Nous poursuivons notre exercice d’analyse prospective pour l’année 2021 avec les marchés actions. En 2021, l’exubérance irrationnelle s’empare des marchés actions et le prix des actions s’envole pour atteindre des niveaux de valorisation inexplicables.
L’investisseur de long terme devra alors lutter contre la tentation du jeu et ne pas oublier qu’investir dans une période d’euphorie spéculative n’est jamais très rentable à long terme.
En effet, dans le prolongement de cette vision optimiste que nous vous avons proposé dans cet article « En 2021, l’après Covid-19 ouvre de nouvelles perspectives économiques. C’est le retour de l’espérance« , il n’est pas impossible que les marchés actions s’envolent au-delà du raisonnable.
Le raisonnable, c’est la capacité des entreprises à générer des bénéfices et une valorisation des actions qui tiennent compte de ces multiples de bénéfices.
Malheureusement, dans ces périodes d’euphorie spéculative, l’exubérance irrationnelle laisse croire aux boursicoteurs que « cette fois-ci, c’est différent ». L’exubérance irrationnelle, c’est justifier la hausse des prix des actions par des facteurs nouveaux qui permettent d’expliquer pourquoi on ne doit plus se fier aux critères de valorisation ancestraux.
L’exubérance irrationnelle est une terminologie empruntée à Alan Greenspann qui expliquait en 1996 que les actions étaient entrées dans un niveau de valorisation excessive au regard des standards économiques. 1996 marquait le début de la bulle de l’économie de l’Internet qui explosa 5 années plus tard.
Le problème avec l’exubérance irrationnelle est qu’elle peut durer longtemps, très longtemps ou pas. 2021 va donc être une année particulièrement délicate pour l’investisseur de long terme qui aime investir lorsque les cours sont bas et qui ne sait donc pas spéculer alors que les marchés affichent de niveaux de valorisation qui sortent des standards.
Autant, il est facile d’investir massivement après une forte baisse comme nous l’avons observée en mars 2020 au début de la crise du covid-19, autant il est difficile d’investir sereinement lors des périodes d’euphorie spéculative.
Il faudra donc réussir à continuer à investir, car ne pas investir à long terme serait la plus grande erreur, mais essayer de ne pas tomber dans l’euphorie spéculative et la bourse casino. Cela ne va pas être simple.
1996, l’année de la première exubérance irrationnelle
Internet est une mémoire incroyable. Voici que nous pouvions lire dans un article publié dans Lesechos le 31/01/1997 :
« 1996, un millésime exceptionnel pour la Bourse de Paris
Retrouvant le dynamisme de 1993, la Bourse de Paris a gagné près de 24 % en 1996. La formidable hausse de Wall Street et l’afflux de liquidités ne sont pas étrangers à ce phénomène.
Rompant avec deux années de morosité, la Bourse de Paris a vécu à l’heure des records en 1996. Non contente d’afficher une progression de 23,71 % par rapport au 1er janvier après une perte de 17 % en 1994 et un exercice 1995 pratiquement stable, elle a battu des records historiques tant du point de vue des transactions que de la capitalisation boursière
[…]L’afflux massif de liquidités. Comme Wall Street, la Bourse de Paris a profité de l’arrivée de nouveaux capitaux, tant français qu’étrangers. Compte tenu de l’essor des fonds mutuels anglo-saxons, d’importants programmes d’achats ont ainsi été réalisés en France comme dans le reste de l’Europe.
Enfin, le marché parisien a été largement tiré par le fantastique « rally » opéré par la place new-yorkaise. Volant de record en record, Wall Street a ainsi franchi en peu de temps le cap des 5.000, puis celui des 6.000 points, sans jamais vraiment revenir en arrière.
Dans ce contexte déjà très positif, la Bourse de Paris a aussi profité d’une poursuite de la baisse des taux d’intérêt à court et à long terme. Pour le plus grand bonheur des valeurs financières, qui ont enfin relevé la tête en 1996 après deux années consécutives de descente aux Enfers.
La hausse appelant la hausse, les opérations financières ont donc de nouveau fait florès à Paris. La place a connu son meilleur millésime depuis près de dix ans en matière d’introduction, alors que le rythme des restructurations s’accélérait en fin d’année.
Cette recrudescence a d’ailleurs favorisé la tendance en fin d’année, même si, au final, l’indice CAC 40 n’est pas parvenu à renouer avec son record historique de 2.360,98 points enregistré le 2 février 1994, après l’avoir frôlé le 3 décembre.
