Le télé-travail, nous connaissons depuis longtemps et la crise du coronavirus est à l’origine d’une expérimentation grandeur nature qui semble convaincante pour la majorité de ceux qui l’ont expérimentés. Demain, le télé-travail devrait se généraliser dans tous les métiers dans lequel il est possible. A raison de un jour ou deux jour par semaine, chacun pourra travailler depuis son domicile comme nous en avons largement débattu dans cet article « Le télétravail, un tsunami qui va bouleverser l’immobilier de bureaux et l’investissement en SCPI ? ».
Mais que pensez vous de l’enseignement distanciel ? l’enseignement à distance, c’est la possibilité pour nombre d’étudiants d’apprendre depuis chez eux, derrière l’écran de leur ordinateur, grâce à des systèmes de vidéoconférence et autres modules à inventer et améliorer.
Aujourd’hui, début septembre et fin mai, c’est la transhumance des étudiants. Les jeunes des villes moyennes, mais aussi des métropoles quittent le domicile de leurs parents pour aller étudier dans la « grande ville », ou plus généralement là ou l’offre de diplôme est la plus en accord avec le métier qu’ils souhaitent réaliser.
Parfois, en cours d’année, les étudiants rentrent quelques mois chez leur parent pour faire un stage en entreprise qu’ils auront réussit à obtenir près de chez eux. D’autres font une année de césure à l’étranger pour découvrir autre chose.
Bref, les étudiants s’adaptent et doivent se rapprocher physiquement du lieu de résidence de leurs enseignants. Mais, ne pouvons nous envisager une remise en cause, même partielle, de cet ordre des choses ? Et si ce n’était pas l’étudiant qui se déplaçait physiquement au lieu de résidence de l’enseignant, mais l’enseignement qui s’adaptait au lieu de résidence de l’étudiant ?
Dans les faits, l’enseignement supérieur est partagé entre cours magistraux (CM) pour lesquels la présence physique n’est pas obligatoire et les travaux dirigés (TD) pour lesquels la présence est obligatoire.
Pour faire simple : Les cours magistraux, c’est un enseignement de masse, descendant, qui se réduit souvent à un enseignant qui débite son cours pendant un heure .
Dans les premières années, certains amphithéâtres étant trop petits par rapport au nombre d’étudiants que certains étudiants doivent suivre « en vidéo », la prestation de l’enseignant qui est dans l’amphithéâtre d’à côté. Les cours magistraux (CM), c’est une forme de vidéo youtube en présentiel.
En revanche, les travaux dirigés (TD), c’est l’application pratique de la théorie descendante reçue (pas apprise ! reçue)  en cours magistraux (CM).
Ne croyez vous pas que les cours magistraux pourraient être réalisés en vidéoconférence ou même tout simplement sur youtube ? A quoi bon se rapprocher physiquement d’un enseignant, si aucune interaction sociale et intellectuelle n’est possible avec lui ? Un enseignement à distance ne serait il pas tout autant efficace ?
En revanche, les interactions sociales et intellectuelles des travaux dirigés (TD) sont source d’un enrichissement mutuel entre l’enseignant et son élève et conservent une forte utilité, même s’il n’est pas impossible de croire que la même interaction est possible à distance.
Attention, il ne s’agit pas d’être caricatural en affirmant que l’enseignement en présentiel est d’un autre temps et que le distanciel est l’avenir. Mais je crois qu’il faut accepter une évolution sur la manière d’enseigner.
Aujourd’hui, l’enseignement supérieur est réservé aux étudiants dont les parents ont les moyens de payer le logement. Demain, l’enseignement distanciel ne permettrait il pas de dépasser cette contrainte budgétaire et donner la possibilité à ceux qui en ont les compétences de poursuivre leur apprentissage ?
Hier, une proposition de loi à été déposé par une députée LR. L’exposé des motifs est particulièrement intéressant :

« La crise du covid‑19 a mis en exergue nos difficultés de télétravail, tant dans le secteur privé, que dans le secteur public.

Aujourd’hui, selon l’Union Européenne, « L’enseignement numérique distanciel est l’utilisation des nouvelles technologies multimédia de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage, en facilitant d’une part l’accès à des ressources et services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance ».

