Ci après interview de Mme Véronique Riches-Flores (SG) pour boursorama.

Je reproduit le texte ci après en copier coller mais vous encourage à la parcourir via le lien ci contre. (http://www.boursorama.com/votreinvite/interview.phtml?news=6589916).

Elle confirme simplement mes propos dans le post précédent sur l’inflation.

Véronique Riches-Flores (SG) : « L’inflation constitue un moindre mal pour sortir de la crise actuelle »

La crise actuelle devrait aboutir à un regain de l’inflation, seule issue pour réduire l’endettement des agents économiques selon Véronique Riches-Flores, chef économiste chez SG Corporate & Investment Banking.

Le regain d’espoir sur les marchés est-il le signe annonciateur de la sortie de la récession ? Pouvons-nous être optimiste à court terme ?

Véronique Riches-Flores : On peut faire preuve d’un certain optimisme à court terme ! A ce stade de la récession, après des mois de baisses exceptionnelles des commandes et de la production, les indicateurs avancés de l’activité redeviennent plus encourageants et nous laissent entrevoir une sortie de récession avant la fin de l’année. L’élastique a été tiré très bas et après une crise extrême, il ne serait pas étonnant d’assister à un certain rattrapage, dans certains secteurs en tous cas. A force de coupes de production, les entreprises sont parvenues à retrouver un niveau de stocks plus supportable depuis quelques semaines. Dès lors les pressions à la baisse de la production devraient pouvoir se dissiper. Le début d’année est tellement mauvais que même une stabilisation de la croissance au second semestre ne permettra pas de corriger le tir : nous tablons sur une chute du PIB de la zone euro d’au moins 3.1/4% cette année. Par ailleurs sortie de récession ne signifie pas pour autant retour à une forte croissance.

Cette reprise sera avant tout « technique » à court terme et ne doit donc pas nous bercer d’illusions. Le risque n’est-il pas de s’enfoncer dans un scénario déflationniste à la japonaise si les plans de relance échouaient à « ranimer » le malade ?

V.R-F : La problématique du désendettement mondial pèse sur les perspectives de moyen et long terme. Les politiques économiques ont fait le maximum pour stopper l’hémorragie, ce qui était indispensable. Une fois l’hémorragie stoppée, le malade reste toutefois dans un état préoccupant. Sur les marchés, le degré de crainte s’est considérablement réduit depuis début mars. Le scénario d’une crise systémique est maintenant écarté. La réaction positive des marchés actions depuis plus d’un mois est donc légitime mais les questions de plus long terme finiront par revenir sur devant de la scène.

Les différents plans de relance de l’activité vont fortement accroître l’endettement public des deux côtés de l’Atlantique. De telles politiques augmentent-elles la probabilité d’une sortie de la crise par l’inflation?

V.R-F : La déflation est un risque majeur dans la crise actuelle. C’est bien la raison pour laquelle les responsables politiques ont été aussi réactifs à la crise. Ils ont globalement pris des mesures adéquates pour éviter qu’un tel scénario ne se produise. C’était de leur devoir. Mais la conséquence de ces politiques économiques devrait en effet aboutir à une sortie de crise par l’inflation.

N’est-ce pas un moindre mal ?

V.R-F : Certes, l’inflation a beaucoup de défauts. Ses seuls effets positifs résident néanmoins dans l’illusion monétaire qui permet aux consommateurs d’avoir une perception moins négative des ajustements inévitables et surtout dans la réduction de l’endettement des agents économiques. Or, nous traversons une crise du surendettement et il faudra bien finir par sortir de cette situation. On sait qu’un processus de réduction des dépenses publiques de 5 à 6% du PIB pendant dix ou quinze ans est extrêmement nuisible à la croissance et en définitive peu efficient. L’enclenchement d’un processus de déflation est dévastateur. C’est un cercle vicieux dont il est très difficile de sortir. L’exemple japonais depuis le début des années 1990 est là pour nous le rappeler. L’inflation est assurément dans ces conditions un moindre mal.