C’est un peu l’histoire de l’œuf ou de la poule :
– Est ce que les taux très très bas trouvent leur origine dans une politique monétaire ultra agressive qui manipulerait le niveau normal des taux d’intérêt ?
– ou alors les taux très bas sont ils naturellement les conséquences de la déflation … et les banques centrales ne font que s’adapter à cette conjoncture mondiale déflationniste ?
PS : Autant vous le dire tout de suite, ce n’est qu’une réflexion ! N’y lisez aucune affirmation, certitude… J’aimerai seulement vous proposer cette réflexion qui influence l’analyse stratégique. J’aimerai surtout lire vos commentaires et vos analyses.
Le fantasme d’un politique monétaire « suicidaire » à l’origine d’une gigantesque bulle spéculative ?
Cette idée d’une politique monétaire jusqu’au-boutiste, manipulatrice et destructrice de la valeur de la monnaie est la base d’un grand nombre de fantasmes et autres craintes autour d’une explosion d’une bulle spéculative consécutive à ces politiques monétaires ultra-agressives. Le schéma régulièrement mis en avant est le suivant :
Politique monétaire non conventionnelle –> Baisse des taux d’intérêt –> Hausse de la valeur des obligations (du fait de la baisse des taux ) –> hausse de la valeur des actions –>Bulle spéculative mondiale –> politique monétaire non conventionnelle pour éviter l’explosion de cette bulle –> Baisse des taux d’intérêt …
La question est alors : Quel serait le niveau des taux d’intérêt lorsque les banques centrales adopteront une politique monétaire moins agressive ? Si les taux d’intérêt sont le fruit d’une « manipulation » des taux d’intérêt par les banques centrales, demain, l’arrêt de ces politiques monétaire « suicidaires » pourrait conduire à l’explosion du système. CQFD.
Et c’est la crainte majeure d’un grand nombre d’investisseurs ou d’épargnants qui attendent patiemment le grand soir… le retour à la normale et l’effondrement d’une magnifique chaîne de Ponzi par la hausse des taux d’intérêt et la fin de leur manipulation par les banques centrales.
Admettre l’idée que les taux d’intérêt sont naturellement faibles du fait de la déflation et que les banques centrales ne font qu’accompagner ce mouvement naturel remet en cause l’idée d’une bulle spéculative…
Oui, les taux d’intérêt sont aujourd’hui au plus bas et la valeur des obligations atteint des niveaux stratosphériques. Pour autant, peut on évoquer l’idée d’une bulle spéculative ? Ce niveau très bas des taux d’intérêt n’est il pas le résultat naturel d’une déflation mondiale qui trouverait sa source dans l’incroyable (et bien heureuse) innovation technologique et dans le vieillissement de la population ?
Admettre la déflation comme à l’origine du niveau actuellement très bas des taux d’intérêt, c’est admettre que les taux d’intérêt resteront très faibles tant que la déflation caractérisera la conjoncture locale. La politique monétaire ne devient plus le facteur explicatif du niveau général des taux d’intérêt mais simplement la conséquence de cette conjoncture particulière.
De manière empirique, on estime que le taux d’emprunt d’un état (taux sans risque local) doit être la somme de :
Taux d’emprunt d’un pays = Taux de croissance du PIB du pays + Inflation – Déflation
C’est ainsi qu’en considérant une inflation 0 en France, le taux d’emprunt naturel de l’état Français devrait être compris entre 1% et 1.50% pour 2016. Ainsi, en dehors de l’effet Brexit qui provoque ponctuellement un effondrement des taux d’emprunt de l’état Français à 0.20%, le niveau observé depuis quelques mois n’est finalement pas éloigné de ce taux théorique.
En 2015, entre un taux de croissance du PIB à 1.10% et une inflation à 0%, on constate un niveau du taux d’emprunt en parfaite adéquation avec ce taux théorique. En d’autres termes, croyez vous vraiment que les taux d’intérêt seraient très nettement supérieurs en l’absence de banques centrales ?
La politique monétaire de la banque centrale ne serait donc pas l’origine principale de ces taux bas, mais la simple conséquence de la déflation ! Admettre cette idée, c’est abandonner l’idée d’un prochain krach obligataire (et c’est l’idée qui nous anime depuis quelques mois (cf « Faut il abandonner l’idée de la grande baisse des prix de l’immobilier ?« ).
