C’est la débandade sur l’ensemble des marchés de la planète. Le CAC 40 a perdu toute la performance de l’année en moins de 15 jours et enregistre une baisse de 8,65% entre le plus haut du 28 mai 2013 et le plus bas de vendredi dernier.
Même du côté des pays émergents, la baisse est massive. Depuis le point haut du 28-30 Mai 2013, l’ensemble des bourses mondiales affichent des baisses importantes. Seuls les Etats Unis et le Japon sortent du lot en continuant d’afficher des performances insolentes dans une économie faites de faible croissance et de lutte extrême contre la déflation.
Du côté des matières premières et notamment de l’OR, le recul des cours est également manifeste. L’once d’OR est aujourd’hui à 1297$ (soit 989€ environ) contre un plus haut historique proche des 2000$.
Enfin, du côté des taux d’intérêt, la hausse est également violente depuis la fin du mois de Mai. Le taux de l’OAT 10 ans Français est passé de 1,71% le 28 mai à 2,19% le 21 Juin. Même si les niveaux restent très bas, la remontée est particulièrement violente.
Ainsi, de manière pragmatique, on constate une forte corrélation de l’ensemble des marchés depuis le 28- 30 Mai 2013 : L’ensemble des marchés baissent.
 

Des marchés manipulés par les Banques Centrales Européennes

Cette baisse s’inscrit pleinement dans la continuité de notre dernière analyse intitulé : « Le CAC 40 au dessus de 4000 points … Mais comment est ce possible ? » analyse dans laquelle nous tentions de vous expliquer pourquoi les cours des bourses avaient atteint des sommets alors même que la situation économique était des plus morose et que la visibilité d’un retour de la croissance économique était faible.
La conclusion de cette article était la suivante :

La situation économique ne s’améliore pas en Zone euro et la croissance mondiale ne devrait pas être aidée par la dynamique des marchés émergents. Il convient donc de chercher ailleurs une explication à la hausse récente des bourses européennes.
Selon nous, la baisse confirmée et probablement prolongée des taux d’intérêt permet d’expliquer la dernière hausse des marchés et nous autorise à anticiper un changement de seuil dans la valeur des actions. Les investisseurs acceptent désormais des rendements beaucoup plus faibles pour accepter d’investir sur le marché actions.
Les actions pourraient, à court terme, faire l’objet d’une revalorisation importante malgré une dégradation manifeste de la situation économique. Néanmoins, la prudence doit guider les investisseurs, car la hausse des taux d’intérêt suivant mécaniquement la baisse, les dépréciations suivent mécaniquement les hausses …

 
Qu’on se le dise, les marchés financiers sont manipulés par les Banques Centrales Européennes qui injectent excessivement des liquidités pour lutter contre le cercle vicieux de la déflation (cf article : La répression financière indispensable pour sauver le système ? et De l’inflation à la déflation … L’évolution de nos conseils en 2 ans d’article), et c’est justement la perspective du retour de la croissance économique (au moins aux états unis) qui fait craindre le pire pour les cours de bourse. Le retour de la croissance économique doit signer la fin des injections massives de liquidité et autres politiques monétaires non conventionnelles pour éviter la surchauffe et l’hyperinflation. 
Alors que les marchés sont dopés par l’abondance de liquidités, est ce que le retour de la croissance économique sera suffisant pour prendre le relai des liquidités ? Les marchés financiers tremblent devant cette perspective, comme pourrait trembler un junkie devant la perspective d’un manque de drogue.
 

Quelle sortie de crise ?

J’ai le sentiment que nous entrons dans une nouvelle phase de la crise économique commencée en 2008. Est la phase de la sortie de crise ? ou simplement le début de la vrai crise que l’injection de liquidité ne peut plus cacher ?
Depuis le début de cette crise, les Banques centrales ont massivement utilisées la politique monétaire et les taux d’intérêt pour sauver la croissance économique et éviter une destruction de valeur malheureusement inévitable des années d’excès de crédit et d’endettement.
Nous entrons dorénavant dans une nouvelle phase : le retour en arrière des politiques monétaires face à un retour de la croissance économique (du moins au États-Unis).
Dans notre article de prévision sur l’année 2013 (publié en Décembre 2012) et intitulé « 2012, année de la macroéconomie ; 2013, année de la microéconomie ?« , nous vous expliquions à quel point la planche à billet était inutile en l’absence d’innovation et de recherche disruptive. Certes les politiques monétaires expansionnistes permettent de maintenir la croissance économique en mode  « survie », mais sans traitement de fond la guérison n’est pas envisageable à long terme. Le traitement de fond de la croissance c’est l’innovation et la recherche disruptive.
Entre Gaz de schiste, impression 3D et autres innovations énergétiques, les États-Unis sont en train de gagner le pari du retour de la croissance. Dorénavant, il devient possible d’envisager de réduire les politiques monétaires non conventionnelles afin de lentement mais surement guérir le malade.
Cette sortie de crise annoncée est complexe à gérer pour les marchés financiers et devrait signer le retour de la volatilité sur les marchés.
 

