Les annonces de lancement du tout nouveau PER se multiplient depuis quelques semaines. Les compagnies d’assurance vie lancent les unes après les autres leur PER (Plan d’Epargne Retraite). Il s’agit du nouveau produit d’épargne de très long terme créé par la loi PACTE qui doit permettre aux français de se constituer un capital qu’ils pourront percevoir, soit en capital, soit en rente au moment de leur retraite.
Il s’agit d’un placement de très long terme qui devrait accompagner les épargnants tout au long de leur vie active. Sur la philosophie, l’idée est plutôt bonne et vertueuse dans un moment ou la retraite par répartition est remise en question. La solidarité nationale est affaiblie et laisse à l’initiative individuelle la démarche de se constituer une retraite complémentaire. Pourquoi pas.
Si les versements volontaires effectués sur le PER sont déductibles du revenu imposable du foyer fiscal du souscripteur, la sortie en capital, tant au moment du départ à la retraite que pour l’acquisition de la résidence principale (unique cas de sortie autorisé en dehors des cas classiques d’accident de la vie), verra l’avantage fiscal annulé et le capital initialement versé imposable à l’impôt sur le revenu selon la tranche marginale d’imposition du souscripteur lors du rachat ; Les plus-values seront imposables au taux du prélèvement forfaitaire unique de 12.8%.
Bref, le PER est le produit d’épargne retraite qui est à la mode en 2020.
 
En réalité, il devrait exister deux types de PER :

  • Le PER bancaire : Commercialisé par une banque, il prend la forme d’un compte titre dans lequel il doit être possible d’investir à long terme dans des OPCVM mais également des titres en direct ; Le PER bancaire est construit sur le modèle du PEA ou de compte titre ordinaire, sauf que les capitaux épargnés devraient être bloqués jusqu’au départ à la retraite. Il est donc être possible de se constituer un portefeuille d’actions en direct ou d’ETF dont la détention très long terme correspond parfaitement à la philosophie de la préparation de la retraite et de la capitalisation.
  • Le PER assurance-vie : Commercialisé par une compagnie d’assurance-vie, le PER Assurance-vie est construit sur le même principe que le contrat d’assurance-vie avec un fonds euros et des unités de compte. A ce titre, on peut se demander quel est l’intérêt d’un fonds euros pour un produit d’épargne à très long terme ? Je ne vois pas. Notez qu’en cas de décès du souscripteur durant la phase d’épargne, les fonds accumulés sur les capitaux transmis NE bénéficieront PAS de la fiscalité hors succession de l’assurance-vie (cf. « La fiscalité du PER en cas de décès est peu efficace pour réduire les droits de succession. »

Pour le moment, si les compagnies d’assurance-vie se pressent pour « sortir » leur PER assurance-vie, les banques sont plus timides.

A chaque fois, le PER assurance-vie est un copié du contrat d’assurance-vie, y compris sur la question délicate des frais ! Les compagnies d’assurance-vie ont vite compris qu’elles pourront générer de belles marges sur le PER !

Prenons l’exemple du PER de l’AFER, référence du marché de l’épargne pour mieux comprendre ce qu’il se cache derrière le PER Assurance-vie.

Quelle déception ! Il n’y a en effet qu’une seule chose à retenir : des frais, des frais, des frais et encore des frais ! Avec autant de frais, il est impossible de trouver de la rentabilité.

Jugez par vous même les frais du PER AFER qui se veut être, en plus, l’un des moins cher du marché :

  • Frais d’entrée sur versement : 3 % maximum du montant de chaque versement.
  • Frais de gestion annuels : 1 % par an sur les unités de compte et le fonds euros. Les frais de gestion sont payés tous les ans sur le montant de l’épargne.
  • Gestion sous mandat : 1.50% de frais de gestion annuels (= Majoration des frais de gestion annuels de 0.50%)
  • Frais de transfert sortant : 1 % maximum de la somme transférée pendant les 5 ans suivant la date d’effet de l’adhésion.
  • Frais de service de la rente : 3% du montant des arrérages.
  • Frais de gestion des unités de comptes retrocédés à l’AFER : Variable selon les UC selon le tableau en lien : Cf tableau de rétrocession des unités de compte  – Les frais de gestion de l’unité de compte rétrocédé à l’AFER (ou au vendeur du PER) oscillent entre 0.50% et 1.50% par an.

Bref, l’épargnant devrait payer entre 2% et 3% de frais de gestion par année pendant toute la durée de l’épargne. Celui qui épargne 100 000€ dans un PER aura payé 2500€ par année de frais de gestion pendant toute la durée de son PER assurance-vie. C’est énorme et surtout injustifié ! (cf »Assurance vie : La révolution des parts institutionnelles et des ETF est en marche … »).

Sur internet, les frais de gestion sont plus faibles, mais ils restent très élevés. Les frais de gestion sur unité de compte sont autour de 0.60% à 0.85%, les frais d’entrée 0%, et le niveau des rétrocessions sur unités de compte reste le même.

On comprend mieux pourquoi les compagnies d’assurance-vie trouvent formidable ce nouveau PER.

Ces frais trop élevés ne permettront pas à l’épargnant de tirer pleinement profit de la performance de ses investissements de long terme.

Le salut du PER viendra t’il du PER bancaire et de la possibilité d’y investir sur des actions en direct ? Mais dans cette hypothèse, il devient un mauvais concurrent du PEA dont les plus-values sont exonérées d’impôt sur le revenu après simplement 5 années de détention et dont la rente viagère n’est pas imposable à l’impôt sur le revenu  ! (cf »Le meilleur placement d’épargne retraite n’est pas le PER ou l’assurance-vie, c’est le PEA ! »)

Seul avantage du PER Bancaire par rapport au PEA pourrait être la possibilité d’investir en dehors de la zone euro et sur des titres autres que les actions. Mais faut il encore que les banques se lancent dans la commercialisation du PER bancaire ; Au regard de la structure des frais, elles devraient prioriser le PER Assurance-vie.
 

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