La question de la différence entre le prix et la valeur est tellement importante que je vous propose d’approfondir à nouveau cette question. Il ne faut pas confondre le prix et la valeur d’un investissement, qu’il soit immobilier ou dans le capital d’une entreprise.
La situation idéale pour investir est celle de celui qui investit dans un actif dont la valeur est élevé, mais le prix faible. Alors que la situation la moins favorable est celle de celui qui investit dans un actif dont le prix est élevé et la valeur faible.
Prenons un exemple simple pour mieux appréhender cette question de la différence entre le prix et la valeur : L’achat d’un vêtement.
La valeur de mon vêtement, c’est sa valeur d’usage, la qualité de la laine utilisée, la qualité de sa fabrication, de sa coupe, sa robustesse.
Le prix d’un vêtement, c’est la somme d’argent que je vais devoir dépenser pour l’acheter. Pour un même vêtement, le prix varie. Il pourra être élevé si je l’achète dans une boutique de luxe ou plus faible si je l’achète en solde sur internet. Lorsque la croissance économique est forte, la demande est plus forte… je peux donc le vendre plus cher. Lorsque la croissance est plus faible, la demande moindre, je dois donc réduire ma marge et le vendre moins cher. Pourtant, sa valeur est toujours la même.
Ainsi, pour un même objet, à valeur constante, le prix varie en fonction de l’offre et de la demande. Celui qui achète l’objet en solde fera un meilleur investissement que celui qui l’achète hors solde. La différence entre le prix et la valeur, c’est ça. Rien de plus compliqué.
Le prix est formé par confrontation de l’offre et de la demande et il est naturellement fonction de la quantité d’argent dont dispose celui qui veut investir alors que la valeur dépend du coût de fabrication et plus globalement de l’usage apporté par l’actif d’investissement.
– Cet usage pourra être la capacité à loger une personne à un endroit privilégié pour un bien immobilier ; C’est ce qui explique pourquoi l’emplacement est primordial. L’emplacement est source d’un usage supérieur qui explique sa valeur supérieur et donc prix relatif plus élevé.
– Cet usage pourra également être la capacité à mettre en œuvre un modèle économique qui répond à une demande forte disposée à payer le prix fort lorsqu’il s’agit d’une entreprise ; C’est typiquement cette capacité qui donne de l’intérêt financier à l’industrie du luxe : Ils vendent à un prix très élevé, un objet dont la valeur objective est faible.
On le comprend, l’usage d’un actif est au cœur de sa valeur ! C’est la raison pour laquelle je vous explique depuis toujours qu’il est une erreur d’investir dans un actif tangible ; Il faut investir dans un actif d’usage, car à long terme, c’est l’usage qui fait la valeur et donc son prix relatif aux autres actifs dont l’usage serait moindre.
Pour faire simple, investir dans un bien immobilier bien placé est le gage d’une valorisation plus élevée par rapport à une bien immobilier dont l’emplacement serait de moindre qualité. Pourquoi, tout simplement parce que l’usage qu’il apporte est supérieur.
La valeur d’un actif est fluctuante dans le temps et elle dépend principalement de sa capacité à maintenir son usage dans le temps.
Par exemple, pour un bien immobilier, l’obsolescence immobilière, qui passe naturellement par la dégradation progressive de la construction, mais aussi par sa qualité relativement aux autres constructions (l’augmentation des maisons neuves aux qualités intrinsèques supérieures à pour conséquence de dégrader la qualité relative des maisons anciennes dont les qualités ne seront pas aussi bonnes – On parle consommation d’énergie, et plus globalement capacité à répondre à une demande).
Pour une entreprise, maintenir l’usage, c’est être capable d’adapter son modèle économique au gré de l’évolution de la demande. Par exemple, pour l’industrie automobile, c’est être capable demain de proposer des voitures ou autres moyens de locomotion qui ne pollueront plus car la valeur d’usage de la voiture est aujourd’hui remis en cause du fait de cette pollution devenu non supportable pour le consommateur ; La valeur d’usage de la voiture est aujourd’hui fortement modifié ;
C’est la raison pour laquelle la valeur d’un actif peut être détruite lorsque la valeur d’usage est contesté. La mutation écologique pourrait être à l’origine de la destruction de nombreux usages : industrie plastique ; industrie automobile, agroalimentaire ; … Toutes ces industries vont devoir réinventer l’usage de leur production pour d’adapter et espérer continuer à générer des bénéfices.
