L’édito hebdomadaire de Julien Bonnetouche, de retour de 10 jours de vacances.


À la demande de Pierre, fidèle lecteur et commentateur, je me suis finalement résolu à l’exercice consistant à traiter du scénario catastrophe de la chute de l’euro.

Alors que la situation boursière semble plutôt sereine, des zones d’inquiétude, tels autant de cygnes noirs, font de temps en temps des apparitions fugaces puis disparaissent aussitôt de nos esprits ; puisque tout va très bien, madame la marquise…

Nous avons dans le monde trois zones économiques majeures :

La zone dollar, pour laquelle tout va pour le mieux, parce que les USA sont en bonne forme avec une croissance soutenue, une indépendance énergétique, et de bonnes perspectives d’avenir.

La zone chinoise, qui va assez mal, mais c’est voulu par le PC ; une Chine qui se trouve en surproduction par la baisse de la consommation intérieure, et par voie de conséquences souhaite écouler ses stocks en faisant du dumping, vers l’Europe et les USA, favorisant chez nous la désindustrialisation.

Le chemin choisi par le gouvernement chinois, qui est celui d’un repli sur soi assez traditionnel sur le plan historique, couplé avec l’embargo technologique américain concernant en particulier les puces militaires, est de nature à remettre en question l’objectif initial d’égaler la puissance américaine en 2049.

Cela relègue par conséquent une éventuelle invasion militaire de Taïwan à des temps ultérieurs, d’autant que la mer de Chine, on le sait, fait de plus en plus l’objet de l’attention du gouvernement américain. Trump, s’il est élu, ne serait pas en reste. Tout cela reste à surveiller bien entendu.

La zone euro, qui pourrait aller assez bien si elle était mieux gérée.

C’est elle qui accumule les failles.

Nous le répétons souvent :

  • Déficit budgétaire de fonctionnement trop élevé pour nombreux États du Sud et mauvaise utilisation des capacités d’endettement massif pour financer la croissance et l’investissement comme pourraient le faire les États-Unis.
  • Récession en Allemagne et en France (qui sont les principaux acteurs économiques de l’UE) et quasi stagnation ailleurs. Le modèle mercantiliste Allemand qui repose sur les exportations en Chine est remis en cause par la fragilité économique de cette dernière ;
  • Croissance globale en berne revue à la baisse pour 2024 à 0,6 %. Rien ne certifie que cela ne baisse pas encore plus.

Comme la zone euro est la plus, ou une des plus importantes au monde en matière de consommation et de production malgré tout, personne n’envisage pour le moment de s’en émouvoir, ni d’attaquer sa monnaie bien entendu.

Les américains ont un déficit budgétaire (8 % du PIB) beaucoup plus élevé qu’en zone Euros et une dette nettement plus importante (130% du PIB vs 90%) mais ils le sont en dollar, leur monnaie (et notre problème c’est bien connu)

Mais ce n’est pas là l’essentiel :

Chez eux la dette est faite pour l’investissement en entreprises, investissement qui va gagner de l’argent, alors que chez nous, la dette sert à  financer les dépenses courante et au fonctionnement de l’administration ou les aides sociales et autres financements des retraites trop généreuses. Cela ne fait donc que coûter stérilement de l’argent au bout du compte.

D’ailleurs d’une manière générale aux USA tout est fait pour faciliter la vie des entrepreneurs qui ont de bonnes idées :

On les aides massivement et rapidement, en leur simplifiant la vie.

Ici en Europe, surtout en France on semble se méfier de ceux qui souhaite réussir, et  tout semble fait pour les en empêcher :

Taxes, normes à l’envi, délais administratifs insoutenables, impossibilité de trouver des financements importants quand c’est nécessaire ( on trouve péniblement  quelques millions quand aux USA on trouve quelques milliards)

Et si jamais l’entrepreneur  réussit  malgré tout, il sera mal vu !!

En vous disant tout cela, je sais que je ne vous apprends rien, mais c’est un récapitulatif nécessaire à la compréhension de la fragilité dans laquelle se trouvent notre Europe et notre zone monétaire.

Comme je l’ai dit plus haut tant que rien ne bouge il n’y a pas ou peu de problèmes sinon un appauvrissement général comparatif progressif ( les USA  font +30 % de pouvoir d’achat par rapport à nous depuis 20 ans)

Mais  si un événement imprévu auquel on serait mal préparé survenait le déséquilibre pourrait prendre forme.

Il existe à priori deux types d’évènements possibles :

Un événement extérieur  comme la guerre d’Ukraine qui pour une raison ou une autre s’étendrait à d’autres pays limitrophes, ou même  simplement si l’armée russe arrivait jusqu’à Kiev, parce que nous ne ferions rien ou que nous ne pourrions rien faire militairement parlant, faute de moyens.

Les parties prenantes en Europe sont tellement nombreuses qu’il serait peut être difficile de trouver une ligne de conduite commune, entre les plus exposés au conflit et les autres plus éloignés géographiquement ou ne se situant  pas traditionnellement dans la sphère de l’Empire russe, protégées par l’OTAN, donc à moindre risques.…

Mais peut être que Poutine attendra sagement que son ami Trump soit élu pour trouver un accord sur une partition de l’Ukraine ? C’est le plus souhaitable pour la paix en tous cas !!

