Dans cet article je vais tenter de vous convaincre de que les marchés actions ne sont pas trop haut pour investir. Je ne cherche pas à vous convaincre qu’il n’y a aucune chance que la bourse subisse une chute importante dans les prochains mois, mais qu’il est impossible de la prévoir. Par ailleurs, le coût d’opportunité d’essayer de la prévoir est très important.
Je développe ces arguments dans le livre « Créer et piloter un portefeuille d’ETF », mais en voici déjà quelques-uns.
 
 

1 – Est-on vraiment meilleur que le marché ?

Le premier élément de réflexion est tout simplement de dire que le prix en bourse, c’est-à-dire le marché est le résultat de l’intelligence collective de l’ensemble des gérants du monde. Ces gérants sont bien formés et travailleurs. Ils ont certainement aussi plus d’information que nous. Ils ont très probablement réfléchi à l’impact des politiques des banques centrales, la croissance en chine ou l’évolution du pétrole sur le prix des actifs boursiers.
Il est peu probable de savoir mieux que cette intelligence collective quel doit être le juste niveau du marché.
 
 

2 – Être au plus haut n’est pas une anomalie de marché.

Deuxièmement, on entend souvent que la bourse est à son plus haut. C’est probablement vrai. Mais ce n’est absolument pas un état anormal ! Dans le graphique ci-dessous, j’ai mis en grisé les périodes de plus haut de la bourse américaine depuis 1871 (dividendes inclus et vue logarithmique).
bourse-au-plus-haut
La bourse américaine a passé 30% de son temps à des plus hauts !
 

3 – Que se passe-t-il quand la bourse est à son plus haut ?

Comment définir le plus haut ? Le plus haut depuis le début de l’année ? Depuis 10 ans ? Avec un indice avec ou sans dividendes ? En prenant en compte l’inflation ou pas ?
Il existe beaucoup d’approximation sur le sujet lorsque l’on parle de plus haut ! À titre d’exemple, voyons ce qui se passe lorsque la bourse est à son plus haut, dividendes non compris, sur trois ans, bruts d’inflation. Cela me semble être ce que regarderait un investisseur particulier.
Depuis 1871, c’est arrivé à peu près une fois sur quatre aux États-Unis. Quelle a été la performance moyenne dividendes compris, nette d’inflation dans les douze mois suivants ? 8,6%, exactement comme les mois où ce n’était pas au plus haut !
Quelle a été la performance annualisée nette d’inflation d’un investissement mensuel sur les cinq années suivant un plus haut à trois ans ? 6,1% en annualisé. C’est moins que l’ensemble de la période (comprenant les plus hauts et les non plus haut).
Je ne vais pas nier qu’il y a un effet retour à la moyenne sur les actions. Ce qui a monté a plus de chances de baisser, mais l’effet n’est pas si fort et surtout il est largement atténué si l’on investit progressivement. D’ailleurs, si l’on fait un investissement mensuel sur les 10 ans années suivant un plus haut on arrive à une performance de 6,6% par an, contre 6,9% si on ne choisit pas les plus haut. L’écart se resserre encore.
 
 

4 – Oui, mais il faut regarder si la bourse est « chère » ?

Certains argumenteront que la technique du plus haut n’est pas la bonne, car elle ne permet pas de savoir si la bourse est chère. Il existe des indicateurs pour savoir si la bourse est chère (le PER, la capitalisation boursière divisée par le PIB etc.), mais c’est le Schiller CAPE qui fait le plus consensus. Il s’agit de la moyenne des bénéfices sur les dix années précédentes normalisés de l’inflation et divisé par la capitalisation boursière. Il a été inventé par le Prix Nobel d’Économie Robert Schiller.
Le problème c’est que définit si les marchés sont hauts même avec ce type d’indicateurs n’est pas aisé. Cela en dit plus sur ce que l’on aurait dû faire que sur ce que l’on doit faire.
Prenons un exemple, afin que ce soit plus parlant. Plaçons-nous, début 1995. La bourse est à un plus haut à 3 ans et le CAPE est a dépassé les 20. On voit clairement que sur le graphique qu’avant 1995, le CAPE n’avait atteint ce niveau qu’à de très rares occasions (notamment pendant la « bulle » de 1929). Le marché serait donc « objectivement » fou.
Que s’est-il passé par la suite ? Il a fallu attendre 2010 pour que le CAPE rebaisse en dessous de ce niveau. Sauf que le marché a été multiplié par plus de 3, soit 8% par an !
cape-ratio-us
 
 

5 – Le coût d’opportunité d’attendre une correction.

Beaucoup de gens veulent rentrer dans le marché sur une correction. Cela semble d’autant plus intéressant lorsque les marchés sont hauts. Des chercheurs se sont penchés sur la question, en partant des mêmes données que je viens d’utiliser. Il haut défini des marchés hauts lors que le CAPE déviait trop de sa moyenne historique (d’un écart type). Ils ont ensuite évalué le coût d’attendre une baisse de la bourse de 10%, plutôt que d’investir sans attendre cette baisse. Les calculs sont faits sur des périodes de trois ans, car ils estiment qu’un investisseur ne va pas attendre une correction indéfiniment avant de finalement investir. Les résultats sont les suivants :

  • Il y a eu 56% de chance qu’une correction du marché de plus de 10% ait lieu alors que le marché était « cher ».
  • Le coût d’opportunité de ne pas investir dans les 44% des cas où il n’y a pas eu de correction supérieure à 10% a été de 33%.
  • Le coût d’opportunité moyen a été de 8%.

Ils ont vérifié ces résultats en modifiant le niveau de la correction attendu (de 1 à 10%) et le délai pendant lequel l’investisseur était prêt à attendre cette correction (de 1 à 5 ans). Il existe toujours un coût d’opportunité et plus on attend longtemps une baisse significative plus le manque à gagner est important.
Au final, cela coûte bien plus cher d’attendre que d’investir. Ainsi, on peut débuter à n’importe quel moment, et a fortiori, si l’on investit progressivement et régulièrement. C’est une des grandes forces de cette méthode.
Aussi, encore une fois, je n’exclus pas que la bourse fasse -50% sur les six prochains mois. Chacun doit investir en sachant cela. À titre personnel, je n’exclus pas non plus que la bourse fasse X2 sur les quinze prochaines années.

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