Plus généralement, la récession ou encore la décroissance détruisent la valeur d’usage en détruisant la qualité et la quantité de la demande. Dans cette situation, les entreprises dont la valeur d’usage est plus faible disparaissent les premières ; Les biens immobiliers dont l’usage est moins bon se trouvent davantage dévalorisés que les biens immobiliers à l’usage supérieur (d’où l’intérêt de emplacement, mais aussi de la qualité du logement, de son habitabilité par rapport aux autres biens disponibles sur le marché).
La valeur d’usage d’un actif, c’est ça valeur intrinsèque, sa valeur refuge ! Et ce n’est pas parce que son prix augmente que sa valeur augmente.
A long terme, le prix d’un actif doit suivre sa valeur d’usage, mais à court terme, il existe une forme élasticité : Parfois le prix de cet actif est trop élevé au regard de sa valeur intrinsèque ;
Parfois, ce même prix est trop faible. Cette variation du prix autour de la valeur s’explique par une variation de l’offre et de la demande, en quantité (nombre d’acquéreurs) mais également en qualité (moyen financier des acquéreurs).
La politique monétaire qui se traduit aujourd’hui par des taux d’intérêt négatifs à naturellement un impact fort sur les capacités financières de la demande qui se répercute naturellement sur les prix. A valeur d’usage stable, les prix augmentent tout simplement parce que les acquéreurs disposent de capacité d’emprunt supérieur du fait de taux d’intérêt inférieur au taux de croissance nominale de l’économie (PIB + inflation).
Dans cette dynamique (taux d’intérêt inférieur à la croissance nominale de l’économie (PIB + inflation), les prix n’ont plus aucune limite à la hausse. Mais attention, il ne s’agit là que d’un phénomène monétaire qui n’est pas lié à la valeur de l’actif, il ne s’agit là que d’une inflation, d’une perte du pouvoir d’achat de la monnaie : Avec la même quantité de monnaie, je peux acheter une quantité moindre de biens.
La statistiques officiels font état d’une inflation quasi inexistante, ou très faible. Il semblerait donc que les conséquences des politiques monétaires soient réduites à une inflation des actifs d’investissement (immobilier ou action).
PS : Hier, je suis allé chercher mon panier de légumes chez mon maraicher ; Je lui posais justement la question de l’évolution du prix de son kilo de tomate ; Selon ses chiffres, il le vendait 1.50€ il y a 8 ans ; Nous sommes aujourd’hui à 2.50€ pour le kilo de tomate ronde en milieu de saison lorsque les prix sont au plus bas ; Cela fait une hausse de plus de 6% par an depuis 8 ans.
C’est la mécanique simple de l’inflation qui se traduit par une augmentation du prix, alors qu’il s’agit d’une perte de valeur de la monnaie.
La question est alors de savoir si ce phénomène est durable ou temporaire ? Après l’inflation monétaire, la déflation monétaire peut elle résulter d’une politique monétaire moins accommodante ? Sommes nous condamner à l’inflation monétaire permanente ou la déflation monétaire va t’elle faire baisser les prix dans les mêmes proportions qu’elle les a fait augmenter ?
Cette inflation monétaire va t’elle se propager à l’économie réelle ?
En tout état de cause, face à ces phénomènes monétaires non maitrisables, l’investisseur devra concentrer son analyse sur la valeur d’usage de l’actif dans lequel il souhaite investir et ne pas croire que la hausse de la valeur d’un actif trouve son origine systématique dans l’augmentation de sa valeur !
Le prix et la valeur sont deux notions à ne pas confondre.
Bonjour.
si la valeur d’usage garantie le plus souvent la valeur du bien , cette dernière peut se dégrader dans le temps ou à l’inverse se valoriser .
est il plus dangereux d’investir dans le centre St ETIENNE ( prix faible , valeur d’usage faible) qu’à Paris ( pris très élevés et valeur d’usage très élevée ) ( idem lyon , nantes bordeaux , rennes). Le bon emplacement dans le centre d’une métropole n’est il pas un bon investissement à moyen terme ? (idem à Limoges , Dijon etc …)
cordialement
« et ne pas croire que la hausse de la valeur d’un actif trouve son origine systématique dans l’augmentation de sa valeur ! »
ce ne serait pas plutôt :
« et ne pas croire que la hausse de la valeur d’un actif trouve son origine systématique dans l’augmentation de son prix ! »
)))
S’enrichir grâce à la hausse des prix est quand même bien pratique pour pouvoir s’acheter des choses de valeur 😀.
