La question de la répartition idéale du patrimoine est récurrente ; Toute l’industrie de la finance est organisée pour vous faire dévier des fondamentaux et du bons sens qui devrait pourtant être le moteur de votre patrimoine.
Au delà d’une réflexion philosophique sur la nécessité de construire un patrimoine qui vous ressemble et que vous comprenez (cf « Quelle répartition idéale pour votre patrimoine (Immobilier, action, obligation) ?) , une forme de retour aux fondamentaux paraît indispensable pour espérer gérer sereinement votre patrimoine. Je crois de plus en plus qu’il faut fuir les produits financiers dont l’espérance de rendement repose sur l’aléa et la spéculation afin de retrouver le chemin de la simplicité créatrice de valeur.
Je suis de plus en plus persuadé qu’une gestion de patrimoine doit reposer sur 3 actifs :
- 1- La liquidité et l’argent disponible ;
- 2- Les actions, c’est à dire l’investissement à long terme dans le capital des entreprises cotées ou non cotées ;
- 3 – L’immobilier.
- et que tout le reste n’est que blabla et innovation marketing de l’industrie de la finance pour justifier ses frais !
1 – La liquidité et l’argent disponible.
C’est un capital disponible à tout moment, laissé négligemment sur un compte chèque ou un compte sur livret (ou dérivé), qui a vocation à être dépensé dans un bref délais que l’on doit pouvoir fixer à 5 ans maximum.
Cet argent liquide ne sera pas rémunéré ou très peu et subira l’appauvrissement lié à l’inflation et à la perte de pouvoir d’achat de la monnaie. On pourra retrouver cet argent disponible et non rémunéré dans l’épargne bancaire (Compte chèque, livret, PEL) mais également sur les fonds euros des contrats d’assurance-vie.
L’absence de rendement, c’est le prix à payer pour avoir la certitude de pouvoir disposer de votre argent lorsque vous en aurez besoin. Ce besoin de dépense pourra être un acte de consommation important (voiture, voyage, dépendance, aide financière des enfants, …) ou un projet d’investissement (apport personnel pour un achat immobilier par exemple).
Le montant laissé liquide en monnaie sera donc variable et dépendra des besoins de chacun. Ce stock d’argent liquide a vocation à être dépensé ou investi. Il n’est pas éternel et varie selon les besoins et la réalisation des projets.
Un personne qui épargne précautionneusement pour se constituer un apport qui lui permettra d’acheter sa résidence principale, sa résidence secondaire ou même un investissement locatif pourra accumuler des sommes importantes jusqu’à la veille de la réalisation de son achat.
Ce n’est pas grave d’accumuler de l’argent liquide dès lors qu’il s’agit de satisfaire une dépense programmée à court terme. En revanche, on ne prépare pas sa retraite avec de l’épargne liquide et en stockant de la monnaie ou même dans le fonds euros d’un contrat d’assurance-vie.
Dans sa dernière étude, Goodvalueformoney chiffre à 1.08% le rendement moyen 2020 des fonds euros.
Si dans une économie dominée par la récession et la déflation (comme nous la connaissons depuis presque 15 ans), ce taux de rendement à 1.08% pourrait paraître comme très satisfaisant ; Il en est tout autre dans l’hypothèse d’un retour de la croissance économique et de l’inflation. Comme nous vous le martelons depuis 2016 et les taux d’intérêt négatifs, il est urgent de sortir votre argent des fonds euros pour l’investir dans l’économie réelle ! (cf. « Pour ne pas subir les taux d’intérêt négatifs, il faut s’endetter et investir… » – Un article publié en 2016 dont on comprend aujourd’hui la pertinence).
Tout le reste de votre patrimoine doit être investi dans l’économie afin de capter sa croissance inexorable. Investir dans l’économie, c’est investir dans le capital des entreprises ou dans l’acquisition d’un bien immobilier.
2- Les actions, c’est à dire l’investissement à long terme dans le capital des entreprises cotées ou non cotées ;
Investir dans l’économie, c’est devenir propriétaire d’actions d’une entreprise cotée ou non cotée. Ce sont les entreprises qui sont les moteurs de la croissance économique ; Être propriétaire d’une entreprise capable d’adapter son modèle économique pour générer toujours plus de bénéfices à long terme est une source de valorisation patrimoniale très efficace.
