Lentement mais surement, l’année 2012 est en train de modifier en profondeur les habitudes des épargnants mais également des banquiers et conseils.
Alors que l’assurance vie et notamment le fonds euros doit être considéré comme un produit d’épargne long terme dont l’objectif est la capitalisation en vue de la préparation de la retraite et de la transmission d’un patrimoine financier, les assureurs commencent à s’inquiéter du prochain doublement du plafond du livret A.
Le livret A, produit financier des plus simple, dont l’objectif n’est que la rémunération d’une épargne court terme de précaution avec une rendement qui couvre à peine l’inflation, est devenu en quelques mois l’ennemi numéro 1 de l’assurance vie. C’est un comble !!
L’assurance vie et le fonds euros, un placement has been ?
C’est vrai que depuis longtemps le travail des conseillers financiers était plutôt simple, pour ne pas dire simpliste :
Madame MICHOU, vous voulez un placement sécurisé, garanti, dont le rendement est supérieur à l’inflation, disponible… j’ai le produit miracle : Le fonds euros du contrat d’assurance vie.
Aujourd’hui, ce mouton à cinq pattes qui allait allègrement à l’encontre de toutes les théories financières de base ne semble plus aussi séduisant et les principales qualité du fonds euros deviennent ses principaux défauts :
- Liquidité et disponibilité de l’épargne, Oui, sauf si les épargnants venaient à trop racheter leur épargne. La solvabilité des compagnies d’assurance vie les plus fragiles pourraient être remise en cause.
- Rendement attrayant,avec le temps, le rendement des fonds euros s’effrite et les principaux concurrents deviennent le livret A et les comptes à terme. Les fonds euros couvrent dorénavant à peine l’inflation… Faible consolation !
- Capital garanti, l’incroyable garanti des fonds euros repose sur les investissements réalisés par les compagnies d’assurance vie dans les obligations des états souverains. La crise actuelle du surendettement de ces états et leur probable incapacité à rembourser doit nous inquiéter. Tant que le problème restait cantonné à la Grèce, il était gérable, mais la crise espagnole réveille nos plus grandes craintes.
Et avec tout ça, pour avoir accès à ce placement miracle, vous devez payer des frais ! C’est vraiment pas très engageant : vous devez payer votre assureur pour qu’il accepte de placer votre argent à un taux qui ne couvre même pas l’inflation.
Les services marketing des compagnies d’assurance vie sont vraiment très doués pour réussir à vous faire faire cela.
Quels sont les risques pour l’épargnant ?
Tant que les assurés conservent (de gré ou de force) leur épargne chez les assureurs, les compagnies d’assurance vie resteront solvables et la valeur du capital épargné ne devrait pas être remise en cause.
- Au pire, vous pourriez être forcé à conserver votre contrat d’assurance vie (interdiction temporaire des rachats) afin de protéger la solvabilité de la compagnie d’assurance vie.
- Au mieux, le rendement de l’assurance vie va continuer à baisser, ne couvrira même plus l’inflation. Dans cette situation probable, on imagine aisément la tentation des assurés de retirer leur épargne. On retombe alors que l’hypothèse 1 … et le Life insurance run pourrait commencer : Premier arrivé, premier servi …
Pour mieux comprendre ce risque, vous pouvez relire notre article : Faut il garder votre contrat d’assurance vie malgré la baisse des rendements ?
Moody’s s’inquiète de cette décollecte de l’assurance vie
Le niveau de décollecte net enregistré en France par les sociétés d’assurance-vie ne met pas pour l’instant en péril la liquidité du secteur » souligne Benjamin Serra, Analyste AVP chez Moody’s et auteur de ce rapport. « Il n’est toutefois pas sans poser un problème de rentabilité à moyen terme, d’autant que les possibilités de développer de nouvelles activités pour compenser à l’avenir la baisse des profits générés par l’activité d’épargne restent limitées dans le contexte actuel. Une forte amplification du phénomène de décollecte dans les prochains trimestres, sans pour autant constituer le scénario de base retenu par Moody’s, accentuerait les pressions sur les sociétés d’assurance-vie » précise-t-il.
Si les acteurs du marché sont tous concernés par le même phénomène de ralentissement des versements et d’accélération des retraits, les flux nets (collecte brute moins rachats et prestations) sont variables d’une société à l’autre. Le mouvement de décollecte nette est plus accentué chez certains assureurs, notamment ceux dont les produits s’adressent essentiellement à une clientèle aisée et qui ne peuvent s’appuyer sur des réseaux de distribution propriétaires.
En janvier 2012, Moody’s a maintenu sa perspective négative sur le secteur français de l’assurance-vie
Des contrats d’assurance vie diversifiés ou Fonds euros diversifiés comme alternative séduisante ?
Vous l’avez compris, le principal risque actuellement tient dans l’obligation de liquidité des fonds euros des contrats d’assurance vie. L’assureur doit obligatoirement vous proposer une garantie « à tout moment de votre capital » et doit être en mesure de vous rembourser votre épargne sur demande.
Dans un monde financier en perte de confiance, cette garantie est le talon d’Achille de l’assureur et une perte de confiance dans le système financier pourrait remettre en cause sa solvabilité.
Dans cette perspective, le fonds euros diversifiés est une alternative particulièrement séduisante : Ces contrats, contrairement au fonds euros traditionnelles, ne propose pas une garantie « A tout moment » mais uniquement une garantie à échéance : Le risque en capital n’est pas assuré par l’assureur pendant la durée du placement mais uniquement à la fin d’une période fixée contractuellement avec l’assuré. Les rachats en cours de vie du contrat d’assurance vie diversifié sont toujours possibles, mais la valeur du capital sera fonction de l’évolution des marchés financiers.
Pour approfondir l’analyse des contrats d’assurance vie diversifié et des fonds euros diversifiés, vous pouvez relire cet article : Fonds euros diversifié: une nouvelle génération d’assurance vie pour rechercher un meilleur rendement
Pour le coup, le fonds euros diversifié n’est plus un mouton à cinq pattes. En supprimant l’obligation de liquidité, la gestion financière de ces contrats semblent plus saine et cohérente. Bien évidemment, ces nouveaux contrats d’assurance vie induisent moins d’avantage pour l’assuré… mais n’est ce pas l’indispensable contre partie.