C’est alors que votre stratégie d’investissement doit tenir compte de cette configuration déflationniste (cf »Stratégie d’investissement 2016 : Comment investir ? Le retour de l’immobilier locatif ? Assurance vie ? Action ?« ), et oubliant le spectre d’une prochaine très forte augmentation des taux d’intérêt.
Au final, la politique monétaire des banques centrales accentue le phénomène permettant un désendettement facilité des états surendettés (lorsque le taux d’emprunt est inférieur au taux de croissance + inflation – déflation, le taux d’endettement se réduit mécaniquement) mais, il ne faudrait pas exagérer l’influence réelle de ces qui essaient de simplement de s’adapter à cette conjoncture déflationniste mal maîtrisée.
Alors qui de la déflation ou de la politique monétaire des banques centrales explique le niveau très bas des taux d’intérêt ?
Bonjour Guillaume,
J’ai apporté quelques éléments de réponse à cette question sur mon blog :
http://www.arnaudsylvain.fr/economie/taux-negatifs-le-prix-de-la-peur/
Commentaires bienvenus 😉
AS
Réflexion intéressante, ainsi que son lien avec l’immobilier, mais alors me vient un paradoxe à l’esprit :
– on dit toujours que l’immobilier est un bon rempart contre l’inflation, car alors que l’argent vaut de moins en moins, il prend régulièrement de la valeur (en fait stagne en valeur, mais vaut davantage dans une monnaie qui perd de la valeur)
– mais une des causes de la hausse de l’immobilier ces 15 dernières années a été la baisse des taux d’intérêt, liés à la baisse de l’inflation.
Pourtant, l’immobilier ne peut pas prendre de la valeur avec l’inflation d’une part, et en prendre avec la déflation (ou la baisse de l’inflation vers un niveau proche de 0) ?
J’imagine que d’autres facteurs comme le pouvoir d’achat qui stagne ou bien l’âge des détenteurs de l’immobilier ont un gros impact sur les prix de l’immobilier, mais quand même, on finit par se poser des questions.
Ne pas oublier la réglementation qui permet aux institutionnels de mettre 0 en fonds propres quand ils achètent de l’obligataire souverain.
Je pense aussi que les problèmes structurelles de la zone euro entraînent ces pressions déflationnistes. Les déséquilibres commerciaux ont amené un surplus d’épargne vers le nord de la zone (Allemagne) et le système financier des pays du nord ne recyclent plus ces excédents vers le Sud. Contraction de la masse monétaire dans le sud qui amène à la déflation d »ou l’intervention de la BCE pour dégeler le marché interbancaire. Tout cela amène certainement un problème de confiance qui en rajoute à la situation.
Cependant vous avez tout à fait raison de dire que les taux représente le PIB nominal (en prix constant) et que ce PIB nominal est juste très faible. Il ne peut pas y avoir plus d’inflation car l’inflation est une variante de la masse monétaire. Cette masse monétaire ne progresse plus beaucoup car l’endettement privé n’a jamais été aussi élevé…. et la vélocité de la monnaie baisse car perte de confiance
Croissance = productivité + démographie. Les deux baissent… donc le crack obligataire je n’y crois pas non plus, la mort des assureurs j’y croix un peu plus (voir Japon)
sauf que les assureurs ne promettent pas en France de rendement minimum… seulement le remboursement du capital. Générali vient d’annoncer que les contrats souscrits après le 01/01/2016 bénéficiait d’une garantie brute de frais de gestion ! Cela signifie que les frais de gestion annuels de l’assureur viendront grignoter le capital en cas de rendement négatif ….
Donc un possible run pour récupérer son capital les mettrait en péril, quoique l’assureur peut suspendre les retraits….
J’ajouterai que pour moi, et ça n’engage que moi, les QE et autres largages d’argent en masse sur le monde n’ont jamais vraiment eu pour but de faire de la croissance, mais surtout de rendre le coût de la dette moins élevé pour les états, afin d’éviter un remake de 2011 en plus fort et à plus grande échelle, qui pourrait avoir des répercussions mondiales dramatiques, jusqu’à faire exploser le système actuel, avec les conséquences terribles que ça pourrait avoir non seulement sur le niveau de vie des gens et sur la déstabilisation politique et économique de beaucoup de pays, mais par répercussion sur des risques de révolution voire de guerre si la situation s’envenimait encore davantage.
