Depuis quelques jours, les débats autour du #bitcoin se multiplient et nous assistons à un combat idéologique entre :

  • Les intellectuels et les donneurs de leçons (dont je fais partie) qui vous expliquent, avec l’arrogance de celui qui sait tout mieux que tout le monde, que l’explosion des prix du bitcoin n’est qu’une bulle spéculative qui explosera et ruinera les pigeons qui se sont laissés tenter par l’argent facile.
  • L' »homme de la rue » qui voit dans le bitcoin, le moyen de s’échapper de cette société dans laquelle il ne trouve plus de sens. Une sorte de début de révolution et de construction d’un nouveau monde dans lequel le pouvoir actuel serait remis en cause.

Et si l’homme de la rue avait raison ! Et si nous étions en train de construire les fondations d’une nouvelle norme sociétale. Bien évidemment, tout cela paraît totalement absurde pour le sachant du monde d’aujourd’hui et donc tous les médias mainstream… mais peut être que cette nouvelle norme sociétale paraîtra comme totalement normale dans 40 ans. Les utopies d’aujourd’hui ne sont elles pas les réalités de demain ? 
Le bitcoin n’est il pas la suite logique de la construction de la nouvelle civilisation vers laquelle nous semblons nous diriger progressivement ?
Le bitcoin n’est il pas la première étape vers autre chose que l’on ne peut pas imaginer aujourd’hui ? Pour reprendre le raisonnement de Yuval Noah Harari, ne sommes nous pas en train de construire une nouvelle fiction collective telle que sont la démocratie, l’argent, la religion, … ? C’est la question à laquelle nous devons répondre… et malheureusement à laquelle nous n’avons aucune réponse.
Le bitcoin analysé avec nos référentiels actuels révèle l’absurdité du modèle … mais analysé dans la perspective de la construction d’un nouveau référentiels peut s’avérer totalement cohérent.
Pour comprendre l’esprit de mon raisonnement, je vous propose un extrait du livre « Homo Deus » de Yuval Noah Harari :

