Le projet de loi de finances pour 2021 vient d’être publié par le gouvernement sous le titre ambitieux de France relance. Je viens donc de passer quelques heures à lire les quelques 148 pages du document dans lequel sont exposés l’esprit et les principales dispositions du projet de loi de finances pour 2021.
Plus qu’un plan de relance ponctuel qui baserait tout sur la relance de la consommation des ménages avec toujours plus d’aide à ceux qui bénéficient déjà beaucoup de la solidarité nationale, j’ai l’impression d’un mouvement, d’un virage, pris par le gouvernement pour essayer de construire une croissance économique nouvelle avec les moyens du bord.
Une croissance économique renouvelée construite autour de l’industrie, des territoires et plus globalement d’une croisance économique renouvelée, moins énergivore en énergie fossile.
L’esprit de la loi de finances pour 2021 n’est pas dans l’augmentation des aides sociales ou de la protection des plus faibles en leur permettant de consommer davantage pendant la crise et après, mais repose sur l’idée selon laquelle, il faut aider les entreprises à faire davantage de bénéfices à l’avenir si l’on veut trouver une réponse au chômage de masse et à la perte d’espérance des travailleurs.
Il m’apparaît particulièrement courageux de ne pas tomber dans la facilité d’un plan de relance de la consommation, inutile d’un point de vue structurel, mais tellement plus facile à faire accepter par la population.
La loi de finances pour 2021 apparait comme l’illustration parfaite de ce qu’est une politique de l’offre. C’est en aidant les entreprises à générer toujours plus de bénéfices que les plus fragiles pourront retrouver l’espérance, c’est-à-dire, retrouver confiance dans l’avenir ; en cela, c’est là une forme de réponse structurelle aux gilets jaunes.
Souvenez-vous, les #giletsjaunes ne voulaient pas recevoir toujours plus d’aides sociales et vivre d’assistanat, ils voulaient pouvoir vivre décemment de leur travail et retrouver l’espoir d’un avenir meilleur obtenu grâce au fruit de leur travail. De ce point de vue, la loi de finances pour 2021 me semble alors courageuse et allant dans le bon sens, car c’est en donnant les moyens aux entreprises de générer plus de bénéfices que les #giletsjaunes pourront espérer tirer profit de leur travail et de leur investissement.
De manière concrète, le projet de loi de finances pour 2021 c’est :
- Poursuite du mécanisme du chômage partiel pour l’année 2021 pour un budget de 6.6 milliards d’euros ;
- Un budget de 1 milliard d’euros pour financer des formations qui doivent permettre aux salariés placés en activité partielle de favoriser leur employabilité, dans un contexte de mutations économiques ;
- Un budget de 1.6 milliards d’euros pour augmenter le nombre de formations qualifiantes à disposition de l’ensemble des jeunes qui arrivent sur le marché du travail dès septembre 2020 ;
- Une hausse des budgets ministériels pour la défense, la justice et l’éducation et école ;
- La nécessité « de définir une trajectoire de maîtrise des dépenses sociales, afin de préserver durablement les services publics sanitaires et sociaux » face au recul fort des recettes de la Sécurité sociale, en 2020 ;, bref, il va falloir réduire les prestations sociales pour financer le chômage partiel, le report des cotisations sociales des indépendants et la récession ;
- Une baisse des impôts de production payés par les entreprises à hauteur de 10 milliards d’euros ; cette baisse d’impôt profite « à 41 % aux entreprises de taille intermédiaire (ETI), à 33 % aux PME et TPE et à 26 % aux grandes entreprises. Les deux principaux secteurs bénéficiaires seraient celui de l’industrie (37 % du gain) et celui du commerce (15 % du gain).«
- Suppression progressive de la majoration de 25 % appliquée à certains revenus des professionnels non adhérents d’un organisme de gestion agréé (OGA) ou assimilé. Cette mesure bénéficiera aux petites entreprises, aux artisans et aux travailleurs indépendants ;
- Ma prime renov’ , subvention de l’ANAH pour la rénovation thermique des logements va pouvoir profiter à de nouveaux bénéficiaires pour les deux prochaines années : les ménages appartenant aux deux derniers déciles de revenu, non éligibles au dispositif de droit commun, les copropriétés et les propriétaires bailleurs. Le budget de MaPrimeRénov’ est augmenté de 2 Md€ sur 2021-2022
- Subvention pour la rénovation thermique et la réhabilitation lourde des logements sociaux pour 500 millions d’euros ;
- Un budget de 4 milliards d’euros pour la rénovation thermique des bâtiments publics, école, université auquel s’ajoutent 2 milliards pour la rénovation des hôpitaux et EHPAD ;
- Subvention à hauteur de 1.20 milliards d’euros pour aider les entreprises industrielles à réduire leur empreinte carbone en encourageant l’utilisation de l’énergie électrique au détriment des énergies fossiles que sont le charbons et le pétrole ou de système plus sobre énergétiquement ;
- Budget de 400 millions d’euros pour « contribuer au développement de circuits courts par un renforcement des projets alimentaires territoriaux et promouvoir des systèmes de production à moindre impact environnemental » ;
- Budget de 250 millions d’euros pour « moderniser les abattoirs et soutenir les refuges pour un renforcement de la prise en charge des animaux abandonnés ou en fin de vie » ;
- Budget de 100 millions d’euros pour multiplier les surfaces en légumineuses ;
- Budget de 250 millions d’euros pour « financer l’investissement dans des matériels agricoles permettant de réduire l’usage de produits phytopharmaceutiques et permettant de faire face aux principaux aléas climatiques » ;
- Budget de 200 millions d’euros d’investissement dans la forêt « pour diversifier et renouveler les peuplements forestiers en vue d’améliorer la séquestration du carbone et reconstituer les forêts gravement affectées par les maladies touchant le secteur sylvicole, notamment la crise des scolytes« .
