L’édito hebdomadaire de Julien Bonnetouche.

Quelle vision avez-vous de l’économie ? Économie positive ou économie à somme nulle ?

Dans un article du 4 janvier 2023 publié sous le titre « Le système économique, un jeu à somme nulle ou positive ?« , le professeur Etienne Wasler faisait référence à une étude de Harvard sur l’économie vue depuis les différents groupes sociaux, portant sur un échantillon de 15000 résidents aux USA : « Zero-Sum Thinking and the Roots of U.S. Political Divides »

Un article qui se termine par cette analyse essentielle :

Le jeu à somme négative

Enfin, qu’il serait éclairant d’ajouter une troisième catégorie prolongeant la deuxième, car elle semble être le substrat des raisonnements décroissantistes : le jeu à somme négative. Dans ce paradigme, les progrès de l’humanité sont vains à terme, détruisant des ressources. Il faudrait donc moins produire, moins travailler, moins consommer et même freiner le progrès. Appréhender ce phénomène de psychologie collective nous ferait comprendre comment, tranquillement et continûment, une grande partie de l’Europe continentale s’auto-limite, réduisant plus vite sa part du PIB dans le monde, pendant que le reste du monde croît sans entrave et avec un sentiment de revanche qui l’incitera peu à la réciprocité environnementale – ceci dit au cas où nous aurions encore des illusions à ce sujet. »

Les échos : « Le système économique, un jeu à somme nulle ou positive ?« 

Le sujet est le suivant :

  • Le monde doit-il être considéré comme « économiquement fini» ? c’est-à-dire que l’économie est à somme nulle, tout enrichissement quelque part correspondant à un appauvrissement symétrique ailleurs.
  • Ou bien au contraire, l’enrichissement par le biais du développement économique est-il générateur de plus de richesse, qui profitera au plus grand nombre au bout du compte ? d’après le concept d’économie positive.

L‘étude américaine montre que selon l’appartenance politique, le milieu social, l’histoire personnelle, mais surtout familiale, la vision est différente.

Les Démocrates, les ouvriers, et plus généralement ceux dont la condition professionnelle n’évoluent pas tout au long de leur existence, les descendants d’esclaves aussi, considèrent plutôt qu’il y a un «gâteau» qui se partage, rien de plus.

Les Républicains, les immigrants ou leurs descendants qui ont connu l’ascenseur social, bien évidemment les entrepreneurs de tous horizons, voient plutôt le monde en croissance comme démultiplicateur de richesses.

Au-delà de la démarche idéologique personnelle, il est intéressant de prendre en considération les implications collectives que cela ne manque pas d’engendrer à l’échelle des pays, des continents, et de la planète toute entière.

En effet, si le libéralisme et le dynamisme économique qui en résulte sont l’apanage au départ de la société anglo-saxonne, (les anglais étant d’abord une nation maritime lui conférant ouverture et domination commerciale sur le monde sans égales), l’Europe continentale elle, se situe différemment.

Cela vient en grande partie de son Histoire, dans laquelle la richesse provenait autrefois essentiellement de la terre, avec ceux qui la possédaient et ceux qui la travaillaient.

La terre est un bien «fini» même si chez nous elle était assez abondante et de bonne qualité. (Ce qui est loin d’être le cas partout)

Et la révolution industrielle, qui remonte maintenant à 200 ans n’a pas complètement changé cette vision dans l’esprit d’une bonne partie de la population, tant l’ancrage familial est fort, en particulier pour celle qui pendant des décennies a travaillé dans les mines et les usines, sans voir sa condition s’améliorer particulièrement.

Le débat sur les retraites assez ubuesque auquel nous assistons actuellement, avec ses incohérences de tous bords, est là pour nous le jeter au visage.

Le partage des richesses comme le partage du travail, vieux slogans bien connus, se situant finalement au centre de ce débat.

À l’échelle historique récente de notre économie politique intérieure, le principe de la redistribution appliqué en France plus que partout ailleurs, (et prioritaire sur le développement des entreprises) montre bien combien notre appréciation collective de la notion de création de richesse par l’entreprise ( généralement en progression arithmétique), reste à mûrir et à développer.

À l’échelle européenne, une certaine idée «malthusienne» en matière de création de richesse se répand aussi, au travers d’une volonté «écologique» forte, (certes tout à fait louable) mais qui fait un peu cavalier seul dans un monde en plein boom de la part de pays autrefois en développement, et pour lesquels la priorité est l’accès le plus rapide possible au standard de vie européen, laissant derrière les autres considérations.

On peut citer pour exemple l’interdiction de fabriquer des voitures thermiques après 2035, alors que le reste du monde continuera à les produire et les vendre, peut-être même chez nous, qui sait ? Avec la perte de valeur ajoutée, on cumulera à terme la perte de savoir faire, comme c’est déjà le cas avec le nucléaire.

(On peut cependant espérer que le développement d’énergies vertes dans un contexte écologique bien pesé soit générateur de nouvelles opportunités d’expansion économique).

Rajoutons à cela une ouverture des frontières économiques européennes antiprotectionniste surprenante et quasi dogmatique de la part de «Bruxelles», exposant nos entreprises aux prédateurs étrangers.

De ce point de vue, les mesures de protectionnisme pour des entreprises produisant sur le sol américain mises en place récemment par Jo Biden sont là pour nous rappeler à l’ordre !!

Le monde redevient dangereux, sous nos yeux.

La guerre en Ukraine en est l’un des révélateurs, par une sorte de retour dans un passé que l’on croyait révolu, celui de l’expansion par la conquête de territoires ; traduction sans conteste de cette vision «finie et passéiste » du monde économique de la part de Poutine.

Raison première d’ailleurs, pour laquelle peu de gens y croyait jusqu’au 24 février 2022.

Mais le danger le plus grand vient sans doute de l’approche «libérale du monde» s’inspirant du modèle américain, que veulent avoir les milliards d’individus à l’autre bout de la planète, qui n’ont d’autre objectif que de s’enrichir y compris à notre détriment, par l’augmentation de leurs parts de marchés, ainsi que par la main mise sur les richesses finies du globe, comme tout ce qui sort du sous-sol, terres rares, minerais, métaux, énergie, mais aussi produits alimentaires…

D’autant plus que le regard porté sur leurs ex-colonisateurs est loin d’être baigné de compassion…

Ceux qui pensent que le bonheur passe par d’avantage d’oisiveté, feraient quand même bien de se rappeler que la liberté que nous chérissons tant, nous la devons essentiellement au rapport de force que nous entretenons jusqu’ici avec ceux qui pourraient nous la ravir.

Pour cela, il faut produire et gagner de l’argent !!! certainement beaucoup plus qu’actuellement.

Une seule solution : redéployer nos industries et nos entreprises d’une manière générale.

De toute évidence, pour nous européens, ouvrir les yeux et réagir quant à notre possibilité de déclassement historique à terme devient une urgence, tout autant que le réchauffement climatique.

Commençons, par exemple, par apprendre à nos enfants ce que tout entrepreneur sait en matière de création de richesse : le «gâteau» peut grossir, car dans le domaine de l’entreprise, 1+1 peut facilement faire 3 !!

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