Le sens apparaît lorsque quantité de gens tissent ensemble un réseau commun d’histoires. Pourquoi telle ou telle action – se marier à l’église, jeûner pendant le ramadan ou voter le jour des élections – me paraît riche de sens ? Parce que mes parents partagent mon opinion, tout comme mes frères, mes voisins, les habitants des villes voisines, et même les résidents de pays lointains Et pourquoi tous pensent ils ainsi ? Parce que leur amis et leurs voisins partagent ce même point de vue. 
Les gens ne cessent de renforcer mutuellement leurs croyance dans une boucle qui se perpétue d’elle-même. Chaque vague de confirmation resserre encore la toile du sens, de sorte que vous n’avez guère d’autres choix que de croire ce que croient tous les autres. 
Au fils des décennies et des siècles, cependant, la toile de sens s’effiloche, et une nouvelle toile se tisse à sa place. Etudier l’histoire, c’est examiner le tissage et l’effilochage de ces toiles, et constater que ce qui paraît le plus important aux gens d’une époque est totalement dépourvu de sens pour leurs descendants. 
En 1187, Saladin triompha de l’armée des croisés à la bataille de Hattin et conquit Jérusalem. En réaction, le pape lança la troisième croisade pour reprendre la ville sainte. Imaginez un jeune aristocrate anglais, John, quittant sa demeure pour combattre Saladin. A ses yeux, ses actions avaient un sens objectif. Il pensait que s’il trouvait la mort dans la croisade, son âme monterait au ciel ou elle goûterait la joie céleste éternelle. Il eût été horrifié d’apprendre que l’âme et le ciel ne sont que des histoires inventées par les humains. John croyait de tout cœur que s’il arrivait en terre sainte, et si un guerrier musulman avec une grosse moustache lui fendait le crâne d’un coup de hache, il éprouverait une douleur insupportable, que ses oreilles résonneraient, ses jambes s’effondreraient sous lui, que sa vision s’obscurcirait, et que l’instant suivant il serait entouré d’une lumière éclatante, entendrait des voix angéliques et des harpes mélodieuses, que des chérubins ailés rayonnants l’inviteraient à franchir une magnifique porte dorée. 
John y croyait mordicus parce qu’il était empêtré dans une toile de sens extrêmement dense et puissante. Son tout premier souvenir était celui de l’épée rouillé de Henry suspendue dans la grande salle du château. Dans sa plus grande enfance, John avait entendu parler de grand-papa Henri qui était mort au cours de la deuxième croisade et qui reposait maintenant au ciel avec les anges, couvant du regard John et les siens. Les ménestrels de passage au château célébraient par leurs chants les vaillants croisés qui combattaient en Terre sainte. A l’église, John aimait regarder les vitraux. L’un deux représentait Godefroy de Bouillon à cheval, empalant sur sa lance un musulman au regard torve. Un autre montrait les âmes des pêcheurs qui brûlaient en enfer. John écoutait attentivement le prêtre, l’homme le plus savant qu’il connût. 
Presque tous les dimanches, s’appuyant sur des paraboles biens conçues et des blagues hilarantes, le prêtre expliquait qu’il n’y avait point de salue hors de l’église catholique, que le pape romain était notre Saint Père et que nous devions toujours lui obéir. Si nous tuons ou volions, Dieu nous expédiait en enfer ; mais si nous trucidions des infidèles musulmans, Dieu nous accueillerait au ciel. 
John venait de fêter ses 18 ans quand un chevalier débraillé se présenta aux portes du château. D’une voix étranglée, il annonça le nouvelle : Saladin avait défait l’armée des croisés à Hattin ! Jérusalem était tombée. Le Pape avait déclaré une nouvelle croisade, promettant le salut éternel à qui y trouverait la mort. Tout autour de lui, les gens avaient l’air sous le choc, inquiets, mais le visage de john s’illumina d’une lueur surnaturelle et il proclama « Je m’en vais combattre les infidèles et libérer la Terre sainte ». Tout le monde marqua un temps de silence. Sa mère décha ses larmes, serra John dans ses bras et lui dit combien elle était fière de lui. Son père lui donna un bonne tape dans le dos « Si seulement j’avais ton âge, fiston, j’irai avec toi. L’honneur de notre famille est en jeu : Je suis sur que tu ne nous décevras pas. « 
Deux de ses amis annoncèrent qu’ils partaient eux aussi. Même son ennemi juré, le baron de l’autre côté de la rivière, vint lui souhaiter bonne chance. […]
Quand l’armée finit par débarquer en Terre sainte et livra bataille aux troupes de Saladin, John eut la stupeur de découvrir  que même les méchants sarrasins partageaient ses croyances. Ils étaient certes un peu perdus, tenaient les chrétiens pour les infidèles et imaginaient que c’était les musulmans qui accomplissaient la volonté de Dieu. Mais aux aussi acceptaient le principe de base : Qui se battait pour Dieu et Jérusalem irait droit au ciel après la mort. 
De la sorte, fil après fil, la civilisation médiévale tissa sa toile de sens, attrapant John et ses contemporains comme des mouches. Pour lui, il était inconcevable que toutes ces histoires ne fussent que des fruits de l’imagination. Peut être ses parents et ses oncles avaient ils tort. Mais les ménestrels aussi dans ce cas, et tous ses amis, les filles du village, le prête si savant, le baron de l’autre rive,le Pape de Rome, les chevaliers provençaux et siciliens, et même les musulmans… Était il possible que tous fussent victimes d’un hallucination ?
Les années passent. Sous le regard de l’historien, la toile de sens s’effiloche, tandis qu’une autre se tisse à sa place. Les parents de John meurent, puis ses frères et sœurs, et ses amis. La mode n’est plus aux ménestrels qui chantent les croisades, mais aux pièces de théâtres qui racontent des histoires d’amour tragique. Un incendie détruit entièrement le château de la famille. Quand il est reconstruit, plus de trace de l’épée de grand papa Henry. En pleine hiver, un orage brise les vitraux de l’église, les nouveaux remplacent Godefroy de Bouillon et les pécheurs en enfer, mais le triomphe du roi d’Angleterre sur le roi de France. A l’université voisine, des savants déchiffrent des manuscrits grecs anciens, dissèquent des cadavres, et derrière des portes closes, chuchotent tranquillement que l’âme n’existe peut être pas. 
Les années passent. A la place de l’ancien château, se dresse aujourd’hui un centre commercial. A l’église, un vicaire désœuvré exulte de voir passer des touristes japonnais. Il leur explique longuement les vitraux ; Ils lui répondent par un sourire poli, hochant de la tête sans rien comprendre. … 
[…] Ainsi va l’histoire. Les gens tissent un toile de sens, y croient de tout leur coeur, mais tôt ou tard la toile s’effiloche ; Quand on se retourne sur le passé, on ne comprend pas comment on a pu la prendre au sérieux.
Avec le recul, partir en croisade dans l’espoir de rentrer au paradis semble relever de la folie pure.
Avec le recul, la guerre froide paraît plus insensée encore. Comment, voici trente ans, des gens étaient il prêts à risquer l’holocauste nucléaire à cause de leur croyance au paradis communiste ?
Dans cent ans, notre croyance à la démocratie et aux droits de l’homme pourrait paraître tout aussi incompréhensible à nos descendants. 

 

Et si le Bitcoin était à la base de cette nouvelle toile de sens que nous sommes en train de construire ?

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