Cela fait des mois que nous l’écrivons : Les assureurs vont dans le mur s’ils persistent à « tuer » le fonds euros sans proposer une solution alternative attrayante pour les épargnants ».
La récente décollecte constatée en Octobre 2016 pourrait bien signer le début du déclin de l’assurance vie, et ce ne sera pas de la faute de la loi SAPIN 2, mais bien des compagnies d’assurance vie qui abandonnent les fondamentaux de leur métier pour prioriser leurs marges et leurs bénéfices futurs.
Le fonds euros, un déclin anticipé depuis de très nombreuses années…
Le déclin du fonds euros ne date pas d’hier, nous l’anticipons depuis de très nombreuses années. Dès 2010/2011, nous vous mettions en garde contre les risques de faillite lors d’une éventuelle remontée des taux d’intérêt. Pourtant au lieu de mettre à profit ces 6 années pour engager la mutation de l’assurance vie et l’adapter aux véritables enjeux, les compagnies d’assurance vie ont poursuivi leur stratégie initiée 30 ans auparavant entre combat commercial pour proposer des rendements toujours plus élevés sur le fonds euros malgré un contexte non opportun et volonté de « forcer » les épargnants à investir en unités de compte malgré une aversion forte.
Ne revenons pas sur les fondements de ce déclin du fonds Euros, cela fait 6 ans que notre discours est constant sur le sujet, mois après mois, années après années. Quelques exemples pour les lecteurs récents :
- Assurance vie : menace d’un krack ???? – Article publié en Mars 2010, il y a presque 7 ans ! Tout y est… et nous vivons aujourd’hui nos prédictions de l’époque ! L’effondrement des fonds euros n’est donc vraiment pas une surprise ;
- Quelles alternatives au fonds euros des contrats d’assurance vie ? – Article récent publié en Septembre 2016.
- …
Mais les assureurs ne veulent pas construire l’assurance vie post « fonds euros » et préfère privilégier leurs marges en « forçant » les épargnants vers les unités de comptes et la bourse.
Mais alors puisque tout le monde à connaissance de la faillite annoncée des fonds euros, pourquoi cette puissante industrie n’engage t’elle pas sa mutation pour trouver une alternative au fonds euros ?
Pourquoi les compagnies d’assurance vie s’obstinent t’elles à « forcer » les épargnants à investir dans les unités de compte malgré leur aversion certaine ! L’assurance vie, c’est aujourd’hui -+ 83% en fonds euros et -+ 17% en unité de compte.
Et les unités de compte sont composées à hauteur de -+ 40% de produits structurés puis de SCPI, c’est à dire de produit financier vendus comme étant soit sans risque, soit à risque limité (alors que ce n’est pas le cas). Bref, les compagnies d’assurance vie souhaitent forcer les épargnants à investir en bourse et sur les marchés financiers mais cela ne fonctionne pas !
Les épargnants ne veulent pas prendre de risque ! et c’est d’ailleurs le fondement du succès de l’assurance vie !
Les épargnants aime l’assurance vie principalement pour la capacité de délégation du risque ! Un contrat d’assurance vie dans lequel la compagnie ne gère pas le risque (via des investissements massifs en unité de compte) n’intéresse pas les épargnants.
Nous entrons depuis quelques mois dans une nouvelle phase stratégique des compagnies d’assurance vie : Quelques compagnies d’assurance vie interdisent purement et simplement un investissement à 100% en fonds euros et obligent les épargnants à répartir leur épargne sur les marchés financiers, parfois même jusqu’à 30% comme nous vous le présentions dans cet article « Des compagnies d’assurance vie interdisent d’investir en fonds euros ! Faut il céder au chantage ?« . Ces pratiques sont scandaleuses et accéléreront le déclin des fonds euros et des compagnies d’assurance vie incapables de privilégier l’intérêt des épargnants.
Le placement idéal pour l’épargnant, c’est un placement qui permet :
- De réaliser un investissement de long terme pour satisfaire des projets de long terme car l’épargnant sait que le court terme ne pourra permettre un rendement attrayant (et c’est tout le problème actuel du fonds euros) ;
- De bénéficier d’une garantie de capital ; Les épargnants ne veulent pas devoir gérer leur patrimoine face à la volatilité des marchés financiers. Cette capacité à gérer le risque, c’est justement le métier de la compagnie d’assurance vie ;
- De bénéficier d’un rendement élevé, du moins supérieur à l’inflation et au rendement de l’épargne sans risque et régulier.
Bref, les épargnants recherchent un placement dont les fondamentaux seraient très proche du support Euro-croissance mais les compagnies refusent de modifier leur stratégie commerciale et préfèrent vendre des unités de compte tellement plus rémunératrices (cf »Les compagnies d’assurance vie n’aiment pas l’euro-croissance et préfèrent les unités de compte !« ). C’est dommage, car cette obstination à ne pas écouter les épargnants et mettre la priorité sur les marges bénéficiaires des assureurs déclenchera le déclin accéléré de l’assurance vie…
J’ai la conviction que les choses devront bouger en 2017. L’assurance vie est systémique et le financement de la croissance Française passera par une meilleure utilisation de l’épargne de Français!
