S’il est rassurant de faire confiance aux chiffres et à la rationalité pour prendre une décision d’investissement, force est de constater que ce n’est pas suffisant et parfois même contre-productif.
En effet, si les chiffres, par nature identiques pour tout le monde, permettaient de déceler la pertinence d’un investissement, nous prendrions tous la même décision rationnelle, détruisant mécaniquement la pertinence dudit investissement.
Un bon investissement n’est pas souvent un investissement rationnel.
En décembre 2022, lorsque j’ai initié l’expérience des portefeuilles de l’investisseur de long terme, je n’ai pas réfléchi sur « le bon moment » pour ouvrir les deux comptes titres et commencer à acheter les premières actions et ETF.
Je l’ai fait. Pourtant, de manière rationnelle, il y avait de nombreuses raisons qui auraient dû m’encourager à attendre un meilleur moment.
Aujourd’hui, avec 7 mois de recul, je me dis au contraire que j’ai eu le nez fin – rassurez vous, ce n’est que du hasard 😉
Idem en 2019. Je voulais investir dans l’ORÉAL depuis très longtemps. Cependant, je trouvais que le cours était toujours trop cher… donc, j’attendais le bon moment qui ne venait jamais. Mais, un jour, j’ai craqué. J’ai passé mon ordre d’achat et je suis devenu actionnaire de cette magnifique entreprise.
Aujourd’hui, avec 4 ans de recul, je me dis au contraire que j’ai eu le nez fin – rassurez vous, ce n’est que du hasard 😉
Idem en 2016 lorsque j’achète ma résidence secondaire. À l’époque, le marché immobilier est totalement dégradé, c’est la crise. Pourtant, on a envie d’acheter une résidence secondaire, non pour investir et valoriser notre patrimoine, mais pour le plaisir d’avoir une résidence secondaire et d’offrir des souvenirs à nos enfants.
C’est un projet un peu dingue, mais on le fait parce qu’on a envie de le faire et ça nous fait plaisir et c’est déjà pas mal. Résultat, 7 ans plus tard, c’est probablement notre investissement le plus rentable. La plus-value est exceptionnelle et surtout le bonheur de mes enfants est total.
Aujourd’hui, avec 7 ans de recul, je me dis au contraire que j’ai eu le nez fin – rassurez vous, ce n’est que du hasard 😉
Quel talent ! Je suis vraiment un génie de l’investissement 😉
En réalité, je m’aperçois que c’est souvent la même chose.
Le plus important n’est pas d’essayer de trouver le bon moment ou même de trouver l’investissement du siècle dont les critères rationnels en feront un excellent investissement à tous les coups.
Le plus important, c’est de faire. Vous trouverez toujours des éléments rationnels qui vous empêcheront de prendre la décision d’investissement. Mais, celui qui fait, celui qui réussit à prendre une décision, même si ce n’est pas toujours la meilleure, se donne les moyens de créer de la valeur, contrairement à celui qui attend éternellement le meilleur moment qui ne vient jamais.
Ce n’est jamais le bon moment pour investir. Pourtant, à long terme, c’est celui qui investit alors que tout explique que ce n’est pas nécessairement le bon moment qui se construit un patrimoine.
Et, si vous écoutiez votre intuition ?
L’intuition est une forme de prise de décision étonnante tant elle vous permet de prendre des décisions qui semblent irrationnelles et qui s’avèreront parfois excellentes. L’intuition permet de prendre une décision malgré la complexité d’un système. On ne peut l’expliquer de manière rationnelle.
En réalité, l’intuition est le fruit de l’expérience de la vie, de cette accumulation de savoir, de connaissance et cheminement intellectuels qui vous conduisent à prendre une décision sans être réellement capable de l’expliquer de manière rationnelle.
Une intuition qui vous implique. Une intuition qui vous oblige à vous poser les bonnes questions, à réfléchir, à vous investir dans la prise de décision. Écouter son intuition suppose de beaucoup travailler sur votre projet d’investissement.
Un travail qui vous évitera de faire n’importe quoi et de prendre une décision passivement parce qu’un commercial vous explique qu’investir dans un bien immobilier neuf en PINEL à Montauban est une bonne idée, alors même qu’au fond de vous, vous savez que c’est une mauvaise idée.
Celui qui souhaite suivre son intuition, doit travailler son projet, visiter la ville dans laquelle il veut investir, essaie de comprendre le marché. Ce travail préalable à la prise de décision fondée sur l’intuition lui évitera de prendre une mauvaise décision. Il ne prendra peut-être pas la meilleure décision, mais il évitera de faire les plus graves erreurs.
Une intuition qu’il vous faut suivre lorsqu’il s’agit de satisfaire vos projets de vie. Vous le sentez, vous savez la direction que vous devez prendre. Vous ne pouvez l’expliquer, mais vous le savez (et si vous vous plantez, ce n’est pas grave, car le chemin parcouru vous aura permis d’apprendre et d’avancer). Certains « sentent » qu’ils doivent lancer leur entreprise dans tel ou tel secteur, ils ne savent pas toujours l’expliquer… mais ils savent que c’est une bonne décision.
Une intuition qui est en réalité le fruit d’un travail immense. Mais, une intuition dont il faut se méfier lorsqu’on y met trop d’émotion et qui devient un dogme. Il ne faut pas confondre avec une intuition et agir avec certitude.
L’intuition reste un vague sentiment, une impression qu’il convient de traduire en décision. L’intuition n’est pas certitude. Il faut l’accepter et intégrer cette incertitude dans votre process de décision.
Intégrer l’incertitude qui entoure l’intuition dans votre process de décision vous permettra d’avancer, de prendre une décision, mais de le faire avec mesure et modération. C’est le secret. Faire, avancer, prendre une décision, mais toujours le faire en prévoyant un plan B.
Le mieux est l’ennemi du bien.
Faire, même si ce n’est pas parfait, sera toujours préférable à l’attentisme. Vous ne prendrez jamais la meilleure décision, mais prendre une décision, agir, faire vous permettra d’avancer.
Écouter son intuition est probablement une excellente idée… et surtout, arrêtez d’attendre le bon moment qui ne viendra jamais.
