Comme un écho à cet article publié en 2011, « Prospective finance personnelle et gestion de patrimoine : l’évolution à 15 ans.« , je vous propose une actualisation à 2017 maintenant que les grandes idées sont en train de devenir réalité.
Pour mémoire, je vous annonçais en 2011 :
 
1- La multi-bancarisation va se développer grâce à des outils de « Money Center » et d’agrégation tel que LINXO. C’est aujourd’hui une réalité qui devrait s’accélérer en 2018, l’agrégation devient la norme pour tous, qu’il s’agisse de fintech et même des banques traditionnelles qui intègrent progressivement ces services pour leurs clients. En 2018, les outils d’agrégation pourront proposer des opérations en direct, sans que l’épargnant ait besoin de quitter l’interface de l’agrégateur.
 
2- Dès 2011, nous vous présentions le modèle économique repris aujourd’hui massivement par les fintechs : « Demain, ou après demain peut être, vous pourrez vous connecter à ces services directement sur Leblogpatrimoine.com. Ainsi, en rentrant vos codes d’accès sécurisé sur Leblogpatrimoine.com, vous aurez accès à l’ensemble de vos avoirs financiers sur vos comptes bancaires traditionnels (CEL, PEL, Compte Courant) mais également l’accès à l’ensemble de votre épargne (Assurance vie, contrat de capitalisation, et Compte titre, PEA). Une synthèse financière sera automatiquement réalisée, vous pourrez faire des arbitrages afin de vous adapter à l’évolution de la conjoncture.Vous aurez à disposition le bilan de votre patrimoine financier en deux clics.
 
3- Les banques ne seront plus que des « grossistes » et des créateurs de produits financiers et des gestionnaires de flux financiers. Appliqué à notre site, l’idée était la suivante « Demain, ou après demain peut être, vous utiliserez Leblogpatrimoine.com comme plateforme de conseil en gestion de patrimoine. Vous nous consulterez afin que nous recherchions pour vous les meilleures solutions d’investissement. vous n’aurez plus le réflexe d’aller voir votre banquier.Vous proposant l’ensemble de la gamme des produits d’investissements en un seul endroit, vous n’aurez plus la nécessité de courir entre les établissements bancaires ou assurance vie pour comparer, vous profiterez à tous moment d’un conseil global et stable dans le temps et le tout pour un coût moindre car nous aurons pour mission de mettre les établissements financiers en concurrence.
 
Comme vous pouvez le constater, l’innovation proposée aujourd’hui par l’ensemble des fintechs n’est pas une nouveauté et nous l’avons même largement anticipée.
En 2017, il convient d’ajuster l’analyse notamment au regard du dernier point. Je reste convaincu que le métier de banquier / assureur évoluera dans les prochaines années, mais j’ai le sentiment d’une erreur d’appréciation dans l’évolution de la vente des produits. Si, l’analyse va toujours dans le sens « de banques ne seront plus que des « grossistes » et des créateurs de produits financiers et des gestionnaires de flux financiers. », l’application devrait être différente.
 
Internet et plus globalement le média numérique détruit les marges d’intermédiation : Il n’est plus possible de rémunérer un intermédiaire pour vendre des produits financiers ou immobilier par internet. 
Aujourd’hui, des acteurs innovants comme mariequantier, yomoni ou wesave sont des distributeurs de contrats d’assurance vie qui ne se rémunèrent pas sur cette activité de courtage pour se concentrent sur leur métier de base (la gestion financière et le conseil en allocation d’actif) pour apporter de la valeur à l’épargnant et donc assurer leur rémunération. Dans les développements actuels, le courtage et l’intermédiation ne sont plus rémunérés et c’est le sens de l’histoire de l’intermédiation. 
Ce modèle est un bonheur pour l’assureur qui vend des contrats d’assurance vie, mais qui ne doit plus rémunérer l’intermédiaire pour cette distribution, ni pour la gestion administrative et réglementaire qui en découle. Les sociétés citées ci avant assurent le back-office, la responsabilité du conseil, l’accueil des clients et le suivi dans le temps… sans être rémunérées pour cela.
C’est formidable pour l’assureur, mais est tenable à long terme pour la fintech ? Les coûts de gestion seront ils supportables lorsque la collecte décoléra ? Les fintechs accepteront elles encore longtemps d’assumer la responsabilité de la distribution sans être rémunérées ?
 
 

Une évolution qui mènera à distinguer le conseil et la création/gestion administrative et vente de produits d’épargne

Je ne crois pas ce modèle viable à long terme. Le modèle de l’intermédiation gratuite va évoluer vers une dichotomie toujours plus forte entre :

-1 -La création, la gestion administrative, le back-office du contrat d’assurance vie et la vente du contrat d’assurance vie ;

-2 -Le conseil à la souscription, l’allocation financière, la gestion financière du contrat d’assurance vie.

