Finalement, la Hollande à volé l’actualité aux élections françaises

Lundi, après le résultat du premier tour de l’élection présidentielle française, les bourses européennes ont largement chuté. Il pouvait être tentant de placer la responsabilité de cette baisse sur la victoire de François Hollande, mais la principale raison de cette chute était plutôt à mettre à l’actif de la démission surprise du premier ministre hollandais, Mark Rutte. Ce pays, toujours triple A, éprouve quelques difficultés à satisfaire les critères de déficit budgétaire et les alliés du premier ministe (PPV, parti d’extrême droite) refusent désormais de nouvelles restrictions budgétaires. Cette raison n’est pas unique, on constate aussi une baisse de l’emploi en Chine, élément négatif pour la consommation intérieure, et plusieurs autres indicateurs macro-économiques européens (PMI manufacturier et des services) n’ont pas été très favorables. Les marchés sont donc devenus particulièrement nerveux et assez volatils, et nous allons expliquer ici les raisons de la pérennité de cette tendance sur le court terme.

 

La victoire de François Hollande est-elle dans les cours?

Revenons rapidement à l’impact de l’élection française. Beaucoup d’investisseurs se posent la question de l’influence sur les marchés de la victoire de F. Hollande. (est-ce déjà dans les cours ?). Essayons de répondre à cette question, de façon pragmatique et technique, en esquissant une stratégie à 3/6 mois. Sa victoire n’est plus une question, (il suffit de regarder les paris des bookmakers (1/5) ! et les sondages),-comme les législatives eu égard au grand nombre de triangulaires imposées par le Front National à l’UMP- seule l’importance de l’écart se pose, avec des effets différenciés pour le marché. Une victoire importante, au-delà de 10 points d’écart, pourrait ainsi rendre craintif le marché, car cela signifierait implicitement une marge de manoeuvre politique élevée qui pourrait, au moins à court terme, être interprétée comme synonyme de laxisme budgétaire. Il y aura certainement un effet psychologique qui pourrait aussi toucher toute l’Europe risquant de considérer cette élection (cf commentaires de The Economist) comme un facteur de déstabilisation. Aussi, le marché pourrait sur cette semaine continuer à faire du yoyo, mais dès la fin de la semaine prochaine, le retour à un cadre défensif s’impose. Si on se trompe, on aura facilement l’opportunité de changer de stratégie, mais il vaut mieux être prudent !

 

 

Prise de conscience quasi généralisée de la nécessité de la croissance.

Au-delà du court terme, quel credo peut on avoir ? Ce qui nous semble intéressant est la modification des comportements sur le plan européen. Nous avons souvent exprimé dans cette lettre notre scepticisme quant à la conduite des affaires européennes. Pour faire simple, et le cas des Pays-Bas en est une parfaite illustration, (pourtant pays crédible, surtout lorsque l’on boit du lait pendant le déjeuner !), nous n’avons jamais compris la faisabilité de la réduction des dettes par le biais de la rigueur. Oublier la nécessité d’ajouter au traité des objectifs de croissance est une faute économique. On peut rétorquer que la croissance ne se décrète pas, mais une organisation politique peut et doit se donner les outils et les moyens pour que les agents économiques parviennent à cet objectif. Ce sera l’enjeu des trois prochains mois. C’est court, mais il n’y aura pas d’état de grâce.

Vers une nouvelle feuille de route pour la construction européenne.

On en revient alors au score du résultat des présidentielles. Le plan de route de F. Hollande est un peu plus clair et évidemment il aura plus de légitimité s’il est confortablement élu. Personne ne pourra fermer la porte à la deuxième puissance européenne, à la base de sa construction et de la plupart de ses avancées. Schématiquement, dans le mémorandum qu’il va remettre aux européens le lendemain des élections, il va chercher à imposer des relais de croissance et surtout, vient-il de le rappeler, la création des euro-obligations et l’intervention de la BEI pour financer des programmes d’infrastructures à l’échelle européenne. Vu l’état des pays du Sud, ces derniers, même opposés politiquement, devraient soutenir la position française. Aujourd’hui, c’est d’ailleurs l’Espagne, qui vient à nouveau d’être dégradée par S&P de deux crans avec mise en perspective négative (de A à BBB+). On va donc rentrer dans un cercle vicieux, hausse des taux, d’où accroissement du poids de la dette (le taux espagnol prend 12 bp de hausse ce matin à 5,91%, comme l’Italie (+7,5bp) et la France (+2bp). Très clairement, on voit que ces deux pays pourraient être les prochaines cibles des agences de notation.

 

Des voix discordantes apparaissent au sein de la CDU allemande qui va commencer à intégrer la possibilité de perdre les élections début 2013 si elle reste sur la position de Mme Merkel. Les avancées de cette semaine de Mario Draghi pourraient aussi expliquer ce changement de stratégie (acceptation plus ou moins avouée de la nécessité de la croissance avec aussi l’exigence de réformes structurelles).

Évidemment, ces modifications ne vont pas se faire d’un coup de baguette magique, il y aura de vives discussions, mais des avancées de ce type rendront plus difficiles des mouvements spéculatifs et ce sera la seule façon de défendre le niveau de nos taux d’intérêt.

 

Lancement d’un grand emprunt et arbitrages financiers

Autre sujet qui peut impacter les stratégies investissement à court terme. L’hypothèse d’un grand emprunt lancé par le nouveau gouvernement pourrait déplacer certaines liquidités et certaines compagnies d’assurance s’inquiètent d’éventuels retraits des fonds euros (d’où reviennent des bruits de mettre en place des freins à la sortie). De toute façon, l’équation du nouvel emprunt est simple : il faut offrir un rendement attractif, donc nettement supérieur à 1,75 (valeur actuelle du taux à 5 ans). On peut même considérer que pour être très attractif ; ce taux ne saurait être inférieur à 3%, taux moyen d’un corporate (ce fut la base de comparaison de l’emprunt Balladur lancé en 1993 à 6%). Cet emprunt, au départ de 40 Md€ avait rapporté à l’époque 110 Md€ aux caisses de l’Etat. C’est donc cette hypothèse qui pourrait entraîner certains arbitrages, en raison aussi d’une nouvelle politique fiscale encore peu claire sur les produits financiers.

Le « stock picking » est de retour

Du côté des publications des entreprises, on assiste à une grande volatilité des résultats et la qualité du stock picking dans la gestion redevient un élément important. Les déceptions se paient cher le jour des publications, on l’a vu avec Alcatel (-16,7% !), Mobistar (-13.7%) et les bonnes nouvelles sont saluées, mais dans de moindres proportions, signe d’un marché plutôt nerveux et qui peut s’orienter à la baisse, Boeing,(+5,3%) et PPR (+4,85%).

 

Prudence en fin de semaine prochaine !

En conclusion, la période qui s’ouvre sera très intéressante avec des enjeux politiques, économiques, et sociaux cruciaux. Nous devons entrer en France et en Europe dans une gouvernance nouvelle avec un contexte économique incertain. La stratégie du pire ne doit pas être jouée, mais on devra rester prudent. La réaction du marché aujourd’hui est signifiactive de la nervosité/ volatilité, mais on constate (et c’est plutôt positif) que la dégradation de l’Espagne ne pèse plus sur le marché, comme si ce dernier disposait de force de rappel à un certain niveau. Notre orientation est donc claire, nous continuerons pendant encore quelques jours à surfer sur cette reprise technique qui nous semble avoir encore du potentiel pour entrer en stratégie plus défensive en fin de semaine prochaine. Bref, vive la flexibilité !

 

 

 

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