Les lecteurs les plus réguliers  s’en souviennent peut être encore, en 2010 lorsque nous pointions pour la première fois les risques importants planant sur l’assurance vie et tout particulièrement sur les fonds euros. Néanmoins, notre analyse et la situation économique ont beaucoup évolué depuis ces premières craintes.
Faisons le point ensemble sur l’évolution de la situation et surtout sur l’état des risques qui planent sur les fonds euros et sur l’assurance vie.
 

Le principal risque : Un krach obligataire et une remontée des taux d’intérêt.

Nos premières publications sur les risques de l’assurance vie date de Mars 2010, mais il faut avouer que nous sommes devenus particulièrement inquiet entre la fin 2011 et le début de l’année 2012. La série d’article suivant permet de comprendre l’évolution de notre analyse et de notre pensée (Décidément, les écrits restent et c’est tant mieux – sauf quand on se plante) :

Pendant toute cette période, nous sommes inquiets et nous redoutons particulièrement un « krack obligaitaire », c’est à dire une remontée rapide des taux d’intérêt.
En effet, vous n’êtes pas sans savoir que les fonds euros des contrats d’assurance vie sont composés, à hauteur de 70% environ (même s’il peut exister des variations autour de ce chiffre selon les compagnies d’assurance vie) d’obligation. Le reste est réparti entre liquidité, action et immobilier.
Or, une remontée brutale des taux d’intérêt a pour conséquence une baisse mécanique de la valeur des obligations selon un schéma assez simple à comprendre.
Dans notre article « Faut il garder votre contrat d’assurance vie malgré la baisse des rendements ?« , nous mettions en avant ce graphique :

La valeur d’une obligation est directement fonction du niveau des taux d’intérêt : une baisse des taux a pour conséquence une augmentation de la valeur des obligations et surtout, car c’est l’hypothèse qui nous intéresse ici, une augmentation des taux d’intérêt entraîne une baisse de la valeur des obligations : c’est mathématique.

Prenons un exemple pour comprendre cette mécanique :

  • En 2010, vous réalisez un prêt de 100000€ au taux de 3% à un Etat. C’est un prêt obligataire qui est négociable en cours de vie.
  • En 2012, vous avez besoin de votre argent et envisagez de vendre votre obligation à un autre investisseur. En 2012, les taux d’intérêt de la place ne sont plus à 3% mais atteignent maintenant 6%.

Aucun investisseur n’acceptera de payer 100 000€ votre obligation dont le taux de rendement est de 3%, soit 3000€ par année. Pour pouvoir vendre votre obligation, vous serez dans l’obligation de réduire la valeur de l’obligation afin de proposer un rendement au moins équivalent.
Ainsi, pour proposer un rendement de 6%, conforme au marché des taux d’intérêt en 2012, vous devrez réduire le prix de l’obligation afin de séduire les investisseurs.

La hausse des taux d’intérêt entre 2010 et 2012 aura pour conséquence de réduire la valeur de l’investissement obligataire.

 
Les compagnies d’assurance vie seraient alors pris dans un étau entre :

  • Des taux d’intérêt en hausse, hausse qui aurait pour conséquence de faire baisser la valeur des portefeuilles gérés par les compagnies d’assurance vie ;
  • Une garantie du capital que les compagnies d’assurance vie assurent à leurs assurés via le Fonds euros.