Rich and famous, vous êtes un habile rusé……….. :=)))))))))))
Je vois que ces notions de » prix » et de » valeur » n’interpellent pas beaucoup le public !!!
Aussi, pour stimuler la réflexion, je vais donner une citation de Maurice Rheims célèbre commissaire priseur qui conseillait en matière d’investissement dans l’art :
Trois principes essentiels :
« Avoir mauvais goût »
« Toujours acheter la qualité »
« Ne jamais la payer »
Et puis avoir le temps devant soi…..
Guillaume, vous mettez le doigt sur un aspect crucial. La richesse consiste à investir dans la valeur pour consommer du prix. Sauf si vous êtes de la vieille école et que les signes extèrieurs de richesse ne vous intéressent pas. La pauvreté, c’est évidemment l’inverse : dépenser plus qu’on ne peut capitaliser. L’accès à l’euro dans un 1er temps, puis Draghi à la BCE ont brouillé les cartes. cette fameuse élasticité dont vous parlez. Il n’en a pas été différemment dans le reste du monde.
Tout est déconnecté de la valeur intrinsèque, au point qu’un Buffet ne sait plus quoi acheter et que les Allemands planquent leurs picaillons sous le matelas. Evidemment, cela n’est pas sans conséquence sur les pays les plus fragiles : de la Grèce hier à l’Amérique Latine aujourd’hui. Les grandes puissances fourbissent plus ou moins discrètement leurs armes. Au milieu, des pays comme la France subissent paupérisation, mouvements sociaux et montée du nationalisme. Autant dire que nous sommes tous assis sur une bombe qui n’attend plus qu’une étincelle.
L’envolée du prix des actifs, jusqu’à cette malheureuse tomate que vous mentionnez, réveille partout la conflictualité, car elle dissimule mal que la part de gateau se réduit inexorablement. Seuls les possédants les plus privilégiés font la culbute au détriment des générations futures. Après moi le déluge. Il est probable que c’est ce que nous aurons.
Conclusion : il n’y a pas selon moi de richesse économique durable sans lien social. Ce qui est valable pour un individu l’est également pour un pays. L’économie de la connaissance que nous voulons voir émerger ne se décrète pas. Elle suppose un préalable : la réconciliation des nations avec leur peuple et des nations entre elles. Nous n’en prenons pas le chemin. Bien au contraire.
Pour vous donner le fond de ma pensée, je crois que cette discussion autour de la valeur et du prix constitue une manière de parler d’autre chose. Qu’on le comprenne intellectuellement ou qu’on le ressente instinctivement, ce dont nous devisons véritablement, c’est la valeur de notre peau et comment survivre dans un monde qui pourrait basculer.
Bonjour,
Merci pour ce commentaire. Est ce que je peux vous demander de dérouler encore un peu plus le fil de votre pensée ? C’est très intéressant.
Mais n’est pas tout simplement les conséquences d’une hyperinflation qu’on ne retrouve pas dans les chiffres officiels ?
Hier, décidément, j’aime vous raconter ma vie, Je suis allé acheté de la farine et du lait. Je suis sensible au bio + juste rémunération des agriculteurs. J’ai acheté mon litre de lait à 1.68€, soit 140% plus cher que le litre de lait classique acheté en grande surface traditionnelle.
140% ! Faut il croire qu’il faut payer notre alimentation 140% plus cher pour que l’agriculture survive en France ? La déconnexion entre le prix et la valeur est également inversée pour la consommation quotidienne. Le prix est bien inférieur à la valeur ! La reconnexion va avoir lieu, c’est une certitude ! Cette reconnexion, c’est l’hyperinflation.
Au final, entre mes 5 kilos de farine bio (oui, j’ai une grosse consommation) + 12 litres de lait, j’ai payé 40€, soit 4 heures de rémunération au SMIC.
