L’actualité médiatique nous donne l’occasion d’approfondir un sujet qui nous tient à cœur depuis des années : Le changement de modèle d’une société sur fond de relocalisation, démondialisation et respect de l’environnement qui pourrait nous permettre de retrouver l’espérance après 30 ans de lente destruction de nos systèmes économique, sociaux et démocratique.

Après 30 années d’une illusion d’abondance de consommation construite autour de la délocalisation de nos industrie, l’émergence du lowcost, la disparition de la qualité du long terme au profit de la jouissance du court terme, l’hyper-mondialisation poussée à l’extrême des facteurs de production, de la destruction de nos écosystème, nous sommes, depuis quelques années, en train de basculer vers moins d’abondance, et c’est vraiment une excellente nouvelle ! (pas pour notre consommation superfétatoire qui pourrait fortement diminuer, mais pour l’avenir de nos modèles sociétaux).

Il serait une erreur de jugement de croire que la guerre en Ukraine ou même le Covid-19 sont à l’origine de ce mouvement de bascule.

En réalité, dès 2018 et l’émergence des #giletsjaunes, et peut être même 2016 avec l’arrivée de Trump à la présidence des Etats-Unis, il était possible de voir que nous étions sur la pente du changement.

Il suffit de relire cet article publié en 2016 sous le titre « Trump président… De la mutation économique à la mutation sociétale non sans conséquences sur le patrimoine et la fiscalité ?« , déjà repris dans un article de 2018 publié sous le titre « Les #Giletsjaunes en marche vers une grande réforme sociétale et fiscale ? Vers un ordre économique nouveau ? » pour comprendre que ce que nous vivons aujourd’hui est le fruit d’une longue maturation.

Extrait de cet article de 2016 publié à l’occasion de l’élection de Trump aux USA:

Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase de la révolution des #giletsjaunes !

Nous sommes pleinement dans le prolongement des mouvements sociaux qui ont aboutis au BREXIT, à l’élection de TRUMP ou encore à l’arrivée au pouvoir de Salvini. En France, nous avons de la chance, cette colère ne s’exprime pas à l’occasion d’une élection qui amène au pouvoir un président populiste et destructeur. Le moment est venu de saisir cette chance pour rénover le contrat social et s’engager vers un ordre économique nouveau.

Recherche d’une plus grande réduction des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Cela pourrait passer par un  ré-équilibrage du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital au profit du travail (augmentation des salaires minimums ?), mais également une structure de la fiscalité différente favorisant les revenus du travail au détriment des revenus du capital et le patrimoine.

Fin de l’austérité et retour d’une relance par la dépense budgétaire ; 

Modification profonde de la fiscalité pour réduire les charges portant sur le travail, c’est à dire charges sociales payées par les salariés, mais également impôt payés par les travailleurs (le chef d’entreprise qui perçoit un revenu de son entreprise – salaire ou dividende – devant bien sur être considéré comme un actif / travailleur).

Une remise en question de l’extrême mondialisation des chaînes d’approvisionnement et de la recherche de la sous-traitance à bas prix peu respectueuse de l’envirronnement et des salariés exploités ! 

Les #Giletsjaunes en marche vers une grande réforme sociétale et fiscale ? Vers un ordre économique nouveau ?

Aujourd’hui, 5 années plus tard, notre président explique que nous sommes en train de vivre la fin de l’abondance. Nous sommes en train de vivre cette mutation sociétale dont nos sociétés ont tant nécessité.

Nous vivons la grande transformation de Polanyi que nous vous décrivions dans cet autre article de 2019 : « La grève de la mondialisation se généralise ! Nous vivons la grande transformation du monde ! »

C’est le retour de l’espérance telle que nous vous la présentions dans cet article « [EDITO] L’émergence industrielle ou le retour de l’espérance« … et c’est une excellente nouvelle.

Après des années d’une illusion d’abondance de consommation construite autour de la destruction de nos modèles économique et sociaux (chômage de masse, délocalisation, destruction de l’environnement, déflation, …), nous sommes en train de reprendre le pouvoir, de remettre en question les excès de l’abondance au profit d’un modèle plus durable et favorable pour le vivre ensemble (fin du chômage de masse, relocalisation, hausse des salaires, retour de l’espérance, respect de l’environnement, inflation, …).

Vous vous demandez pourquoi les #giletsjaunes ne sont pas dans la rue ? La réponse est simple : Ils ont retrouvé l’espérance ! Tout ce qu’il se passe aujourd’hui répond parfaitement à leurs attentes. Les prix de l’immobilier augmentent aussi en province, les salaires augmentent, le travail est partout (celui qui veut augmenter son salaire n’a qu’à démissionner pour retrouver un meilleur travail le lendemain, …), la volonté à l’industrialisation redonne de l’espérance, …

Tout est synthétisé dans cette interview :

Hier, dans une note très sérieuse et plus formelle que cet édito, Patrick ARTUS essaie d’expliquer pourquoi nous sommes peut être en train de vivre cette fin de l’abondance : Peut-on échapper à un régime économique de rareté ?

Extrait :

Les prix de nombreuses matières premières, les prix des transports, après avoir beaucoup augmenté, ont à nouveau nettement diminué.

Cela veut-il dire que les économies de l’OCDE peuvent échapper au passage à un régime de rareté, ce qui veut dire inflation, conflit pour le partage des revenus, politique monétaire plus restrictive ?

Nous pensons que de nombreux mécanismes poussent vers ce régime de rareté :

– la transition énergétique ;

– le redressement du pouvoir de négociation des salariés ;

– les relocalisations ;

– la déformation de la structure de la demande ;

– les tensions géopolitiques, les conflits.

Il est difficile de croire, alors, au retour à un régime d’abondance.

Malgré la baisse présente des prix de nombreuses matières premières (pétrole, métaux, produits agricoles, transports…), nous pensons que les pays de l’OCDE, pour de multiples raisons (transition énergétique, redressement du pouvoir de négociation des salariés, relocalisations, déformation de la structure de la demande, tensions géopolitiques), vont rester dans un régime de rareté, donc d’inflation.

Il en résultera alors le maintien d’une inflation assez forte, de conflits de répartition du revenu, d’une politique monétaire plus restrictive.

Bref, la fin de l’illusion d’abondance destructrice de nos modèles sociétaux est une bonne nouvelle.