- Budget de 2 milliards d’euros pour construire une filière industrielle d’hydrogène vert ;
- Budget de 500 millions d’euros pour accélérer le développement d’un modèle de production et de consommation circulaire afin de limiter la production de déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat ; Il s’agit notamment de réduire l’utilisation des emballages plastiques et la modernisation du tri, la valorisation des déchets recyclables et des biodéchets ainsi que la production d’énergie à partir de combustibles solides de récupération ;
- Budget de 1.9 milliards d’euros pour soutenir la demande en véhicules propres et accélérer le verdissement du parc automobile par le biais de la prime à la conversion et du bonus automobile et instauration d’un crédit d’impôt spécifique en faveur de l’installation de bornes de recharge de véhicules électriques sur les places de stationnement résidentiel.
- Budget de 4.7 milliards d’euros pour moderniser le réseau ferroviaire, développer le transport de marchandises, soutenir aux côtés des Régions des lignes de desserte fine du territoire, et redévelopper des offres de trains de nuit ;
- Budget d’1 milliard d’euros prévus pour soutenir des investissements industriels qui permettront à l’économie française d’assurer son indépendance et sa résilience (produit de santé, intrants critiques pour l’industrie, électronique, agroalimentaire et télécommunications)
Il reste maintenant à suivre avec attention les débats parlementaires pour analyser la mise en œuvre de ces grandes lignes.
Quant à la question du financement de ces dépenses structurelles, « la question, elle est vite répondue » car dans un monde ou l’état Français emprunte à taux négatif, il serait dommage de ne pas en profiter pour investir dans la croissance de demain.
Utiliser les taux négatifs pour financer le train de vie aurait été une très mauvaise décision de gestion à long terme.
Utiliser les taux négatifs pour investir dans les infrastructures et dans les capacités à construire une nouvelle croissance économique est au contraire très pertinent.
A suivre…
Merci pour cette synthèse très claire !
Merci Guillaume pour avoir attaqué ce bouquin et nous avoir délivré une synthèse !
Dans un contexte de taux négatifs,nos capacités à construire une nouvelle croissance économique sont bien réelles, sans oublier que la France à tout pour réussir…….
Merci Guillaume pour cet excellent copier-coller du résumé du communiqué de presse du Gouvernement.
Je suis tout à fait d’accord avec vous lorsque vous écrivez, en gros, que ledit Gouvernement a bricolé, avec les moyens du bord, un machin rassemblant pêle-mêle écologie (MaPrimRénov pour parler novlangue comme à Paris), favorisation de la compétitivité des entreprises alors qu’on n’a toujours pas compris au ministère que les entreprises françaises crèvent des charges sociales vs le financement de l’assistanat de masse, etc.
Bref, un très bon gloubiboulga que nous sert Bruno Le Maire.
Bonjour,
Disons que c’est mieux que rien.
Tout d’abord, une remarque sur le » plan » :
On a l’impression d’un saupoudrage, où l’on donne un peu à chacun. Mais c’est habituel en France, pays aux 300 fromages…
Cela veut dire aussi que l’on ne donne pas grand chose aux différents secteurs.
Il parait que nous faisons à la mesure de nos moyens, et comme d’habitude cela fait « petit bras »
Entre autres : 1 milliard pour soutenir les investissements industriels !! je ne vois pas très bien ce qu’ils vont faire avec ça.
Il faut des dizaines de milliards pour tenter de redévelopper nos industries, et surtout laisser les entrepreneurs faire par eux mêmes en les libérant de leurs chaines.
