Les Fintechs seraient elles en train de se faire doubler par les acteurs traditionnels ? Depuis presque deux ans maintenant, nous assistons à l’émergence de quelques nouvelles sociétés qui ont construit leur modèle économique sur la distribution de contrat d’assurance vie sans frais d’entrée, ni frais de gestion sur les unités de compte grâce aux Trackers ETF.
Les ETF sont des produits financiers qui ont pour unique objectif de reproduire l’évolution d’un indice. Basique, simple, sans valeur ajoutée humaine, les ETF représentent la solution idéale pour l’épargnant autonome qui souhaite exposer son portefeuille sur les marchés financiers. Le seul problème qui empêche le développement de ces produits financiers est l’absence de frais de gestion et donc l’impossibilité de verser des rétro-commissions aux courtiers et autres compagnies d’assurance vie distributeurs de ces produits financiers.
Et oui, si les ETF apparaissent comme une solution attrayante pour l’épargnant tant la valeur ajoutée des gestionnaires de portefeuille est faible en terme de performance, rares sont les compagnies d’assurance vie ou conseil en gestion de patrimoine qui proposent cette solution aux épargnants. Lorsque votre conseiller est rémunéré par les retro-commissions, il lui est difficile de vous conseiller d’investir dans un produit qui ne versera pas de commission.
Mais les temps changent… Boursorama, Primonial, Wesave, Yomoni, Mariequantier, Lynxea, Altaprofit, Placement direct proposent tous de plus en plus d’ETF…
Les communiqués de presse se succèdent et vont tous dans le même sens : Les distributeurs et les compagnies d’assurance vie proposent de plus en plus de tracker ETF dans leur contrat d’assurance vie. C’est là une mutation forte de l’industrie de l’assurance vie.
Demain, peut être qu’enfin, les compagnies d’assurance vie accepteront de proposer des parts institutionnelles nettement moins chargées en frais de gestion ?
En effet, ne trouvez vous pas étonnant qu’une compagnie d’assurance vie, acteur institutionnel par excellence, n’est pas accès aux parts institutionnelles dans ses contrats d’assurance vie et seulement aux parts retails fortement chargées en frais de gestion ? D’ailleurs, quel est la légalité d’un tel système ? Lorsqu’un épargnant place son argent dans une unité de compte, il ne possède qu’un droit de créance sur une compagnie d’assurance vie. C’est cette dernière qui est propriétaire de l’OPCVM et qui y investit directement. Mais alors, pourquoi la compagnie d’assurance vie accepte t’elle d’investir dans un produit très cher alors qu’elle pourrait investir dans un produit moins onéreux ?
N’est ce pas un acte de malhonnêteté envers les épargnants au profit d’intérêt financier ?
Bref, les ETF dans les contrats d’assurance vie deviennent la norme et ce n’est pas sans conséquence pour l’industrie de la distribution d’assurance vie.
En insérant des ETF dans les contrats d’assurance vie, les courtiers distributeurs de ces contrats renoncent aux généreuses commissions versées par les sociétés de gestion et doivent apporter une valeur ajoutée nouvelle pour rentabiliser leur activité. Vendre des unités de compte ne suffit plus pour justifier des commissions très élevées… maintenant, il faut aussi apporter un conseil pour être rémunéré.
C’est toute une industrie qui entre en mutation. Bien évidemment, ces géants de l’assurance vie en ligne comme Lynxea ou Boursorama ont tellement d’encours qu’ils survivront à cette moindre rentabilité… mais quid des nouveaux acteurs ou des acteurs traditionnels dont la rémunération dépend des commissions sur encours ?
Mais attention, il ne faut pas se tromper de cible : la distribution, véritable bénéficiaire des commissions sur encours, ne sera pas la seule victime de cette mutation. En effet, si on considère que les réseaux actuels de distribution ne peuvent plus être payés pour vendre des contrats avec la suppression des commissions sur encours, les compagnies d’assurance vie vont devoir travailler sur de nouveaux canaux de distribution pour vendre leur contrat. Rares sont les acteurs qui travaillent gratuitement.
Comment continuer à vendre des contrats d’assurance vie… sans être payé pour le faire ?
La réponse est simple : Il suffit que le contrat d’assurance vie deviennent le moyen pour un tiers de vendre son expertise.
Prenons l’exemple des nouvelles sociétés de gestion telles Yomoni, Wesave ou Mariequantier dont le modèle repose sur une gestion financière 100% ETF. Comment c’est courtiers peuvent ils espérer être rentables alors qu’ils vendent un contrat d’assurance vie sur lequel ils ne seront pas rémunéré ? (ou du moins insuffisamment pour espérer un jour être rentable ?)
La réponse est simple : Le contrat d’assurance vie n’est plus qu’un outil permettant à Wesave, Yomoni ou Mariequantier de vendre leur expertise, c’est à dire le conseil financier.