D’ailleurs, bientôt le poste de la dette ne sera plus un poste de coût sans cesse en hausse dans le budget de beaucoup d’états, mais un poste sans cesse en baisse, voire bientôt une source de revenus pour les états les plus solides.
Qui aurait cru un jour que des investissements nationaux pourraient être financés (en partie) par un gain sur l’endettement créé pour son financement dans les pays les plus sûrs ?
En fin de compte, puisque l’inflation ne permet pas de diminuer la dette, et qu’on veut éviter les chocs liés aux défaillances car ils peuvent mettre le système « par terre (cf les craintes de 2008), ce sont les taux négatifs qui vont gommer progressivement les dettes si on continue sur le même chemin, pour que les états puissent continuer à dépenser sans jamais équilibrer les budgets (sauf exception).
Pour les investisseurs, le patrimoine dormant aura donc désormais un coût et verra sa valeur diminuer de cette façon, et il faudra donc le rendre productif en l’investissant pour ne pas voire sa valeur baisser.
« J’ajouterai que pour moi, et ça n’engage que moi, les QE et autres largages d’argent en masse sur le monde n’ont jamais vraiment eu pour but de faire de la croissance, mais surtout de rendre le coût de la dette moins élevé pour les états »
Oui, je vous rejoins totalement et c’est le sens de la réflexion de l’article : La déflation oblige à faire baisser le niveau des taux d’intérêt pour éviter que le système n’éclate et que la charge de la dette ne devienne insupportable. Imaginez une baisse des prix, du PIB et en plus des taux d’intérêt élevé.
Les banques centrales doivent donc « courir » après la déflation pour limiter les dégâts et ajuster le niveau des taux d’intérêt à leur niveau le plus supportable c’est à dire « croissance + inflation ».
Demain, avec le retour de la croissance et de l’inflation (cf hausse du prix du pétrole en 2017), les taux augmenteront mécaniquement et la banque centrale pourra réduire son interventionnisme…
« Demain, avec le retour de la croissance et de l’inflation (cf hausse du prix du pétrole en 2017), les taux augmenteront mécaniquement et la banque centrale pourra réduire son interventionnisme… »
Voir mon message ci-dessous.
Comme vous disiez, c’est le problème de la poule et de l’œuf ………
Au niveau mondial, il y aura de l’inflation, mais plus de croissance.
Inonder le monde de lignes de crédit (il n’y aura bientôt plus de cash) pour promouvoir la croissance (le PIB) est un échec.
Sauf une croissance « bidon » à la mode irlandaise ……… 🙂
« Au niveau mondial, il y aura de l’inflation, mais plus de croissance. »… Quelle conviction ! Et pourquoi n’y aurait il plus de croissance ?
Parce que …… 🙂
Vous avez l’air surpris, alors que je le rabâche à longueur de forum!
Plusieurs raisons, la plus simple à comprendre:
La croissance permanente dans un monde fini est mathématiquement impossible. Je suis pour une décroissance durable, ce qui signifie que certains pays doivent continuer à augmenter pendant que d’autres (les plus riches) doivent stabiliser
Une autre justement liée à votre question: la Finance parle de Croissance (donc de PIB) alors que les Hommes parlent de Bonheur.
La question est: ça sert à quoi?
Hier on avait une réponse
Aujourd’hui, ce n’est plus la même.
Pour l’instant ce sont les premiers (les vautours) qui gagnent.
Le message contradictoire du marché obligataire:
Des taux d’intérêt nuls et des taux d’intérêt négatifs n’envoient pas du tout les mêmes signaux aux investisseurs.
Dans notre monde où la monnaie est créée à volonté par les banquiers centraux, des taux nuls nous indiquent que le crédit est très abondant. Mais ce n’est pas un crédit adossé à de l’argent réel, déjà gagné. Il ne s’agit pas vraiment d’un excès d’épargne.
