Lentement mais surement, les taux d’intérêt augmentent. signe des temps ou fin d’une période bénie, l’argent se fait plus rare, les banques doivent recapitaliser leur fonds propres, les risques sont davantage pris en considération… le coût de l’argent augmente progressivement, sans que l’on ne puisse rien y faire.

 

Comment les taux d’intérêt des emprunts d’État sont ils déterminés.

Les taux d’intérêt sont déterminés autour de trois points :

  • Le taux court terme déterminé par la banque centrale européenne. Il s’agit du taux de l’argent au jour le jour.
  • L’inflation anticipé sur la période.
  • Le risque de signature. c’est à dire la prise en compte du risque de non remboursement du capital objet du prêt.

 

Le taux d’emprunt de l’état peut schématiquement être présenté comme le taux d’emprunt court terme (défini par la banque centrale européenne), additionné des anticipations d’inflation sur la période de l’emprunt.

TAUX DE LA BCE + INFLATION ANTICIPÉE + RISQUE DE SIGNATURE (Risque de défaut de l’Etat) = TAUX D’EMPRUNT DE L’ETAT

Le TEC 10 est un indice calculé quotidiennement par interpolation linéaire entre les deux OAT les plus proches de la maturité exacte de 10 ans et d’un encours supérieur à 20 milliards de francs (soit environ 3 milliards d’euros). Il correspond donc au taux de rendement d’une OAT fictive de maturité exactement égale à 10 ans.

Depuis le début du mois de novembre, la mise en perspective de la crise de l’euro, la perte du triple AAA a pour conséquence une augmentation forte des taux;  Cette augmentation est d’autant plus importante que les taux de la banque centrale européenne sont faibles à 1,25%.

 

La hausse récente s’explique principalement par une meilleure prise en compte du risque de signature de l’Etat. Alors que ce risque était considéré comme absent, la récente évolution de la conjoncture a tendance à mettre en avant cette notion. La France possède toujours son triple AAA mais les marchés financiers anticipent très largement le changement de statut de la qualité de la note de la France.

 

L'évolution de l'indice TEC 10 depuis sa création en 1996

 

Comment les taux des crédits immobiliers sont ils déterminés ?

Ensuite, l’Etat étant réputé moins risqué que tous les autres agents économiques (particuliers ou entreprises), les taux d’intérêt proposés aux particuliers et aux entreprises est toujours fonction des taux de l’emprunt d’Etat, auquel on ajoute un risque de signature (risque de défaut du particulier ou de l’entreprise).

TAUX D’EMPRUNT DE L’ETAT + RISQUE DE SIGNATURE = TAUX D’EMPRUNT DES AGENTS ECONOMIQUES

Mécaniquement, l’augmentation de la prise en compte des risques conduit à une augmentation générale et structurelle des taux d’intérêt.

 

La fragilité des banques devrait conduire à une augmentation des taux des crédits immobiliers.

Les taux des crédits immobiliers étant indirectement fonction des taux d’emprunt de l’Etat, l’augmentation récente devrait avoir des conséquences sur le niveau des prêts aux particuliers et aux entreprises. Mais ce n’est pas tout, car  un taux proche de 3,60% reste un niveau historiquement très bas.

La santé financière des banques et surtout la nécessité pour ces dernières de maîtriser leur bilan devraient conduire à une raréfaction du crédit et donc à une augmentation des taux d’intérêt.

Pour faire simple, l’ingénierie financière mis en œuvre par les banques sur les marchés financiers, c’est à dire la capacité des banques à réaliser plus de bénéfices sur les marchés que via leur métier originel, bénéficie à tous les emprunteurs et permet d’obtenir des conditions de financement à des taux très faibles.

Par exemple, les taux des crédits immobiliers sont très proches des taux des OAT 10 ans : le ménage français s’endette à un niveau très proche du niveau d’endettement de l’Etat (+-0,30%) actuellement. Cette comparaison n’est pas logique et c’est l’industrialisation financière et la spéculation sur les marchés qui ont autorisés ce très faible différentiel.

En effet, lorsque les banques réalisent un prêt, deux solutions :

  • Soit la banque prête l’argent que les épargnants ont déposés sur les livrets et autres placements bancaires.
  • Soit la banque emprunte elle-même des fonds sur les marchés financiers. Cet argent fera l’objet de prêts aux agents économiques (particuliers et entreprises).

 

Avec l’industrialisation de la banque de financement et d’investissement, les banques pouvaient emprunter sur les marchés à des conditions très favorables. L’ingénierie financière des salles de marchés permettaient aux banques d’emprunter dans des conditions privilégiés.

La crise financière a pour première conséquence de remettre en cause cette ingénierie financière et les taux auxquels les banques empruntent sur les marchés ont tendance à augmenter, l’effet sur le niveau de crédit immobilier devrait se faire sentir sous peu.

Voici un graphique qui illustre les difficultés des banques pour assurer leur financement. On constate clairement de regain de tension depuis septembre 2011.

 

Ainsi, faute de pouvoir emprunter suffisamment de fonds sur les marchés, les banques doivent augmenter les dépôts bancaires afin de continuer à faire leur métier de prêteur. On constate depuis quelques mois une bataille des banques pour capter l’épargne sur les livrets, CEL, PEL …. Les banques commencent à se battre à coup d’offres boostées pour capter plus d’épargne des français.

Cette concurrence pour capter l’épargne a pour conséquence une augmentation des taux d’intérêt de l’épargne mais également du côté des crédits immobiliers. Plus les banques rémunèrent l’épargne bancaire, plus les taux des prêts bancaires devront être élevés.

 

 

Bref, la période ou l’argent coulait à flot semble bien révolue…

 

A suivre…