Dans les nouveaux modes de distribution, l’assurance vie devient le moyen d’exercer le métier cœur. La vente d’un contrat n’est plus l’objectif… l’objectif est la vente d’un conseil financier, d’une expertise, d’un accompagnement et le contrat d’assurance vie devient le canal pour appliquer ce conseil.
Le conseil est au cœur de cette nouvelle mutation du modèle économique.
Demain, chaque Conseil en Investissement Financier devra vendre son expertise pour espérer survivre. La vente d’un contrat d’assurance vie ne sera plus l’objectif… Seule la vente d’un conseil financier permettra au conseiller de justifier sa rémunération. Un conseil financier, c’est n’est pas un conseil à la souscription d’un contrat, c’est un conseil dans l’allocation d’actif et dans la gestion financière du contrat d’assurance vie.
C’est une sorte de retour aux origines du métier de conseil en investissements financiers (CIF).
Demain, c’est la qualité du conseil financier et de l’allocation d’actif, la qualité de l’accompagnement, la pertinence de l’analyse et son adéquation avec les attentes du clients qui seront la clef du succès.
Demain, le courtage disparaîtra et les conseillers financiers seront de véritables conseillers rémunérés pour conseiller quelques soient les contrats d’assurance vie.
Demain, pourquoi ne pas imaginer des API qui permettraient aux conseillers en investissement financier indépendant de se brancher sur les contrats d’assurance vie de son client gérés directement par la compagnie d’assurance vie. Si le changement de contrat restera compliqué, il sera possible de changer de conseiller indépendant.
Demain, on pourrait même imaginer des conseillers financiers indépendants payés par la compagnie pour conseiller les clients sur la gestion financière. Attention, il ne s’agit pas de courtier car le contrat serait géré par la compagnie, mais simplement de conseillers payés pour conseiller…
Petites réflexions
Un contrat CGPI existe avec des ETF, et il permet au CGPI de vivre il est fait par Athymis.
ETF : Guillaume, un expert comme vous devrait savoir ce qui se cache derrière un ETF et comment il est construit. Du coup le danger qu’il représente intrinsèquement.
Arbitrages : Facile d’investir sur des ETF, mais comment faire vivre son contrat en fonction des marchés…..
Une bonne petite correction obligations /actions et on reparle de tout ça ! (Et je ne parle pas d’une crise de liquidité comme 2008 où les ETF n’ont pas eu -pour certains – la possibilité d’être cotés)
Tu as lu un peu rapidement louis… Je dis justement que l’avenir est dans la valeur ajoutée et dans le conseil financier apporté par un expert, c’est à dire un CIF.
La suppression des commissions oblige à toujours plus de valeur ajoutée pour justifier la rémunération car la seule vente du contrat n’est plus source de revenu.
Pour la question des ETF et du risque, c’est un vrai sujet. C’est la raison pour laquelle les OPCVM parts institutionnelles doivent être une solution 😉
Ps : le contrat ATHYMIS est justement un contrat avec parts I
Quel réelle valeur ajoutée d’un CGP comme CIF où est l’expert ? Comment le définissez vous ?
Un Conseil en Investissement Financier, c’est un professionnel capable de comprendre l’évolution des marchés financiers et plus globalement de la conjoncture. C’est un expert qui pourra expliquer ces mutations à son client et accompagner l’investisseur dans ses choix d’investissement.
Il s’agit simplement d’être capable de réaliser une allocation d’actif conforme à l’analyse de la conjoncture et des marchés. Il faut donc disposer d’outil, être force de proposition, … Plus que la performance, c’est l’accompagnement qui importe.
L’épargnant doit pouvoir se reposer sur ce professionnel, lui faire confiance, être certain qu’il surveille les marchés et soit force de proposition pour aménager le portefeuille dans l’intérêt unique de l’épargnant. Il ne s’agit pas de spéculer ou de faire des arbitrages permanents.
Sa rémunération est uniquement par honoraire.
Ce n’est pas un vendeur d’unité de compte ou de placements financiers.
Vous ne facturez qu’en cas de performance positive ?
» Plus que la performance, c’est l’accompagnement qui importe. »
Donc il vaut mieux accompagner un client moyennant honoraires quitte à ce qu’il perde de l’argent que lui en faire gagner et percevoir des commissions ?
Je ne suis pas sûr que les clients partagent votre vision du métier !
Je précise alors mon analyse. A mon humble avis, il convient de faire la différence entre :
– Une société de gestion : Le client délègue la gestion de son portefeuille à un gérant qui gère pour lui. Ce gérant prend toutes les décisions et sera donc responsable de la performance en fonction du mandat donné.
– Un conseiller en investissement financier : qui est un coach, un accompagnateur qui aide le client à comprendre et donc prendre les décisions. Recourir à un conseiller, c’est accepter de recevoir des conseils mais surtout décider de les suivre ou non. Le conseiller doit permettre à l’épargnant de mûrir et à prendre des décisions. Un conseiller participe à la performance globale par ses conseils et ses analyses … mais c’est l’épargnant qui au final prend les décisions en fonction de son spectre de connaissance et de ses propres analyses.
