Une page se tourne. Nous retournons sur terre après les années post-covid19 et devons maintenant payer la facture d’années d’excès. Il va falloir trouver une solution face à ces dettes excessives, car les taux d’intérêt actuels ne permettent plus de faire « rouler » la dette à l’infini à moindre coût.
Hier, les états se sont massivement endettés avec des taux proches de zéro.
Aujourd’hui, ils vont devoir se refinancer avec des taux proches de 3.50% en France et presque 4.50% aux États-Unis (un état ne rembourse jamais sa dette, il refinance ses anciennes dettes qui arrivent à échéance avec de nouvelles dettes).
L’impact sur le déficit du budget est considérable. Le poids des intérêts de la dette va exploser si les taux d’intérêt se maintiennent à ces niveaux. Nous sommes donc face à un choc majeur en perspective.
Deux solutions sont alors complémentaires :
- On assume le choc budgétaire de la hausse des taux d’intérêt, et on réduit les dépenses budgétaires, le tout en augmentant les impôts. Une forme d’austérité imposée qui nous ferait replonger dans un monde de croissance molle, quasi-récession permanente. Le tout accompagné d’une politique volontariste d’investissement de croissance future. On réduit les dépenses courantes (DOGE / Politique de simplification), augmente les dépenses d’investissement (plan de relance Allemand), augmente les impôts sur l’importation de produit qui ne répondent pas aux standards élevés imposés aux producteurs locaux (droit de douane aux US ou taxe carbone aux frontières en Zone Euro) ;
- Faire baisser les taux d’intérêt long terme. Comment faire ? Il faut faire baisser les perspectives d’inflation et de croissance qui sont les deux déterminants des taux d’intérêt de long terme ; Rien ne vaut qu’une bonne crise économique pour faire baisser les taux d’intérêt ; L’austérité ordonnée devrait y participer ; Une récession qui pourrait s’accompagner d’une nouvelle politique monétaire accommodante pour fluidifier le système.
Des taux d’intérêt durablement plus élevés ?
Dans un tel contexte d’endettement et de nécessité de refinancer la dette, le niveau des taux d’intérêt pourrait s’imposer comme le sujet central des prochaines années.
Les détenteurs d’épargne vont être recherchés et chouchoutés. Les taux d’intérêt long terme pourraient bien rester élevés pendant quelques années.
J’ai l’intuition qu’il faut oublier les banques centrales pendant un long moment.
Elles ne pourront pas sauver le monde comme elles l’ont fait en 2020 ou 2008, du moins pas dans les mêmes excès. C’est aujourd’hui aux états de faire le travail de reconstruction de la croissance.
- Oui, les banques centrales devraient adopter une stratégie de taux court terme plus accommodants au fur et à mesure d’une croissance qui se dégraderait ;
- Oui, les banques centrales agiront pour fluidifier le système financier et éviter la faillite d’une banque qui pourrait porter atteinte à l’équilibre global du système ;
- Mais non, les banques centrales ne relanceront pas tout de suite un « quantitative easing » qui visait à faire baisser les taux long terme. Je n’arrive pas à me convaincre que les banques centrales utiliseront une nouvelle fois les armes de la manipulation des taux long terme ; L’effet est trop destructeur sur la croissance et sur l’équilibre général de nos sociétés. À mon humble avis, il faut regarder du côté de la création monétaire via les monnaies numériques (en zone Euros) ou les stablecoins (en zone dollars).
Bref, il va probablement falloir s’habituer à des taux d’intérêt long terme durablement plus élevés du fait de ces montagnes de dettes qu’il faut refinancer dans un contexte de croissance qui semble durablement plus faible.
Taux d’intérêt long terme = Inflation + Croissance + Prime de risque spécifique de l’emprunteur (plus l’emprunteur est endetté dans un environnement de croissance faible, plus la prime de risque est elevée).
Mais alors quelles solutions pour épargner ou investir ?
Face à cette vague d’inquiétude et ces menaces sur la croissance mondiale, il est urgent d’attendre et de stocker votre épargne sur des actifs sécurisés. Fini le FOMO, fini la spéculation et le fantasme des rendements élevés, protéger la valeur de votre épargne pourrait déjà un beau défi pour les quelques prochaines années.
Cette perspective de conjoncture n’est pas une bonne nouvelle pour les investisseurs. Les actifs risqués pourraient entrer dans une période difficile au moins à court et moyen terme
Des taux d’intérêt élevés imposent des exigences de rendements supérieurs et donc des valorisations moindres pour les actions et l’immobilier.
- La relance du marché immobilier attendra. Les taux des crédits immobiliers ne devraient pas baisser, ils pourraient même légèrement augmenter, limitant l’effet de levier ; La croissance molle pourrait limiter l’augmentation du revenu disponible des ménages et donc la hausse du pouvoir d’achat immobilier des candidats à l’investissement.
- Les actions pourraient difficilement satisfaire les exigences de rentabilité dans un monde de croissance molle et de taux d’intérêt plus élevés. Les valorisations pourraient devoir baisser devant les difficultés à délivrer la croissance attendue par les investisseurs.
- Quelle sera la place de l’innovation dans la croissance future ? Quel sera l’impact de l’IA ? Personne ne sait.
Dans un tel contexte, il pourrait être beaucoup plus difficile de valoriser votre patrimoine. Les besoins de financement seront tels que l’épargne obligataire pourrait bien s’imposer comme la meilleure alternative.
Mais attention, a titre personnel, prêter à des états surendettés et acculés ne me semble pas raisonnable tant il apparaît évident qu’ils pourraient être tentés de manipuler leur monnaie et organiser leur défaut.
Valoriser votre patrimoine dans un monde surendetté et sans croissance économique est impossible.
Bref, pas simple.
PS : L’équation est impossible à résoudre avec les données dont nous disposons aujourd’hui. Nous sommes face à un problème majeur sans solution évidente ;
Ps 2 : Pas de panique, le système va trouver une solution. La croissance est indispensable. Nous ne savons pas encore comment, mais ce sera, comme toujours, la meilleure solution. En revanche, il faudra peut-être passer par un moment difficile de purge des dettes ! Les épargnants vont ils encore devoir payer la facture ?
Ps 3 : Nous allons sûrement devoir réfléchir aux valeurs refuges de long terme. Et si l’immobilier retrouvait de l’intérêt avec cette approche « valeur refuge ». Ce ne serait pas un « bon » investissement sur le papier, mais peut-être le moins mauvais dans un contexte de baisse généralisée des actifs.
Ps 4 : L’OR. Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas.