Par principe, « l’investisseur intelligent » tel que définit par Benjamin GRAHAM ne doit pas participer à une introduction en bourse, pourtant, à titre personnel, je dois vous le confesser, je viens de faire une réservation pour 300 titres.
Il est tellement rare de pouvoir devenir actionnaire d’une entreprise leader dans le domaine de la tech que je n’ai pas résister à la tentation. Et si OVHCloud était un futur leader de la côte tant le potentiel du marché apparaît comme immense ?
Ai-je fais une erreur de jugement ? Je ne sais pas, on verra dans 15 ans (Je ne suis pas un spéculateur, j’investis à long terme dans le capital de cette entreprise comme je le ferais pour un investissement immobilier – cf. « Vous devez investir en bourse comme vous investissez dans l’immobilier !« ).
Dans l’excellent livre « L’investisseur intelligent », Benjamin GRAHAM est pourtant sans appel, et on ne peut contester l’analyse tant elle est juste et pertinente.
Extrait de cet ouvrage de référence écrit en 1949 dont le contenu est encore d’une grande pertinence :
« Le financement d’une entreprise par l’émission d’actions peut prendre deux formes différentes. Dans le cas de compagnies déjà cotées, de nouvelles actions sont offertes aux anciens actionnaires au prorata de leurs droits. Le prix d’émission est fixé au dessus des cours courants, et les droits de souscription ont donc une valeur monétaire initiale. La vente des actions nouvelles est en général confiée à des banques d’investissement qui comptent placer facilement le papier par le seul exercice des droits de souscription. Ainsi une augmentation de capital par souscription d’actions nouvelles ne nécessite pas d’efforts marketing importants.
Le second type de placement concerne les nouvelles introductions de titres de sociétés auparavant non cotées. Ces titres sont souscrits sur le compte des propriétaires privés qui peuvent ainsi vendre une partie de leurs intérêts de contrôle sous de bonnes conditions de marché. (A l’opposé si l’argent est levé pour le compte de l’entreprise cela s’effectuera sous la forme d’émission d’actions préférentielles comme nous l’avons déjà vu). Ce type de placements donne lieu à un scénario connu qui de par la nature des marchés boursiers est systématiquement au détriment des intérêts des investisseurs. Le biais négatif vient d’une part de la nature des entreprises ainsi financées et d’autres parts des conditions mêmes des marchés qui rendent ce type de financement possible.
Au début de ce siècle [NDLR : Du XXiéme siècle s’agissant d’un livre écrit en 1949], c’est par ces moyens que beaucoup de nos grandes entreprises ont été vendues au public. Mais plus le temps passe et plus le nombre d’entreprises de premier rang, entre des mains privées se font rares. Par conséquent, les nouvelles introductions sont de plus en plus le fait d’entreprises petites ou moyennes. En parallèle, le grand public des investisseurs a développé une forte préférence pour les grandes entreprises. Cette préférence est moins marquée aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle d’autres biais ont été développés par les marchés, au fur et à mesure que les marchés haussiers ont pris de l’ampleur. L’espérance de plus-values faciles et rapides a la propriété d’endormir l’esprit critique du public et de développer son instinct d’achat. Ensuite, pendant ces périodes fastes, il n’est guère difficile de trouver nombre de petites entreprises privées accumulant les résultats prometteurs même si ces résultats ne survivent pas à l’épreuve du temps (si on les reprenait sur une période de 10 ans par exemple).
Le cumul de ces différents facteurs facilite l’émergence du scénario suivant : Quelque part vers le milieu de la phase de hausse, nous voyons apparaître un recrudescence des nouvelles introductions. Au début le prix d’introduction sont intéressants et de belles plus-values peuvent être réalisées par les premiers acquéreurs. Au fur et à mesure que les marchés poursuivent leurs phases haussières, cette forme de financement prend de l’ampleur et, alors que la qualité des nouvelles introductions se dégrade, les prix exigés deviennent de plus en plus exorbitants. Un signe assez fiable nous avertissant de la fin prochaine d’un marché haussier c’est lorsque les prix d’introduction demandés pour des entreprises petites et difficile à comprendre, deviennent supérieurs aux cours des sociétés moyennes pour lesquelles nous avons un long historique de marchés.
Cette insouciance du grand public confrontée au manque de scrupule de certaines banques d’investissement mène tout droit à l’effondrement des prix. Dans bien des cas, ces nouveaux titres perdent 75% et plus sur leurs cours d’introduction. Cette situation est encore aggravée par le fait déjà mentionné qu’au creux de la vague le grand public développe un forte aversion contre les mêmes titres dont il s’était épris dans les périodes d’insouciance. Beaucoup de ces titres tomberont d’autant plus bas par rapport à leurs valeurs objectives en phase dépressive, qu’ils étaient montés haut en phase d’euphorie.
