Les banques vont elles continuer leur suicide collectif encore longtemps ? Les taux des crédits immobiliers s’effondrent, on annonce ce matin un minimum à 1.05% sur 15 ans, moins de 1.30% sur 20 ans … C’est la folle débandade, la grande braderie sur les taux des crédits immobiliers (cf »tendance des meilleurs taux de crédit immobilier actuels« ).
L’argent gratuit coule à flot pour le bonheur des emprunteurs, de ceux qui renégocient pour le deuxième voir même la troisième fois le taux de leur crédit immobilier ou de ceux qui veulent investir dans l’immobilier mais ne sera pas sans dommage pour les marges des banques.
Un jour ou l’autre, les banques (du moins les plus petites) se rendront peut être compte que proposer des taux si faibles est probablement une bonne solution pour occuper ses salariés mais une très mauvaise opération du point de vue de leur marge d’intérêt et des bénéfices futurs.
Les banques vont commencer à payer les conséquences des taux de crédit immobilier trop bas et voient leur chiffres d’affaires baisser !
Les premiers signes commencent à se faire sentir et pourrait être un premier appel à la vigilance sur la durabilité des taux bas pour les candidats emprunteurs.
Ce premier signe pour comprendre pourquoi cette grande braderie sur les taux de crédits immobiliers au plus bas pourrait ne pas durer éternellement c’est l’analyse des résultats de trimestriels en baisse de 10.5% du groupe BPCE (banque populaire caisse d’épargne) .
Trois lignes ont attiré notre attention :
– Développement soutenu des encours de crédits en hausse de 4,2 % sur un an après deux années de progression supérieure au marché ;
– Baisse des revenus des métiers cœurs à 5,7 Md€ (- 3,1 %) : performances commerciales de la banque de détail limitant l’impact négatif des taux sur la marge nette d’intérêt et stabilité des revenus des métiers cœurs de Natixis ;
– Bonnes performances commerciales dans un environnement de taux bas et un contexte de marché difficile
Ce qu’il faut lire entre ces lignes « Les marges sur les crédits immobiliers baissent fortement mais cette baisse des marges est partiellement compensée par l’effet volume » ou « Les taux bas détruisent notre chiffres d’affaires, et l’augmentation du nombre de prêt n’est pas suffisant pour compenser cet effritement des marges. «
Dans un marché du crédit immobilier mature, c’est à dire un marché pour lequel la taille du gâteau n’augmente guère, les banques se sont lancées dans une stratégie suicidaire qui consiste à réduire fortement leur marge d’intérêt (différence entre le taux du crédit immobilier et le coût de l’argent pour la banque) en espérant compenser cette baisse de revenu par une augmentation forte du nombre des prêts.
Mais dans un marché mature ou le nombre global de nouveaux prêt n’augmente plus et pourrait même baisser avec le vieillissement de la population, cette stratégie agressive ne profitera qu’aux quelques gros acteurs de la place : Tout le monde ne peut augmenter ses parts de marchés dans un marché qui ne grossit plus !
Dans une telle situation deux solutions pour rétablir le chiffres d’affaires de la banque :
– Mettre fin à la tentative de suicide et chercher à augmenter les marges d’intérêt en augmentant les taux d’intérêt et luttant contre les renégociations de crédit immobilier ;
– Accélérer le suicide en baissant toujours plus les taux des crédits immobilier espérant que c’est le concurrent qui s’effondrera le premier.
Bonjour Guillaume,
Les banques perdent de l’argent sur les anciens crédits car la pénalité ne compense pas le baisse des produits financiers
par contre sur les nouveaux crédits la banque gagne beaucoup plus d’argent qu’avant l’OAT étant à 0.45% et en finançant à 1.80% la banque a une belle marge de 1.35%…
Et puis lorsqu’elle fait une belle offre de taux sur le crédit, elle demande des compensations.
l’assurance emprunteur (belle marge pour elle), les cartes de crédit, l’habitation, livret.
Tout ce panel de produit est beaucoup plus simple à vendre quand on l’impose que quand on doit jouer la carte du conseil ou que l’on est en concurrence.
En résumé la vente d’un prêt immobilier aujourd’hui, c’est surtout la garantie pour une banque d’arriver à vendre 3 à 4 produits additionnels sans forcément rentrer dans le détail des garanties ou donner des explications techniques.
