Tout le monde économique attend la prochaine baisse des taux. Pour beaucoup, ce n’est qu’une question de temps avant cette baisse qui réglerait les maux d’une hausse trop rapide et intense.

Hier, Patrick DRAHI, lourdement endetté via Altice, explique sur Bloomberg : « Les taux vont baisser (…) les produits de luxe s’effondrent (…) les gens vont remettre leur argent dans les obligations et les taux vont baisser (…) la situation géopolitique actuelle va faire baisser les taux ». (Source : Grégoire Favet, BSMART)

Il y a quelques semaines, c’est Frédéric BUZIN, CORUM, qui expliquait dans son rapport trimestriel de la SCPI CORUM Origin : « cette baisse des prix [NDLR : de l’immobilier d’entreprise] augure de meilleures perspectives de plus-values potentielles, le jour où les taux d’intérêt repartiront à la baisse et où les prix immobiliers remonteront ».

C’est là le consensus. Les taux vont rapidement baisser avec la récession qui ne va pas manquer de se matérialiser un jour ou l’autre.

On a l’impression que les acteurs attendent avant impatience la prochaine récession, l’espère violente, car elle pourrait être synonyme d’une baisse des taux qui permettrait de revaloriser les actifs dont la valeur s’est effondrée avec la hausse des taux.

Une baisse des taux qui serait d’autant plus forte que la crise sera violente.

Ce raisonnement me semble particulièrement archaïque et étrange. Comment peut-on sereinement espérer une violente crise économique pour revaloriser le prix des actifs.

Bizarre comme raisonnement.

Les conséquences négatives de la crise ne seront-ils pas pires que les conséquences positives de la baisse des taux ? C’est ma conviction.

Une baisse des taux serait, en effet, la réponse traditionnelle des banques centrales face à une récession. Lorsque l’activité est faible, baisser les taux permet d’injecter de l’argent dans le système puisque la création monétaire passe par le crédit.

Comme, il est expliqué de manière simple dans cette page dédiée aux modalités de la création monétaire :

L’un des principaux rôles de la monnaie, prise sous toutes ses formes (billets, pièces, comptes courants), est de servir d’intermédiaire aux échanges entre les agents économiques.

La création monétaire revêt une importance particulière puisqu’elle détermine la quantité de monnaie en circulation, avec des impacts économiques importants, notamment sur l’évolution des prix.

La monnaie est, aujourd’hui, déconnectée des métaux précieux, elle est majoritairement créée lorsque les banques accordent des crédits. Cette activité est cependant étroitement encadrée par les banques centrales, garantes de la stabilité monétaire

En deux mots et de manière excessivement simpliste : En baissant les taux, la banque centrale espère relancer l’activité du crédit, accélérant ainsi l’activité, mais aussi la monnaie en circulation dans le système économique.

Ainsi, face à une récession qui va bien finir par arriver (après 3 ans à l’annoncer pour le trimestre prochain, sic !), nombreux sont les économistes et les chefs d’entreprises à attendre la prochaine baisse des taux.

Il y a quelques jours, un acteur des marchés me laissait entendre que les entreprises attendaient cette baisse des taux pour se refinancer.

Inutile de s’endetter aux taux actuels, si on s’attend à une baisse des taux dans 6 mois.

Logique. Pourtant, il n’est pas impossible que cela ne se passe pas tout à fait comme cela.

Baisser les taux pour relancer l’activité économique, cela ne fonctionne pas toujours très bien.

On l’a constaté entre 2008 et 2019, la baisse des taux n’a pas été particulièrement efficace pour relancer l’activité économique, car on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Ce ne sont pas les taux d’intérêt qui déterminent seul le besoin de financement d’une économie.

La baisse des taux et les taux négatifs étaient la seule solution pour sauver le système de l’effondrement, mais son efficacité pour relancer l’activité économique aura été très limité.

Les entreprises empruntent pour investir. Si elles n’ont pas de besoin d’investissement, pourquoi s’endetter, même à taux bas.

On ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif.

C’est la raison pour laquelle la baisse des taux d’intérêt s’est avant tout traduit par une augmentation du prix des actifs. Action, immobilier, mais également cryptomonnaie, montre, voiture de collection ont vu leur prix exploser. Il fallait bien que l’argent aille quelque part puisque l’économie et les entreprises n’en avait pas besoin pour financer leur croissance.

Plus d’argent en circulation dans une économie qui n’en a pas besoin n’est pas efficace pour relancer la croissance.

La création monétaire des taux bas s’est dirigé vers la spéculation et la hausse du prix des actifs.

Fort de ce constat d’une politique monétaire dépassé, il n’est pas impossible que la réaction des banques centrales soit différente lors de la prochaine récession.

Et si les banques centrales ne baissaient pas les taux autant qu’attendu ?

En réalité, j’ai l’intuition que les banques centrales travaillent ardemment sur les outils qu’elles utiliseront lors d’une prochaine récession. Cette arme, c’est l’euro numérique.

L’euro-numérique, plus qu’une monnaie digitalisée, est une véritable révolution monétaire.

Au début de l’article, je vous ai expliqué qu’aujourd’hui, la création monétaire reposait sur l’activité « crédit » des banques commerciales, et c’est la raison pour laquelle la baisse des taux est la solution privilégié pour relancer l’économie.

Demain, avec l’euro numérique, la création monétaire ne passera plus uniquement par les banques commerciales. L’euro-numérique, c’est surtout la révolution de la monnaie banque centrale pour tous.

Demain, alors qu’une récession pourrait rendre nécessaire une action des banques centrales, celle-ci pourraient utiliser l’euro-numérique.

Chacun d’entre nous, mais également les entreprises, disposeront d’un compte bancaire « Euro-numérique ». Un compte ouvert auprès de la banque centrale européenne.

La banque centrale européenne pourrait alors créer de l’argent ex nihilo et créditer chaque compte bancaire d’une somme.

Plus besoin de baisser les taux de crédit pour relancer l’économie, il suffira de créer de l’euro BCE, de créditer le compte des citoyens qui pourront alors naturellement le dépenser et relancer l’activité économique.

Un peu à l’image des chèques carburants et autres subventions dont nous avons fait l’expérience pendant la crise. Sauf qu’aujourd’hui, ces chèques sont financés par l’endettement des états, demain, il pourrait l’être par la création monétaire ex-nihilo via l’euro-numérique.

L’euro-numérique permettra à la banque centrale européenne de flécher la relance économique. En effet, grâce à la technologie blockchain et les smartcontrats, l’euro-numérique crédité sur les comptes des citoyens pourra être périssable (avec une date limite d’utilisation avant destruction automatique), utilisable pour l’achat de tel ou tel biens ou services, chez tel ou tel commerçant par exemple.

Bref, encore une fois, le système complexe s’adapte, invente le modèle qui lui permet d’avancer et de croitre inexorablement.

L’euro-numérique pourrait être prêt à fonctionner dès 2024/2025 ou peut-être même avant si les circonstances l’exigent. (cf. « L’Eurosystème passe à la prochaine phase du projet d’euro numérique« )

À suivre.

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