Une hausse largement dirigée par les flux, difficile à jouer !

Les marchés financiers restent particulièrement difficiles à anticiper en ce moment. Nous n’avons pas participé à la hausse considérant que les seuls éléments positifs liés à l’effet de liquidités de la BCE et à la baisse des taux ne seraient pas suffisants pour pallier aux déconvenues macroéconomiques de la zone euro. Nous devons alors savoir reconnaître nos erreurs d’interprétation afin de pouvoir les corriger au plus vite. Comprendre cette hausse est facile ex post, mais nous maintenons qu’elle était assez difficile à jouer de façon aussi rapide, surtout lorsque nous nous inscrivons dans un style de gestion prudent. Notre analyse hebdomadaire va s’efforcer de revenir sur les fondamentaux économiques en gardant la plus grande objectivité par rapport à cette situation qui reste assez complexe à analyser et nous préciserons notre stratégie pour les prochaines semaines.
 

La zone euro va-t-elle mieux ?

La récession s’installe en zone euro, mais pour combien de temps ?

Depuis quelques mois, les indices PMI européens (indice du secteur manufacturier) donnent des signes mitigés sur la sortie de récession. D’après les premières estimations, le PIB a reculé pour le sixième trimestre de suite au T1 2013 (de -0,2%, après -0,6% au T4 2012). Avec des PMI à nouveau en baisse, on peut craindre une nouvelle aggravation au T2.
Quelques éléments positifs sont intervenus récemment qui ont modifié l’analyse des investisseurs. La baisse des taux de la BCE à un plancher historique rassure même si ceci n’aura que peu d’effets sur l’activité. Autre point positif, la Commission a fait preuve de flexibilité sur la tenue des objectifs budgétaires en donnant deux ans de plus à la France et à l’Espagne pour revenir sous la barre des 3% de déficit public.
L’Allemagne, toujours bon élève, montre des signes de fragilité. Au T1 2013, la croissance du PIB revient en territoire positif (+0,1%, après -0,7% au T4 2012), ce rebond étant plus faible qu’espéré. D’après les premières informations disponibles, l’investissement aurait reculé en raison de la faiblesse de la demande de la zone euro. Les exportations souffrent, la forte baisse du yen depuis quelques mois engendrant une moindre compétitivité allemande.
Finalement, la consommation des ménages est un des seuls points de satisfaction en raison de bonnes conditions du marché du travail et d’une politique de hausse des salaires mise en place par le gouvernement Merkel, élections obligent. Il existe donc quelques éléments positifs mais ceci semble un peu « maigre » pour justifier une aussi forte hausse des marchés.
 

Manque de confiance des agents économiques.

En théorisant la situation économique de la zone euro, la chute de l’activité provient de ce que les agents économiques privés n’augmentent pas leur demande parce qu’ils n’attendent pas une baisse de la pression fiscale (même dans un scénario de baisse des déficits publics), et parce qu’ils sont soumis à une contrainte de liquidité (peu de possibilité de s’endetter, au contraire incitation à rechercher une épargne de précaution).
Par ailleurs, une concurrence insuffisante sur les marchés des biens et services rigidifie les prix et ne permet pas d’améliorer la compétitivité des entreprises. Les seules stratégies retenues par les acteurs sont donc de baisser le coût du travail essentiellement par des licenciements, ce qui n’est pas de nature à stimuler le PIB.
En conséquence ce sont ces questions fondamentales qui sont posées à l’Europe dont une des réponses passe par la création d’une unité politique et économique. Plusieurs facteurs appellent alors à la prudence : les ajustements structurels nécessaires sont des processus de long terme qui vont continuer à peser sur la croissance (faiblesse de l’investissement et niveau élevé du taux de chômage). La situation des banques est toujours compliquée dans certains pays et la difficile entente au sein de la zone euro rend les avancées sur le plan institutionnel très lentes (cf. le débat actuel sur l’Union bancaire).
Au final, même si la zone euro devrait sortir de la récession en milieu d’année 2013, les perspectives de reprise sont encore bien incertaines. En l’absence d’un franc redémarrage du commerce mondial, la dynamique interne ne suffira probablement pas.

Un regain de confiance pour l’économie américaine

Statu quo attendu au niveau de la FED !

Ben Bernanke va présenter mercredi devant le Congrès son analyse de la situation économique. Quelques heures plus tard, les minutes de la dernière réunion du FOMC seront publiées. La question des marchés est de savoir combien de temps durera la politique d’achats d’actifs (85Md$ par mois, dont 45 Md$ de titres publics) puisque depuis plusieurs mois, on débat du calendrier, de la vitesse et des conditions de sortie du QE au sein du FOMC.
L’économie donne des signes d’amélioration, mais pas suffisamment pour réunir une majorité prête à prendre le risque de changer de stratégie. Ce statu quo a tout lieu de perdurer plusieurs mois, la Fed soufflant le chaud et le froid : parfois, l’accent est mis sur le niveau élevé du chômage et, à d’autres moments, elle évoque les risques pour la stabilité financière d’une politique de taux bas. Sauf surprise, il y a moins de risque pour la Fed à prolonger le QE un peu trop longtemps qu’à l’arrêter prématurément.
On peut s’attendre à la poursuite de la hausse du marché des actions US. En termes d’allocations d’actifs on doit pouvoir continuer à surpondérer les actions américaines par rapport aux actions européennes et même par rapport aux émergents. En effet, la croissance potentielle est plus forte aux Etats-Unis, le partage des revenus se fait plus en faveur des revenus et le prix de l’énergie va constituer un avantage compétitif important avec la production de gaz de schiste.
 

En conclusion,

le marché s’est rassuré avec les remèdes faciles de la Banque Centrale : taux bas et rachat d’actifs sur le marché. Mais dans la mesure où surtout en Europe, la dégradation économique est encore devant nous, nous recommandons désormais une grande prudence, nous escomptons ainsi recréer de la performance par nos stratégies de couverture au cours des prochaines semaines.

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