La bourse et les marchés financiers sont alors le moyen pour devenir propriétaire de ces entreprises.
Comme nous l’expliquons en permanence dans nos articles ou à l’occasion de nos consultation d’assistance et bilan patrimonial, il ne faut pas confondre la spéculation en bourse avec l’investissement dans le capital des entreprises cotées :
- Le spéculateur joue avec le marché financier et la bourse pour espérer gagner de l’argent grâce à la volatilité des cours ;
- L’investisseur utilise la bourse pour acheter des actions et fait confiance aux dirigeants, aux salariés de l’entreprise et plus généralement au système qu’elle représente pour générer toujours plus de bénéfices à long terme et donc la valorisation à long terme du capital investi.
3- L’immobilier.
La dernière solution pour investir dans l’économie est l’acquisition d’un bien immobilier dont la valeur, à long terme, évoluera en fonction de la dynamique de l’économie (inflation, taux d’intérêt, revenu des emprunteurs, …).
Moins volatile que l’investissement en action, l’investissement immobilier est théoriquement également moins rentable, mais nettement plus accessible que l’investissement dans le capital des entreprises cotées.
En effet, si l’investissement en action est théoriquement le plus rentable, la pratique tant à prouver à quel point cette théorie est éloignée de la vraie vie. Idéalement, l’investisseur en action doit être capable d’investir à long terme et résister à la tentation de devenir un spéculateur et se laisser influencer par ses émotions.
L’investisseur immobilier ne sera pas tenté de vendre son bien immobilier chaque matin. Les frais de transaction et l’absence de liquidité d’un bien immobilier rend obligatoire une détention long terme qui est à l’origine même de la réussite de l’investissement immobilier.
L’investisseur immobilier est passif, il se laisse porter par le dynamisme de l’économie pendant 15 ans, 20 ans sans se poser la question de la vente de l’immeuble à chaque instant. C’est ce comportement passif qui sera à l’origine de son enrichissement.
L’investisseur en actions devrait agir avec cette même passivité, mais la liquidité permanente des cours de bourse et la facilité pour acheter ou vendre la rend très difficile, voire impossible. C’est cette volonté de vouloir gérer activement votre portefeuille qui explique pourquoi les investisseurs en actions sont un espèce en voie de disparition. Ne rien faire est pourtant le meilleur conseil à long terme (cf. « Bourse : Le plus compliqué pour l’investisseur est de réussir à ne rien faire !« )
Il y a 40 ans, lorsqu’il fallait remplir un « papier » auprès de son conseiller bancaire pour acheter ou vendre des actions et acheter le journal pour consulter le cours des actions, il était plus facile de ne rien faire.
Lorsque j’ai commencé mon métier, j’ai rencontré ces « papys » qui détenaient leurs titres air liquide, Schneider ou encore l’Oréal et Danone depuis 25 ans.
A l’époque, fraichement sorti du moule des études universitaire et plein de certitudes, je les prenais de haut. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, je sais que ce sont les seuls qui ont vraiment gagné beaucoup d’argent avec les actions 😉
4 – Tout le reste n’est que diversification, spéculation et hasard.
Produits structurés, spéculation sur les matières premières et les actions et autres investissement obligataires ne doivent avoir qu’une place marginale dans votre patrimoine. Ce sont des produits financiers aux performances trop hasardeuses pour avoir leur place importante dans votre patrimoine.
La question de l’investissement obligatoire doit être posée. Depuis toujours, on considère on considère le placement obligatoire comme permettant de réduire le risque actions dans un portefeuille équilibré.
A l’heure des taux d’intérêt négatifs, l’investissement obligataire n’est il pas au contraire un risque supplémentaire inutile ?
A suivre.
23 commentaires
Bonjour,
Plutôt d’accord avec le trépied « liquidités – actions – immobilier ».
J’ajouterai que son équilibre doit sans doute évoluer avec l’age :
– liquidités selon les dépenses et projets à financer à court moyen terme
– immobilier selon l’age : habitation principale toujours avant la retraite, locatif selon l’énergie que l’on peut consacrer à sa gestion -> plus de SCPI et de patrimonial avec l’age qui avance…
– actions pour le solde financier disponible.
