Nous sommes trop souvent enfermés dans des systématismes qui nous empêchent de prendre les bonnes décisions d’épargne et d’investissement. Nous oublions de réfléchir.

Je vais vous le prouver aujourd’hui avec cette comparaison dont le résultat va à l’encontre de notre intuition première : Épargner dans un contrat d’assurance-vie, même le moins cher que vous trouverez sur internet, est moins rentable qu’une même épargne placée dans un Compte titre Ordinaire (CTO).

L’assurance-vie est un piège. Nous y investissons abondamment pour profiter d’un régime fiscal apparemment attrayant, mais qui en réalité est très onéreux et surtout pas si avantageux qu’il cela qu’il y paraît.

A la fin de cette démonstration, vous aurez compris que l’assurance-vie n’est pas le placement idéal pour récolter le fruit de votre épargne et que le Compte titre Ordinaire est probablement plus adapté !

Nous devons apprendre à déconstruire nos certitudes !

L’écart de gain entre assurance-vie et compte-titre ordinaire est considérable. Cet écart repose sur :

  • Des frais de gestion du contrat d’assurance-vie qui, même négocier au plus bas via des contrats d’assurance-vie sur internet, détruisent la valorisation de l’épargne ; Le détenteur d’un compte-titres ordinaire n’aura pas à supporter ces frais de gestion ; Les droits de garde qui pourraient les supplanter sont aujourd’hui gratuits dans la très grande majorité des banques en ligne.
  • Des prélèvements sociaux qui devront être payés par le détenteur du contrat d’assurance-vie, en cas de rachat, mais également en cas de décès alors même que le décès du détenteur du compte titre ordinaire bénéficieront d’une « purge » des plus-values latentes et n’auront pas de prélèvements sociaux à payer sur les plus-values réalisées par le défunt.
  • Dans le compte-titres, Une imposition des dividendes et des plus-values générées sur le compte titre ordinaire qui est aujourd’hui limitée au prélèvement forfaitaire unique de 30% (17.20% de prélèvements sociaux + 12.80% d’impôt sur le revenu) à chaque arbitrage ; Dans l’assurance-vie, le fait générateur des prélèvements sociaux au taux de 17.20% sera le décès ou le rachat partiel. En cas de rachat, le gain pour l’assurance-vie est donc limité à la différence d’imposition entre 30% pour le CTO vs 24.70% pour l’assurance-vie après abattement de 9200€ (dans la limite de 150000€ de versement, au delà 30% comme pour le CTO). En cas de décès, l’assurance-vie permet de réduire les droits de succession (dans la limite de 152500€), mais les prélèvements sociaux au taux de 17.20% doivent être payés alors même que ne le seront pas dans le compte-titres ordinaire . Bref, un gain très insuffisant pour justifier la montagne de frais de gestion qui seront payés pendant toute la durée d’épargne.

En synthèse, on doit pouvoir exprimer les différences dans ce tableau :

  Compte-titres ordinaire (CTO) Assurance-vie
Frais de passage d’ordre (CTO) / Frais d’entrée (Assurance-vie) 1% (moyenne très très haute des frais de courtage) 0% (frais d’entrée négocié ou via contrat sur internet)
Droits de garde / Frais de gestion annuels 0% (pas de droits de garde dans la grande majorité des banques en ligne)  0,6% (frais de gestion des contrats internet – Dans les contrats hors internet, les frais de gestion sont souvent autour de 0,90% / 1%)
Droit de succession 20% – Niveau des droits de succession jusqu’à 500 000€ par héritier / par parent – cas le plus courant 0% – Jusqu’à 152500€ par bénéficiaire, 20% au-delà jusqu’à 700 000€ puis 31,25% pour les versements avant 70 ans
Impôt sur la plus-value décès 0% – Le décès « purge » l’impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux.  17,2%. En cas de décès, les prélèvements sociaux devront être payés. 
Impôt sur la plus-value en cours de vie / rachat 30% – PFU sur dividendes et plus-value 17,20% +  7,50% après abattement de 9200€ (=24.70%) jusqu’à 150000€ puis 30% au-delà

Nous réalisons là, une comparaison entre CTO et Assurance-vie. Évidemment, une même comparaison avec le PEA validerait encore davantage l’intérêt du PEA vs CTO vs Assurance-vie.