Donc au delà de la performance… c’est la pertinence des échanges et du conseil qui est primordiale…
Vision idyllique et quelque peu utopique des relations entre client et conseiller !
Vous devez donc être un « professionnel capable de comprendre l’évolution des marchés financiers et plus globalement de la conjoncture » Donc vous savez qu’elle va être l’évolution des marchés financiers, j’ai hâte de vous lire et si possible pouvez-vous être précis avec des horizons d’investissement par ex 1 an, 2 ans, 3 ans et 5 ans. Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par « l’évolution plus globalement de la conjoncture » ?
Pouvez-vous préconiser qu’elle allocation d’actifs vous proposez actuellement en fonction de la conjoncture et des marchés ?
Enfin comment détecter que l’on a affaire à un professionnel ? Quels sont les critères ?
Comment ce professionnel surveille t-il les marchés ? Comment en être certain ?
Il est payé par honoraires avant ou après sa prestation ? Comment sont fixés ses honoraires pratiquement en montant ?
Malheureusement, je n’ai pas cette compétence de Conseil en Investissement Financier… Je ne suis pas CIF.
Je ne suis capable que de réfléchir sur une approche globale des marchés, sur les grandes tendances macro…
Honnetement, je ne sais pas qui a cette competence… Meme Warren Buffett ne l’a pas…
Je ne suis pas client chez vous et deja entre de bonnes mains, mais vos articles souvent tres interessants.
Je regarde de plus en plus parce aue l’allocation traditionnelle immobilier, assurance vie me deplait de plus en plus. A part les incentives fiscales, je ne comprends pas pourquoi l’epargne ne va pas davantage vers l’outil productif (actions, entreprises, obligs)? A terme, la bourse ou le non cote est il vraiment pire que l’immobilier ou l’assurance vie? Qu’est ce qui garantit qu’AXA ou Suravenir seront encore la demain? Et les fortunes ne se sont elles pas faites dans les entreprises?
Je m’eloigne du sujet. De toutes facons, les retrocessions c’est bientot fini et le lobby assurance ne sera pas toujours aussi puissant…
« Je ne suis pas client chez vous et déjà entre de bonnes mains ». C’est interessant. Quelles sont les qualités qui vous font apprécier votre conseiller actuel, quelles sont vos attentes ? Cela aidera les lecteurs à comprendre comment choisir leur conseiller ?
C’est mon beau frère…
Qu’elle est votre approche globale des marchés aujourd’hui ?
Qu’entendez-vous par grandes tendances macro ?
merci de votre retour
Voici quatre articles :
– TRUMP : Comment anticiper le réveil violent des marchés devant le risque politique
– Bourse : Quelles perspectives pour 2017 ?
– Sommes nous à la veille d’un krach obligataire ? Attention, les taux augmentent vite.
Et plus globalement : Quelle stratégie d’investissement et de placement pour 2017 ?
La charge habituelle contre les rémunérations qui devient lassante pour ne pas dire gonflante avec ses accusations de malhonnêteté…
Vous devriez préciser que les créateurs de Fintech sont des gens qui ont pendant des années très largement profité du système, se sont bien remplis les poches, et viennent maintenant se poser en chevaliers blancs de la profession…
pourquoi quel est le danger des ETF ?
La majeure partie des ETF sont synthétiques. Leur construction fait appel (merci aux spécialistes de me corriger si besoin) à 2 techniques pour répliquer l’indice :
– Le prêt ou location de titres
– L’acquisition d’options
Beaucoup plus rarement les ETF possèdent le sous-jacent. On les appelles ETF physiques mais sont onéreux. Cela peut poser problème quand tout le monde veut aller sur le même actif.
En effet si l’on fait la somme du volume des tracker Or en 2012 et la volume d’Or disponible ça coince ! (on en prle là => https://www.contrepoints.org/2013/04/16/121652-pourquoi-lor-chute)
Pour en revenir au risques :
– le prêt : si c’est Lehman Brothers qui me prête les titres en 2008, je suis mal…. Ils ont fait pire ils ont gagé les titres qu’ils avaient en déposit…
– Si, comme en 2008, nous avons un assèchement brutal de la liquidité, je n’ai plus de contrepartie pour mes dérivés et donc plus de cotation pour mon Tracker….ou ETF…
– Les Flash-Crash que l’on voit ces derniers temps ne sont pas fait pour me rassurer.
Donc les ETF me posent soucis et donc nous en utilisons très peu dans nos portefeuilles Lux par exemple.
Une très bonne étude a été faite par mon ami Stéphane Toullieux : http://www.athymis.fr/blog-etf-amis-ou-ennemis-le-regard-des-equipes-dathymis-gestion-468.html
Enjoy !
Mais il faut aussi avouer que de très nombreux gérants d’OPCVM utilisent les ETF dans leur gestion. Peut on aujourd’hui passer à côté ?