Pour une majorité d’observateurs, un seuil primordial a toutefois été franchi l’an dernier: les échanges quotidiens dépassent désormais les 5 milliards de francs sur les actions.
Pour eux, c’est la preuve que la Bourse de Paris a atteint un niveau de maturité susceptible de garantir de nouvelles marges de progression.
A la fin de l’année 1996, il paraissait effectivement totalement déraisonnable d’investir tant les cours étaient élevés par rapport à 1987.
Il fallait être fou pour investir sur le CAC40 à la fin de l’année 1996. Voici la courbe du CAC40 réinvestis à fin 1996 :

Pourtant, à long terme, il s’agissait probablement d’une excellente idée d’investissement.
Voici la courbe du CAC40 dividendes réinvestis entre 1987 et 2020. En rouge, une droite de tendance à 8% par année.

L’année 2021 ne va pas être simple. Il va falloir continuer à investir, sans tomber dans le piège de la spéculation.
A suivre.
Mouais, avec le cac 40 dans le long terme, on est au même niveau actuellement ( 5400 pts), que en décembre 1999… 21 ans, et le même niveau du CAC…
et bcp plus bas que en 2000 et ses 6800 pts… et encore, ce n’est bien sur plus les mêmes entreprises qui composent le cac 40 depuis 2000…,
( certaines bien cotées en 2000 sont sorties du cac 40 et sont dans les profondeurs abyssales du classement, alors, celui qui a investi sur le LONG TERME dans de telles entreprises, je me marre…. )
il n’y avait que à prendre le point de départ de 1987, ( et ses 1000 pts), alors que l’auteur de cet article était ( presque… ) encore dans ses couches culottes.. 😉 pour dire que le long terme vaut le coup… ( pourquoi s’embarrasser des années 94 ou 96 ?????? ) . Tout le monde ( sans s’y connaitre le moins du monde )aurait pu faire aujourd’hui ce même constat : » vous auriez dû investir en bourse en 1987″ . Tout ça pour dire qu’on fait dire exactement ce qu’on veut aux chiffres ( surtout à postériori) . ( et je m’y connais, je le fait tous les jours.. 😉 )
Ce n’est pas le CAC40 qu’il faut regarder, mais le CAC40 Gross Return, c’est à dire qui tient compte des dividendes… et ça change TOUT (voir les graphes qui illustrent l’article) ! Ne regarder que le CAC40, c’est comme si vous investissiez dans l’immobilier uniquement pour la plus-value, sans tenir compte des loyers… sur 20 ans, à part à Paris et dans 4 ou 5 grandes agglomérations, vous seriez probablement très déçu du résultat ! D’autre part je ne pense pas qu’il faille se focaliser sur l’indice franco-français: il est évident que la France sous-performe et sous-performera les indices mondiaux. A mon sens, la granularité minimale pour investir en bourse c’est l’Europe (notamment l’Allemagne), mais on ne peut pas négliger le marché US ni les marchés asiatiques, notamment la Chine. Les entreprises du Cac40 (et plus généralement les entreprises françaises) ne doivent à mon sens représenter qu’une petite partie d’un portefeuille équilibré.
Encore une fois d’accord avec vous. Les entreprises françaises qui performent, dans le CAC, sont souvent celles qui font du benef à l’étranger. Et comme il n’y en a pas tant que ça…
La bourse française subit d’autres inconvénients : peu d’appétence pour l’investissement en bourse (voir commentaire de Thierry, qui me semble assez représentatif), l’effet province (Paris n’est pas New-York ou Londres), et les taxes (à part pour le petit porteur dans un PEA). On peut également citer le développement du hors côte, qui attire de plus en plus les investisseurs, au détriment de la bourse, …
Certes. En tout cas, je peux déjà vous dire que la multiplication par 13 en 33 ans du cac gross return, ( entre 1987 et 2020), on ne risque pas revivre ça :
En effet, si on multiplie cet indice par 13 entre 2020 et 2053, celà voudrait dire qu’on l’aura multiplié par 169 depuis 1987 ( 13 X 13).
Une mulplication par 169 en 66 ans, je n’y crois pas.
Et en admettant qu’on y arrive par pur miracle, et que l’on multplie encore cet indice par 13 entre 2053 et 2086, cet indice aura donc été multiplié par 2197 fois en 99 ans. ( 13 X 13 X 13 )Et là, on voit les limites de ce système.. Sérieux, vous croyez vraiment que ça peut continuer comme ça ?