Tous ceux qui ont un accès facile au crédit vont se retrouver en concurrence pour leurs achats. Des taux nuls signalent donc inflation (renchérissement) à l’horizon de tous les actifs convoités par ces privilégiés. C’est ainsi que nous avons vu les marchés d’actions et obligataires progresser sans commune mesure avec les résultats des entreprises, de nouvelles bulles se former dans l’immobilier commercial ou même d’habitation.
Qui sont les privilégiés du crédit facile ? Les banques d’investissement et les grandes entreprises internationales bien notées par les agences de crédit ; ceux qui gravitent dans le premier cercle des banques centrales. Pour l’investisseur particulier et l’épargnant ordinaire, qui n’a pas accès aux mêmes facilités, des taux nuls signifient simplement qu’il paie tout trop cher puisque son vrai argent se retrouve en concurrence avec le faux émis par les banques centrales.
Le message très inquiétant des taux négatifs : déflation à l’horizon
Des taux négatifs ne sont pas la simple prolongation des taux nuls qui passeraient sous zéro. Ils envoient un message très différent.
Les taux négatifs nous indiquent deux choses. En premier lieu, ceux qui gèrent de l’argent réel – confié par des épargnants qui l’ont vraiment gagné – ne trouvent pas d’investissement attractif. En deuxième lieu, ces gérants préfèrent payer pour que l’argent qu’on leur a confié soit conservé par des gouvernements qu’ils jugent fiables plutôt que de le laisser dans des banques.
Des taux négatifs signalent donc déflation à l’horizon. Par déflation, comprenez destruction de valeur, crise financière et bancaire. C’est un message effrayant et totalement anormal.
En réalité très peu de monde dans les sphères gouvernementales comprend les mécanismes financiers actuellement à l’oeuvre.
Mais pour nous qui savons à peu près ce qui se trame et que ces expériences inédites se termineront mal, que faire ? Mory Doré vous propose une allocation d’actif pour votre contrat d’assurance-vie si vous voulez prendre les devants et ne pas subir ce que vous proposera votre assureur qui ne pourra pas résister longtemps à la pression des taux négatifs.
« Alors qui de la déflation ou de la politique monétaire des banques centrales explique le niveau très bas des taux d’intérêt ? »
Je ne poserais pas la question sous cette forme, ni dans ce sens.
En fait notre élite financière, c’est-à-dire nos apprentis sorciers, essaient vainement par tous les moyens, subterfuges pourrais-je dire, d’augmenter la base (ridicule) de l’Économie Mondiale, ce que nous appelons le PIB.
Les taux négatifs sont utilisés dans cette course à l’augmentation du PIB.
C’est ridicule.
Aujourd’hui notre sphère oligarchique crie, relayée par les médias à leur botte, que la Santé du Monde est intimement liée à ce fichu PIB.
Je pense que c’est une erreur fondamentale.
C’était peut-être vrai pendant une certaine période après guerres.
Aujourd’hui, le Bonheur des peuples doit être déconnecté de cet indice.
Alors les taux remonteront naturellement.
Entièrement d’accord, le PIB est un aggrégat monétaire vu qu’on l’exprime en valeur monétaire. Il y a croissance économique lorsque l’on crée plus de monnaie que l’on en détruit (plus de crédit octroyé que de crédit remboursé) et récession lorsque l’on détruit plus de monnaie que l’on en crée. Vu l’endettement massif des ménages (essentiellement pour l’immobilier) et entreprises il est difficile de créer plus de monnaie. C’est pour cela que que la croissance ne peut repartir. Je pense que nous devons laisser nos économies respirer, c’est à dire se désendetter massivement sauf que personne ne veut le laisser faire. En effet l’élite financière verrai une énorme baisse du prix des actifs et cela… les détenteurs d’actifs ne peuvent l’imaginer… pourtant le système repartirai sur une bonne voie.
Votre résumé me semble correct, sur la situation actuelle.
Pour l’Avenir, la croissance ne repartira pas, car ça ne sert à rien pour le Bonheur des Hommes, seulement à quelques castes.
Et aux retraités avec des retraites basées sur le capital, et donc sur les intérêts versés sur ledit capital.
D’où la position allemande avec son pool de retraités.
La Banque Centrale Européenne se fixe une cible d’inflation de 2% par an. Elle module les taux d’intérêt en fonction de cet objectif. Si l’inflation est plus élevée, elle augmente ses taux. Si l’inflation est plus basse, elle les réduit.
