L’édito hebdomadaire de Julien Bonnetouche.

Les banquiers centraux jouent avec nos nerfs !

Ils disent qu’ils vont baisser les taux, mais pas tout de suite, pas trop vite, pas maintenant, pas la prochaine fois non plus, ni la suivante, mais peut-être après…

Se moquent-ils de nous ?

Oui, sûrement, mais de toute façon, ils ne savent pas vraiment si monter les taux ou les baisser joue vraiment sur l’inflation.

Par contre, en Europe, une chose est certaine, les avoir montés si rapidement influe sur la stagnation de la croissance.

Mais la BCE est suiviste, car le grand chef reste J Powell.

Jérôme Powell, est probablement en train de penser qu’il n’est pas pressé de baisser les taux courts US. La croissance, et la consommation pour le moment, ne se portent pas mal, et si le vendredi de la semaine passée, les chiffres du chômage traduisaient une baisse assez nette des créations d’emploi, attendre d’autres indicateurs lui paraît raisonnable avant d’agir.

Il a eu raison, car ce vendredi 02/02, les créations d’emploi sont en nette hausse, entraînant une réaction haussière également sur les taux.

Le déficit budgétaire à 8 % et l’IRA (Inflation Reduction Act) qui est en réalité une incitation de type protectionniste à investir aux USA sont pour le moment suffisant pour maintenir cette croissance. (pour rappel 2,5 % en 2023)

En effet, l’enjeu est maintenant l’élection présidentielle, pour laquelle Trump est favori, mais on sait par ailleurs que l’électeur américain est hautement sensible aux marchés boursiers du moment, les Démocrates pour augmenter leurs chances, comptent bien démontrer leur efficacité dans ce domaine.

Le moment de l’élection, c’est novembre 2024 et bien sûr les quelques mois qui précédent, disons l’été et l’automne.

Les marchés ne sont pas dupes, ils voient bien tout cela et tiennent le coup. Cela ne les empêche pas d’avoir des réactions épidermiques comme la baisse de 2 % du Nasdaq après l’annonce de statu quo monétaire de cette semaine.

D’un autre côté, en Europe, ce n’est pas exactement le même scénario :

La révolte paysanne, touchant beaucoup d’États européens, marque certainement un tournant dans la relation que les peuples entretiennent avec la bureaucratie bruxelloise.

Une sorte de techno-dirigisme régit à bas bruit la vie des gens jusqu’ici, sans qu’ils ne disent rien ; alors que nous le savons, l’excès de règlements et de normes à coloration verte les empoisonne chaque jour un peu plus. (bâtiment, industries…)

Cette « élite » européenne non élue, à l’image d’ailleurs des administrations nationales, a peu à peu pris un pouvoir disproportionné parce que ni contrôlé ni évalué, au nom de l’intérêt commun, sur fond de mondialisation «ultralibérale» et de mercantilisme allemand. Le tout en surfant sur la déconstruction des sociétés occidentales, et en octroyant des aides anesthésiantes chaque fois que le besoin s’en faisait sentir, afin de calmer les esprits revendicatifs ( d’où la dette abyssale !!)

Nous parlons par exemple, ici souvent, du DPE d’origine bruxelloise, (surinterprété par la France) dont nous avons déjà démontré que sa pertinence était sujette à caution, et nous en connaissons bien les effets pervers démesurés sur l’ensemble du marché immobilier.

C’est la même chose dans presque tous les domaines dans lesquels l’Europe décide. Écologisme, immigration, alimentation, énergie, transports…

Il est donc possible, sinon probable, que par une voie ou une autre, y compris celle des élections, les populations européennes décident un jour de ne plus l’accepter.

(rappelons qu’en Allemagne l’AFD, le parti d’extrême droite traditionnelle tendance réellement fasciste, recueille déjà + de 20 % d’intentions de votes)

Ce bouillonnement d’instabilité surnage sur une croissance atone, et un pouvoir d’achat sérieusement entamé par l’inflation des 2 années passées. Tout cela n’est pas anodin.

Et dans ce contexte, la BCE elle, campe sur ses positions, elle feint de ne rien voir, et attend patiemment que les américains fassent le premier pas en matière de relâchement monétaire afin de redonner un peu d’oxygène aux économies, alors que l’on sait qu’il faudra un délai de 1 an environ entre une baisse des taux courts et ses effets sur le terrain dans l’économie réelle.

Pour le moment, les marchés croient en la version Powell.

Toutes les places boursières surfent sur leurs sommets, et les taux longs prennent à nouveau la pente descendante, gentiment, sans se presser, convaincus de cette nécessité.

La question que nous devons nous poser est alors la suivante : pourra-t-on tenir dans cet attentisme jusqu’à l’été alors que cela fait déjà 1 an que le CAC 40 oscille entre 7000 et 7500 ?

La réponse est probablement non. Les marchés acceptent de rester dans le calme plat un certain temps, mais ils doivent ensuite choisir une direction.

Déjà le CAC vient de franchir son record absolu de peu, alors que le DJ lui l’a amplement dépassé.

Rappelons que les PER du CAC et du SNP 500 sont autour de 25. Pour le SNP cela laisse de la marge, mais pour le CAC, c’est assez élevé même si l’on peut encore gratter quelques points. ( on n’est pas loin des 8000)

Attention, néanmoins, à une lecture trop rapide des indices dans lesquels quelques entreprises surnagent dans un océan de maigres performances.

Que seraient les performances du MSCI WORLD, du S&P 500 sans les 7 magnifiques ?

Que seraient les performances du CAC40 sans ces quelques entreprises du luxe qui absorbent toutes la lumière (et les flux d’argent frais) ?

Décideront-ils de forcer à la hausse ? Ou plutôt de se lasser de rester dans l’entre deux, ( dans lequel les spéculateurs ne gagnent pas d’argent doit-on le rappeler) et de décider qu’une baisse serait salutaire avant un rebond de deuxième semestre ?

Cela dépendra des circonstances. Y aura-t-il un facteur déclenchant ? Ce ne serait pas surprenant tant il peut arriver de nouveaux événements d’ici à 6 mois !!

Malgré tout les perspectives de long terme restent excellentes.

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