Ceci étant, certains de ces titres feront des achats excellents quelques années après alors que plus personne ne voudra les toucher et qu’il ne s’échangeront qu’à une fraction de leur valeur intrinsèque. [NDLR : Vous retrouvez ici la notion de prix et de valeur sur lesquelles nous insistons lourdement depuis quelques temps – Réussir son investissement c’est comprendre que la différence entre le prix et la valeur, c’est la liquidité]«
Bref, j’ai cédé à la tentation et j’accepte de prendre le risque de payer un peu trop cher cette très belle réussite Française. Cette entreprise semble répondre à l’ensemble des critères que je me fixe avant d’investir :
- Je comprends le modèle économique et ai l’impression que le potentiel de croissance est immense ;
- L’entreprise est déjà rentable et le modèle économique semble avoir démontré sa solidité dans le passé ;
- L’entreprise annonce être leader de son marché en Europe ;
- J’ai confiance dans le dirigeant ;
- Le prix est probablement élevé. On verra bien. C’est le point négatif. Peut être que l’investisseur intelligent préférera attendre une future (mais hypothétique) baisse des cours pour payer moins cher cette très belle entreprise.
Pour mieux comprendre cette introduction en Bourse, je vous engage à consulter le site dédié : https://ipo.ovhcloud.com/fr/
Merci à Guillaume pour cet article. Pour suivre
Cordialement
J’aurai quelques réservations sur la qualité de leurs infrastructures (datacenter construits dans des containers, pas de système anti-incendie, backups hébergés dans le même datacenter,…) qui pourrait se retourner contre eux en cas de nouveau problème
J’ai eu la même réflexion que vous GF et hier j’ai faillit cliquer sur le bouton ok pour l’achat de ce titre. Et puis j’y ai renoncé momentanément car je voudrais étudier un peu plus l’environnement (concurrence) dans le domaine d’activité d’OVH.
Mais j’avoue c’est tentant pour une fois qu’une entreprise française (européenne cf son patron polonais)réussisse dans un domaine d’avenir.
Et surtout le fondateur est conscient de ses limites et à laissé la place de directeur général à Michel Paulin, qui n’est pas un bleu dans le domaine des télécoms.
Pourquoi investir dans OVHCloud alors que vous n’investiriez pas dans COINBASE ?
La réponse est dans l’article « Je comprends le modèle économique et ai l’impression que le potentiel de croissance est immense ; »
😉
justement, comme la réponse est dans l’article… COINBASE répond exactement à tous ces critères :
« Je comprends le modèle économique et ai l’impression que le potentiel de croissance est immense ; »
modèle économique aujourd’hui basé sur des frais de transaction mais demain sur tout un tas de produit financier annexe..
en quoi comprenez vous mieux le modèle d’OVH que de COINBASE ?
« L’entreprise est déjà rentable et le modèle économique semble avoir démontré sa solidité dans le passé »
L’entreprise est largement rentable (bien plus que OVH), la croissance : illimité potentiellement
« L’entreprise annonce être leader de son marché en Europe ; »
COINBASE est leader sur les pays occidentaux
« J’ai confiance dans le dirigeant ; »
Ca c’est subjectif…
le PDG de COINBASE n’est pas un perdreaux de l’année.
« Le prix est probablement élevé. »
probablement… ou pas…
Il en faut pour tout le monde. Je vous laisse investir dans coinbase. Ce n’est pas pour moi 😉
Introduction coinbase : 328$
cours au 06/10/2021 : 240$.
J’ai bien fait de ne pas vous écouter mon cher 😉
Vous aurez exactement la même chose avec OVH 12 mois après l’introduction.
En vrai je ne comprends pas vos arguments Guillaume.
– Graham vous dit que c’est une mauvaise idée
– Tous les marchés sont largement sur-évalués et c’est majoritairement du à la tech
– Tout nous amène à un tappering et une augmentation des taux à court/moyen terme => La tech va très largement sous performer dans les 12-36 prochains mois.
OVH oui, mais certainement pas maintenant.
Je sais et c’est bien la raison de cet article ;-(
Je n’ai pas écouté mon bon sens.
J’entends bien votre démarche.
Néanmoins je ne peux pas m’empêcher de noter que vous avez une aura et une influence importante sur vos lecteurs dont certains vous suivrons aveuglément. Et malheureusement, beaucoup n’auront pas la bonne psychologie pour encaisser 35% de baisse ou n’ont tout simplement pas 10 ans d’horizons d’investissements et devront probablement encaisser la perte.
Sinon j’aime beaucoup ce que vous faîtes/dîtes, merci.
J’entends, même si dans l’article je ne crois pas être hyper incitatif :
J’explique
-que Graham dit de ne pas y participer par principe
– Que le prix est élevé ;
– que l’investisseur intelligent préférera attendre une future (mais hypothétique) baisse des cours pour payer moins cher cette très belle entreprise.
