémunération des fonds en euros se rapproche donc de l’inflation et de celle des livrets réglementés.
Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus plébiscités par les épargnants. D’après les chiffres de la Caisse de dépôts et consignations, le livret A et le livret de développement durable enregistrent une collecte de 17,41 milliards sur les neuf premiers mois de l’année alors que sur la même période l’assurance vie accuse une décollecte de 5,10 milliards d’euros d’après la FFSA et le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (GEMA).
L’avenir du fonds en euros serait-il alors compromis ? Pierre de Villeneuve rappelle que « ce support a des caractéristiques exceptionnelles. Il n’existe pas d’autres produits qui proposent les mêmes garanties. Les souscripteurs ont besoin de placer leur épargne avec une certaine rémunération sur le long terme mais ce qui compte surtout c’est la protection du capital par rapport à l’érosion monétaire ».Cf article : Assurance vie rendement 2011 : Les fonds euros perdent encore en avantage comparatif.
En témoigne la prépondérance du fonds en euros dans les contrats d’assurance vie (85 % en 2011). « En fait, ce n’est pas un risque que le taux de rémunération baisse. Il sera adapté en fonction du niveau de l’inflation. Le produit évolue dans un environnement financier qui concerne l’ensemble des placements. Mais il a l’avantage de bénéficier d’un principe comptable spécifique qui mutualise les risques entre les souscripteurs. Cela permet d’assurer une régularité de la rémunération dans le temps et d’alimenter des provisions pour faire face aux écueils futurs. Grâce à cette mécanique, le fonds en euros peut proposer une revalorisation attractive par rapport au reste des supports sécuritaires », ajoute Pierre de Villeneuve. Cf article : Doublement du Livret A, Compte à terme : Les nouveaux concurrents de l’assurance vie ?
Même s’il baisse, son rendement reste positif, surtout en net fiscal », confirme Serge Moreno, directeur marketing au sein de la direction épargne et clientèle patrimoniale d’AG2R La Mondiale. « Et il ne faut pas oublier les avantages successoraux offerts par l’enveloppe assurance vie qui concernent particulièrement les clients patrimoniaux », souligne Anne Verdu, responsable des offres de gestion financière, OPCVM et assurance vie au sein du marketing de LCL Banque Privée.
Force est cependant de constater que le fonds en euros à lui seul ne sera plus le support idéal sur le long terme. « Il restera tout de même à la base du patrimoine, estime Guillaume Fonteneau, conseiller en gestion de patrimoine indépendant à Niort et Paris. Une faible rémunération sera déjà satisfaisante compte tenu de sa capacité à protéger le capital. En revanche, il ne sera plus suffisant pour valoriser ce dernier ».
Si l’épargnant recherche une meilleure rémunération sur son contrat, il lui faudra donc prendre une part de risque soit sur la rentabilité, soit sur le capital. « Les promesses des fonds en euros ne sont plus tenables. Il faut renier sur un des piliers (à savoir la liquidité, la garantie du capital et la rentabilité) au moins temporairement », recommande le CGPI. C’est justement ce type de solutions qu’ont imaginé les assureurs. Selon ses objectifs, son aversion au risque et son horizon de placement, l’épargnant a différentes possibilités, de la souscription d’un contrat nouvelle génération à l’utilisation d’unités de compte dans son enveloppe existante.
 

Les fonds en euros dynamiques, avec un risque de sousperformance

Egalement appelés « fonds à coussin », ils offrent une garantie permanente du capital et la performance annuelle est définitivement acquise. Ils se composent d’une part de fonds en euros classique et d’une poche OPCVM. Ce système a l’avantage de laisser une grande souplesse au gestionnaire dans la recherche d’opportunités.
Attention, si les marchés financiers baissent, la performance d’un tel support risque d’être inférieure à celle d’un fonds classique. Comme le montrent les performances du fonds €uroCit’ d’AG2R La Mondiale qui ont oscillé entre 6,80 % en 2009, 6,10 % en 2010 et 2,15 % en 2011 (alors que cette année là les fonds en euros classiques évoluaient en moyenne de 3 %). Globalement sur la période de 3 ans, le taux moyen de 5,02 % semble tout de même convaincant. Du côté de la filiale du Crédit Mutuel ARKEA, le nouveau fonds en euros Suravenir Opportunités reste d’ailleurs réservé aux partenaires internet car « il est indispensable de piloter la taille du fonds en fonction des opportunités du marché. La diversification peut porter aussi bien sur du high yield que sur des actions ou encore de l’immobilier. Le champ est très large. Nous nous attendons à une surperformance notable par rapport aux fonds en euros classiques fin 2012 », explique Bernard Le Bras.
L’immobilier a par ailleurs le vent en poupe. Nombre de compagnies plébiscitent cette classe d’actif pour redresser les rendements de leurs fonds. A l’instar de l’assureur breton, qui a lancé un autre contrat thématique en février 2012 en partenariat avec Primonial. Il s’agit de Sérénipierre dont le fonds Sécurité Pierre Euro est investi à 95 % en immobilier via des SCPI en architecture ouverte (il ne s’agit pas que de SCPI de Primonial), des OPCI RFA et de l’immobilier en direct. « Il s’agit d’actifs réels dont la prime de rendement de 5,5 à 6,5 % est attractive par rapport à celle de l’OAT. L’objectif du support est de surperformer la moyenne des fonds en euros classiques d’une centaine de points de base tout en offrant les caractéristiques primordiales pour le client de régularité et de garantie du capital », ajoute Bernard Le Bras. (Cf article : Comment investir en SCPI selon vos besoins et votre patrimoine.)
Pour le CGPI Guillaume Fonteneau, « cela n’est pas une bonne alternative. Il faut être vigilant aujourd’hui sur l’immobilier. Est-il garanti ? Le rendement à long terme sera-t-il intéressant ? Pour plus de souplesse, il vaut mieux réaliser une allocation d’actifs répartie sur un fonds en euros classique et une part de SCPI pour la diversification ». cf article : Assurance vie : fonds euros investis en immobilier, qu’en penser ? et SCPI et contrat d’assurance vie : une combinaison pleine d’atouts … fiscaux et patrimoniaux
 