Il faut savoir que plusieurs dispositifs existent du MOOC à l’ENT, en passant par le SPOC et le e‑learning.

Le MOOC, Massive Open Online Course, est un cours proposé par des écoles et des universités, accessible à tous sur internet. Formation en ligne en libre accès, elle met à disposition un contenu pédagogique qui peut être validé par un certificat (généralement payant).

Le SPOC, Small Private Online Course, est un cours en ligne privé en petit groupe. C’est une modalité pédagogique inspirée des MOOC. Les SPOCs peuvent être utilisés de plusieurs manières, comme une alternative à la formation présentielle ou bien comme un complément à celle‑ci. Parmi les ingrédients pédagogiques présents dans cette modalité, on trouve un suivi pédagogique individualisé, rendu possible par un nombre limité de participants. On parle alors de modèle à « tutorat fort ».

Enseignement numérique en ligne (e‑Learning) : l’enseignement à distance, qui inclut le e‑learning, est une forme d’enseignement qui s’adresse à un public large, et qui touche des domaines variés. Il s’appuie sur des ressources dédiées au distanciel, qu’elles soient numériques ou non (cours du CNED par exemple). Cela représente l’ensemble des solutions et moyens permettant l’apprentissage par des moyens électroniques. Le e‑learning est une des techniques de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE).

Espace numérique de travail ou ENT (Virtual Learning Environment) : un espace numérique de travail désigne un ensemble d’outils en ligne qui permet un accès à distance à des ressources numériques. Certaines applications web (Learning Management System, LMS) permettant l’enseignement numérique à distance peuvent offrir des services similaires à ceux d’un espace numérique de travail.

Toutes ces solutions doivent aujourd’hui être explorées dans l’éducation pour assurer aux élèves un enseignement distanciel comme une alternative au présentiel.

Pour les universités, cela pourrait éviter des frais de logement et d’études aux étudiants dont les parents ne peuvent assumer des études longues et coûteuses.

Pour les lycées et collèges, cela permettrait aux élèves de trouver sur la plateforme dédiée les cours en ligne, en vidéo, avec une interactivité avec l’enseignant sur des moments spécifiques. Dans mon département, la Corrèze, les élèves ont été dotés d’une tablette numérique pour faciliter l’accès aux nouvelles technologies. De même, la fibre optique est en train d’être déployée sur tous les territoires, ce qui facilitera cet enseignement distanciel.

Enfin, pour les écoles élémentaires, cela permettrait aux parents et aux élèves de retrouver les devoirs et les cours à la maison.

Depuis la loi Jules Ferry du 28 mars 1882, l’instruction est obligatoire. Cette obligation s’applique à partir de trois ans, pour tous les enfants français ou étrangers résidant en France jusqu’à l’âge de seize ans révolus.  Les parents peuvent : 

– Soit scolariser leur enfant dans une école ou un établissement d’enseignement (public ou privé) ;

– Soit assurer par eux‑mêmes (ou toute personne de leur choix) l’instruction de leur enfant.

Inclure l’enseignement distanciel comme un complément voire une solution alternative, afin de pallier des absences imprévues, élèves malades mais qui peuvent suivre les cours à distance, élèves bloqués par l’absence de transports en commun, intempéries… tel est l’objet de la présente PPL. 

Tel est l’objet de cette proposition de loi. »

 
Le sujet est passionnant et semble être une tendance qu’il nous faudra suivre avec beaucoup d’attention. En effet, il concerne une population jeune capable de s’adapter très rapidement, qui passe déjà une partie non négligeable de son temps à se former sur internet, notamment en regardant des vidéos youtube.
L’enseignement à distance à de l’avenir, c’est une certitude. L’immobilier étudiant et le statut de ville étudiante doit être questionné. N’oubliez pas qu’investir dans l’immobilier, c’est se projeter sur la situation démographique et sociétale dans 15 ans !
Il y 15 ans, les réseaux sociaux n’existaient pas ; Nous n’avions pas de smartphone et internet était d’une telle lenteur que nous ne pouvions presque rien n’y faire.
Dans 15 ans, les choses peuvent changer de manière radicales, et plus rapidement qu’on peut le croire.
A titre indicatif, voici la carte des principales villes moyennes étudiantes, même si les principales villes étudiants sont les métropoles :

 
A suivre…