L’édito hebdomadaire de Julien Bonnetouche –
Vous êtes lecteurs attentifs du blog et vous avez, nous l’espérons, saisi l’opportunité de vous positionner depuis les 6 derniers mois de 2023 pour partie sur les grands indices actions ( CAC 40, DJ, Nasdaq, SNP 500,) ainsi que sur des obligations longues ou des fonds obligataires datés.
La baisse des taux attendue pour 2024 a commencé dès la fin 2023 en ce qui concerne les taux longs. Les marchés anticipent.
Cette baisse des taux longs profite naturellement tant aux entreprises qu’à l’obligataire d’entreprise.
Mais il est temps de commencer une réflexion sur l’année 2024.
Soyez en certain cependant, les tentatives de prévisions sont toujours fausses et rien ne se passera vraiment, comme je vais essayer de le prédire ci-dessous !!
Même sachant cela, nous sommes bien obligés de faire des choix raisonnés.
Concernant les actions, on pourra remarquer que hormis le Nasdaq, les grands indices flirtent avec leurs plus hauts, l’indice technologique américain n’en étant encore qu’à quelques % encore en dessous.
Pour positionner le tableau général, essayons de répondre à la question suivante :
les marchés sont ils chers ?
Sur « boursophile.com » j’ai trouvé les PER moyen actualisé du CAC 40 :
( PER = combien de fois les bénéfices annuels on paye l’action)
- 24 sur les résultats passés publiés sur les 12 derniers mois,
- 20 sur les résultats qui sont en train d’être réalisés sur l’exercice courant.
Le PER TTM est le PER standard. Il est calculé à partir des résultats publiés les 12 derniers mois (TTM signifie Trailing Twelve Months). Vous le trouverez aussi parfois sur l’appellation PE Trailing.
Le PER forward est calculé à partir des résultats estimés de l’exercice courant. Le PER forward se projette donc vers l’avenir en anticipant les prochains bénéfices publiés. Toutefois, il se base sur des estimations qui n’ont pas la fiabilité des résultats déjà publiés !
Ils expliquent assez bien leur méthodologie de calcul plutôt compliquée, car toutes les sociétés du CAC 40 ne sont pas dans le même contexte de croissance. Ils excluent celles dont le PER est trop élevé ou trop bas par exemple.
20 à 25 en général cela relève des sociétés technologiques et/ou en forte croissance, pour les valeurs cotées dans notre pays.
Les PER moyens des sociétés classiques tournent autour de 10/12
Nous pouvons par conséquent dire qu’au niveau actuel, nous sommes plutôt dans le haut du tableau, l’indice commence à devenir cher.
Je n’ai pas réussi à trouver l’équivalent actualisé pour les indices américains, mais d’une manière générale, ils évoluent parallèlement au CAC, avec une tendance à l’acceptation d’un PER plus élevé globalement, surtout pour les valeurs du Nasdaq, ce qui les rend d’ailleurs plus spéculatives.
Les marges de manœuvres à la hausse pour les marchés actions sont par conséquent limitées avec deux moteurs qui dans l’avenir immédiat vont agir en sens contraire :
-La baisse des taux courts ( et longs) qui on le sait maintenant d’une façon certaine interviendra dès les 1er semestre 2024 aux USA ( mais aussi en Europe assez probablement au S2) ; Une baisse des taux qui rend acceptable des PER plus élevés ;
– La récession qui va frapper l’Europe dès le début de l’année, alors qu’aux USA ce n’est pas le cas. Une récession qui affecte la capacité bénéficiaire des entreprises et donc augmente leur PER à cours équivalent.
Le paradoxe (qui n’est qu’en apparence) vient de ce que ce sont les américains qui vont baisser leurs taux directeurs les premiers, alors que c’est en Europe que nous en aurions le plus besoin.
L’explication est multiple, les 2 banques centrales n’ont pas les mêmes objectifs dans leurs statuts, mais cela vient aussi de ce que les USA peuvent s’endetter en dollar sans problème, et privilégient toujours la relance économique, alors que les européens ont besoin pour cela de taux le plus bas possible, et donc d’une inflation la plus faible possible également.
Au vu de ce tableau, vous comprenez bien que la situation des marchés boursiers des deux côtés de l’atlantique n’est pas la même, et les indices américains sur le papier sont plus favorisés. Rien de nouveau en sommes.
Je pense néanmoins qu’il reste une marge à la hausse pour la première partie de 2024, en raison du découplage du CAC 40 vis-à-vis de l’économie européenne (les entreprises sont mondialisées) et que l’on pourrait grappiller quelques % encore avec le soutien de la baisse des taux avenir avant une correction inévitable.(sauf accident mondial majeur)
Toute pause ou report de la baisse des taux serait immédiatement très mal perçu par les marchés…
Cela dit, ça ne va pas monter au ciel.
Si nous avons une hausse des indices de 5 à 10 % par exemple en 2024, nous devrons penser à «alléger» nos positions actions. Nous verrons cela au fur et à mesure, en fonction du contexte.
Les plus prudents peuvent commencer à le faire.
En attendant, et tant que vous gardez des actions en portefeuille, il est mieux de privilégier les indices américains si vous ne l’avez pas déjà fait.
Gardez aussi les obligations bien sûr.