Les contrats diversifiés, avec une moindre disponibilité du capital

A mi-chemin entre le produit structuré et le fonds en euros, les contrats diversifiés ne garantissent le capital qu’au terme de l’adhésion. L’assuré renonce donc ici à la disponibilité permanente de son placement. La sortie anticipée pourrait en effet être pénalisante puisqu’elle se ferait aux conditions de marché. Cependant, le gestionnaire dispose ainsi d’une latitude plus grande sur la part de diversification. « Ces produits sont très rares sur le marché, commente Serge Moreno. Ils n’ont pas de fonds en euros mais des fonds cantonnés. Et la garantie à l’échéance est assurée par la capitalisation d’une poche obligataire ». La construction de l’enveloppe se fait donc au cas par cas, en fonction de la durée du placement. « Les contrats diversifiés s’adressent essentiellement aux grandes fortunes chez AG2R La Mondiale avec des tickets d’entrée moyens de 10 millions d’euros. Il s’agit de sur mesure car le client peut jouer sur la maturité. Depuis trois ans, nous proposons également un contrat standard plus accessible. Ce produit reste marginal, mais nous pensons qu’il a de l’avenir », ajoute le directeur marketing au sein de la direction épargne et clientèle patrimoniale d’AG2R La Mondiale. Un avis qui n’est pas partagé par Bernard Le Bras pour qui « ce sont des produits complexes à expliquer au client mais aussi à gérer. Et pour l’instant ils n’ont pas vraiment trouvé leur marché. Bien que les performances moyennes soient satisfaisantes, elles présentent des écarts importants selon les années. Et cette irrégularité ne correspond pas vraiment à ce que l’épargnant assimile à un fonds en euros ».
Un autre produit complexe cherche à s’imposer sur le marché. A savoir les contrats à annuités variables (cf. Gestion de Fortune n°228 de juillet/août 2012). Pour rappel, ceux-ci permettent d’obtenir un revenu garanti à vie dont le montant minimum est connu dès la souscription. « Nous ne le positionnons pas tout de suite comme une alternative aux fonds en euros mais plutôt au Perp, prévient Anne Verdu. Cette solution d’épargne participe à une réponse globale de préparation de la retraite qui a pour objectif une sortie en rente ».
 

Les unités de compte, avec un risque de perte de capital

De natures diverses et variées, ces supports d’investissement permettent de miser sur différents marchés. Il peut en effet s’agir d’unités de compte (UC) immobilières ou encore action, de produits structurés, de fonds patrimoniaux (qui permettent une grande flexibilité dans l’allocation d’actifs), des fonds à échéance, etc.(cf article : Accepter une dose de risque ou d’aléa dans les investissements pour obtenir un meilleur rendement de l’épargne ?)
Cette gamme de placement peut aussi être considérée comme une alternative aux fonds en euros. Mais elle offre une moins bonne régularité et pas de garantie de capital, excepté pour certains produits. « Pour les clients qui recherchent de la performance, nous intensifions les propositions d’investissement en OPCVM. Mais aussi vers les fonds patrimoniaux qui ne nécessitent pas trop de suivi de leur part, constate Anne Verdu. Nous restons attentif à bien calibrer le risque. C’est l’horizon de placement et le profil de l’épargnant qui déterminent la part d’UC ». (cf article :
Pour accompagner les épargnant dans leur retour sur les marchés, l’utilisation d’options d’arbitrages ou des différents modes de gestion peut se révéler pertinente (cf. Gestion de Fortune n° 225 d’avril 2012). Mais il faut aussi compter sur la qualité de son conseiller. « L’épargnant peut solliciter l’aide d’un professionnel qui saura gérer l’exposition au risque. C’est le rôle d’un CGPI. Notre cabinet propose à ce titre un service de « gestion pilotée ». Nous sélectionnons les fonds que nous estimons les meilleurs du marché selon de nos anticipations. Face à la baisse de la rémunération des fonds en euros, il faut accompagner les assurés. Et les enjeux sont énormes. Au-delà de la conquête de nouveaux clients, satisfaire « l’après fonds en euros » est une priorité », indique Guillaume Fonteneau. Et pour cela, une seule solution ne suffira pas, c’est une combinaison de produits qu’il faudra adapter aux objectifs du client.
 
 

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