Mais que j’ai cédé à la tentation.
Deux enseignements seront possibles :
– Soit les cours baissent ==> Ce qui confirmera qu’il ne faut jamais céder à la tentation non rationnelle ;
– Soit les cours ne baissent pas ==> L’exception qui confirme la règle
On verra bien. Au moment ou j’écris ces lignes, je n’en sais strictement rien…Ni à propos d’une éventuelle hausse, ni d’une éventuelle baisse.
Enfin, attention à vos certitudes !
« – Tous les marchés sont largement sur-évalués et c’est majoritairement du à la tech
– Tout nous amène à un tappering et une augmentation des taux à court/moyen terme => La tech va très largement sous performer dans les 12-36 prochains mois. »
Moi, je ne sais pas. On peut le craindre, estimer, mais pas l’affirmer.
Avec mes 30 années dans le logiciel, je dois dire que je ne connais pas grand chose au métier des serveurs. Cela évolue très vite.
Je n’ai pas de cotation dans la place pour lui poser des questions techniques pour me rassurer.
Les pro financiers des introductions font et vont certainement faire ce qu’il faut pour manipuler l’intérêt des petits investisseurs.
A 3 ans pourraient se faire racheter.
Ou plus simplement être dépassés par les gros concurrents mondiaux.
Trop peu de connaissances pour y mettre des billes. C’est bien plus compliqué que l’immobilier !
On a l’impression de lire un total débutant…
Vous qui êtes tellement plus doué. Quelle est votre analyse ?
Guillaume, il faut utiliser plus de concepts abscons, ne pas les expliquer, et ajouter de l’anglais de trader.
Et des mots japonais, aussi. Et parler de chandeliers et d’anses de tasses.
Tout de suite, ça fait beaucoup plus pro.
🤣🤣🤣
Je rajouterais un critère positif à ceux que vous énoncez : l’évolution du cadre législatif vers l’obligation d’hébergement des données sur le territoire national, ou à tout le le moins européen (souveraineté des données)
Un bémol toutefois, Macron a changé la définition du mot « souveraineté ». Permettant ainsi à Google, AWS et Crosoft de participer aux futurs cliuds souverains (Thalès+Google par exemple : https://www.google.com/amp/s/amp.lefigaro.fr/secteur/high-tech/securite-informatique-thales-et-google-cloud-concluent-un-partenariat-20211006).
Mais, il faut être honnête, c’est un moindre mal. L’État n’a tout simplement pas les capacités humaines à mettre en oeuvre et maîtriser l’ensemble de la pile matérielle et logicielle pour créer un cloud destinés aux services de l’État.
Donc, tout ce qui ne relèvera pas du secret sera cloudisé en externe. Mais en conservant la maîtrise des données, du point de vue juridique, mais aussi technique (réversibilité, rétrocession, …).
Je confirme. L’hébergement des serveurs sur le territoire européen est un argument clé vis-à-vis de l’extraterritorialité croissante de la justice US notamment. De nombreuses entreprises françaises et européennes qui œuvrent dans des domaines sensibles de haute technologie et/ou souveraines – la défense, le nucléaire et l’aérospatial notamment, mais pas uniquement – ne peuvent se permettre de loger leurs données sensibles sur des serveurs situés hors d’Europe. Juridiquement trop risqué. Dans la société industrielles qui m’emploie, les filiales situées en Amérique du Nord ont pour ces raisons un accès très restreint et très cloisonné aux données techniques de l’entreprise (ce qui pose d’ailleurs pas mal de difficultés).
Lorsque j’ai sélectionné mon hébergement, la localisation en France des serveurs était LA condition pour choisir le prestataire.
Une question de principe et de sécurité en cas de conflit juridique ou autre. Je préfère savoir mes données stockées en France plutôt que de prendre le risque de devenir otage.
D’après une interview entendue la semaine dernière la condition que les données soient stockées en france( ou Europe) ne signifie pas qu’elles sont en sécurité. En effet les US par exemple pourrait les demander à la société hebergeuse si celle ci est américaine ou une de ses filiales. Le problème de la sécurité des données semble très complexe.
Bonjour,Comment fait-on pour acheter des actions? J’ai été sur le site ipo.ovhcloud.fr mais c’est indiqué de se rapprocher de son intermédiaire financier. J’ai un compte Titres et un PEA chez SAXO mais je ne trouve pas le libellé OVH PROMESSES -FR0014005HJ9. Merci
Bonjour, pour cela vous pouvez vous rendre sur l’interface Saxo Investor de votre compte-titres. Vous trouverez un onglet « Ordres » à côté de celui « Positions » sur la page de votre Portefeuille. Dans cet onglet se trouve une rubrique « Souscriptions Introductions en bourse » avec un lien vous amenant vers celles disponibles.