( pour rappel on réduit les impôts de production de 10 milliards, alors qu’il faudrait les réduire de 50 milliards pour les ramener à ceux des allemands)
Mais il faut dire que le mot libéralisme est encore tabou dans notre pays. On préfère diriger d’en haut.
Messieurs les hommes de l’État, essayez de comprendre qu’une grande partie du succès des entreprises du 21eme siècle vient d’un management » horizontal ».
Le management vertical c’est le 19eme siècle et le jacobinisme est encore antérieur.
Et puis que fait on pour l’année ou les deux ou trois années qui viennent ?
Parce que entre le moment où ce plan sera mis en œuvre et celui où il commencera à donner quelques résultats, de l’eau sous les ponts aura coulé.
Vous allez sans doute continuer à subventionner les chômage partiel, et les entreprises en difficultés ?
Vous êtes vous demandés si ce ne serait pas mieux de remettre tout le monde au boulot ?
( d’après un sondage récent, 70% des gens seraient favorables à un re-confinement. On devrait leur poser la question en spécifiant « sans être payés », et on verrait si ils seraient toujours aussi nombreux!! )
+2 Julien président !
Moi, je suis pour le reconfinement de ceux qui veulent être confinés. Ça laissera plus de place pour ceux qui veulent vivre libres.
excellente idée, mais on leur coupe indemnités et allocations en tout genres…!
Bonjour,
Ne pensez vous pas qu’il faudrait aussi parler de plan de réforme de notre système étatique. pour illustration et pour garder notre bonne humeur voila un petit exemple de ce qu’est l’état jacobin:
« Ubuesque….Pharamineux !!!
> >> > >
> > Cette épidémie nous a fait découvrir que
nous avions en France :
-Le Ministre de la Santé,
-Le directeur général de la Santé,
-La direction de Santé Publique France,
-Le Directeur de la Haute Autorité de
Santé,
-les Directeurs des Agences Régionales
de Santé,
– Le Directeur de l’Agence Nationale
Sanitaire,
– la Direction de l’Alliance Nationale
pour les Sciences de la Vie et de la
Santé : Épidémiologie-France,
– Le Centre National de Recherche
Scientifique en Virologie Moléculaire,
-L’Agence Nationale de Sécurité du
Médicament et de la Santé.
> > > > >
– Soit :
Un nombre d’infectiologues parisiens incroyablement et anormalement élevé , probablement lié au fait que les virus et
bactéries descendent de l’avion à CDG
et ouvrent leur siège social près de la
Place de l’Etoile.
> > > > >
> > > > >
-Mais comme tout cela ne suffit toujours
pas !
-Et suite à cette Épidémie , nos chers
politiques, monstres d’efficacité, de pragmatisme, toujours soucieux d’écono-
miser les finances publiques, vont créer :
> > > > >
– le Haut Commissariat de Lutte contre
les Épidémies,
> >> > >
– Le Haut Conseil de Veille Sanitaire,
> >> > >
– L’Agence Nationale de Sécurité de
Logistique Médicale.
> >> > >
> > > > > – 5 000 fonctionnaires en plus
(et les petits copains à placer) et où
ça? : à Paris, évidemment !
> > > > >
La prochaine fois, on aura peut être
des masques mais il va manquer les
gants !..
Cool…
> > > > >
> > > > >
La médecine française croule, vous le
voyez, sous « l’administratif centralisé »
.. géré par des technocrates dits
« experts »,..mais visiblement totalement
incompétents !
> > > > >
> > > > >
Alors, SVP, faites vite votre déclaration-
d’impôts !…
car il va falloir payer grassement
tout ce petit monde !
> > > > > > > et..on compte sur vous !> . »
Et si vous multipliez ça par le nombre de secteurs gérés par l’état Julien peut être tranquille pour l’immobilier à Paris il n’est pas pret de baisser!
Bravo, beau recueil ! ET en plus c’est vrai. Mais vaut mieux payer 2 millions de tests RT-PCR à 73€ inutiles a 90% jusqu’à décembre, c’est le con-tribuable qui paye
Oui, mais tout ça, il ne faut surtout pas que les « journalistes » des grands médias ne l’évoquent..!
Ouais…c’était le minimum après avoir cassé l’économie avec un confinement délirant !
Merci pour cet article
Concernant Ma prime renov’ qui devrait également bénéficier aux propriétaires bailleurs, un dispositif existe déjà moyennant une obligation de bouquet de travaux susceptibles d’entrainer une économie d’énergie et de la signature d’une convention avec l’Anah dont le montant des éventuelles subventions dépend du type de convention (loyer intermédiaire, social ou très social)
Dans ce projet parle-t-on également de ces 2 types de contrainte ?
