Cela fait 15 ans que je rencontre tous les jours des épargnants et que je travaille avec eux à l’optimisation de la gestion de leur patrimoine. Et je dois l’avouer : En 15 ans, rares sont ceux qui ont obtenu un rendement élevé sur leur contrat d’assurance-vie en unité de compte. Entre une psychologie de l’épargnant qui le conduit toujours à investir au mauvais moment et des frais de gestion exorbitants, le rendement est impossible.
Finalement, les épargnants arrivent tous à la même conclusion, et ils ont raison : Le fonds euros est plus rentable que la spéculation sur les unités de compte. S’ils ont tort sur le papier car l’investissement en action est le plus performant pour l’épargnant capable d’accepter la volatilité, dans la pratique, ils ont raison ! Placer son épargne sur les unités de compte est rarement rentable. Deux raisons permettent cette conclusion :

  • La première raison est à chercher du côté de l’épargnant qui investit souvent au mauvais moment ; C’est bien connu, il faut acheter au son du canon, puis vendre au son du clairon. Pourtant l’épargnant fait systématiquement l’inverse : Il achète après une belle hausse des cours, c’est à dire au plus haut … et vend après la baisse, c’est à dire au plus bas. C’est toujours la même chose ! Au début de l’année 2020, alors que les indices boursiers côtoyaient les sommets, les versements sur les unités de compte ont atteint des records. On connaît tous la suite.

 

  • La seconde raison est à chercher du côté des frais de gestion du contrat d’assurance-vie et de l’unité de compte. L’assurance-vie en unité de compte, c’est surtout une accumulation de frais de gestion payés tous les ans par l’épargnant. Ces frais de gestion atteignent en moyenne 2.93% pour l’assurance-vie en unité de compte action. Ces chiffres sont calculés par Cyril Chartier Kastler et goodvalueformoney.

 
Comment peut on espérer profiter de la bonne performance de l’investissement en action, si, et cela quelque soit l’évolution des marchés, la gestion prélève 2.93% de frais de gestion tous les ans ! C’est impossible et cela explique pourquoi le rendement des contrats d’assurance-vie investis en unités de compte action obtiennent des performances médiocres malgré le niveau spectaculaire atteint par le CAC40 avant la crise du coronavirus.
L’épargnant paye 2.93% par année pour avoir la chance d’investir son épargne Assurance-vie en actions. 2.93% qui rémunèrent la compagnie d’assurance-vie, le courtier ou conseil en investissement financier qui vend le produit et la société de gestion. Et c’est sans compter les frais de gestion supplémentaires qui devront être payés dans le cadre d’une gestion pilotée ou autres offre marketing similaires telles que les gestion sous mandat !
C’est incroyable la quantité de frais de gestion qui sont payés par les épargnants ! Il faut vraiment que le marché action soit très performant pour qu’il en reste un peu pour l’épargnant !
Bref, 2.93% qui rémunère toute un industrie qui vit grassement sur le dos de l’épargnant crédule qui croît pouvoir profiter de la hausse des marchés action grâce aux compétences de professionnels. En réalité, tout le monde s’enrichit, sauf l’épargnant qui prend des risques mais qui n’en reçoit pas le rendement ! Ce sont 2.93% chaque année ! Même si le cours des actions s’écroule, les frais de gestion rémunèreront l’industrie !
Voici la courbe spectaculaire du CAC40 dividendes réinvestis ! Malheureusement, ce sont des performances quasi-inaccessibles pour les épargnants en unité de compte car il faut retirer 2.93% de frais de gestion annuels pour lire la performance réelle de l’épargne investie.

 
De surcroît, il faut oublier l’idée d’une gestion de portefeuille et d’un gestionnaire de portefeuille qui apporte de la valeur ajoutée et crée de la valeur. Comme nous vous l’expliquions déjà dans cet article « Investir en bourse n’est pas complexe ! La complexité est marketing pour justifier les frais de gestion« , en France, 90.09% des fonds affichent une performance inférieure à l’indice de référence sur 10 ans ; sur 3 ans, ils sont 99.10% à sous-performer l’indice de référence S&P France BMI (indice unique représentant le marché de la bourse de Paris, y compris Grande capitalisation, moyenne capitalisation et petite capitalisation).
Avec de tels frais de gestion, comment voulez vous générer de la performance ! Le travail du gérant de portefeuille consiste à générer suffisamment de sur-performance pour réussir à se payer les frais de gestion et c’est déjà pas mal. Un jour, un vieux gérant m’expliquait que dans la profession, ils se disaient que les dividendes payait le gérant !
 

