Le scénario inflationniste se confirme un peu plus tous les jours. Entre la généralisation des droits de douane, les désirs de réindustrialisation des pays occidentaux, la nécessaire transition énergétique, mais aussi les discours nationalistes de repli sur soi, tout mènent vers un cycle inflationniste qui pourrait appauvrir nos économies et donc notre épargne.
Plus que l’inflation, c’est la stagflation qui doit être redoutée.
En temps normal, l’inflation n’est pas une catastrophe car elle est la conséquence d’une économie dynamique dans laquelle l’offre ne parvient pas à satisfaire à la demande. C’est typiquement l’inflation post-covid 19. Une inflation conséquence d’une croissance trop forte et d’une demande exceptionnelle après l’abstinence imposée par les confinements mondiaux. Cette inflation est plutot favorable à l’économie puisqu’elle est le fruit d’une folle croissance et donc d’une création de richesse élevée.
En période de croissance molle, l’inflation est destructrice. L’inflation par les coûts, c’est une inflation normative, imposée par des frais nouveaux auxquels sont confrontés les entreprises. Des frais comme des barrière douanières, des restrictions de commercer, des freins à la libre circulation des capitaux et des marchandises, des taux plus élevés, … Les prix montent non pas du fait d’une demande forte, mais du fait de coûts supérieurs que les entreprises n’ont pas d’autres choix que de reporter sur les prix si elles ne veulent pas faire faillite.
Typiquement, l’inflation causée par l’augmentation des droits de douane (qui ne sont rien d’autre que des impôts sur les importations) est destructrice.
C’est peut être le chemin que nous sommes en train de prendre pour les prochaines années : Croissance molle et inflation par les coûts.
La stagflation, ce serait :
- Des taux d’intérêt long terme élevés.
- Des taux d’intérêt court terme bas ;
- Une croissance économique faible qui limiterait la croissance des bénéfices des entreprises et pourrait même détruire des bénéfices pour les entreprises qui n’auraient pas la capacité forte à répercuter l’augmentation de leur coût dans leurs prix de vente. Lorsque les coûts augmentent, les entreprises doivent augmenter leur prix de vente pour maintenir leurs bénéfices. Si la concurrence est trop forte, si la croissance est faible, cette répercution est difficile, ce sont alors les marges qui baissent et les bénéfices qui chutent. Dans un tel contexte, il faut anticiper une baisse des cours de bourse. Le « pricing power » va redevenir une notion clef dans les prochaines années.
- Des matières premières dont le prix ne serait pas porté par une demande forte ; Il ne faut pas s’attendre à une hausse du prix des matières premières en période de croissance molle, même si l’inflation pousse les prix à la hausse ;
- Des actifs immobiliers qui retrouvent leur capacité à être une valeur refuge dans leur composante « prix de construction », mais c’est aussi la destruction du « goodwill immobilier »
- D’un côté, les prix de l’immobilier subissent une pression à la baisse du fait des taux d’intérêt élevés et d’une croissance économique faible ; En période de stagflation, les salaires ne peuvent pas augmenter faute de croissance forte. Le pouvoir d’achat des citoyens est laminé. Leur capacité à investir dans l’immobilier est réduite ; C’est la destruction du goodwill immobilier ;
- D’un autre côté, le coût de construction de l’immobilier et les loyers augmentent. C’est la valeur refuge de l’immobilier qui est poussée à la hausse; Il est toujours plus onéreux de construire et de rénover. Les loyers indexés sur l’inflation augmentent.
Bref, la stagflation, c’est une catastrophe pour les patrimoines.
La stagflation, c’est l’appauvrissement de la société et donc des patrimoines. Difficile de trouver un investissement qui pourrait tirer profit de la stagflation.
Quelques idées d’investissements que vous pourriez privilégier en période de stagflation :
- Actions : Dans l’ensemble, les entreprises sont affaiblies par la stagflation, les marchés actions ne sont pas une bonne idée d’investissement en période de stagflation. Si vous voulez investir, vous devez chercher uniquement les entreprises à fort « pricing power ». Il faut rechercher les entreprises dont le modèle économique est incontournable et qui pourraient répercuter leur coût sur les prix de vente ;
- Obligation : Des taux d’intérêt long terme élevés pourraient permettre aux investisseurs de limiter la catastrophe de la stagflation. Ils ne gagneraient pas grand chose, mais ils éviteraient au moins de voir leur capital baisser ; Attention, aux obligations « high yield ». Les défauts devraient exploser en période de stagflation. La stagflation est une période difficile pour les entreprises. Les plus fragiles ne pourront probablement pas rembourser leur dette obligataire.
- Monétaire. La stagflation, ce sont des taux court terme faibles. Les banques centrales doivent relancer la croissance en maintenant des taux court terme au plus bas.
- Immobilier. L’immobilier, valeur refuge par sa composante prix de construction pourrait s’avérer être une bonne option. En revanche, un immobilier de très long terme car la stagflation détruit le pouvoir d’achat des investisseurs. En période de stagflation, l’immobilier de spéculation est à éviter. Seul l’immobilier, valeur refuge du prix de construction doit être privilégié, c’est à dire un actif immobilier que vous payez autour de 2000/2500 euros du m². L’immobilier spéculatif type Paris ou Haute montagne et certaines régions balnéaires est laminé par la stagflation qui détruit les goodwill immobiliers.
La stagflation, c’est appauvrissement à tous les étages.
PS : La bonne nouvelle est que la stagflation ne peut pas durer éternellement tant elle est source d’appauvrissement. Elle débouche inévitablement sur une récession qui finit de détruire l’économie avant de repartir sur de nouvelles.
Attachez vos ceintures !