Dans le CAC, il y a des entreprises comme orange, dont le cours a chuté en quelques années. C’est vous dire que d’autres entreprises ont progressé bien plus vite que la moyenne. Et comme par construction le CAC évolue au fil des capitalisations des uns et des autres, il n’est pas impossible qu’une ou deux entreprises à très forte croissance y entre un de ces jours.
On verra bien.
Tout à fait. J’ai ouvert mon PEA en 1999, puis un PEA-PME et un compte titre en 2016. Avec mon PEA, je me suis parti d’un CAC tournant autour des 6000 points (avec des actions Carrefour, Vivendi, et Orange au plus haut). De plus, j’avais fait l’erreur de débutant de ne pas lisser mes investissements. Avec l’age et l’expérience, je me rends compte que mes meilleurs coups étaient sur les actions Europe ou US, mais pas sur le marché parisien. Mis à part les 4 actions de bons pères de famille (Air Liquide, L’oreal, LVMH, Total), et à part quelques pépites (Nexity, Interparfum) et hors dividendes, j’ai peu ou pas performé sur le marché parisien. Les taxes sur les transactions financières sur les achats/ventes d’entreprises du CAC40, ET le PFU à 30% (une opportunité pour moi étant donné ma tranche d’imposition) sur les plus values de titre ont fini par me convaincre de délaisser quelque peu le marché parisien.
Bonjour
Suivre
Lorsque les taux réels sans risque sont négatifs, il est normal que les multiples soient historiquement élevés, et on ne peut pas dire que les marchés sont survalorisés, sauf bulles sur certains titres (par exemple TESLA)
Oui, mais cela signifie que l’on considère que les taux d’intérêt réels négatifs sont la nouvelle normalité.
Je pense que c’est le cas, même en cas de poussée inflationniste (probable après le déversement de liquidités par les banques centrales), les taux d’intérêt nominaux augmenteront, mais les taux réels resteront négatifs ou nuls tant que la croissance reste atone.
« Poussée inflationniste probable » => tellement probable que les précurseurs des QE, les japonnais, ne la connaissent toujours pas, l’inflation.
L’inflation est pour nos économies libérales néo capitalistes ce que le kérosène est à l’avion: le moyen de décoller.
Et il y a fort à parier que vous n’observiez plus jamais l’inflation tant attendue par nos chers économistes avant « résorption » des quantités astronomiques de liquidités injectées par les banques centrales sur près de 20 ans maintenant …
En fait, ce que vous allez probablement vivre, c’est le pire scénario envisagé par nos chers banquiers/politiciens, ce fléau contre lequel ils luttent à cor et à cri depuis tant d’années et dont la résultante ne fait qu’enfler.
Vous l’avez tous compris, ce qui nous attend à brève échéance c’est la déflation généralisée qui sonnera l’hallali du prétendu nouveau paradigme économique dans lequel émissions monétaires & créations de richesses seraient totalement décorrélées.
Méditons tous la-dessus car nous allons en avoir grandement besoin.
L’inflation existe bien. Pas sans les produits de consommation courante, mais dans l’immobilier, la bourse, tout autre actif … Il faut bien que l’argent gratuit aille quelque part.
Cher adnstep,
Nous avons déjà eu ce débat au sujet de l’inflation et de ses diverses composantes…
Il n’en reste pas moins que l’inflation se défini prosaïquement comme la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Il s’agit d’un phénomène persistant qui fait monter l’ensemble des prix, et auquel se superposent des variations sectorielles des prix.
L’inflation se distingue donc de la hausse du coût de la vie.
Cf. https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1473
Il n’en demeure pas moins qu’il existe quatre principaux facteurs à l’origine de l’inflation :
– L’inflation par les coûts
– L’inflation par la demande
– L’inflation importée
– L’inflation par excès de masse monétaire
Et c’est justement parce que l’augmentation des prix n’est pas générale, que l’on ne peut pas parler d’inflation.