Les ETF, une alternative crédible, mais attention au marketing de la gestion pilotée

Face à ces frais exorbitants, l’alternative pourrait être les ETF, c’est à dire des produits financiers indiciels dont la seule mission est de répliquer l’indice dividendes réinvestis.
Toujours selon Cyril Chartier Kastler, les frais de gestion sont moindres, mais ils ne sont pas absents contrairement à l’idée reçue. Les frais de gestion courants des ETF dont de 0.37% auquel il convient d’ajouter les frais de gestion du contrat d’assurance vie en UC de 0.90% à 1%, soit un taux de frais de gestion total autour de 1.37% chaque année.
De surcroît, la gestion ETF est souvent vendue accompagnée d’une gestion sous mandat ou d’une gestion pilotée facturée entre 0.70% et 1.50% selon les organismes.
Ainsi, entre frais de gestion des ETF, frais de gestion du contrat d’assurance-vie et frais de gestion pilotée ou gestion sous mandat, les frais de gestion d’un contrat d’assurance-vie en ETF sont trop élevés ! C’est encore beaucoup de marketing (cf »La gestion pilotée : Arnaque marketing ou stratégie pertinente pour valoriser son épargne ? »).

Bref, l’assurance-vie en unité de compte, c’est trop de frais de gestion qui rendent impossible l’obtention d’un rendement satisfaisant ! 

C’est toute une industrie qui se payent grassement sur le dos d’épargnants qui ne sont pas rémunérés à la hauteur du risque de l’investissement en action !
Avec l’assurance-vie en unité de compte, c’est l’épargnant qui prend les risques … et l’industrie de la finance qui s’enrichit. Alors, si en plus l’épargnant investit au mauvais moment… il est impossible d’espérer un rendement satisfaisant !
 
Détail de l’analyse proposée par Cyrille Chartier Kastler :

« Le benchmark 2020 des frais de gestion supportés indirectement par les épargnants dans les unités de compte de leur contrat d’assurance-vie confirme le mouvement de baisse déjà noté lors de l’édition 2019. Les frais de gestion courants baissent de 5 centimes (ou 0,05 %) en moyenne par rapport à l’année dernière.

Le niveau moyen de frais courants varie notamment selon la nature de l’investissement et sa complexité de gestion. Il est en moyenne de 2,03 % dans les UC Actions, de 1,98 % dans les Gestions Profilées et de 2,28 % en Gestion flexible.

La gestion passive (trackers ou ETF) reste imbattable en termes de frais avec en moyenne 0,37 % de frais courants.

Pour mémoire, un épargnant qui investit sur des unités de compte dans un contrat multisupport supporte annuellement au minimum les deux natures de frais suivantes qui s’empilent :

    • les frais de gestion du contrat d’assurance applicables aux unités de compte :
      • Ces frais sont évalués par Good Value for Money à 0,90 % par an en moyenne, en notant toutefois une disparité entre les « anciens produits » qui étaient plutôt tarifés à 0,80 % de frais de gestion sur UC et les « nouveaux produits » qui ont plutôt tendance à être facturés à hauteur de 1,00 % ;
      • Ils peuvent varier selon la nature des supports, notamment sur les supports immobiliers de type SCPI pour lesquels ils sont nettement plus élevés ;
      • Leur prélèvement donne lieu à une réduction du nombre de parts de chacune des unités des compte détenues par le client sur son contrat ;
    • les frais de gestion intrinsèques aux unités de compte :
      • Ces frais intègrent plusieurs éléments :
        • la rémunération du gérant d’actifs pour la gestion des supports financiers (UC) dont il a la charge dans le respect du cahier des charges du support (par exemple : gestion prudente avec un tunnel de performance de + 3 % à – 3 %),
        • les rétrocessions reversées par le gérant d’actifs au distributeur du contrat et/ou à la société d’assurance-vie, en sachant que l’information sur le niveau des rétrocessions ainsi retournées à la distribution doivent maintenant être indiquées sur le relevé de situation de l’épargnant,
        • des éventuelles commissions de « surperformance » financière de la société de gestion, en étant conscient que la notion de « surperformance » a parfois un caractère un peu baroque,
        • la marge de la société de gestion.
      • Le prélèvement de ces frais donne lieu à une diminution de la valeur de la part de chacune des unités de compte, ce qui est relativement « invisible » pour l’épargnant, sauf à lire les taux indiqués sur le relevé annuel de son contrat d’assurance-vie ;
      • Les frais fixes « de base » prélevés par le gérant d’actifs sont indiqués dans les documents légaux (DICI) de chaque support ; mais dans la réalité, les frais effectivement prélevés (« frais courants ») sont presque toujours nettement plus élevés en raison des frais de transaction d’une part, ainsi que des commissions dites de « surperformance » ;

Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que les « vrais frais » supportés par l’épargnant dans son contrat d’assurance-vie multisupport sont les frais de gestion courants.

Mesures de frais réalisées par Good Value for Money en 2020

Le benchmark 2020 des frais facturés au sein des supports financiers (UC) de l’assurance-vie par les sociétés de gestion d’actifs est le suivant :

    • Supports Actions :
      • Frais de gestion fixes moyens :
        • 2020 : 1,61 %
        • 2019 : 1,62 %
        • 2018 : 1,72 %
      • Frais de gestion courants moyens :
        • 2020 : 2,03 %
        • 2019 : 2,06 %
        • 2018 : 2,09 %
    • Supports Obligataires :
      • Frais de gestion fixes moyens :
        • 2020 : 0,95 %
        • 2019 : 0,96 %
        • 2018 : 1,03 %
      • Frais de gestion courants moyens :
        • 2020 : 1,18 %
        • 2019 : 1,23 %
        • 2018 : 1,26 %
    • Gestion profilée :
      • Frais de gestion fixes moyens :
        • 2020 : 1,39 %
        • 2019 : 1,45 %
        • 2018 : 1,45 %
      • Frais de gestion courants moyens :
        • 2020 : 1,98 %
        • 2019 : 2,00 %
        • 2018 : 2,03 %
    • Gestion flexible :
      • Frais de gestion fixes moyens :
        • 2020 : 1,71 %
        • 2019 : 1,79 %
        • 2018 : 1,85 %
      • Frais de gestion courants moyens :
        • 2020 : 2,28 %
        • 2019 : 2,32 %
        • 2018 : 2,46 %
    • Gestion indicielle ou trackers :
      • Frais de gestion fixes moyens :
        • 2020 : 0,35 %
        • 2019 : 0,35 %
        • 2018 : 0,36 %
      • Frais de gestion courants moyens :
        • 2020 : 0,37 %
        • 2019 : 0,35 %
        • 2018 : 0,36 %

Un épargnant ayant investi sur une UC Actions dans un contrat d’assurance-vie se verra donc prélever en moyenne annuellement :

    • 0,90 % en moyenne au titre des frais de gestion sur UC du contrat (frais sur UC du contrat d’assurance-vie),
    • 2,03 % en moyenne au titre des frais de gestion courants internes au support,

soit 2,93 % au global. Il faut donc que le gérant du support dans lequel le client a investi génère une performance d’au moins 3 % sur l’exercice pour que l’épargnant obtienne une performance de 0 %. Pour faire aussi bien que le fonds en euros, il faut que le gérant performe en moyenne de 4 % par an, ce qui est élevé.

Conclusion

    • L’épargnant qui investit dans des unités de compte en gestion active dans un contrat d’assurance-vie multisupport supporte annuellement des frais de l’ordre de 2,10 à 3,50 % (selon la classe d’actifs). Seul l’investissement dans des titres vifs ou dans des trackers (lorsqu’ils sont proposés) permet de faire baisser significativement la facture.
    • La pression concurrentielle cumulée avec les obligations accrues de transparence sur les frais ont conduit les sociétés de gestion à baisser les frais de gestion fixes d’environ 6 à 8 centimes sur la gestion flexible et la gestion profilée.
    • La gestion dite « passive », c’est-à-dire celle consistant à répliquer des indices au sein de trackers (ETF) bénéficie de frais annuels courants inférieurs de 1,65 % par rapport à la gestion active pour des actions et de 0,80 % pour des obligations.

Reprise des présents éléments

Les éléments figurant dans la présente newsletter peuvent être repris en totalité ou en partie, sous réserve d’en citer la source : GoodValueforMoney.eu

Rédigé par Cyrille Chartier-Kastler