Les compagnies d’assurance vie et le nouveau gouvernement devra trouver une solution pour accélérer la mutation de l’assurance vie. S’agira t’il d’améliorer l’Euro-croissance ? De concentrer les avantages fiscaux de l’assurance vie sur l’Euro-croissance ? (cf »Plaidoyer pour une nouvelle fiscalité de l’assurance vie au profit de l’épargne de long terme et du capital productif)
A suivre…
« De bénéficier d’un rendement élevé, du moins supérieur à l’inflation et au rendement de l’épargne sans risque et régulier »
Et le ….. de la fermière? 🙂
Un, c’est fini, ninini, ya pu de sous
Deux, j’ai toujours trouvé ridicule de corréler l’évaluation de l’Épargne avec l’Inflation.
Il me semble, mais ce n’est que mon humble avis, que ce serait plus logique avec la Richesse Produite, ce qui est franchement différent, dans les faits et philosophiquement.
Je voulais dire « évolution » de l’Épargne
Dommage qu’on ne puisse éditer son message, même dans un délai court, si aucune réponse à la suite! Guillaume, votre hébergeur devrait savoir faire, non?
Pour le coup, il peut s’agir d’investissement mutualisé dans l’économie réelle (prêt aux PME, obligation, action d’entreprise ou PME)… et pas nécessairement d’une épargne bancaire.
Voici un article qui fixe quelques idées sur le rôle prochain de l’assurance vie dans le financement économie : « Les prêts directs par les fonds d’investissement se démocratisent »
« Le gouvernement vient de franchir un nouveau pas en faveur d’une plus grande désintermédiation du financement de l’économie. Un décret, attendu de longue date et publié ce week-end, permet à certains fonds d’investissement d’octroyer directement des prêts à des entreprises. »
Demain, l’assurance vie pourrait devenir un acteur majeur du financement de l’économie avec les banques. C’est une excellente nouvelle !
Certes, certes, mais il n’empêche!
La liste que vous donnez, même si je comprends le caractère « réel », ne concerne que des placements.
C’est donc une utilisation de l’Épargne que d’aucuns ont eu la chance ou l’opportunité ou avec leur travail, de posséder. Avec attaché plutôt moins que plus de risques.
Dans ce cas, il ne me semble pas correct, d’un point de vue mondial, qu’elle rapporte plus que la richesse produite, sinon d’autres n’ayant pas eu cette chance auront moins.
La seule méthode pour avoir plus est d’Investir, ce qui signifie une plus grande implication personnelle, de l’huile de coude, un projet, sans laisser aux Banques ou autres organismes financiers spéculer ou a minima engranger des frais sortant de l’Économie Réelle.
Bon, moi, aujourd’hui mon projet est une rando dans la Vallée de Chevreuse 🙂 avec le soleil!
Bonne journée!
A lire ailleurs: …pour le mois d’octobre avec une collecte nette négative de 100 millions d’euros, le mois de novembre replace ce contrat en tête des placements puisqu’un français sur deux possède toujours un contrat d’assurance-vie. Et nombreux sont ceux qui souhaitent se doter d’un tel contrat prochainement.
La célèbre maxime « l’assurance vie est le placement préféré des français » est donc encore une fois vérifiée, comme le montre le baromètre des français du mois de novembre publié par Odoxa, institut d’études. [1]
La position des français n’a pourtant pas changé sur cette nouvelle loi Sapin, puisque 70% d’entre eux s’y déclarent opposés, alors que dans le même temps 2/3 d’entre eux pensent que le secteur de la banque et de l’assurance n’est pas assez contrôlé…
Le paradoxe ne s’arrête pas là. En effet contrairement à ce qu’on pense ce placement n’est pas plébiscité en raison de son rendement, pourtant au-delà de toute réalité économique, mais principalement pour sa fiscalité avantageuse et sa forte liquidité. La position des français n’a pourtant pas changé sur cette nouvelle loi, puisque 70% d’entre eux s’y déclarent opposés, alors que dans le même temps 2/3 d’entre eux pensent que le secteur de la banque et de l’assurance n’est pas assez contrôlé…
Le paradoxe ne s’arrête pas là. En effet contrairement à ce qu’on pense ce placement n’est pas plébiscité en raison de son rendement, pourtant au-delà de toute réalité économique, mais principalement pour sa fiscalité avantageuse et sa forte liquidité.
C’est « rigolo » de sortir un sondage partisan juste au moment ou dans les faits, l’assurance vie est délaissée… marketing quand tu nous tiens…