Si vous ne trouvez pas, vous pouvez aussi y accéder depuis la page « Marchés », toujours sur la page d’accueil de Saxo Investor. Sélectionnez ensuite « Actions » et rendez vous tout en bas de cette page. Vous trouverez un bouton Introductions en bourse.
Cordialement,
Super merci!!
Vu la formation que je suis en train de suivre, je crains qu’OVH ne soit le prochain Viadeo… Les profs ne nous conseillent pas cette plateforme…
On peut toujours escompter qu’OVH se reprenne…
Et quels sont leurs arguments ?
Pour info Amazon vaut à ce jour 1650 milliard de $
Or les profits sont réalisés largement grace au cloud ( division AWS) dont Amazon est le leader incontesté aux usa, devant Microsoft et Google.
AWS réalise 10 % du chiffre d’affaires du groupe et 60 % des profits du groupe
Il n’y a pas de doute sur la rentabilité du modèle de l’hébergement (marges importantes). Les barrières à l’entrée sont importantes, mais les concurrents ont tout de suite des moyens importants également.
En tant qu’ingénieur dans ce domaine, après 10 ans chez OVH j’ai quitté partiellement ce fournisseur au profit d’Infomaniak il y a 5 ans.
Les raisons sont multiples : service client déplorable, tarifs pas forcément compétitifs et problèmes d’indisponibilité de plus en plus fréquents. Je n’utilise désormais plus que leur marque de serveur au rabais SoYouStart et Kimsufi, permettant de créer mon propre environnement cloud a des frais significativement plus bas et une meilleur disponibilité.
Infomaniak propose également de la très haute disponibilité sur la base d’énergies 100% renouvelables et respectant des normes de haut niveau. De plus Infomaniak propose déjà des alternatives aux suites clouds de Google, comme KDrive entre autre.
Enfin, une bonne stratégie d’hébergement nécessite la répartition des serveurs dans de multiples fournisseurs sur de multiples localités. OVH ne permet pas toujours de choisir un emplacement géographique. Il peut donc arriver fréquemment que les instances cloud soient dans le même datacenter avec le risque vu lors d’un incendie.
Bref tout ceci pour dire, qu’OVH n’est pas une référence dans le milieu tech, bien que ce fut un leader par le passé. Son image a beaucoup changée ces 10 dernières années. La nouvelle génération jure par d’autres alternatives dont beaucoup aux US dû au lobbing dans les écoles et centre de formation.
merci pour l’article et pour vos commentaires (les constructifs !)
je me suis rapprocher de ma banque qui peux etre intermédiaire (C.A.), par contre elle me demande car elle n’a pas réussie à avoir l’info : PEA ou PEA-PME ??!!
Quelqu’un peux m’aiguiller car je ne voudrais pas louper cette vente.
Je ne suis pas « boursier » j’ai jamais essayer, ce serait une première…
Par contre je suis développeur et depuis la naissance d’OVH j’utilise leurs services, et honnêtement tout les autres projets où d’autres hébergeurs ont été souscrit (par souhait des clients ou autre… c t la misère !) , OVH n’est surement pas parfait mais c’est de loin les plus competitifs rapport qualité service et prix ! j’dis ca alors que je ne suis même pas encore actionnaire …! 😉
Bonjour Guillaume,
Merci de me rappeler l’existence de ce livre très pertinent du père spirituel de Warren Buffett. Je le mets immédiatement dans ma liste de lecture.
J’ai lu avec intérêt ton analyse sur OVH qui illustre et tu ne sembles pas t’en cacher tous les biais qui nous habitent… Je me demande si cette introduction n’arrive pas trop tard ?…
Mais c’est bien la raison de cet article : Montrer mes biais comportementaux et la raison de mes probables erreurs.
Vu la nouvelle panne d’OVH ce matin ça semble de plus en plus risqué leurs actions…
Encore une fois, Graham avait raison.
Première cotation à 18€.
Conclusion ; Ne jamais écouter son intuition 😉
Mince, le cours vient de repasser au dessus du prix d’introduction.
Finalement, pas simple de connaître l’avenir.
+32% depuis le 15/10/2021.
Aucun regret. Parfois il faut savoir écouter son intuition.
Merci j’ai fait comme vous. Seul regret ne pas en avoir souscrit suffisamment!!!
Mais raison il faut savoir garder lorsque l’on a des intuitions…….le titre peut encore perdre 30%!!
Et voilà. C’est confirmé ! Il ne fallait pas participer à l’introduction !
Aujourd’hui OVH côte 14.50€ contre 18.5€ lors de l’introduction !
Je viens d’en racheter.
Bah, c’est mieux que Deezer 😁