Comme vous le voyez une telle hypothèse est possiblement assez proche dans le temps, sauf si la guerre de tranchées actuelle s’éternise.

Si d’aventures les choses tournaient mal la zone euro pourrait alors éclater par contre coup.

Des évènements intérieurs à l’Europe de l’ouest cette fois :

Nous voyons tous, que nous entrons dans une période pré-révolutionnaire, qui mature petit à petit.

  • La baisse du pouvoir d’achat de la «classe moyenne» dont les revenus tendent irrémédiablement vers le SMIC, devient une source de revendications et de souffrance  quasi permanente pour une grande partie de la population.
  • l’insécurité et l’immigration sans assimilation, sont presque au seuil d’intolérance et commencent à faire vaciller les partis «dit de gouvernements» au profit de ceux qui affichent clairement leur intentions nationalistes quand ce n’est pas la re-migration, source de conflit interne programmé, mais peut être souhaité par certains. ( AFD en Allemagne).

Tous les pays d’Europe sont concernés du nord au sud.

Il faut dire que l’incapacité actuelle à résoudre ne serais ce qu’une partie des problèmes posés, ne fait qu’attiser le feu : le gouvernement ne gouverne presque plus, si tant est qu’il le souhaite, puisque ce sont les fonctionnaires et les règles administratives  nationales et supranationales,  ainsi que les juges qui sont au dessus des lois.

Les populations européennes en prennent progressivement conscience et ne le supportent plus.

Tout cela peut tenir encore quelques années, tant qu’il n’y a pas de facteur déclenchant qui se mette en place. Mais la situation est de plus en plus inflammable.

La BCE fera encore des QE si nécessaire et on empruntera jusqu’à la limite possible, car bien entendu il y a toujours une limite. Et on baissera les taux peut être en catastrophe.

La limite étant celle de la croissance qui ne reviendrait pas dans une zone où les déséquilibres économiques sous-jacents entre États différemment gérés, sont masqués jusque là par une volonté politique d’unité, de plus en plus fragile.

Une absence  de croissance avec une dette insoutenable  serait alors de nature  à entamer la confiance des intervenants de marchés si les circonstances politiques, militaires, et/ou sociales s’y prêtent, c’est à dire si une étincelle   mettait  le feu aux poudres.

( c’est pour cette raison que lors d’un commentaire récent je fustigeais la BCE qui ne baisse pas assez vite les taux, même si nous savons que la récession programmée est l’une des manière efficaces de lutter contre l’inflation)

On m’a posé également  la question de la parade possible à l’éclatement éventuel de la zone euro, un jour.

Si un tel évènement venait à se produire il va de soi que nous aurions un crash boursier de haute intensité avec baisse de l’euro précédant peut être son éclatement, et une forte  hausse des taux d’intérêts.

Une baisse de moitié des cours des actions ne serait pas à exclure à l’échelle mondiale mais plus encore en Europe qu’ailleurs.

Une seule solution à ce moment là : Être investi sur la zone US en dollar car notre monnaie sortie de l’euro, quel qu’en soit son nouveau nom éventuel, correspondrait à une dévaluation de 20 ou 30 %, si ce n’est pas plus.

Évidemment essayer de vendre lorsque l’on sent que le système commence à craquer pour racheter ensuite car de toutes façons les actions des grands groupes américains restent du sûr à long terme.

Mais commencer petit à petit à augmenter ses liquidités est raisonnable. Par exemple en vendant les obligations que l’on détient lorsque les taux auront suffisamment baissé,  afin de bénéficier de la valorisation du principal, dans les 1 à 3 années qui viennent.

Investir en dollar actuellement implique un risque de change, même si l’on suppose que compte tenu du déséquilibre entre les zone euro et dollar cela favorise le dollar. (actuellement 1€=1,09$)

Cependant on se rappelle que le cours d’introduction de l’euro en 2002, était de 1,17$, et que le niveau du change dépend autant de la volonté des USA et des taux que de la santé des économies.

Périodiquement  l’État américain incite à la hausse ou à la baisse de sa monnaie en fonction de ses intérêts du moment.

Rien ne presse par conséquent, nous allons déjà observer ce qui se passe sur les marché des changes à l’occasion des baisse de taux futures.

Mais ouvrir des comptes actions et comptes à terme pour les liquidités en $, ou même des assurances vie en dollar ( qui existent) si on préfère ce support,  relève de la sagesse, d’autant plus que de toutes manières, d’ores et déjà, nous l’avons dit et répété, il est certainement préférable d’être investi maintenant en actions américaines ou monde que en Europe.

Il suffit alors d’acheter des ETF DJ, SNP500 ou Nasdaq ou des fonds actions cotés en $.

L’or et le bitcoin bénéficieraient également  de cette situation pour ceux qui se sentent à l’aise avec ces produits.

A suivre.

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