Avec le retour de la croissance, quel scénario de sortie de crise pour les marchés financiers ?

Tout d’abord, sur le front des taux d’intérêts, la perspective d’un retour de la croissance économique fondée sur l’innovation et la recherche disruptive devrait avoir pour conséquence une augmentation des taux d’intérêt et une pentification de la courbe des taux.
Cette re-pentification de le courbe des taux est le sujet majeur qui préoccupe les banques centrales. En effet, celle ci doit être suffisamment forte pour éviter une surchauffe du moteur économique, mais elle ne doit pas être trop forte pour ne pas créer un krach obligataire synonyme  d’une nouvelle crise financière.
Pour reprendre notre exemple présenté dans l’article « 2012, année de la macroéconomie ; 2013, année de la microéconomie ? » et comparer la croissance économique à un moteur, l’essence (= la politique monétaire) doit être distribuée selon les besoins, ni trop (afin d’éviter de noyer le moteur et de caler), ni trop peu (sous risque de caler à nouveau), la juste dose est nécessaire pour que le moteur fonctionne parfaitement.
 

Un nouveau risque de Krach Obligataire ?

Dans l’hypothèse ou le retour d’une croissance économique était fondé et confirmé (et cela est encore à vérifier), la question des taux d’intérêt et du risque de krach obligataire devra être votre obsession.
Cette période qui s’ouvre s’annonce délicate pour tous les investisseurs car il me semble personnellement impossible de gérer une remontée des taux d’intérêt sans fracas alors même que les banques centrales ont volontairement construit des bulles sur les marchés. La seule issue d’une bulle c’est l’éclatement brutal. Il n’est pas possible d’espérer un dégonflement lent et maitrisé.
Quoiqu’il arrive, je crains que la croissance économique qui semble poindre ne permettra pas une création de richesse à la hauteur des déséquilibre économique actuel. Une destruction de valeur me semble inévitable afin d’assainir le système économique. Cette destruction de valeur pourrait passer par une augmentation violente des taux dans les années prochaines.
Le jour ou les banques centrales annonceront la fin des mesures monétaires non conventionnelles, la croissance économique et la confiance dans l’économie devra être très forte car dans le cas inverse, la remontée très forte des taux d’intérêt pourra avoir pour conséquence un krach obligataire à la hauteur de la manipulation des taux.
L’annonce le 19 juin d’un arrêt des injections de liquidités par la banque centrale américaine n’est elle pas prématuré ? La sortie de crise s’annonce bien plus compliqué que prévu…
 
Deux situations sont alors envisageables :

  • La première est optimiste, c’est le retour d’une forte croissance économique fondée sur l’innovation et la recherche disruptive. Cette croissance économique permet aux Banques centrales de mettre fin lentement mais surement aux politiques monétaires non conventionnelles. Dans cette hypothèse, le krach obligataire est évité est la création de valeur peut être au rendez vous pour de nombreux investisseurs.  C’est l’espoir des banques centrales
  • La seconde est pessimiste, mais selon moi davantage réaliste, La croissance économique n’est pas suffisante pour espérer un arrêt des politiques monétaires non conventionnelles. Les Banques centrales continuent perpétuellement d’augmenter la masse monétaire pour lutter contre la déflation en attendant une croissance économique qui ne vient pas. Bref, on reste dans une économie atone qui se détruit petit à petit, incapable de créer. Sans intervention et manipulation des banques centrales, le krach obligataire est inévitable !

 

Mais peuvent elles seulement faire davantage pour éviter ce krach obligataire ? 

 

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