Le client est demandeur et intéressé par un taux bas. Ils en profitent et augmentent ainsi leur part de marché sur les assurances en général.
pourquoi sinon ferait il 85% de part de marché sur l’assurance emprunteur avec des produits 2 fois plus cher et souvent de moindre qualité.
n’oublions pas que le crédit est un produit d’appel. selon moi leur calculs ne sont pas si faux. Il y quelques années les banques demandaient uniquement la domiciliation des revenus. aujourd’hui, Ils veulent TOUT….
Ca dépend du conseiller que vous avez en face.
Si le conseiller ne comprend rien et on lui demande de votre le produit, il applique la politique commercial
quand le conseiller est plus intelligent , il se dit je vais monter l’assurance emprunteur et le client va la défaire dans quelques mois autant ne pas s’embêter pour rien. mais la démarche de l’assurance emprunteur doit venir du client. Si le client ne propose pas une assurance externe, ca relève de sa responsabilité.
A l’époque, en effet c’était plus compliqué.
Je ne comprends pas cet article.
Si la banque prête à 1.5%, c’est qu’elle emprunte à 0.3%, sa marge est toujours la même.
Les banques ne font pas de cadeau, c’est même plutôt le contraire…
Non, le problème c’est justement qu’elles ne financent presque plus que de l’immobilier, et plus l’économie.
C’est plutôt de ça qu’il faut s’inquiéter.
Je lisais hier que si les taux n’étaient pas si bas, l’immobilier aurait perdu 6 points en 2015…
Voilà qui est inquiétant et la preuve que nous sommes en pleine bulle du fait des politiques aberrantes des banques centrales. Une fois de plus.
elle perd de l’argent sur le rachat de crédit, la pénalité de 6 mois ne couvre pas la baisse de taux.
Sommes nous dans une bulle ?
Quand on est secundo accédant, ça ne pose aucun problème on vend cher et on achète cher donc on paye cher que le différentiel de m2 mais en cas de primo-accession aujourd’hui ça risque d’être tendu en effet.
En cas de projection à long terme dans le bien qui correspond au besoin, le risque est limité même si les prix baissent de 20% ( la résidence principale n’est pas un actif comme les autres 🙂 )
Il y a un problème d’analyse sur cette question, si l’article s’intéresse au long terme. Un crédit immobilier se rembourse sur 10 à 25 ans, avec une durée moyenne proche de 19. La banque prête aujourd’hui à un taux record, tout en maintenant une marge – trop faible d’après vous, mais je pense que les directoires de ces banques sont mieux placés que quiconque pour juger si ce niveau est soutenable à l’horizon 18 mois ou pas. Je vous invite sur le plan des taux à vous enquérir des taux et conditions issus des derniers prêts réalisés et non des taux promotionnels. J’ai pu constater des différences collosales sur les chiffres laissés gracieusement par des contributeurs sur un site ad hoc. Mais le problème d’analyse vient d’ailleurs: on a dit qu’un prêt engageait sur environ 19 ans. Mais celui- ci n’engage pas que l’emprunteur. Il faudra que pendant 19 ans la Banque se refinance, en grande partie, sur le marché, avec une marge soutenable. La vraie question est donc qu’arrivera t’il si l’inflation repart vivement durant cette période? Un relèvement de tous les taux. Donc la Banque devra, sauf assurance externe pour couvrir le risque de taux, y être de sa poche, et dans des proportions gigantesques (taux d’inflation moyen sur 50 ans plus de 4%). Or, il a été dit que peu de banques se réassurent, sans doute parce que c’est trop cher. Et si c’est trop cher, c’est sans doute parce que le risque est trop fort. La réponse pourrait donc ne pas être connue même dans les directoires de nos grandes banques. Faudrait-il la poser à Christine? Plus haut? Il y a quoi, plus haut?…
La véritable difficulté est que les grandes banques ont construit leur bénéfice sur la marge d’intérêt du passé boostée aux taux bas. Au fur et à mesure que les taux d’intérêt baissaient, cette marge d’intérêt sur les crédit immobilier à taux fixe augmentait, favorisant un bénéfice confortable.
Cette marge confortable sur les anciens crédits autorisaient une moindre marge sur les crédits nouveaux.
