La narration autour d’un effondrement de nos civilisations sous le poids du bouleversement climatique est en train de devenir dominante. Tous, canicule mondiale aidante, sommes maintenant persuadés que les causes humaines du bouleversement climatique sont en train de détruire notre cadre de vie… et bientôt notre niveau de vie.
Je ne sais pas si cette croyance dominante est la vérité ou s’il s’agit d’un fantasme partagé mondialement, mais tel n’est pas le sujet dans un monde ou la croyance collective est plus puissante que la vérité scientifique du moment. (il ne s’agit pas de remettre en cause quoique ce soit ; Je n’ai pas la compétence pour savoir ou affirmer quoique ce soit – )
La majorité des citoyens semblent maintenant persuadés « qu’il se passe quelque chose » et que « notre manière de vivre » en est la cause. Il suffit de discuter avec vos amis, vos voisins pour vous rendre compte qu’individuellement, nous partageons tous le sentiment qu’il va falloir profondément modifier notre manière de vivre si on veut éviter l’effondrement. Le discours est anxiogène mais il est également porteur d’espoir ; Certains peuvent y voir le prétexte pour sortir du cycle vicieux d’une économie qui les oblige à renier, un peu plus tous les jours, ce qu’ils sont profondément.
Face au constat qu’il devient impératif de changer notre manière de vivre, nous, citoyen, consommateur, faisons individuellement de petits efforts, qui, nous l’espérons, permettront d’enclencher le cycle vertueux du développement durable : 

  • Persuadés que l’utilisation de la voiture est destructrice, vous réfléchissez avant de l’utiliser et vous vous laissez tenter par le vélo ou le vélo électrique ;
  • Persuadés que les pesticides détruisent notre santé et la qualité de la terre, vous privilégiez l’achat en circuit court à des producteurs locaux qui les utiliseront avec parcimonie, pour ne pas dire pas du tout. Pour vous en convaincre, il vous suffit d’observer les files d’attente dans les marchés. Les revendeurs de fruit et légumes ne font plus recette alors que les files d’attente pour les « vente directes producteurs » ou filières bio sont de plus en plus longues ;
  • Persuadés que l’utilisation excessive de l’avion participe de manière importante à la pollution de notre environnement, vous essayez, consciemment ou inconsciemment, de moins prendre l’avion pour vos prochaines vacances et retrouvez le plaisir de visiter nos belles régions française ;
  • Persuadés que la consommation excessive de produits manufacturés de l’autre bout du monde n’a aucun sens, vous essayez de réduire votre consommation inutile et vous vous laissez tenter par l’achat d’occasion sur leboncoin ou dans un vide grenier.

Bref, consciemment ou inconsciemment, vous modifiez votre manière de consommer et donc de vivre au quotidien pour essayer de vous adapter à cet effondrement que l’on vous promet si vous ne le faites pas, et cela bouleverse l’équilibre économique mondial. 
Nous entrons pleinement dans le scénario que nous vous proposions en Août 2017 dans cet article « Préparer votre patrimoine à la révolution « écologique » et « développement durable » qui s’impose ». Alors que tout le monde parlait de révolution numérique et digitale, nous vous expliquions que le numérique n’était qu’une évolution naturelle après 40 ans de développement de l’informatique et que la véritable révolution serait celle de la prise de conscience écologique qui remettrait en cause le dogme libéral de nos sociétés :

– Le socialisme, c’est à dire, le protectionnisme de l’humain dans un monde libéral a été la première réponse face au libéralisme du 19ième siècle ;

-L’écologisme, c’est à dire, le protectionnisme de la nature et de l’environnement sera la réponse du monde libéral des années 2000.

Le libéralisme, c’est le dogme du tout marché auto-régulateur. Rien ne doit empêcher le marché de faire son œuvre, car seul un marché libéré peut assurer l’équilibre naturel de la société. Le socialisme fixe la protection de l’individu comme première limite au libéralisme ; L’écologisme fixe la protection de la nature comme seconde limite au libéralisme.
Nous sommes aux portes de l’écologisme, c’est à dire d’un libéralisme contraint par la protection de l’environnement. Ce nouveau protectionnisme écologique s’impose progressivement et va modifier l’équilibre économique mondial. En effet, le protectionnisme écologique oblige les entreprises mondialisées à revoir leur chaîne de production car elles ne peuvent plus être aveugle sur les conditions de production de leurs produits.
Aujourd’hui, et encore plus demain, les entreprises devront rendre la contre-partie de la production à bas prix dans les pays ou la main d’œuvre est peu onéreuse. Il ne leur sera plus possible d’être hypocrite en rejetant la faute sur les pratiques peu respectueuses de l’environnement d’un sous-traitant mal contrôlé.
En novembre 2018, au début de la crise des #giletsjaunes, nous vous proposions cette tribune provocatrice « [Réflexion] Et si TRUMP avait raison ? Le protectionnisme est il une solution ? ». 8 mois plus tard, il semble bien que le protectionnisme écologique devienne une solution politiquement acceptable aux maux révélés par Trump. Je vous invite d’ailleurs à relire les commentaires des lecteurs, lors de la publication de cet article et vous comprendrez alors le chemin parcouru depuis 8 mois.
 
Le consommateur est en train de profondément modifier l’équilibre économique mondial. Le consommateur exige que les produits qu’il consomme soient respectueux de l’environnement ; Les producteurs n’ont pas d’autres solutions que de s’adapter pour espérer continuer à vendre leur produit.
Cette dé-mondialisation des processus de production pourrait conduire à un retour de l’emploi industriel au bénéfice des PME/TPE qui créeront des emplois face à une demande forte des consommateurs et elle pourrait mettre en danger les pays émergents qui ont construit leur puissance sur l’acceptation des pays consommateurs à devenir, en dépit du bons sens, des économies de services sans usine.
Après d’une mondialisation excessive destructrice de nos économies, la perspective d’une mondialisation respectueuse de l’environnement mondial ouvre de nouvelles perspectives heureuses, même si la phase d’ajustement à ce nouvel environnement économique pourrait être douloureux.
Les gagnant d’aujourd’hui ne seront pas nécessairement les gagnants de demain ; Cette nouvelle perspective pourrait inverser le sens des valeur et valoriser le « producteur » au détriment de l’administratif qui fait sa part belle aux « bullshit jobs » en référence à David Graeber.
 

Enfin, le protectionnisme écologique et cette demande nouvelle des consommateurs est inflationniste comme nous vous l’expliquions dans cet article « La révolution du développement durable est inflationniste et pourrait inverser le sens des valeurs. ». Et ça tombe plutôt bien car les états sur-endettés cherchent l’inflation désespéramment…
 
A suivre…