L’institut de la protection sociale (IPS) dirigée par Bruno CHRETIEN vient de sortir un nouveau rapport accablant sur les conséquences de la réforme des retraites pour les femmes et surtout pour les mamans, et plus principalement celles qui ont le bonheur d’avoir trois enfants et plus (même si celles qui ont le tout aussi grand bonheur d’en avoir un ou deux seraient également fortement pénalisées).
Selon les données publiés dans son rapport par l’IPS sous le titre « Contribution de l’IPS à la 2ème phase de concertation – Femmes, parents, cadres supérieurs, grand-père : le futur système des retraites sera-t-il réellement plus juste et plus simple pour tous ?« , c’est toute la communication du gouvernement qui tombe ! L’objectif d’une meilleure égalité homme/femme qu’est censée apporter la réforme des retraites ne serait pas atteint …et pire probablement aggravé.
Selon Bruno CHRETIEN : « Le paradoxe de la réforme Delevoye est qu’elle va pénaliser les femmes alors que le système actuel leur devenait plus favorable ».
Voici deux situations mise en avant par l’IPS :
En réalité, 2 mécaniques pourraient pénaliser les femmes et les mamans :
1 – La suppression de la majoration de la pension retraite de 10% pour les deux parents à partir du troisième enfants et des 8 trimestres accordés aux femmes pour chacun de leur enfant (sauf le cas peu usité en pratique où cette dernière accepte de partager 4 trimestres au profit du père de l’enfant) ;
La réforme des retraites prévoit la suppression de la majoration de la pension retraite de 10% pour les deux parents à partir du troisième enfants et des 8 trimestres accordés aux femmes pour chacun de leur enfant (sauf le cas peu usité en pratique où cette dernière accepte de partager 4 trimestres au profit du père de l’enfant) et l’instauration d’une majoration de 5% du nombre de point acquis (et donc de la pension) pour chacun des enfants du couple.
Une première analyse pourrait laisser à penser que cette nouvelle disposition est favorable pour les femmes (et les hommes) qui ont des enfants, même si la majoration à partir du premier enfant ne profitera qu’à l’un des parent alors que la majoration de 10% à partir du troisième profitait aux deux parents.
Selon Simul-retraite.fr, « les futurs points majorés pourront être répartis entre les parents : au choix, 100 % pour l’un des deux ou répartis à 50-50 entre le père et la mère. En cas d’absence de choix avant le 4ème anniversaire de l’enfant, la majoration retraite pour enfants serait attribuée intégralement à la mère« .
Avant :
Après :
Cette nouvelle manière de calculer le montant de la retraite des parents semble plutôt favorable aux familles nombreuses ; La majoration pour enfant peut rapidement être un avantage non négligeable. En revanche, la suppression de l’attribution de 8 trimestre pour chacun des enfants nés devrait obliger les femmes à travailler plus longtemps ! A temps de travail identique avec leur conjoint, elles ne pourront pas partir plus tôt à la retraite grâce au trimestre acquis automatiquement à la naissance de l’enfant.
Attention, le congé maternité et le congé parental devrait continuer de valider des trimestres … mais les femmes perdront seulement le bonus de 8 trimestres qui leur est attribué à la naissance de chacun de leurs enfants au profit d’une majoration de leur pension.
Cette réforme est évidemment une mauvaise nouvelle pour les femmes qui n’auront pas une carrière complète et qui ne pourront donc plus « profiter » de ces trimestres « bonus » acquis automatiquement à la naissance de leurs enfants pour partir plus tôt à la retraite ; Elles devront dorénavant travailler plus longtemps pour obtenir leur retraite à taux plein.
Les femmes perdent là un avantage important, mais est ce vraiment une mauvaise solution ? OUI, pour les femmes qui comptaient sur ces trimestres pour partir plus tôt à la retraite ou dont la retraite a été hachée… En revanche, la majoration de 5% par enfant est une bonne nouvelle pour toutes les femmes qui partiront autour de l’âge « pivot » avec une carrière complète !
2 – L’instauration d’un âge pivot à 64 ans qui pénalise fortement ceux qui veulent partir à la retraite avant (même s’ils ont suffisamment de trimestre) ;
Cette réforme des retraites au détriment des femmes se cumul avec l’instauration d’un âge pivot à 64 ans qui pénalisera tout le monde, mais qui accentuera donc le manque à gagner pour les femmes qui perdent aussi le bonus des 8 trimestres accordés à la naissance de chacun de leurs enfants.
Ainsi, plus que jamais, les femmes ne pourront pas profiter de leur situation de maman pour espérer partir plus tôt en retraite dans des conditions plus favorables; Elles n’auront pas d’autres choix que de travailler jusqu’à 64 ans minimum pour ne pas être trop pénalisées (et peut être même au delà…).
Mais n’est ce pas là une donnée que nous devons tous intégrer ? La retraite à 62 ans, c’est du marketing politique, un discours politique qui ne reflète pas la réalité du système de retraite actuel ; (et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le système est aujourd’hui presque à l’équilibre comme nous vous l’expliquions dans cet article « Le déficit du système de retraite par répartition n’est pas inquiétant ! Pourquoi une réforme ?)
Aujourd’hui, c’est à dire avant la réforme, il faut cotiser 172 trimestres pour valider une retraite à taux plein, c’est à dire 43 années de cotisations ; Celui qui commence à travailler à 22 ans, et qui aura la chance d’avoir une carrière sans rupture… devra travailler jusqu’à 65 ans ! et peut être même 67 ans à défaut d’une carrière complète !
Il est illusoire de croire que la réforme actuelle de la retraite soit plus favorable que le système actuel ! Il faut ouvrir les yeux !
Néanmoins, il est vrai d’affirmer que la suppression du bonus de 8 trimestres accordés aux femmes et l’instauration d’un âge pivot à 64 ans produit un effet ciseau redoutable qui ne leur laissera pas d’autres choix que de travailler plus longtemps !
La réforme des retraites fera beaucoup de perdants par rapport au système actuel ! et les mamans perdent là un avantage non négligeable qui leur permettait d’espérer partir plus tôt dans des conditions financière plus favorable que les hommes.
Un congé parental d’éducation qui sera synonyme d’une baisse de la pension retraite du fait d’une moindre acquisition de points ?
De surcroît, à ces nouvelles modalités introduites par la réforme des retraites, la question de la prise en compte du congé parental d’éducation se pose et aggrave la situation des hommes et des femmes qui ferait une pause dans leur activité professionnelle pour l’éducation de leurs enfants. Aujourd’hui, le congé parental d’éducation permet de valider des trimestres ; Il s’agit d’une période non cotisée, qui n’entre pas dans le calcul des 25 meilleures années, mais qui permet tout de même de valider des trimestres et qui ne repousse pas l’âge de départ à la retraite à taux plein.
Demain, avec les nouveaux mécanismes de calcul de la retraite par point, les périodes de congés parentaux d’éducation ne permettront pas l’acquisition de points … et seront donc directement pénalisants pour le calcul de la pension retraite de celui qui prend du temps pour élever ses enfants.
A suivre…