Il se trouve qu’elle ne parvient pas à relancer l’inflation (ni la croissance) avec des taux proches de zéro. elle doit donc s’engager dans des politiques non conventionnelles qui abaissent alors les taux d’intérêt des obligations.
La faible inflation tire les taux de la BCE vers 0. L’action non conventionnelle de la BCE (QE) provoque ensuite les taux négatifs que nous observons sur les obligations d’état. Les liquidités s’investissent en masse sur les actifs les moins risqués et provoquent l’effondrement des rendement.
AS
Le Japon nous montre la voie …
les prix de l’immobilier sont au même niveau qu’en 1983
les taux d’emprunts état à 10 ans sont en dessous de 2% depuis 1998, et négatif depuis peu
l’inflation ? elle fluctue entre -2% et +2% depuis plus de 10 ans
les robots remplacent ceux qui partent à la retraite (le Japon a une politique ferme de zero immigration, sauf de petites exceptions)
certaines iles sont vides
Malgré tous les efforts du gouvernement pour affaiblir le Yen, celui ci est vu par les étrangers comme une protection, et donc le cours contre dollar est revenu à 100 (125 au plus bas sur 10 ans), et semble vouloir aller vers 75 (plus haut historique)
Voilà, merci au Japon de nous avoir établit le programme 😉
Conclusion : dépenser est le meilleur investissement ! il nous restera les souvenirs …
@ William,
Tout à fait le Japon est un peu notre « laboratoire », sauf que, et c’est une énorme différence, les obligations japonaises sont détenues quasi exclusivement par … les JAPONAIS !
Je pense qu’une donnée importante n’a pas été abordée ni dans l’article de GF, ni dans les commentaires. Celle ci n’est pas technique, ni mathématique mais « humaine » … il s’agit de la CONFIANCE. En voici une définition parmi d’autres :
« La confiance c’est une évidence intérieure : un rapport sensible avec une zone intime de puissance
et de stabilité. La confiance ne peut que se ressentir et jamais se penser. Elle ne peut pas vraiment
être définie, modélisée. Par contre, elle peut être vécue comme une ouverture, une joie et un élan ou
ses contraires en cas de perte. »
Tant que les investisseurs ont confiance en un pays, une entreprise, ils achètent leurs obligations souveraines ou corporates, même au point de payer (taux négatifs), tant ils ont peur de l’avenir sur d’autres investissements moins sûrs ou vis à vis d’autres formes de patrimoine qui pourrait leur être confisqués (impôts, taxes, AV, bail-in, etc…).
C’est d’abords ce mécanisme qui fait que les taux sont bas, plus la demande obligataire est forte (marché primaire), plus les taux sont bas. Les rachats d’obligations souveraines et corporates depuis peu (QE à répétition) par les Banques Centrales, ne sont là que pour entretenir le marché et surtout fournir de la liquidité aux banques qui sont sur le point de faire faillite tant le processus des taux bas ou négatifs les pénalise.
En somme ce « système » ne repose pas sur grand chose, et quand les gens (le peuple qui pour une grande majorité n’y comprend rien) , commencera à se rendre compte de son imbécillité et quand les états et autres banques centrales n’auront plus d’armes (il leur en reste encore une dernière; l’Hélicoptère Money), il explosera sans pouvoir dire qui précédera l’autre entre la remontée des taux, les faillites en cascade ou encore l’hyper inflation !
Quant à la croissance dont chacun y va de son commentaire, comment croître quand le monde a trop de tout, partout. Les croissances à venir dans nos pays développés, en concurrence sur quasiment tous les marchés, ne sera que marginale, à quelques rares exceptions près ou sauf événement(s) exceptionnel(s).
Cordialement
Oui, vous avez raison, il n’y aura plus de croissance… et malheureusement, nous l’affirmons systématiquement depuis la nuit de temps à l’arrivée de chaque innovation de rupture…

Voyez ce qu’écrivais déjà nos experts en 1996 :
Nous savons aujourd’hui ce qu’il en est !
ou encore, cette pétition des fabricants de chandelles en 1845 qui voyaient dans l’électricité la fin de la croissance…
Pétition
des fabricants de chandelles, bougies, lampes, chandeliers, réverbères, mouchettes, éteignoirs, et des producteurs de suif, huile, résine, alcool, et généralement de tout ce qui concerne l’éclairage.