Dans ce cas précis de flux massifs des agrégats monétaires vers une type de biens, on parle de BULLE …
Et c’est là où le bât blesse
En effet les politiques monétaires « accommodantes » de la FED et de la BCE ont créé « de l’argent gratuit », mais cet accroissement de liquidités ne participe pas comme prévu à la croissance du PIB avec un facteur de corrélation adéquat; c’est pourquoi on retrouve cette « monnaie fictive » dans les cours des actions, dont certaines sont des ghosts, dans l’appréciation de certaines matières 1ères, stratégiques ou pas et on se référera à l’accumulation de monceaux d’or par les banques d’affaires américaines pour s’en persuader, et dans l’appréciation de l’immobilier « all over the world » excepté le Japon…
Alors oui, il y a surabondance de liquidités, mais non nous n’avons pas d’inflation corrélée ce qui reviens à dire que tous nos actifs ont perdu de la valeur, et que cette tendance va s’accroitre au fur et à mesure de l’accroissement incontrôlé de l’actif circulant … Et ça, ça s’appelle la déflation.
Bonjour Jerôme,
Votre analyse très pertinente démontre une bonne connaissance des phénomènes inflationnistes, auxquels la plupart des économises ne comprennent rien.
Je suis en phase avec vous pour ce qui est de l’inflation importée et de l’inflation par les coûts.
les deux autres causes que vous évoquez m’interpellent d’avantage :
l’inflation par la demande.
Si effectivement les QE ne se sont pas traduits par une augmentation se la demande, c’est parce que l’argent en question est resté dans les circuits bancaires afin au départ de les sauver et d’éviter d’autres lehmann Brothers,.
Mais les les banques redistribuent tout de même cet argent sous forme de prêts au secteur privé créant ainsi de la masse monétaire, qui se retrouve dans les actifs solides au final.
Les QE ont vécu et c’est maintenant le tour de l’hélicoptère money, qui va mettre de l’argent dans la demande directement chez les plus pauvres qui vont le dépenser.
Il n’est cependant pas du tout certain que cela pris isolément, génère de l’inflation en provoquant une hausse des prix des produits de consommation.
le 4eme point, la masse monétaire circulante, est encore plus intéressant.
Si je comprends bien, vous calculez ici l’inflation comme le ratio entre le prix d’un actif sur la masse globale de monnaie ; plus la masse monétaire augmente, plus le ratio diminue.
Cela serait valable si l’on considère la monnaie dans son rôle traditionnel de réserve de valeur, mais on doit se faire à l’idée que cette fonction première est maintenant révolue.
la monnaie a maintenant une fonction première sociale, et la quantité de monnaie est décidée par les États, sans que cela influe sur sa valeur, dans la mesure où il n’y a aucune possibilité de fuite devant cette monnaie autre que vers les actifs (immobilier, or bitcoin… ) ce qui est très limité.
Pour être exact il y a tout de même les marchés financiers qui donneront un peu plus de marge de manœuvre, mais ceux ci comportent une majorité d’obligations qui elle aussi vont voir leurs rôles diminuer avec les taux zéro.
De mon point de vue, les meilleures chances d’un retour de l’inflation se retrouvent dans la croissance, qui si elle revient commencera par les USA.
Le concept (intéressant) de déflation que vous avancez devient alors théorique.
Un joli replis aujourd’hui. Le CAC est toujours à 5300. On peut espérer une baisse sous les 5000 peut-être jusqu’à 4800.
Entre les deux, si vous avez des sous dont vous ne savez pas quoi faire…
Bonjour ,
Sûr , il va y avoir des opportunités d’achat , avec hélas le troisième confinement qui pointe son « nez » et la perspective d’un virus Covid « mutant »
J’attends les 4600/4800 pour reprendre une p’tite fournée à 50 000 € investis sur l’Europe du Nord , la Chine et pays asiatiques .
Bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.
Max
Bonjour
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Bonjour,
Franchement, ça m’étonnerait que l’on revoie 4600. Même 5000 assez peu probable.
Il faudrait de gros ennuis sur le vaccin.
possible 5250.
Mais le plus vraisemblable, c’est 5850 si l’on passe les 5650.
Encore une fois au 4/01/2021 notre sage avait raison contre tous
Le blog parle beaucoup du CAC 40 mais il serait plus intéréssant de parler du secteur d’avenir qu’est la Chine, et comme investir dessus ? PEA via ETF ou CTO ?
Car l’europe à la traine va se faire larguer par l’emergence de l’asie et dans une moindre mesure peut-être des pays africains.
Même concernant les USA rien est serein.
Investir aujourd’hui sur le CAC40 n’est-il pas justement le pire des choix ?
Bonsoir, le Dax et le DJ viennent de passer des recors absolus. Le Cac est encore un peu en retard parce qu’il cale sur les 5600. Mais la logique voudrait qu’il franchise l à résistance des 5630 d’ici peu.
Ben ça m’arrange pas. Bon, heureusement il reste encore des oubliées comme orange.