 
Ainsi, comme nous vous le présentions dans cet article du début de l’année 2016, « Comment les #fintechs vont bouleverser l’assurance vie dans l’intérêt unique de l’épargnant ?« , nous allons prochainement entrer dans une nouvelle étape qui verra la fin du courtage d’assurance et la distinction entre conseil et vente de contrat d’assurance vie.
Aujourd’hui, ces sociétés innovantes cherchent à distribuer des contrats d’assurance vie pour pouvoir faire leur métier cœur qu’est la gestion financière ; Demain, elles proposeront leur conseil, en allocation d’actif, en gestion financière, pour l’ensemble du patrimoine des épargnants et viendront se greffer aux contrats d’assurance vie distribués et gérés par la compagnie d’assurance vie elle même.
Dans le prolongement de cet article « #fintech, l’innovation n’est pas dans l’ubérisation ou les prix, mais dans la valeur ajoutée« , la valeur ajoutée sera maximum pour l’épargnant.
En effet, dans un secteur de l’assurance vie bouleversé par les taux bas et l’effondrement annoncé du fonds euros, ne voyez vous pas une convergence d’intérêt entre :

  • Des compagnies d’assurance vie qui ne savent plus comment inventer l’avenir de l’assurance vie en dehors des unités de compte pour lesquelles elles sont incapables de conseiller les épargnants ;
  • Des acteurs innovants spécialistes du conseil financier (CIF ou sociétés de gestion) qui pourraient utiliser les outils numériques pour se greffer à ces vieux contrats d’assurance vie et apporter une valeur ajoutée incontestable pour tous (épargnant et assureurs).

 
 
L’étape suivante de l’innovation est là. On attend avec impatience des accords technologiques entre Conseil en investissement financier, spécialiste de la gestion financière et compagnies d’assurance vie pour connecter leurs compétences respectives et proposer une gestion financière sur les vieux contrats d’assurance vie. 
 
C’est une proposition de valeur ajoutée qui vient d’être annoncée par Wesave. Au delà, du conseil sur les contrats d’assurance vie distribués par Wesave, cette jeune société innovante devrait proposer ses services d’expert en conseil financiers et sa gestion financière sur l’ensemble du patrimoine financier de l’épargnant (contrat wesave, mais également les autres contrats d’assurance vie possédés par l’épargnant).
Wesave propose une analyse ligne par ligne du portefeuille financier de l’épargnant (PEA, compte titre et plus de 350 contrats d’assurance vie), et le plus important, un conseil financier automatisé qui permettra à l’épargnant de gérer l’ensemble de ses avoirs à partir des notifications et conseils proposés par Wesave. De manière pragmatique, wesave enverra un mail ou une notification sur le portable de l’épargnant lorsqu’il s’agira de mettre en oeuvre un arbitrage ou une modification de la composition du portefeuille.
Demain, on imagine un accord technologique avec les différentes compagnies d’assurance vie pour automatiser ces arbitrages et passer outre le piège qui consisterait à disposer d’un conseil de qualité, mais d’un frein administratif pour le mettre en oeuvre.
 
C’est alors que la valeur ajoutée pour l’épargnant sera maximale et tout le monde en sortira gagnant :

  • Les épargnants pourront bénéficier d’un conseil indépendant sur la gestion financière de leur patrimoine ;
  • Les compagnies d’assurance vie auront la certitude que leurs clients ne seront pas lâchés seuls dans la jungle des marchés financiers, sans accompagnement et rempliront alors leur devoir de conseil ;
  • Les sociétés de conseil pourront se concentrer sur leur métier de base : Le conseil et elles ne seront pas perturbées par les retro-commissions et autres frais cachés qui pervertissent la qualité du conseil. Ces offres de services de conseil seront rémunérées, directement par le clients, par des frais proportionnels au encours et surtout indépendamment de la nature des supports sélectionnés par le conseil.

 
 

Bref, plus que jamais, l’avenir s’écrit dans l’indépendance du conseil…

Ps : On est indépendant, lorsque la vente et le conseil sont réalisés par deux personnes différentes et rémunérées de manière indépendante :

  • Le conseil est rémunéré par honoraire fixe ou variable ;
  • La vente est rémunérée par la marge d’intermédiation inclue dans le prix de vente.

Mais en aucun cas, un vendeur ne peut prétendre être un conseiller … et un conseiller ne peut prétendre être un vendeur.