À MM. les Membres de la Chambre des Députés.
« Messieurs,
« Vous êtes dans la bonne voie. Vous repoussez les théories abstraites ; l’abondance, le bon marché vous touchent peu. Vous vous préoccupez surtout du sort du producteur. Vous le voulez affranchir de la concurrence extérieure, en un mot, vous voulez réserver le marché national au travail national.
« Nous venons vous offrir une admirable occasion d’appliquer votre… comment dirons-nous ? votre théorie ? non, rien n’est plus trompeur que la théorie ; votre doctrine ? votre système ? votre principe ? mais vous n’aimez pas les doctrines, vous avez horreur des systèmes, et, quant aux principes, vous déclarez qu’il n’y en a pas en économie sociale ; nous dirons donc votre pratique, votre pratique sans théorie et sans principe.
« Nous subissons l’intolérable concurrence d’un rival étranger placé, à ce qu’il paraît, dans des conditions tellement supérieures aux nôtres, pour la production de la lumière, qu’il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement réduit ; car, aussitôt qu’il se montre, notre vente cesse, tous les consommateurs s’adressent à lui, et une branche d’industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète. Ce rival, qui n’est autre que le soleil, nous fait une guerre si acharnée, que nous soupçonnons qu’il nous est suscité par la perfide Albion (bonne diplomatie par le temps qui court !), d’autant qu’il a pour cette île orgueilleuse des ménagements dont il se dispense envers nous.
« Nous demandons qu’il vous plaise de faire une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, abat-jour, contre-vents, volets, rideaux, vasistas, œils-de-bœuf, stores, en un mot, de toutes ouvertures, trous, fentes et fissures par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons, au préjudice des belles industries dont nous nous flattons d’avoir doté le pays, qui ne saurait sans ingratitude nous abandonner aujourd’hui à une lutte si inégale.
« Veuillez, Messieurs les députés, ne pas prendre notre demande pour une satire, et ne la repoussez pas du moins sans écouter les raisons que nous avons à faire valoir à l’appui.
« Et d’abord, si vous fermez, autant que possible, tout accès à la lumière naturelle, si vous créez ainsi le besoin de lumière artificielle, quelle est en France l’industrie qui, de proche en proche, ne sera pas encouragée ?
« S’il se consomme plus de suif, il faudra plus de bœufs et de moutons, et, par suite, on verra se multiplier les prairies artificielles, la viande, la laine, le cuir, et surtout les engrais, cette base de toute richesse agricole.
« S’il se consomme plus d’huile, on verra s’étendre la culture du pavot, de l’olivier, du colza. Ces plantes riches et épuisantes viendront à propos mettre à profit cette fertilité que l’élève des bestiaux aura communiquée à notre territoire.
« Nos landes se couvriront d’arbres résineux. De nombreux essaims d’abeilles recueilleront sur nos montagnes des trésors parfumés qui s’évaporent aujourd’hui sans utilité, comme les fleurs d’où ils émanent. Il n’est donc pas une branche d’agriculture qui ne prenne un grand développement.
« Il en est de même de la navigation : des milliers de vaisseaux iront à la pêche de la baleine, et dans peu de temps nous aurons une marine capable de soutenir l’honneur de la France et de répondre à la patriotique susceptibilité des pétitionnaires soussignés, marchands de chandelles, etc.
« Mais que dirons-nous de l’article Paris ? Voyez d’ici les dorures, les bronzes, les cristaux en chandeliers, en lampes, en lustres, en candélabres, briller dans de spacieux magasins auprès desquels ceux d’aujourd’hui ne sont que des boutiques.
« Il n’est pas jusqu’au pauvre résinier, au sommet de sa dune, ou au triste mineur, au fond de sa noire galerie, qui ne voie augmenter son salaire et son bien-être.
« Veuillez y réfléchir, Messieurs ; et vous resterez convaincus qu’il n’est peut-être pas un Français, depuis l’opulent actionnaire d’Anzin jusqu’au plus humble débitant d’allumettes, dont le succès de notre demande n’améliore la condition.