Toujours hier, j’ai acheté un nouveau téléphone, bas de gamme, petit prix, mais qui suffit largement à mon usage. Je l’ai payé 99€.
Mettre ses deux achats en parallèle est effrayant ! Le premier (lait + farine) acheté au juste prix qui permette un équilibre du système économique et le maintient de notre économie Le prix est proche de la valeur (sans excès, je pense) ; Le second (téléphone) acheté à un prix bien inférieur à sa valeur car construit par des enfants et en détruisant l’environnement en chine ou ailleurs.
La question et alors de savoir qui des actifs ou des achats du quotidien est sur-valorisé ou sous-valorisé ? L’hyperinflation ne sera t’elle pas la solution inévitable pour reconnecter les valeurs ?
Le prix des choses est d’abord régi par la loi de l’offre et de la demande.
Il se définit en fonction de ce que les gens peuvent payer et veulent bien payer.
Par exemple, Bâle, est une ville suisse frontalière de la France et de l’Allemagne.
les prix (biens de consommation et immobilier) sont beaucoup plus élevé qu’en France, juste à côté.
Et en Allemagne, également à quelques centaines de mètres, les prix sont un peu plus bas qu’en France.
Or ces trois pays sont comparables à tous niveaux.
Rien ne justifie cela si ce n’est les salaires qui sont beaucoup plus hauts en Suisse, et un peut plus bas en Allemagne qu’en France compte tenu des nombreux mini-jobs.
les raisons profondes pour lesquelles les niveaux de salaire en sont arrivés à cette distorsion, viennent des politiques économiques qui ont été menées au fil du temps.
Par exemple, il y a un demi siècle, les prix et les salaires en Suisse étaient moins élevés qu’en France.
En France l’assistanat conduit à une paupérisation d’une grande partie de la société.
Les choix politiques sont donc essentiels sur l’évolution de long terme de la richesse des pays, et des prix.C’est une trivialité sommes toutes….
Maintenant la valeur :
Avec 1 million d’euros, on a un trois pièces à Paris ou une joli manoir avec un parc en province.
Qu’est ce qui a le plus de valeur ?
Sans aucun doute le manoir couterait beaucoup plus cher à construire qu’un 3 pièces. Et on peut y vivre plus agréablement.
Alors d’où vient la différence ?
Elle vient du choix des individus. De leur volonté, de leurs désirs. Tout cela crée aussi le marché.
De même , Guillaume, que vous avez choisi d’aller vivre en province pour des raisons d’amour de la nature, ( et qui vous fait faire des économies de logement au passage) vous choisissez d’acheter du bio (qui vous coûte 40% plus cher)
Le bio reste une production marginale, et le restera. ( autour de 20% maximum disent les experts du domaine)
le bio ne peut se vendre 40% plus cher que le reste uniquement parce qu’il y a des gens motivés pour l’acheter.
Si cette demande n’était pas là, il serait encore plus marginalisé, et son prix baisserait au niveau des autres aliments.
Au passage il faut noter que la part de 20% de marché bio correspond aux 20% de classe de revenus considérés comme supérieurs. ( en France on dit les « riches »)
Mais au travers de tout cela je crois qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Des riches, des pauvres, et des classes intermédiaires, comme dans toute l’Histoire du monde et de France.
Avec de temps en temps des accès de fièvre comme nous en risquons effectivement un d’ici quelques temps à cause de la mauvaise gestion du pays, et de l’absence d’anticipation des décideurs et des français qui les ont élus !!!
Ce qui a de la valeur, est ce qui est liquide, c’est à dire lorsqu’il y a un acheteur en face de ce que l’on souhaite vendre.
Aujourd’hui, les logements dans les centres villes de grande métropoles ont de la valeur. Et demain ? Cela sera t’il renforcé compte tenu de l’augmentation de l’énergie, de la chasse à la voiture, des centres villes qui sont de plus en plus agréables car moins pollués que les périphéries ?
Ou au contraire, la vie à la campagne plus agréable et le prix de l’immobilier valorisé ?
Personne ne peut prédire ce qui aura de la valeur demain. Du moins, on pourrait prédire ce qui n’en aura plus, ou moins qu’aujourd’hui.
Il est assez peu probable que le tropisme urbain qui est la règle générale depuis toujours change de sens.