Prenons un exemple chiffré pour mieux comprendre.

Monsieur X souhaite épargner 100 000€ en ETF (cf. « Composition du portefeuille de l’investisseur de long terme ETF. Sélection des ETF« )

Il hésite entre :

  • Placer ces 100 000€ dans un Compte-titres ordinaire.
  • Placer ces 100 000€ dans un contrat d’assurance-vie disponible sur internet avec des frais de gestion de 0.60% (et permettant l’accès aux ETF). Bref, le meilleur contrat disponible !

Amusons-nous à comparer ces deux projets d’épargne.

1- Placer 100 000€ dans un compte-titres.

Monsieur X va donc acheter les ETF. Il va payer -+ 1% de frais d’acquisition, soit 1000€. Ayant ouvert son CTO dans une banque en ligne ou négocié l’absence de droit de garde auprès de sa banque (certaines banques suppriment même les droits de garde de manière automatique dans certaines conditions), Monsieur X n’aura plus aucun frais à payer pendant les 25 ans d’épargne.

Considérons un rendement annuel de 6% sur 25 ans.

Dans 25 ans, il sera à la tête d’un patrimoine de : 99 000 * (1.06)^25 = 424000€.

Dans 25 ans, il décide de retirer son épargne pour acheter une résidence secondaire. Net d’impôt, il lui restera :

(424000 – 100000)*0.70+100000 = 327 000€ (30% de PFU sur la plus-value).

Dans 25 ans, il décède. Ces héritiers recevront après paiement des droits de succession à 20% : 424000 * 0.80 = 339 000€.

2- Placer 100 000€ dans un contrat d’assurance-vie

Monsieur X va donc ouvrir un contrat d’assurance-vie et y placer 100 000€ en ETF. Pas de frais d’entrée.

En revanche, il va devoir payer 0.60% de frais de gestion tous les ans.

Pour une même allocation en ETF, le rendement sera donc minoré de 0.60% tous les ans. Le rendement de l’épargne sera donc de 5.40% (contre 6% pour le CTO).

  • Dans 25 ans, il sera donc à la tête d’un patrimoine de 100 000 * (1.0540)^25 = 372 000€ (contre 424000 pour le CTO).
  • Dans 25 ans, il décide de retirer son épargne pour acheter une résidence secondaire. Net d’impôt, il lui restera :
    • (372000 – 100000)*(1-17.20%-7.50%)+100000 = 305 000€ (contre 327000€ pour le CTO) (24.70% d’e PFU d’imposition sur la plus-value – Par simplification je considère la totalité des plus-values imposée à 24.70% alors qu’en réalité seules les plus-values liées aux 150000€ premiers versements peuvent en bénéficier au delà l’imposition est au PFU à 30%)
  • Dans 25 ans, il décède. Ces héritiers recevront après paiement des prélèvements sociaux (mais exonération de droits de succession si la clause bénéficiaire est bien rédigée, c’est à dire si le conjoint n’est pas désigné comme bénéficiaire) : (372000 – 100000) * (1-17.20%) + 100000 = 325000€ (contre 339000€ pour le CTO). .

Victoire pour le CTO !

Malgré une fiscalité apparente qui semble plus élevée, le CTO est un meilleur support d’épargne que le meilleur contrat d’assurance-vie du marché !

Imaginez la différence :

  • Si j’avais effectué cette même comparaison avec un contrat d’assurance-vie classique avec des frais de gestion autour de 1% ;
  • Si la clause bénéficiaire du contrat d’assurance-vie est mal rédigée avec notamment le conjoint désigné comme bénéficiaire. Une telle clause détruit l’intérêt même de l’assurance-vie car le conjoint ne paie jamais de droits de succession. Cela signifie que si le conjoint est désigné héritier du CTO, il n’aurait aucun droits de succession à payer ! Cela renforcerait encore l’avantage du CTO sur l’assurance-vie.
  • On peut tout à fait optimiser les droits de succession sur un compte-titres ordinaire. Il suffit de faire une donation avec réserve d’usufruit pour en faire un magnifique outil de transmission !

A suivre.