A moins que le solde ne doive être totalement affecté à la consommation « plaisir », qui évolue également avec l’age (et le covid !!!).
Votre avis ?
« j’ai rencontré ces « papys » qui détenaient leurs titres air liquide, Schneider ou encore l’Oréal et Danone depuis 25 ans. » ben, oui, tout le problème est là justement : 25 ans, c’est long, ils ont eu le temps de devenir papy.. Du coup, c’est bien tout le dilemme, jeunes leur argent était bloqué, ils ont bossé comme des malades pour subvenir aux besoins de leur famille, puis, une fois qu’ils sont vieux, ils peuvent dépenser, alors que l’envie leur a passé et que les enfants se débrouillent très bien sans eux. ( et même parfois ils ont eu le temps de perdre un ou deux gosses…) Du coup, ce schéma à long terme est vraiment utile pour ceux dont les gosses n’ont pas su se débrouiller ( remarquez bien, c’est de plus en plus le cas, alors, pourquoi pas ? , faut prévoir… ), mais sinon, bof… .
Économiser pour investir quand on est jeune pour avoir de l’argent à la retraite pour ? Payer l’EHPAD?
Pourquoi ne pas faire l’inverse?
Il faut trouver la bonne balance ce qui n’est pas forcément facile. En avoir suffisamment quand on arrive à la retraite pour continuer à vivre décemment et se faire plaisir malgré une perte de pouvoir d’achat. Tout en ne se privant pas quand on est en pleine santé. Prévoir l’éventuelle dépendance pour éviter à ses enfants un éventuel fardeau.
J’ai dans mon entourage des gens qui ont accumulé et n’ont à mon avis pas assez profité de la vie et ne sont plus suffisamment en forme pour en profiter maintenant.
Si quelqu’un a la clé, je suis preneur …
La vraie question a se poser est : pourquoi économiser et placer de l’argent ? En réalité c’est peut être : pourquoi avons nous, collectivement, autant d’argent à placer ? Est ce normal ?
D’autre part je n’ai jamais vu de petits vieux mis sur le trottoir de l’EHPAD parce qu’ils ne peuvent plus payer, ce sont les aides départementales qui prennent le relais. Elles sont certes récupérables sur la succession, sauf quand il n’y en a pas !!
Bonjour,
Je suis gêné qu’un conseiller en gestion considère, les matières premières comme de la spéculation ou de la simple « diversification », il existe bon nombre d’étude qui démontre l’intérêt dans un portefeuille bien diversifié de posséder notamment des métaux précieux (Or, argent physique principalement) à hauteur de 10% du portefeuille pour réduire la volatilité, optimiser et en couverture d’un risque inflationniste ou d’une dévaluation monétaire (ex la Turquie récemment).
Je veux bien cette vision sur la crypte-monnaie et encore que cette classe d’actif est selon moi vouée à perdurer au même titre que l’on qualifiait de bulle l’émergence d’internet en 2000.
Tout à fait d’accord avec vous Tom, il existe un 4ème type de placement qui ne rentre pas dans ces cases et qui corresponds effectivement à l’or matière première et crypto, on peut aussi ajouter les objets d’art et surement d’autre placements plus exotique. (non liquide, ne rapporte pas d’intérêt, mais est un filet de sécurité en cas de crise majeur/forte inflation). Il serait judicieux de le mentionner.
Mais après il faut rester lucide. quel pourcentage du patrimoine est dans cette 4ème catégorie ? quelques pourcent tout au plus.
Guillaume, vous avez écrit à deux reprises « obligatoire » au lieu de « obligataire » dans l’avant-dernier paragraphe.
Concernant l’article, je suis sur la même ligne que vous.
bien vu, je trouvais cela bizarre 🙂 !
à suivre
Bonjour,
Je partage l’opinion de Guillaume sur la répartition ( bourse, immobilier cash)
Mais la proportion doit changer en fonction des circonstances.
Les actions par exemple, peuvent subir de longues périodes de stagnation, comme le Nikkei depuis 30 ans.
Il est alors souhaitable de modifier la répartition actions/obligations en fonction des taux d’intérêt.
L’immobilier c’est la même chose : la campagne stagne ou baisse depuis 20 ans en France.
Je veux donc dire que l’on ne doit pas être statique. et regarder les grandes tendances des marchés de façon à arbitrer.
Bonjour
Bonjour,
Personnellement je trouve que cet article n’a que très peu d’intérêt et survol très largement ce qu’est réellement une bonne répartition entre différents investissements. En effet
comme le dis le proverbe la vie n’est pas un long fleuve tranquille et la situation de chacun évolue grandement sur l’échelle du temps.
Ne pas citer les cryptos-monnaies est selon moi une très grosse erreur voir un manque de connaissance de ce marché. Car oui la volatilité y est énorme mais la volatilité n’est pas un problème lorsque l’on sait en tirer profit/la gérer.
Les cryptos-monnaies sont un excellent levier particulièrement pour les « jeunes » qui ne veulent pas attendre 30 ans pour réaliser un gain notable le plus souvent à partir d’une faible exposition.
Vous avez oublié le PMU, le poker et le casino pour faire fortune rapidement et sans effort. 🙂
Vous m’excuserez mais votre remarque est complétement à coté de la plaque; Mais oui en effet ces exemples ne nécessitent pas plus d’effort de votre part que l’achat d’un titre en bourse…
Allez vous documenter correctement sur cet univers et compléter vos connaissances car il n’y a aucun doute que vous décidez d’occulter l’avenir.
JG Morgan, Visa, Mastercard… sont autant d’acteurs qui réalisent maintenant que l’avenir ne fera pas l’impasse sur les monnaies numériques et investissent massivement dans ce secteur… Tout cela sans parler de l’entrée en bourse de Coinbase…
Donc même vous devriez vous rendre compte de cette révolution…
Peu importe, chacun sa stratégie après tout…
Mais ne pas évoquer les différents profils d’investisseurs, leur âges ainsi qu’un univers complet de la finance est juste un manque d’information retranscrit au nom de vos croyances.
Bonne continuation.
En 1999, nous étions collectivement convaincu qu’internet allait révolutionner le monde et par exemple que france telecom serait un acteur important de cette révolution.
20 ans plus tard, tout cela est dans notre vie. France télécom devenu Orange est effectivement un leader.
En mars 2000, le cours de france télécom frôlait 160 Euros.
En 2021, le cours de ORANGE affiche péniblement 10€, mais Orange est effectivement un leader de cette révolution.
Vous allez m’expliquer qu’il suffisait d’investir dans google et dans amazon.
Vous avez raison. Mais qui l’a fait ?
Les « bitcoineurs » pensent avoir trouvé le graal. Mais ces jeunes inexpérimentés se feront rabotter le fion comme ce fut le cas en 2001-2002 pour les geeks de l’époque :-)))))))
poker casino et PMU, … au contraire, c’est plutôt assez pertinent comme réponse … !
Bonjour, je suis totalement en phase avec cet article. Merci.
Investir dans les actions côtés , je vois bien : via un Pea principalement.
Mais comment investir dans le non côté ? Quel(s) outil(s) est/sont à disposition de l investisseur particulier?
Merci pour cet éventuel éclairage.
J’avais principalement en tête la création de son entreprise ou l’investissement dans l’entreprise d’une connaissance. L’industrie du capital investissement via les FIP et FCPR ne me semble effectivement pas adaptée.
Ok merci. Cela restreint pas mal les opportunités car la création d entreprise n est pas forcément à la portée de tout le monde et rares sont ceux qui on la chance d avoir une connaissance offrant la possibilité d investir dans une entreprise (a potentiel).
Pourquoi le FCPR ne semble pas adapté ? Cela me semble pourtant être la façon la plus simple d accéder au non côté, sûr avec la possibilité de le faire via Assurance Vie depuis la loi pacte! A cause de frais?
Personnellement j’investis en non coté via la plateforme LITA.Co depuis plusieurs années. Sans vouloir leur faire de pub, vous pouvez aller voir sur leur site : https://fr.lita.co/
Les frais sont raisonnables et l’esprit est d’investir durable et solidaire dans différents secteurs.
Bonjour,
Attention, je suis d’accord concernant les livrets et la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation. Mais lorsque vous parlez des PEL, il faut bien différencier les anciens PEL des nouveaux.
Les nouveaux PEL offrent 1%, mais les anciens PEL peuvent offrir jusqu’à 4,75%. Il ne faut surtout pas s’en séparer !