Plusieurs années ont passé depuis la crise des subprimes dont les conséquences directes ou indirectes ont crée des récessions massives dont les pays industrialisés peinent toujours à se relever. Ainsi en France, le PIB a connu une rupture de tendance inédite. Cette sortie de crise atypique laisse craindre une baisse durable de la croissance, une « stagnation séculaire » aux conséquences majeures.
Qu’est-ce que la stagnation séculaire ?
La stagnation séculaire (secular stagnation) a été évoquée pour la première fois en 1938 par Alvin Hansen. Elle a été reprise par Larry Summers en 2013, lors d’un discours devant le Fonds Monétaire International en novembre 2013. Plusieurs économistes se sont ensuite emparés de l’expression. Schématiquement, la stagnation séculaire peut correspondre à une baisse durable de la croissance potentielle (problème d’offre), ou à une divergence durable de la croissance à son potentiel (problème de demande). Dans les deux cas, la croissance est faible et le chômage élevé.
Du côté de l’offre – Une baisse durable de la croissance potentielle : cette approche de la stagnation séculaire repose sur l’hypothèse que les prochaines révolutions technologiques auront un impact sur la croissance moindre que les précédentes. En conséquence, la croissance potentielle diminuera.
La croissance potentielle peut être définie comme celle réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l’inflation. Elle dépend de deux facteurs de production (travail et capital) et de la productivité associée, assimilée au « progrès technique ».
Soit les prochaines révolutions technologiques ne permettront que des gains de productivité faibles (baisse du progrès technique), soit elles permettront des gains élevés qui s’accompagneront de destructions d’emplois massives (progrès technique élevé mais facteur travail moins important).
Du côté de la demande – Une divergence persistante de la croissance effective à son potentiel : selon cette approche, la croissance effective ne peut atteindre son potentiel en raison d’une demande déprimée (dont l’origine est multiple : montée des inégalités, désendettement des Etats et/ou des ménages, vieillissement de la population …). Il en découle un sous-investisement et un chômage élevé, qui alimentent des pressions déflationnistes. Or, une inflation significativement positive serait nécessaire pour s’extraire de cette situation. Tout doit donc être tenté pour casser cette spirale déflationniste et relancer l’inflation. C’est tout le sens des politiques de Quantitative Easing lancées avec plus ou moins de succès au Japon, aux Etats-Unis, et par la BCE.
source : dessine-moi l’éco
Quelles sont les conséquences de la stagnation séculaire ?
La baisse durable de la croissance serait catastrophique pour une économie comme la France, dont le bon fonctionnement nécessite un taux de croissance relativement élevé.
– La croissance est impérative pour réduire le chômage : un consensus existe sur ce sujet, une croissance de 1,5 % est nécessaire pour réduire le chômage. En cas de baisse durable de la croissance, il faudrait donc impérativement parvenir à créer des emplois sans croissance.
– La croissance est également nécessaire pour assurer la pérennité du système de retraite par répartition. Si les salaires ne progressent plus et que le chômage augmente, alors la charge des retraites deviendra insoutenable.
– Par ailleurs, la nécessité de pratiquer une politique de taux d’intérêts nominaux faibles relancer la demande se révèle pénalisante pour les épargnants. Dans ce contexte, la tentation est grande de se laisser tenter par des promesses de rendement irréalistes.
Source : AMF
– Plus grave encore, l’absence de croissance réduit les perspectives d’une vie meilleure. Outre la concurrence exacerbée qui en découlerait (en l’absence de croissance, la seule solution pour avoir plus consiste à prendre aux autres), cette absence de perspectives alimenterait également la défiance des agents économiques. Or, la confiance est un élément essentiel du bon fonctionnement d’une économie.
La stagnation séculaire représente le risque majeur pesant actuellement sur la zone Euro et sur la France. Il est donc urgent de parvenir à relancer l’inflation ainsi que la croissance potentielle afin d’éviter un scénario à la Japonaise.
Déjà, certains travaux s’alarment d’un trop faible niveau de la croissance potentielle en France . De plus, les derniers chiffres de l’inflation ne sont pas rassurants puisqu’au mois d’août 2015, l’inflation sur un an ressort à 0%.