D’abord parce que « les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ne voient la nécessité que dans la crise ».
Jean Monnet avait raison : la crise n’a jamais été aussi grave et l’Europe se met (discrètement) au travail, la solution fédéraliste gagnant du terrain dans les capitales européennes.
D’ailleurs José Manuel Baroso – Président de la Commission Européenne – détermine clairement l’enjeu : « intégration ou fragmentation », tandis que Wolfgang Schäubel – ministre des finances allemand – évoque l’intérêt des emprunts européens, les fameux « eurobonds ». Les tabous se tombent progressivement !

Ce même ministre allemand appelle à l’élection au suffrage universel direct d’un Président de l’Union Européenne. Quant à la France, elle confie timidement (et sous couvert de l’anonymat (sic)) qu’un nouveau traité est un préalable à plus de fédéralisme, même si certaines voix appellent à une Europe inter-gouvernementale.
En attendant, la commission européenne ne chôme pas : le parlement européen vient de voter le Six Pack, un ensemble de six textes, dont l’objet est d’encadrer les budgets de la zone euro. Désormais, les budgets nationaux devront être équilibrés sous peine de sanctions (jusqu’à 0.20% du PIB de l’état contrevenant) mais surtout, les « grandes lignes des politiques économiques et budgétaires seront arrêtées en commun à Bruxelles avant d’être approuvées par les parlements nationaux ». En abandonnant ainsi une partie de leur souveraineté budgétaire, chacun des états membres fait un petit pas vers un début d’Europe « fédérale ».
Plus concret, Berlin a voté massivement l’accord renforçant le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) : ce fonds pourra désormais acheter des emprunts d’état sur le marché secondaire, autrement dit racheter à des établissements bancaires des obligations d’état mal notées. Voilà qui devrait rassurer les banquiers !
Bien sûr, ces mesures ne se suffisent pas à elles-mêmes. Elles nous prouvent cependant que la prise de conscience du danger de l’implosion de l’Europe est partagée par nos gouvernants, pour autant qu’ils acceptent que si « rien n’est possible sans l’homme, rien n’est durable sans les institutions » !
Ne soyons pas trop impatient, l’Europe est en marche !
Guillaume MAISSE

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