« Nous prévoyons vos objections, Messieurs ; mais vous ne nous en opposerez pas une seule que vous n’alliez la ramasser dans les livres usés des partisans de la liberté commerciale. Nous osons vous mettre au défi de prononcer un mot contre nous qui ne se retourne à l’instant contre vous-mêmes et contre le principe qui dirige toute votre politique.
« Nous direz-vous que, si nous gagnons à cette protection, la France n’y gagnera point, parce que le consommateur en fera les frais ?
« Nous vous répondrons :
« Vous n’avez plus le droit d’invoquer les intérêts du consommateur. Quand il s’est trouvé aux prises avec le producteur, en toutes circonstances vous l’avez sacrifié. — Vous l’avez fait pour encourager le travail, pour accroître le domaine du travail. Par le même motif, vous devez le faire encore.
« Vous avez été vous-mêmes au-devant de l’objection. Lorsqu’on vous disait : le consommateur est intéressé à la libre introduction du fer, de la houille, du sésame, du froment, des tissus. — Oui, disiez-vous, mais le producteur est intéressé à leur exclusion. — Eh bien ! si les consommateurs sont intéressés à l’admission de la lumière naturelle, les producteurs le sont à son interdiction.
« Mais, disiez-vous encore, le producteur et le consommateur ne font qu’un. Si le fabricant gagne par la protection, il fera gagner l’agriculteur. Si l’agriculture prospère, elle ouvrira des débouchés aux fabriques. — Eh bien ! si vous nous conférez le monopole de l’éclairage pendant le jour, d’abord nous achèterons beaucoup de suifs, de charbons, d’huiles, de résines, de cire, d’alcool, d’argent, de fer, de bronzes, de cristaux, pour alimenter notre industrie, et, de plus, nous et nos nombreux fournisseurs, devenus riches, nous consommerons beaucoup et répandrons l’aisance dans toutes les branches du travail national.
« Direz-vous que la lumière du soleil est un don gratuit, et que repousser des dons gratuits, ce serait repousser la richesse même sous prétexte d’encourager les moyens de l’acquérir ?
« Mais prenez garde que vous portez la mort dans le cœur de votre politique ; prenez garde que jusqu’ici vous avez toujours repoussé le produit étranger parce qu’il se rapproche du don gratuit, et d’autant plus qu’il se rapproche du don gratuit. Pour obtempérer aux exigences des autres monopoleurs, vous n’aviez qu’un demi-motif ; pour accueillir notre demande, vous avez un motif complet, et nous repousser précisément en vous fondant sur ce que nous sommes plus fondés que les autres, ce serait poser l’équation : + × + = – ; en d’autres termes, ce serait entasser absurdité sur absurdité.
« Le travail et la nature concourent en proportions diverses, selon les pays et les climats, à la création d’un produit. La part qu’y met la nature est toujours gratuite ; c’est la part du travail qui en fait la valeur et se paie.
« Si une orange de Lisbonne se vend à moitié prix d’une orange de Paris, c’est qu’une chaleur naturelle et par conséquent gratuite fait pour l’une ce que l’autre doit à une chaleur artificielle et partant coûteuse.
« Donc, quand une orange nous arrive de Portugal, on peut dire qu’elle nous est donnée moitié gratuitement, moitié à titre onéreux, ou, en d’autres termes, à moitié prix relativement à celle de Paris.
« Or, c’est précisément de cette demi-gratuité (pardon du mot) que vous arguez pour l’exclure. Vous dites : Comment le travail national pourrait-il soutenir la concurrence du travail étranger quand celui-là a tout à faire, et que celui-ci n’a à accomplir que la moitié de la besogne, le soleil se chargeant du reste ? — Mais si la demi-gratuité vous détermine à repousser la concurrence, comment la gratuité entière vous porterait-elle à admettre la concurrence ? Ou vous n’êtes pas logiciens, ou vous devez, repoussant la demi-gratuité comme nuisible à notre travail national, repousser a fortiori et avec deux fois plus de zèle la gratuité entière.