Malheureusement, la chasse à la renégociation des crédits a totalement détruit cette marge sur les crédits anciens et la guerre commerciale intense depuis quelques mois continue de dégrader le niveau de marge d’intérêt. Nous devrions le constater dans les prochains mois dans les comptes de résultat des banques.
Il ne faut pas douter que les banques chercheront à reconstituer ces marges, soit sur la vente de produit annexe mais lequel… soit sur une augmentation progressive des taux d’intérêt. Cette dernière option me semble inévitable !
Tant que la BCE ne change rien ce qui risque de durer longtemps encore, il n y a aucune raison que la banque remonte ses taux. Une marge de 1,4% sur un emprunt 20 ans est plutôt correct. Tout en sachant que la durée réelle d un credit Immo est plutôt de 7 ans (revente etc etc) donc la banque a une marge encore plus eleve 🙂
Les banquiers des pleureuses comme d habitude..
extrait du communiqué du crédit agricole sur le bénéfice trimestriel 2016 :
« En France, toutefois, la banque de proximité LCL a dégagé un bénéfice net en baisse de 32%, à 85 millions d’euros, pénalisé par la faiblesse des taux d’intérêt malgré un redressement de la demande de prêts. »
En savoir plus sur http://investir.lesechos.fr/actions/actualites/credit-agricole-sa-benefice-en-net-recul-au-t1-la-simplification-de-la-structure-pese-1551443.php#3skGdeJFG1Y2Io3C.99
Guillaume,
j’ai pris le soin de relire le communiqué du Crédit Agricole.
la baisse du PNB est de 9,2% mais comme les frais fixes sont stables, çà peut impacter le modèle
Grossomodo, l’impact sur le PNB est de 85M€ sur le crédit habitat.^
Le pôle gestion d’actif , assurance gagne pas mal d’argent mais bon c’est le LCL qui vend les produits d’Amundi 🙂
il faut regarder l’activité dans son ensemble et non pôle par pôle.
A très bientôt
Sam
On en reparle dans 6 mois 😉
Guillaume
Vous pensez que la banque ne se couvre pas du tout ?
Ce couvrir contre la hausse future des taux d’intérêt est une chose… mais rogner sur ses marges à ce point sans réduire le coût de fonctionnement ne me semble pas durable.
Cher Guillaume
Je lisais un article qui disait que la marge est meilleure qu avant mais que le problème pour les banques étaient les renégociations qui sont des éléments non récurrents qui vont impacter le pnb sur une année ou deux.
La marge à 1,4 sur du CREDIT habitat est plutôt très confortable. On en reparle dans un an ou deux.
Je veux bien lire cet article. D’avance merci
C est noté Guillaume.
D apres un économiste la marge apparente sur le CREDIT habitat est de 40bps mais la gestion actif passif se fait de la marge qui est facturée à la filiale.. Et on ne connaît pas le retour sur fonds propres que la banque attend. J ai revu un graphe ce matin qui montre bien que cette marge apparente était très positive ( le graphe s arrêtait à 2011 :))
La banque utilise cet argument pour fermer des agences et regrouper dans des endroits plus centraux…
Il est à fait compréhensible que les banques cherchent à soigner leur chiffre d’affaires, mais si elles le font au détriment des emprunteurs, le secteur risque d’en pâtir.
http://www.agefi.fr/asset-management/actualites/hebdo/20151210/en-janvier-marge-d-interet-apparente-etait-144927
Il a oublié la facturation de son service actif/passif 🙂
http://www.agefi.fr/asset-management/actualites/hebdo/20151210/credit-habitat-marges-bancaires-comprimees-144937
Mon cher Guillaume
Voici le graphe de marge d intérêt compare à l Oat depuis 2004 qui s arrête en 2011 mais on voit que la marge en 2004 est équivalente a 2011.
La banque risque de connaître encore quelques difficultés sur son pnb elle gagnera moins d argent sur les deux prochaines années mais la vague de renégociation arrive à terme et le client restera captif pour une longue période.
Vous n’avez à mon sens pas mis en lumière le risque principal induit par des taux bas.
Un jour, les taux remonteront et s’ils remontent rapidement alors la perte de marge d’intérêts sera très forte sur les prêts souscrits à des taux très bas et deviendra même probablement négative.
