Nous connaissons tous la tirade systématiquement clamée par les acteurs du crowdlending : Le modèle bancaire n’est pas efficient ! Entre contraintes de solvabilité et lourdeurs administratives, les entrepreneurs et plus globalement les entreprises ne parviennent plus à se financer correctement.
C’est bien connu, en France, il existe un vrai problème de financement des entreprises et c’est de la faute du banquier (vous me direz, tout est souvent de la faute du banquier). Les banques ne prêtent qu’aux riches et refusent systématiquement de financer la croissance et les investissements qui permettront au pays de sortir de sa torpeur.
 

Les banquiers ne font plus leur métier de préteur.  Le crowdlending, la solution pour un meilleur financement de l’économie.

Ces arguments populistes sont repris en cœur depuis plus de deux ans pour justifier le succès obligatoire du crowdlending. Le crowdlending, c’est le financement participatif qui prend la forme de prêt aux PME. C’est une brèche dans le monopole bancaire car les épargnants particuliers peuvent directement prêter aux entreprises qui ont des besoins pour financer des projets d’investissement.
L’entreprise n’emprunte pas d’argent auprès de sa banque, mais directement auprès de particulier.
Puisque les banques font mal leur métier et n’acceptent plus de prêter aux entreprises, et cela pour des raisons soi-disant non justifiée par le risque, l’entreprise se financera directement auprès des épargnants. La promesse est attrayante et a de quoi attirer massivement l’épargne des Français :

– Financement de l’économie ;

– Rendement élevé compris entre 8% à 10%;

– Savoir l’utilisation réelle de mon épargne ;

– …

Depuis plus de deux ans, les plateformes de crowdlending fleurissent devant ces promesses d’un renouvellement du financement de l’économie.
 
 

Et si le crowdlending reposait sur une légende urbaine ? … Et si les banques faisaient plutôt bien leur métier ?

L’ensemble de l’écosystème du crowdlending repose sur cette légende urbaine que le financement des entreprises n’est pas optimal et que les méchantes banques ne prêtent qu’aux riches … mais est ce vraiment la réalité ? Et si, finalement les banquiers faisaient bien leur métier de préteur ?
Depuis longtemps, je m’interroge sur la pertinence du modèle du crowdlending (cf « Crowdfunding, Attention, ça devient parfois du « grand n’importe quoi » ! et Qui emprunte sur les plateformes de crowdfunding lending ? Des exclus du financement bancaire ?).
Dans ces articles, la question à laquelle je ne trouve aucune réponse convaincante est toujours la même : Pourquoi une entreprise irait elle se financer sur une plateforme de crowdlending et non dans sa banque ? Pourquoi accepterait elle d’emprunter de l’argent à 8% ou 10% au lieu des 2% de la banque ? A cause des lourdeurs administratives de la banque ?, je ne crois pas. 
 
 

Aujourd’hui, les plateformes de crowdlending n’ont que très peu de dossier à faire financer par les épargnants. Pourquoi ?

Comment expliquer que :

– Lendix, leader du marché, n’ai qu’un seul projet à financer ;

– Unilend, seulement deux projets en cours de financement ;

– Crédit.fr, trois projets en financement ;

– … Au total, les trois leaders du marché n’ont que 6 entreprises à faire financer (autant dire 0, au regard des millions d’euros levés et dépensés par ces startuppers… Nous sommes bien loin de l’eldorado annoncé, vous ne trouvez pas ?

Si le financement des entreprises était réellement inefficace, si les banques faisaient mal leur boulot, le nombre de projet à financer ne devrait il pas être très important.
Comment expliquer que les leaders du marché n’aient ensemble que 6 projets à faire financer par les épargnants Français ? Ou sont les millions d’entrepreneurs que les banques refusent de financer ?
 
J’y vois deux raisons principales :

– Soit, finalement les banques font plutôt bien leur boulot et  le non financement de l’économie par les banques n’est qu’une légende urbaine ;

– Soit, les plateformes se rendent compte que le métier de banquier n’est pas un métier facile et doivent sélectionner avec de plus en plus de rigueur les dossiers à faire financer par les épargnants. (dans quelques années, les plateformes de crowdlending seront elles accusées de ne prêter qu’aux riches 😉 )

 

A suivre avec attention, mais j’ai bien l’impression que le marché est nettement plus étroit qu’espéré par ces entrepreneurs qui se voyaient déjà renverser le modèle bancaire.

La banque à papa n’est peu être pas morte …