Mais à quoi sert donc le Bitcoin ? A qui profite cette euphorie spéculative autour d’un pseudo « monnaie » avec laquelle il n’est pas possible de faire des achats sauf à accepter de payer environ 15€ de frais de transaction en moyenne ?
Selon le site Bitcoin.fr, dans un article publié hier, « avec des frais de transaction proches de 15 euros en moyenne, il parait évident que Bitcoin n’est plus (ou pas encore ?) un système de paiement destiné au commerce de détail. Ainsi pour payer moins de 1,5% de frais de transaction il faut aujourd’hui débourser au moins 1000€. On comprend mieux pourquoi certains processeurs de paiement (Coinbase par exemple) ne créent plus de nouveaux comptes pour les commerçants. »
Il y a deux manières d’analyser et de comprendre le phénomène Bitcoin :
- Pour ceux qui ont confiance dans la résilience et le pouvoir du système économique et monétaire actuel, le bitcoin est une tulipomanie de plus, un simple outil spéculatif à disposition de quelques spéculateurs amateurs qui croient pouvoir faire fortune sans effort. C’était là, notre analyse première. L’analyse superficielle accessible à tous ceux qui tirent leur pouvoir du système économique et monétaire actuel, de ce capitalisme financier qui permet une concentration du pouvoir et de l’argent entre les mains de ceux qui contrôlent le monde (et j’en fais partie, vous en faites partie, nous qui nous enrichissons sans rien créer grâce à la bulle immobilière, aux marchés financiers ou vous qui êtes « un col blanc qui ne produit rien » dans une « grande entreprise » qui tire ses profits (et donc votre salaire et votre bonus) de l’exploitation mondiale des opportunités offertes par le libéralisme financier).
- Pour les autres, ces idéalistes (ou ces réalistes ?) qui ne croient plus dans le système économique et monétaire actuel et qui sont convaincus de la nécessité de construire autre chose, le bitcoin est une « monnaie de guerre », une monnaie frappée par temps de guerre pour se donner les moyens de la financer. C’est d’ailleurs le récent propos Alan Greenspan lorsqu’il déclare en milieu de semaine dernière que le Bitcoin lui rappelle la monnaie continentale de 1775. Une monnaie fiduciaire qui fut déclarée monnaie légale par le Congrès Continental en 1775. Elle tire sa valeur de la quantité de billets de papier disponibles et de la demande pour ceux-ci plutôt que par le soutien d’une marchandise telle que l’or ou l’argent. Créez en 1775, mais devenue sans valeur en 1882, la monnaie continentale a permis à des patriotes comme George Washington d’acheter des armements et d’autres fournitures. Est ce que l’indépendance des Etats-unis de 1776 eut été possible, sans ce financement rendu possible par la monnaie continentale ?
C’est alors que le Bitcoin prend un toute autre perspective. Une perspective politique et historique.
Le bitcoin n’est il pas l’outil de financement de la construction d’autre chose ? Un autre idéal économique et monétaire ? La question centrale est alors de savoir à qui profite la spéculation sur le bitcoin ?
Acheter du Bitcoin en 2017, c’est céder à l’euphorie spéculative de l’argent facile … mais c’est surtout enrichir ceux qui vendent leurs bitcoins, enrichir leur créateur, enrichir ceux qui en possèdent la majeure partie qui disposent maintenant, grâce à votre argent, du véritable argent libellé en dollar qui leur permettra de financer leur idéal. (Il serait néanmoins rassurant de savoir quels sont ces idéaux que la spéculation finance, qui sont les créateurs, ces créateurs du bitcoin qui sont à l’origine de cette spéculation ?).
Celui qui s’enrichit grâce au bitcoin, c’est aussi celui qui réalise une ICO, qui permettra à la communauté des détenteurs de Bitcoins de financer des projets dont les fondamentaux sont en accord avec l’idéal politique des détenteurs de Bitcoins.
Oublions la théorie du complot sous entendu ci avant qui voudrait qu’un réseau organisé est créé le Bitcoin pour financer un projet politique nouveau. Considérons les investisseurs en Bitcoin comme un communauté d’individus qui partagent un même idéal, une même manière de réfléchir et de voir de monde, la même conviction que le modèle économique et monétaire actuel est condamné. Une communauté qui prépare l’après.
La spéculation, c’est à dire l’enrichissement individuel de ceux qui n’ont plus aucune croyance dans le système monétaire et économique actuel, leur permet de financer des projets en accord avec cette manière de réfléchir qui leur est commune. C’est le rôle majeur des ICO : Ceux qui se sont enrichis grâce aux bitcoins peuvent utiliser cette richesse pour construire des projets qui participeront à la société idéale dont les valeurs sont partagées par la communauté des détenteurs.
L’ICO n’est pas une opération capitalistique, c’est un projet politique ! Une sorte de financement collectif de projets dans lequel cette communauté se retrouve. (cf »Les #ICO ou levées de fonds en crypto-monnaies sont elles une arnaque ou une révolution ?« ).
C’est alors que le spéculateur en Bitcoin de 2017 devient l' »idiot utile » dont l’appât du gain permet de financer un projet politique, économique ou monétaire supérieur.
Au fur et à mesure que la spéculation s’étend, l’enrichissement des premiers détenteurs augmente, mais l’unité de la communauté se disloque. La communauté d’intérêt tend à disparaître avec le développement du Bitcoin.
Le bitcoin rentre alors dans le libéralisme financier qui le banalisera, le détruira. Mais peu importe cette perte d’unité, car la communauté d’origine s’est d’ores et déjà très largement enrichie… et dispose maintenant des moyens financiers pour construire cette société dont ils partagent les principes fondateurs.
Le bitcoin n’est peut être pas une finalité, mais simplement un moyen …