En effet, je détaille pour les non initiés : une banque se refinance au moment de l’octroi du prêt mais pas sur la maturité totale du prêt. A l’accord du prêt et les premières années, la marge est toujours positive quelque soit le niveau des taux. Exemple, si la banque prête à 2% sur 20 ans et qu’elle se refinance à l’octroi à 1% sur 5 ans, il n’y a pas de problème de marge les 5 premières années. Par contre, si 5 ans après, les taux sont remontés et qu’elle se refinance à 2% alors là la marge est nulle. Elle peut même devenir négative si elle se refinance au delà de 2%.
Ceci sera une catastrophe pour les banques et se traduira par une accélération des plans d’économies qui sont déjà initiés dans la banque de détail (notamment les fermetures d’agences). En effet, tous les emprunteurs conserveront leurs prêts à taux bas et ne feront aucun remboursement anticipé car il sera plus judicieux de placer son épargne en cas de remontée des taux.
La baisse actuelle de marge d’intérêts constatée ces derniers mois est d’autant plus alarmante que :
– l’effet taux n’est pas encore sensiblement négatif sur les crédits. Il l’est par contre sur l’épargne et notamment l’épargne réglementée
– la marge inclut encore actuellement les pénalités de remboursement anticipé, dont les montants sont considérables compte tenu de la hausse des rachats de prêts induits par les baisse des taux
– Tout le monde n’a pas refinancé ces anciens prêts pour bénéficier de la baisse des taux, ce qui augmente la marge actuelle des Banques sur certains crédits ; prenons l’exemple d’un particulier qui n’a pas refinancé son crédit immo octroyé à 4% pour 20 ans il y a 5 ans : si on suit le même exemple que ci-dessus, alors la marge augmente lorsque la banque se refinance au bout de 5 ans car les taux de refi ont baissé.
Bref, vous allez voir ce que cela donnera dans quelques mois/années lorsque cela commencera à remonter. L’impact sera d’ailleurs exponentiel : plus les taux resteront bas longtemps, plus le poids des crédits à taux bas sera important et donc plus la perte de marge sera significative. Il faut s’attendre à une destruction massive d’emploi dans la banque de détail pour conserver la rentabilité (moins de PNB implique de réduire les charges), d’autant que l’utilité des agences est clairement remis en cause aujourd’hui. En effet, la fréquentation est largement en baisse, mais le plus « drôle » si je peux m’exprimer ainsi, c’est que cette fréquentation a été dopée ces deux dernières années, notamment par les renégociations/rachats de crédit. Sans cela, la baisse aurait été encore plus conséquente.
Certaines banques ont d’ailleurs commencé à réduire leur réseau d’agences (BNP en a supprimer plusieurs centaines ces trois dernières années), la SocGen et le LCL ont fait des annonces en ce sens. Seuls les mutualistes (Crédit Agricole, Banques Pop, Caisse d’Epargne, Crédit Mutuel) n’annonce rien pour le moment mais ils devront s’y atteler comme les autres, sauf que contrairement aux Banques privées (BNP, SocGen, LCL), ils devront traiter la dimension politique de ces fermetures. Je lisais d’ailleurs un article ces derniers mois qui présentait l’industrie bancaire comme la sidérurgie française d’il y a quelques années
Enfin, vous citez le Groupe BPCE. Sachez qu’au lendemain de la publication de votre article, les Caisses du Crédit Agricole ont battu le record de France avec -11,4% de marge d’intérêts alors que les encours de crédit augmentent de 3%
Merci pour ce complément et cette analyse très pertinente.
Pour ce qui est de la marge d’intérêt du crédit agricole, je l’ai lu le lendemain de la publication de l’article et cela corrobore totalement avec l’analyse.
Merci Aurélien pour cette analyse très précise.
Si la banque se finance sur 5 ans c’est que la durée moyenne de détention du crédit n’est pas de 20 ans mais plutôt de 7 ans. sinon elle se couvrirait sur la totalité du crédit pour fixer sa marge. On aurait donc un crédit et une couverture.
Oui j’ai déjà vu ce chiffre de détention moyenne qui me semble être l’estimation basse.
En regardant ce point, j’ai trouvé que meilleurtaux.com estimait celle-ci entre 7 à 9 ans en février 2014 (http://www.lemonde.fr/immobilier/article/2014/03/31/rembourser-un-credit-de-facon-anticipee-ce-qu-il-faut-savoir_4393126_1306281.html), et entre 8 et 10 ans en juillet 2015 (http://www.meilleurtaux.com/credit-immobilier/actualites/2015-juillet/5117-choisir-la-duree-de-remboursement-ideale-pour-son-credit.html) ce qui me semble plus proche de la réalité.