==> Comment assurer une garantie en capital, lorsque les investissements réalisés par les assureurs accusent des pertes.
Tout cela sur fonds de décollecte et d’une disposition du code monétaire et financier qui autorise l’ACP (Autorité de contrôle prudentiel) à interdire à l’épargnant de disposer de son épargne pour sauver une compagnie d’assurance vie qui aurait accusé trop de perte sur le marché. (pour plus de détail sur ces risques mis en avant à l’époque et surtout sur les possibilités pour les compagnies de bloquer les rachats, vous pouvez lire cet article : Faut il garder votre contrat d’assurance vie malgré la baisse des rendements ?)
Le krach obligataire et la remontée des taux d’intérêt était un risque majeur pour les compagnies d’assurance vie et pour les fonds euros.
A l’époque de la rédaction de ces articles, la hausse des taux d’intérêt pouvait trouver deux justifications :

  • La hausse des risques de défaut des états de la Zone Euro et l’augmentation des taux d’intérêt matérialisant ces risques ;
  • Le retour de la croissance économique, qui induirait mécaniquement le retour de l’inflation compte tenu des quantités astronomiques de monnaies disponible dans le circuit bancaire (sur cette question du retour de l’inflation, je vous encourage la lecture de cet article : L’inflation peut-elle revenir ?)

 

Mais, un risque devenu faible du fait de la répression financière.

Néanmoins, et les lecteurs attentifs l’auront très certainement constatés, notre discours à soudainement changé au cours de l’automne 2012.
Face à ce risque de remontée des taux d’intérêt, véritable bombe à retardement pour l’assurance vie mais également pour le système économique de la Zone EURO, la banque centrale Européenne a augmentée à pris en main la gestion des taux d’intérêt à long terme (alors que ces derniers sont normalement fixés par l’offre et la demande sur les marchés) de manière à ce qu’ils n’augmentent plus même sous le poids de la spéculation la plus forte : C’est la notion de répression financière. 
Dans cet article « La répression financière indispensable pour sauver le système ?« , nous tentons de vous proposer une définition :

Les périodes de fort endettement ont toujours été associées à une fréquence croissante des défauts ou des restructurations de la dette publique et privée. Parfois, cette restructuration s’opère plus subtilement, prenant la forme de la « répression financière ». Lorsque les taux d’intérêt réels sont négatifs sur la durée, ils équivalent à un impôt sur les porteurs d’obligations et, plus généralement, sur les épargnants.

La répression financière est tout simplement une manipulation des taux d’intérêt vers le bas afin de garantir la solvabilité des états emprunteurs et un désendettement en douceur sur le dos des épargnants et des créanciers.
Cette répression financière, et le maintient à des niveaux artificiellement bas des taux d’intérêt, est probablement une condition de survie du système financier. Une hausse des taux d’intérêt serait tellement dévastatrice que les banques centrales ne la permettront pas.
Ainsi, lentement mais surement, nous sommes passé d’un monde ou les taux d’intérêt étaient en sursis et pouvaient augmenter fortement au gré de l’évolution de la crise de l’endettement en Zone Euro (et il s’agissait là d’un risque majeur pour la solvabilité des compagnies d’assurance vie et des fonds euros), à un monde de taux d’intérêt durablement bas, dirigés par des banques centrales qui ne veulent plus autoriser une augmentation des taux.
Dès Octobre 2012, nous titrons un article dans ces mots : « Mario DRAGHI aurait il sauvé les fonds euros et l’assurance vie ?« . Il s’agissait de prendre acte de ce changement de monde qui venait de s’opérer.
Aujourd’hui, plus qu’hier encore, nous sommes dans cette économie dirigée par la répression financière et la manipulation des taux d’intérêt vers le bas (plus ils seront bas, plus les chances de sortir de la crise seront grandes). Nous sommes donc relativement serein pour l’avenir de l’assurance vie et des fonds euros.
Durablement, du moins tant que la croissance économique mondiale et européenne ne sera pas à nouveau envisageable, nous pensons  :
  • Que les taux d’intérêt resteront durablement bas ;
  • Qu’ils seront durablement dirigés par les banque centrales ;
  • Que le risque de krach obligataire qui planait sur les fonds euros s’est durablement éloigné ;
  • Que la faillite des fonds euros n’est pas envisageable dans ce contexte de taux bas, manipulés par les banques centrales (nous avons donc du temps devant nous).

Mais nous restons également conscient :

 

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