Une fois n’est pas coutume, je vous propose un article écrit par Bruno Bertez sous le titre « je prends des risques et je prévois le contraire de l’apocalypse« . Je ne pratique jamais le copier/coller, mais cet article exprime tellement bien ce que j’essaie de vous expliquer depuis des mois que je ne peux m’empêcher de vous le proposer.
Le coronavirus est un game changer !
Je lis Bruno BERTEZ depuis des années. Il est un observatoire passionnant et passionné des marchés financiers et de la société. Il pousse son travail de réflexion à l’extrême.
Bruno Bertez, né en septembre 1944, est un patron de presse français spécialiste de l’information financière. Patron d’un groupe de presse spécialisé dans l’économie et la finance, il fonde le quotidien La Tribune. Il écrit régulièrement dans le quotidien des affaires suisse, L’Agefi ( source : wikipédia).
Voici son article.
Je soutiens que la crise sanitaire a été une aubaine pour les élites.
C’est audacieux, c’est cynique mais c’est objectif. Peu importe les perceptions et les interprétations, la réalité est là: la crise pandémique, crise exogène tombée du ciel a permis aux élites de prendre des mesures monétaires et financières exceptionnelles et elle leur a donc permis de faire l’économie de la crise financière colossale qui menaçait depuis septembre 2018.
Ne me faites surtout pas dire ce que je ne dis pas.
La crise n’a pas été voulue, complotée, non la crise a simplement été mise à profit , une opportunité a été saisie. « You never want a serious crisis to go to waste » a dit un jour le démocrate Rahm Emanuel , un proche d’Obama. Ne gaspillez jamais l’opportunité que vous offre une crise serieuse!
Une crise inverse de celle de 2008.
La crise mondiale pandémique de 2020 est elle différente des précédentes crises du capitalisme? Oui et Non.
Oui car elle a augmenté considérablement le risque de révulsion du crédit mondial pendant quelques jours, mais non parce qu’elle a permis de justifier l’injection d’une masse colossale de monnaie, de liquidités, de crédit gratuit, qui a noyé dans l’œuf ce risque de crise.
Alors que le sinistre sanitaire fait rage, le monde financier n’a jamais été aussi sûr, aussi « prospère » et autant assuré de stabilité.
Les inquiétudes pour la stabilité financière qui étaient latentes depuis deux ans sont oubliées. La raison? Les autorités « se sont lâchées », elles ont sur-réagi afin de soigner en même temps le sanitaire et la finance. Le repli de l’or est là pour en témoigner et l’ illustrer.
La hausse des taux qui est en cours prouve que les perspectives s’améliorent.
Les anticipations d’inflation à 5 ans n’ont pas été aussi hautes depuis longtemps.
Les gouvernements garantissent les crédits des banques, ce qui débloque la situation et améliore la Transmission. En Europe la crise sanitaire a fait sauter le verrou allemand.
Je soutiens , car j’ai le gout du paradoxe que cette crise sanitaire a été, est pain béni car elle a autorisé ce qui ne l’était pas avant. Elle a autorisé, sous l’effet de choc et de peur ce que jamais on n’aurait pu faire passer. Elle a débloqué la situation budgétaire, a fait sauter toutes les règles de prudence et on s’achemine vers une explosion des dépenses financées par l’impression de monnaie.
Mieux encore, la crise et le choc qu’elle a produit vont selon toute probabilité transformer la monnaie zombie, la monnaie en réserve en monnaie vivante et nous éloigner des précipices.
Je dis bravo les artistes !
[…]Les marchés boursiers et obligataires des principaux pays sont à des niveaux records. La raison est claire. La réponse des principales institutions monétaires nationales et des gouvernements a été d’injecter des trillions de monnaie / crédit dans leurs économies pour soutenir les banques, les grandes entreprises et les plus petites; elles ont aussi envoyé des chèques à des millions de chômeurs et / ou de travailleurs licenciés.
La taille de ces «largesses», financées par «l’impression» de monnaie par les banques centrales, est sans précédent dans l’histoire du capitalisme moderne.
Cela signifie que, contrairement à la situation au début de la Grande Récession en 2008 , les banques et les grandes institutions financières ne sont pas du tout proches de l’effondrement.
Les bilans bancaires sont plus solides qu’avant la pandémie. Les bénéfices financiers sont en hausse. Les dépôts bancaires ont explosé à mesure que les banques centrales augmentent les réserves des banques commerciales et que les entreprises et les ménages accumulent des liquidités; étant donné que les investissements ont cessé et que les ménages dépensent moins.
Selon l’OCDE, les taux d’épargne des ménages ont augmenté de 10 à 20% pendant la pandémie.
Les dépôts bancaires des ménages ont explosé. Les liquidités des sociétés non financières ont augmenté grâce à des prêts bon marché ou sans intérêt garantis par le gouvernement.
Les grandes sociétés émettent encore plus d’obligations, le tout encouragé et financé par des programmes parrainés par le gouvernement.
Les impôts ont également été reportés puisque les entreprises sont bloquées , elles accumulent à nouveau encore plus de liquidités.
Les reports d’impôt équivalent à 13% du PIB en Italie et à 5% du PIB au Japon, selon l’OCDE.
Le cycle d’expansion et de ralentissement de la production et de l’investissement capitalistes sont souvent déclenché par un krach financier, soit dans le système bancaire ( comme en 2008) , soit dans le monde du « capital fictif » des actions et des obligations (comme en 1929 ).
Source : je prends des risques et je prévois le contraire de l’apocalypse
A suivre…