Je me doute qu’il faut attendre la mouture définitive… mais au cas où il y aurait déjà une information sur le sujet ?????
Bonjour,
L’économie de croissance a vécu (moins de 300 ans).
Elle va disparaître car son oxygène, la fausse certitude- parce que longtemps seulement captées par la minorité riche du monde – que matières premières et énergie sont infinies, a disparu; le reste du monde nous emboîtant le pas.
L’économie de croissance (l’humain au service de l’économie, renversement des rôles) ne peut pas être verte, pas plus que le développement ne peut être durable (oxymore, incompatibilité de termes, écrivait le sociologue philosophant Edgar Morin).
L’économie de croissance, principe économique de fol enrichissement de nos dominants, auquel ils ont aliéné les dominés par la fausse perspective d’un enrichissement croissant les faisant adhérer à la « religion de progrès », tombe sur le seul obstacle qui puisse la faire chuter : la réalité du monde vivant.
L’économie de croissance ne perçoit la réalité qu’à travers le prisme déformant de la production.
La liste « ma prim rénov' » des éléments concernés par son subventionnement en est un exemple frappant. « Chaudiéres à granulés / pompes à chaleur eau-eau / chaudières à bûches / pompes à chaleur air-eau » etc… L’isolation n’arrive qu’en 16ème position après épuisement de toutes les machines possibles et imaginables.
Pour l’économie de croissance, tout simplement isoler très fortement son logement au point de ne quasiment plus avoir besoin de système de chauffage (un petit poêle à bois au centre névralgique de la maison) n’est absolument pas souhaitable.
Et l’installateur de machine à énergie, son constructeur, l’extracteur de minerai, le producteur d’énergie, les transporteurs des différents éléments, les dépollueurs, les dépolluants, les « casses », les incinérations !…
L’économie de croissance est une supercherie – une pyramide de Ponzi – dont l’écheveau s’effondre lorsque la pelote commence à être tirée. Le processus est enclenché, il ne s’arrêtera pas.
Nous allons revenir, non sans immenses dégâts, à une économie normale, au service des humains.
Une économie d’avant celle mondialisée de croissance, mais modernisée. Pour l’agriculture, économie à livre ouvert, pas celle du tas de fumier dans la cour, celle de la permaculture et autres.
Produire moins, mais de qualité, avec un minimum de machines, pour une productivité décuplée.
Du savoir, du travail délicat, toutes choses non délocalisables.
« Les populations, ébahies, comprirent, un peu tard, que l’économie de croissance était incompatible avec la vie ».
Cordialement,
Principe de dominance : Il y a eu la dominance par la religion (profiter de la crédulité), la dominance par l’idéologie (marxisme soviétique et assimilé), nous vivons la dominance par l’économie. A chaque époque son opportunité de dominance. La nôtre provient de la capitalisation des avancées techniques.
« Produire moins, mais de qualité, avec un minimum de machines, pour une productivité décuplée. »
Belle philosophie quand la population mondiale a nourrir atteindra 18Mds vers 2070 comme le prévoient les démographes. Si on arrête la croissance alors il faudra faire comme les chinois l’ont fait: arrêter la croissance démographique, on tombera dans une autre domination…..
Bonjour Delphin,
Votre exposé ne fait aucune allusion aux progrès considérables de la science que l’on ne saurait considérer comme limités.
Seule une découverte majeure, à l’instar de l’électricité, pourra rebattre les cartes économiques au cours de ce 21ème siècle.
Dans le domaine de la recherche mondialisée de multiples chantiers sont en cours : Conquête spatiales dans le cadre de nouvelles applications de la physique quantique,pour la maîtrise de l’énergie : fusion nucléaire, utilisation de hydrogène présent à volonté,etc…,et nul ne peut dire aujourd’hui ce que peut nous réserver pour le moyen-long terme l’avènement de la société numérique,le big data et l’IA.
La seule chose qui soit quasi certaine est qu’une course contre la montre est bien engagée pour assurer l’avenir de notre humanité devant relever de grands défis, dont celui d’un accroissement exponentiel de la démographie.
Il serait bien téméraire pour l’instant de faire de la prospective en suggérant un « game over généralisé »,sachant les possibilités infinies de l’intelligence humaine non seulement pour le pire mais aussi pour le meilleur, comme le montre notre degré d’évolution qu’il serait irréaliste d’ignorer.
L’économie de croissance a vécu ???,(moins de 300 ans)
Il n’est pour s’en convaincre que d’évoquer les années caractérisant ce » bon vieux temps »: 1700 (-300 ans),pour remarquer le chemin considérable parcouru pour le meilleur par notre humanité, dans quelque domaine que ce soit.
Oui à l’optimisme et à la confiance, (évidemment raisonnés !)