Reste à savoir si l’allongement de la durée moyenne est une tendance. Pour ma part, je pense que les emprunteurs à taux très bas vont garder leurs prêts plus longtemps, d’autant plus si les taux remontent violemment ou si le scénario d’éclatement de bulle immobilière cher à l’éditeur de ce blog se concrétise (bien que j’en doute fort mon cher Guillaume ;o) mais ce n’est que mon avis)
Au passage, merci pour ce blog, pour la fréquence et le contenu des articles
Bonsoir Aurelien
Je ne suis pas un spécialiste de la banque mais le lien entre moins de pnb sur le CREDIT et fermeture d agence est un moyen pour licencier du personnel pour que ça passe.
Pour de la résidence principale il est lie a l évolution familiale ( mariage divorce enfants etc ) et non au fait de détenir un CREDIT à taux bas, pour du locatif vous avez raison la durée est plus longue peut être.
Un emprunt amortissable sur 20 ans équivaut à un in fine 10 ans donc même à 9 ans ca doit être pas loin d un CREDIT 5 ans.. Je m amuserai à recalculer ça 🙂
Un autre article sur le lobbying autour de Bâle 3 contredit la banque.
Bâle 3 propose aux banques de proposer des taux variables pour sortir ce risque avec un apport personnel un peu plus eleve mais aucune banque française ne veut ils veulent garder les emprunts à taux fixe. Pour quelle raison ? A mon humble avis c est que le taux de défaut sur le CREDIT est très bas et que ca reste interessant..
Bâle 3 propose de rehausser les fonds propres sur le CREDIT accorde mais la banque ne veut ? C est pour doper le rendement des fonds propres et me verser un dividende en hausse… ( nb j ai des actions bnp :))
Bonne soirée mais je pense qu un banquier est une pleureuse par nature il veut toujours plus 🙂
Comme toute entreprise, pour maintenir une rentabilité alors que les revenus sont en baisse, il faut diminuer les charges. Les agences coûtent très cher aux Banques (j’ai lu un jour 1 M€ par mois par agence en moyenne si l’on prend tous les coûts immobilier, mobilier, moyens humains, etc.) et ne rapportent plus autant qu’avant et ne sont plus considérées comme très utiles par les clients sauf dans de très rare occasion. Personnellement, je préfère souscrire un prêt immo en ligne plutôt que de voir (plusieurs fois) mon conseiller tentant de remplir les formulaires en ma présence (et qui a bien du mal, véridique) car il n’y a aucune valeur ajoutée.
L’érosion du nombre d’agences va se produire dans les réseaux coopératifs/mutualistes mais sans effet d’annonce comme dans les banques privées comme SocGen et LCL (BNP, elle l’a fait en toute discrétion en fermant 10% de ses agences ces trois dernières années, cf. la présentation des résultats 2015). En effet, et Pérol l’a dit à l’occasion des résultats du T1 de BPCE, les banques vont profiter des nombreux départs à la retraite pour ne pas renouveler une bonne partie des effectifs des agences.
La baisse de coûts ne sera pas forcément perceptible tout de suite car les banques doivent continuer à investir le numérique et le digital en contrepartie bien que nous soyons pas mal en avance sur les autres banques européennes en ce domaine. Qui plus est, elle doivent aussi faire face à une évolution exponentielle des coûts liés au réglementaire.
S’agissant de Bâle 3, je dirai une chose. Tout d’abord, la réglementation n’a que faire des spécificités des banques ou des us et coutumes de chaque pays. Ils pensent pouvoir faire appliquer des lois standards à tous, comme par exemple la séparation des banques de détail et de marchés alors que plusieurs pays européens ont des banques universelles. La réglementation ne veut pas non plus s’embarrasser avec les spécificités des établissements coopératifs/mutualistes pourtant très présents dans le monde. Le cas des crédit à taux variable est similaire. La plupart des pays appliquent ce type de taux parfois indexé sur des devises comme de CHF en Europe de l’est (et c’est catastrophique). En France, il y a très peu d’appétence pour le taux variable à part peut être en Alsace. Ainsi, si les banques françaises seraient ravies de proposer majoritairement du taux variable car cela serait moins risqué d’un point de vue marge d’intérêt (l’impact sur le taux de défaut reste à étudier), elles ne le feront pas car les français n’en veulent pas.
