(*) Il n’y a rien de certain que l’incertitude, et rien plus misérable et plus fier que l’homme. PLINE, Histoire naturelle.

 

Beaucoup de bruit pour rien !

C’est ce qui ressort d’une semaine plutôt agitée sur les marchés financiers pour, au final, se retrouver au même point. Les marchés restent nerveux, mais quelques supports techniques tiennent, ce qui peut paradoxalement faciliter la gestion. C’est l’actualité grecque qui a retenu l’attention des investisseurs. Au-delà, nous obtenons quelques confirmations sur l’évolution macro-économique des prochaines semaines. C’est ce que l’on va essayer de décrypter.

 

Soulagement du côté de la Grèce, mais ceci pourrait n’être que temporaire.

Le Parlement grec vient d’accorder sa confiance au nouveau gouvernement Papandréou, comme on pouvait le supposer, encore que le risque du non n’était pas totalement absent. Il fallait acheter l’hypothèse (cf la hausse importante des marchés hier) et plutôt vendre la nouvelle (repli aujourd’hui ?). Le PASOK, détient 155 voix sur 300 à la Vouli, soit le nombre de votes positifs recueillis hier soir. Il n’y a pas de véritable consensus national sur cette question vitale de « sauvetage de la nation ». La prochaine étape sera de faire accepter, de nouveau par le Parlement, le plan de rigueur de 28,4 Md€ à horizon 2015. C’est sur ce point que les choses vont réellement se compliquer car certains députés du Pasok pourraient être influencés par le mécontentement de la rue. Ainsi, le marché risque d’être assez sensible à l’intensité des démonstrations qui auront lieu dans les rues d’Athènes.

Un nouveau vote est prévu la semaine prochaine qui va permettre de débloquer la tranche d’aide de 12 Md€ de l’UE et du FMI, la part de ce dernier étant conditionnée à la mise au point par l’Europe d’un plan de financement des besoins de la Grèce pour les prochaines années. La situation reste donc difficile et on voit apparaître quelques dissensions au sein de l’Europe (surtout entre la France et l’Allemagne) qui pourraient contrarier une solution de bon sens. D’ailleurs, dans la situation des grecs, ces derniers pourraient parfaitement faire de la surenchère, n’ayant pas grand-chose à perdre puisqu’il faut reconnaître que le risque reste du côté allemand et français dont les banques détiendraient directement respectivement 20 et 37 Md€ de la dette publique de la Grèce.

Le problème de la mise en responsabilité des créanciers privés posé par l’Allemagne est une vraie question puisqu’il y a un certain illogisme à ce que les investisseurs achètent ce type de papier à haut rendement sans accepter de prendre le risque.

La théorie financière est bien mise à mal……, le risque grec n’a donc pas disparu par enchantement, le feuilleton va donc continuer, avec plus de suspens que « plus belle la vie ».

 

L’Espagne, dans le collimateur du FMI ?

Nouveau sujet d’inquiétude, le FMI met sérieusement en garde l’Espagne dans ses premières conclusions de sa mission d’évaluation.Il juge les risques « considérables ». Même si les dernières décisions politiques vont dans le bon sens, l’organisation juge « incomplet » le travail de réforme. Le FMI s’inquiète de la faiblesse de la croissance espagnole et du taux de chômage, de plus de 21%, un record au sein des pays de l’OCDE. Ceci n’est pas nouveau, mais le risque de cet été est bien celui-là, c’est-à-dire que la question des dettes souveraines de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et dans une moindre mesure de la France ne viennent polluer les marchés pour quelques mois encore.

Du côté des Etats-Unis, l’immobiler reste très mauvais.

La NAR (National Association of Realtors) a annoncé en mai un recul de 3,8%, la plus forte depuis 6 mois, des ventes de maison dans l’ancien. Le prix médian est de 166 500 $, en recul de 4,6% sur un an. Les ventes de maisons saisies représentent 31% du total des ventes. Les difficultés du marché immobilier américain, sur lequel on compte plus de 1,8 millions de maisons saisies par les banques et dont les prix tirent à la baisse la moyenne du marché, sont toujours liées aux réticences des banques à octroyer des prêts hypothécaires. Plus grave, M. Kraemer, directeur de notations souveraines chez S&P, considère que l’absence de consensus politique fort aux Etats-Unis sur une réduction de la dette accroit le risque d’abaissement de la note du pays.

Le communiqué du FOMC diffusé ce soir devrait comporter peu de changement. Les taux directeurs vont rester inchangés. La croissance du deuxième trimestre sera considérée sûrement comme décevante, mais le caractère temporaire du ralentissement sera mis en avant.

La banque centrale ne désire pas relancer les anticipations d’un prochain « QE3 » même si les pressions inflationnistes sont plus fortes qu’en septembre 2010 puisque la hausse des prix des matières premières affecte les coûts de production et les entreprises doivent relever leurs prix de vente. Le ralentissement de l’économie américaine a surpris et il est intervenu bien avant les événements du Japon, dès le premier trimestre. Pour l’instant, on ne parle pas encore de Double Dip, mais il y a risques. Ce soir, les projections de croissance des membres du FOMC devraient être aussi revues en forte baisse.

 

En conclusion, nous préconisons toujours de conserver une approche prudente,

sachant que nous répétons une fois encore que les marchés pourraient mal réagir à court terme à la publication des résultats du deuxième trimestre inférieurs aux attentes. En revanche, sur beaucoup d’indices, nous venons de tester des « supports » techniques importants, qui peuvent être mis à profit surtout dans le cadre de gestion flexible. La réactivité, donc l’acceptation de réaliser des mouvements en intra-day, pourrait être source de gains et de faible volatilité, mais ceci est risqué, .. à bon entendeur.

 

Jean Noël VIEILLE.

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