De manière traditionnelle, les études académiques expliquent que le rendement de l’épargne sans risque peut avoir pour référence le taux d’emprunt d’état, c’est à dire l’OAT 10 ans.

Un grand nombre d’analyses et de réflexions sont construites autour de ce taux de référence dit « sans risque ».
L’incidence majeure de cette référence aux taux des OAT concerne notamment le prix des actifs tels que l’immobilier ou les actions. En effet, les investisseurs exigent un rendement supérieur pour ces actif dits « à risque » afin de rémunérer leur prise de risque qu’exige l’investissement en action ou en immobilier.
Ainsi, il est courant d’entendre que le rendement à 3% d’un bien immobilier locatif est un juste rendement dans un monde ou le taux sans risque est compris entre 0.5% et 1%. L’ordre des rendements est parfaitement respecté car le rendement de l’immobilier de rapport est supérieur au taux de rendement de l’emprunt d’état réputé moins risqué.
 

 
Malheureusement, ce raisonnement me semble biaisé par l’interventionnisme excessif des banques centrales. En effet, depuis 2012, la BCE agit activement sur le niveau des taux d’intérêt long terme via une politique de taux d’intérêt négatifs. Il s’agit d’une stratégie simple qui consiste à maintenir les taux d’intérêt à un niveau excessivement bas, malgré un taux naturel plus élevé, afin de solvabiliser les emprunteurs et simplifier le remboursement des dettes.
Lorsque le taux de croissance du pays, c’est à dire le taux de création de richesse est supérieur à votre taux de crédit, le poids relatif de votre dette s’amoindrit avec le temps. C’est ce constat qui nous a fait écrire de nombreux articles vous incitant à vous endetter (cf  » Immobilier : Une période historique pour se constituer un patrimoine immobilier à bon prix ? » ; ou encore Pour ne pas subir les taux d’intérêt négatifs, il faut s’endetter et investir…).
 

Nous vivons une période historique qui détruit le patrimoine des détenteurs de patrimoine et enrichit les emprunteurs !

Considérant que le taux d’emprunt de l’état est maintenu artificiellement bas par la politique monétaire des taux d’intérêt négatif, il devient irresponsable de continuer à utiliser cet indice comme référence dans l’échelle de rendement utilisée pour la rémunération du risque de l’investisseur en action ou immobilier.
Aujourd’hui, le taux d’emprunt de l’état n’est plus le taux de référence pour l’épargne sans risque.
Il convient alors de reconstruire un taux naturel, c’est à dire le taux d’intérêt qui devrait naturellement s’appliquer si les banques centrales ne biaisait pas le marché. Intuitivement, ce taux d’intérêt naturel doit être proche du taux de croissance réel de l’économie, c’est à dire Taux de croissance du PIB + inflation.
Ce taux d’intérêt naturel doit être le taux de rendement minimum de l’épargne sans risque, c’est à dire de l’épargne qui croît au même rythme que le paquebot France.
En d’autres mots, si votre épargne est rémunérée à un taux inférieur à ce taux d’intérêt naturel, la valeur relative de votre patrimoine baisse, au contraire, si votre épargne est rémunérée à un taux supérieur à ce taux d’intérêt naturel, la valeur relative de votre patrimoine augmente.
Il ne s’agit pas d’une baisse en Euros de la valeur de votre patrimoine, mais d’une baisse relative : Le patrimoine des autres augmente plus vite que le votre et vous êtes donc naturellement relégué dans le rang de richesse du pays.
 

Rendement de l’épargne sans risque = Taux d’intérêt naturel = Taux de croissance du PIB + taux d’inflation = 1.8% + 1.50% = 3.30%

Taux de rendement de l’investissement immobilier locatif = Taux d’intérêt naturel + Prime de risque historique de long terme = 3.30% + 3% = 6.30% (plus-value + revenu locatif)

 

Taux de rendement de l’investissement en action = taux d’intérêt naturel + prime de risque moyenne de long terme = 3.30% + 6% = 9.30% (plus-value + dividendes)

 
 

Bref, vous l’avez compris…