Ci après un extrait du discours du président de la banque de france à l’occasion de la publication du rapport annuel de l’acpr :
« À cet égard, je tiens à souligner que la politique monétaire de l’Eurosystème a eu globalement, en 2015, un impact positif sur la rentabilité et à la solvabilité des banques de la zone euro. La baisse des taux courts et l’aplatissement de la courbe des taux ont réduit la marge nette d’intérêt des banques, mais l’accroissement des volumes de crédit vient partiellement compenser le premier effet ;
la baisse des taux améliore la solvabilité et la qualité de crédit des emprunteurs, ce qui se traduit par une baisse du coût du risque. Les banques bénéficient enfin d’une réduction du coût de leurs émissions de dette, via
notamment le TLTRO.
Mais, il est vrai aussi que les taux bas prolongés peuvent affecter la rentabilité des secteurs bancaire et assurantiel »
Bonsoir Guillaume,
le gouverneur incite sur le ils peuvent affecter des secteurs bancaire et assurantiel. le dernier LLTRO a remis énormement de liquidté si les banques font du crédit.
Pour les assurances en effet les taux bas sont un vrai problème je vous l’accorde car ils doivent investir les fonds en obligations d’état avec des rendements à 0.50% et en cas de hausse de taux, il y’aura une moins value latente.
Pour les banques l’impact taux bas est moins important car la banque emprunte et prête à pas cher, peut être que la marge est plus serrée qu’avant . A ce jour, les banques cherchent à faire du crédit mais les entreprises en face prefèrent aller sur le marché obligataire. (il y’a quelques jours JC Decaux a emprunté à 7 ans à 1%..)
BNP Paribas prévoit un dividende en hausse l’année prochaine à 3.10 euros /action contre 2.31 cette année et 3.50 pour 2017 si la banque perdait de l’argent on le saurait 🙂
Le dividende 2017 (3.50 euros) est équivalent à celui de 2007 (3.23 euros) (donc d’avant crise)…
Ne pas oublier que nous sommes dans un cycle économique de stagnation sur du long terme; a priori toute économie rencontre cette phase sur une longue periode après s’être developper. on ne peut créer de la richesse indefiniment sans que les autres pays nous rattrappe. Exemple le Japon : cela fait combine d’année qu’il n’y a plus de croissance? en france, nous ne croissons quasiment plus depuis les années 80. C’est la déflation qui attend tous les pays developpé.
Une croissance forte et une inflation qui va avec c’est sans doute terminées.
Donc le risque de voir les banques étranglées par une reprise de l’inflation, j’ai encore du mal à y croire. et si c’était le cas elle compenseraientt les pertes de ce secteur par l’éventuelle reprise économique ( que plus personne n’attends).
Ne pas oublier que les taux ne sont pas si bas que ça. si vous avez une inflation à 1% et des taux à 1.5%, ça reste un coôt qui est plus élévé pour l’emprunteur que 10% d’inflation et 10.5% le taux de crédit, car les salaires n’augmentes pas plus vite que l’inflation. Il est pour moi éroné de dire que les taux sont bas relativement à l’inflation. bien au contraire.
Donc en tirant le trait : soit il ya inflation, donc il ya croissance donc ça rattrappe, soit c’est la stagnation et on reste comme ça.
cordialement
Cette analyse est aujourd’hui reprise dans les échos dans un sujet concernant les conséquences des taux négatif pour les banques, dont voici un extrait :
« Pour les banques, les marges d’intérêt sont des sources de revenu très importantes dans un environnement de marché toujours difficile. Si leur baisse se poursuit, l’augmentation des volumes de crédit pourrait ne plus suffire à compenser le manque à gagner. Certaines banques pourraient par ailleurs répercuter ce coût sur leurs clients en remontant certains taux de prêt, comme on a pu l’observer ponctuellement dans des pays comme la Suisse »
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211201940739-frederik-ducrozet-on-ne-peut-plus-ignorer-les-degats-collateraux-des-taux-negatifs-2020840.php?KOj8zfAlJH7hjhaT.99#xtor=RSS-39