Patrick ARTUS nous livre une série d’études formidables dans lesquelles on peut lire une certaine méfiance vis à vis de la très bonne santé économique annoncée pour 2018.
Nous avons là trois articles qui présentent bien le paradoxe du consensus actuel ! Merci Monsieur ARTUS.
Je vous propose simplement de faire la synthèse de ces trois articles, sans aucun commentaire ! Je crois que le message est suffisamment clair :

 
 

Optimisme de 2018 : rappelez-vous 2007

Tous les commentaires portant sur la situation économique des pays de l’OCDE en 2018 sont aujourd’hui très optimistes. Mais il faut se rappeler qu’en 2007, un an avant la crise, on observait aussi, comme aujourd’hui :

  • un grand optimisme des entreprises et des ménages ;
  • une croissance rapide de tous les postes de la demande et du commerce mondial ;
  • une croissance synchronisée de toutes les régions ;
  • la hausse des prix des actifs (immobilier, actions), avec une
    politique monétaire sans réaction ;
  • aux Etats-Unis, la hausse du levier d’endettement des entreprises
    et les rachats d’actions ;
  • l’écrasement anormal des primes de risque.

 
Ces similitudes et la présence de déséquilibres financiers identiques devraient inquiéter sur la situation présente. Il est vrai qu’il y a eu depuis la crise de 2008 désendettement des ménages dans les pays de l’OCDE, mais il y a eu endettement encore plus important des Etats. L’optimisme de 2018 est similaire à l’optimisme de 2007, pourtant en 2008 démarrait la crise de Lehman.
Les pays de l’OCDE sont aujourd’hui dans une situation très voisine de celle de 2007, y compris pour les déséquilibres financiers (prix des actifs, absence de réaction de la politique monétaire, écrasement des primes de risque, leverage des entreprises aux Etats-Unis).
On pourrait ajouter à cette liste la hausse des valorisations des entreprises dans les LBOs et les M&As, la multiplication des actifs spéculatifs… Bien sûr les ménages se sont désendettés depuis 2008, mais les Etats se sont endettés beaucoup plus
L’optimisme 2018 ne signifie donc pas qu’une nouvelle crise ne va pas se produire.
 
 

Les crises viennent toujours de la politique monétaire des Etats-Unis

Depuis la fin des années 1990, les crises financières et les récessions associées viennent systématiquement de la politique monétaire des Etats-Unis.

  • Dans la seconde moitié des années 1990, la Réserve Fédérale a laissé gonfler sans réagir la bulle sur les actions aux Etats-Unis ; l’éclatement de cette bulle en 2000 a déclenché une récession globale ;
  • de 2002 à 2007, la Réserve Fédérale a laissé gonfler sans réagir la bulle immobilière aux Etats-Unis et a laissé se développer la titrisation des crédits immobiliers avec des primes de risque anormalement basses ; l’explosion de la bulle immobilière à partir de 2007 a déclenché la crise mondiale des subprimes ;
  • en 2013, l’annonce par la Réserve Fédérale de l’arrêt en 2014 du Quantitative Easing a déclenché les sorties de capitaux depuis les pays émergents et une forte dégradation de l’économie de ces pays.

Notre thèse : depuis plus de 20 ans, les crises et les récessions globales viennent de la politique monétaire des Etats-Unis.
La politique monétaire des Etats-Unis. 

  • d’une part est laxiste : elle a laissé gonfler la bulle actions dans la seconde moitié des années 1990, la bulle immobilière (et le crédit qui l’accompagne) de 2002 à 2007, la bulle obligataire depuis 2010 ;
  • d’autre part est choisie sans que soient prises en compte les conséquences sur le Reste du Monde des modifications de la politique monétaire américaine, ce qu’on a vu dans la période récente en 2013 avec l’annonce de la fin du Quantitative Easing.

Nous pensons que ces deux caractéristiques de la politique monétaire des Etats-Unis sont à l’origine des crises et des récessions globales depuis 20 ans
Quel est le risque similaire aujourd’hui venant de la politique monétaire des Etats-Unis ? Il s’agit sans doute du risque que la Réserve Fédérale fasse exploser dans le futur la bulle obligataire qu’elle a laissé enfler.
 
 

Quand les marchés financiers sont-ils dangereux ? Quand les primes de risque sont très faibles en fin de période d’expansion

Quand le taux de chômage est voisin du taux de chômage structurel, on sait que la fin de la période d’expansion est proche. Les investisseurs devraient anticiper que se rapproche la date à laquelle la croissance, les Bénéfices par Action vont reculer, les taux de défaut augmenter.
Il devrait donc y avoir, au fur et à mesure que le taux de chômage se rapproche du taux de chômage structurel, hausse des primes de risque (sur les actions, les obligations des entreprises et des banques, les ABS…) dans l’anticipation du ralentissement de la croissance, de la baisse des résultats des entreprises, de la hausse des taux de défaut.
Si on observe, alors que le taux de chômage est proche du taux de chômage structurel, des primes de risque faibles, alors les marchés financiers sont dangereux puisqu’ils ne valorisent pas le ralentissement économique qui va avoir lieu, et qu’il va donc y avoir une correction brutale des marchés financiers.
 
 
A suivre …

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