Tout est lié. Tout les évènements du week-end révèlent un peu plus le basculement vers une société nouvelle. Gérer son patrimoine, c’est savoir écouter la société, essayer de la comprendre afin anticiper ce qui pourrait se passer dans les prochains mois, prochaines années. Essayons de nous y atteler, même si le sujet est délicat.
C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter les évènements du week-end, ni plus, ni moins : Nous vivons en direct le basculement de notre société vers autre chose. Un modèle est en train de tomber sans que nous connaissions encore exactement la nature de celui qui est en train de naître.
Tout commence par ce lien évident entre le 49.3 sur la réforme des retraites et le césar du meilleur réalisateur reçu par Polanski. La marque des puissants ; l’autoritarisme au service de la puissance de l’oligarchie ; la scission qui se révèle de jour en jour entre la population et les puissants. Virginie DESPENTES vient d’écrire une tribune magnifique que je ne peux que vous encourager à lire, tout y est : « Césars : «Désormais on se lève et on se barre», par Virginie Despentes« .

« Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, les exactions de votre police, les césars, votre réforme des retraites. En prime, il vous faut le silence de victimes. »

Et après, vous vous plongerez dans l’indispensable lecture de King kong théorie, essai de la même Virginie DESPENTES dans lequel elle décrit déjà en 2006, ce que nous vivons là.
Tout cela existe depuis toujours. Mais ce qui est nouveau, c’est la scission, la révélation d’une situation qui n’est plus acceptée. La révolte des dominés. Nous sommes clairement dans le mouvement des #giletsjaunes qui se propage à toute la société.
La société entre en grève. Cela dure depuis novembre 2018, et les évènements s’accélèrent. Lorsque virginie DESPENTES termine son texte par ces mots :

« La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Nous n’avons aucun respect pour votre mascarade de respectabilité. Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d’imbéciles funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde. »

 
Elle ne fait qu’exprimer, dans son style si particulier, cette notion, que nous limitions à tort à la consommation, de grève comme je vous la présente depuis quelques mois. Cette question était même au cœur de notre stratégie d’investissement pour 2020 : « En 2020, les marchés actions chutent face à l’impuissance des banques centrales et la grève du consommateur« .
ps : Virginie DESPENTES évoque même la question de la narration. Une question, qui vous le savez m’est précieuse comme je vous l’explique dans cet article « [Réflexion] Bien gérer son patrimoine, c’est comprendre que la vérité n’existe pas ! Nous sommes narration« .
 
Ce n’est plus la grève du consommateur qu’il faut anticiper, c’est la grève générale. Nous vivons un moment de double mouvement parfaitement décrit par Karl POLANYI dans la grande transformation : Face aux attaques libérales qui détruisent le socle social de la société, le peuple se protège et s’engage dans un double mouvement afin de préserver la société de ces attaques du marché auto-régulateur. (cf »Le capitalisme néo-libéral dans l’impasse d’une économie encastrée doit être réformé (de force) ! »).
La société se révolte ; Elle entre en grève pour lutter contre la destruction du socle social imposé par la volonté d’imposer le marché auto-régulateur dans tous les pans de la société.
Le coronavirus participe également de cette révélation d’une société qui bascule. Non simplement une grosse grippe, cette crise sanitaire révèle la fragilité d’une mondialisation excessive qu’il est aujourd’hui indispensable de repenser. Cette crise sanitaire mondiale est tout simplement en train d’éteindre la croissance économique. La quarantaine Chinoise se transforme en quarantaine mondiale … et ce sont toutes les entreprises qui souffrent ; Les plus fragiles ne se relèveront pas et ce n’est pas la liquidité des banques centrales qui changera quelque chose.
La reprise de la production en Chine ne servira à rien, si les consommateurs ne peuvent plus consommer ou se déplacer (cf »La crise du coronavirus ne sera pas sans conséquences car l’économie est un système complexe irréversible).
Depuis des années, l’économie repose sur l’action des banques centrales et sur l’injection de liquidité, qui à l’instar de l’huile que l’on met dans un moteur, facilite la fluidité des échanges. Il ne sert à rien d’ajouter de l’huile lorsque le moteur n’a plus d’essence.
Le coronavirus est en train d’éteindre le moteur de l’économie. Ajouter de la liquidité ne sera d’aucune utilité. Les banques centrales n’ont plus le pouvoir. Que se passera t’il lorsque les marchés financiers s’en  rendront compte ?
Et cela d’autant plus que la grève générale se profile…
A suivre …
 
Nous ne sommes pas du tout « hors sujet » par rapport à nos questions habituelles de gestion de patrimoine. Nous ne faisons que prendre de la hauteur pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. Il est indispensable de faire ces parallèles pour comprendre ce qui est en train de se passer … et donc ce qui va se passer pour vos finances personnelles et votre patrimoine.