« Encore une fois, quand un produit, houille, fer, froment ou tissu, nous vient du dehors et que nous pouvons l’acquérir avec moins de travail que si nous le faisions nous-mêmes, la différence est un don gratuit qui nous est conféré. Ce don est plus ou moins considérable, selon que la différence est plus ou moins grande. Il est du quart, de moitié, des trois quarts de la valeur du produit, si l’étranger ne nous demande que les trois quarts, la moitié, le quart du paiement. Il est aussi complet qu’il puisse l’être, quand le donateur, comme fait le soleil pour la lumière, ne nous demande rien. La question, et nous la posons formellement, est de savoir si vous voulez pour la France le bénéfice de la consommation gratuite ou les prétendus avantages de la production onéreuse. Choisissez, mais soyez logiques ; car, tant que vous repousserez, comme vous le faites, la houille, le fer, le froment, les tissus étrangers, en proportion de ce que leur prix se rapproche de zéro, quelle inconséquence ne serait-ce pas d’admettre la lumière du soleil, dont le prix est à zéro, pendant toute la journée ?
Vous répondez à la question en en posant une autre dans un contexte différent.
Comment pouvez-vous utiliser une situation des 19 et 20ème siècle pour l’appliquer au 21ème?
Les Révolutions industrielles, de la fée Électricité, du Numérique doivent rester dans leur contexte. Avec des moyens différents, une situation différente.
La Révolution 3.0 du 21ème siècle ne nécessitera plus de croissance.
Oui, vous avez raison, à court terme l’innovation est déflationniste et détruit la croissance… mais à long terme cette destruction est créatrice de croissance…
C’est le sens de mon message et de mon optimiste!
Effectivement, cette « prose » n’a rien à voir avec le sujet! Comme vous le dites Ankou, nous sommes au 21ème siècle et l’automatisation, l’informatisation est passée par là, faisant qu’on peut fabriquer et construire n’importe quelle quantité de n’importe quoi en un rien de temps, c’est une évidence.
On pourrait penser à priori qu’une vraie nouvelle innovation serait productrice de croissance comme la machine à vapeur, l’électricité ou autre ordinateur l’ont été en leurs temps . Mais aujourd’hui les fabrications des appareils ou accessoires de cette innovation ne demanderont que quelques mois pour être fabriqués et ce ne sera qu’une croissance éphémère (Cf. voitures Tesla par exemple). La révolution industrielle c’est du passé ! il faudra autre chose pour créer de la croissance au 21, 22, 23 … ème siècle. Peut-être l’exploration et l’habitation de nouvelles planètes, la découverte d’une donnée essentielle dans la l’univers de l’espace/ temps, la robotisation, le transhumanisme, …. mais nous voyons bien que ce n’est pas pour demain. Il y aura à mon avis de longues périodes avant que la croissance ne revienne.
Fin 2007 la Fed commence par abaisser son taux d’escompte bien avant que la déflation ne touche le pays, et fin 2008 le taux de la fed est au plancher à 0,25% avec toujours une inflation qui ralentie. Les USA ne rentrent que début 2009 en déflation pour repartir début 2010 avec une inflation à plus de 3,5% en 2011 qui ensuite se stabilise autour de 1,5% jusqu’en 2014 et tombe à 0% en 2015 et 1% sur 2016 (annualisé) alors même que la Fed a remonté son taux de 0,25 pt fin décembre 2015…
Les taux bas sont la conséquence des décisions de politiques monétaires des BC qui on le voit bien n’ont aucun effet sur le niveau des prix dans l’économie réelle (cf Japon qui a vu l’inflation repartir à cause d’une hausse des taxes et absolument pas à cause des taux ou du QE). Par contre il y a bien une corrélation négative entre le niveau des prix des actifs financiers, de l’immobilier ancien (non pris en compte dans le calcul de l’inflation) et les taux de la BC, ceci est encore accentué avec les programmes de QE qui écrasent la courbe des taux à LT.
Donc oui les BC gonflent des bulles, enrichissent les riches, soutiennent les marchés financiers au détriment de tous les autres acteurs économiques ce que même Bernanke, pourtant ceinture noire de mauvaise foi, a fini par admettre.
Moi, j’avais trouvé bizarre que l’immobilier ne soit pas dans l’indice de l’inflation …
Après avoir posé la question à l’INSEE, la réponse est qu’ils tiennent compte des prix de locations pour le calcul de l’nflation.
Ce qui explique peut être en partie pourquoi certains souhaitent bloquer les loyers, pensant bloquer l’inflation, va savoir …?