Les plus âgés s’en souviennent, l’inflation était galopante après-guerre, c’était une manière de faire payer les dettes de guerre aux rentiers, tout en relançant les investissements. Nous avons vu en effet précédemment qu’avec  des taux réels négatifs ( taux nominaux diminués de l’inflation) il est bien plus intéressant d’investir que de thésauriser (Cf. « L’euthanasie des épargnants comme seule perspective ? »)

Cette inflation a perduré jusque vers 1980 date à laquelle l’Occident a décidé de tuer cette inflation en montant très fortement les taux, jusqu’à 20 % environ, des deux côtés de l’atlantique.

Ils ont ensuite baissé progressivement, tout à fait parallèlement à l’inflation, pour atteindre zéro maintenant.

Malgré tout, ce fut l’âge d’or des obligations et des assurances-vie en francs puis en euros. En 1990, les taux étaient encore autour de 10 % L’inflation était légèrement inférieure.

La question peut se poser : l’inflation a baissé certes, mais est ce du fait des taux d’intérêt élevés diminuant l’investissement et donc la croissance en Occident, ou bien est ce à cause des circonstances économiques qui ont changé, avec la mondialisation, l’émergence de la Chine dans les années 80, et ses exportations à bas prix.

Les deux certainement.

Depuis la crise de 2008, et les politiques monétaires qui l’on suivie et traitée, beaucoup d’économistes se sont demandés pourquoi en dépit de la monétarisation de l’économie l’inflation de réapparaissait pas.

Autrefois, lorsque l’on faisait marcher la planche à billets, ceux-ci perdaient automatiquement de la valeur, chose parfaitement normale et compréhensible, étant entendu que la monnaie en circulation doit correspondre à peu près à une création de valeur en face.

La quantité de monnaie en circulation ne serait donc plus un facteur essentiel d’inflation pour les zones monétaires fortes.

Il est essentiel de comprendre que le rôle de la monnaie a évolué, et il change de plus en plus : le fait que les monnaies fortes ne puissent plus être attaquées permet aux zones concernées de décider de la quantité de monnaie en circulation sans risque de change, et en conséquence, elles peuvent ainsi décider de lui conférer une nouvelle  dimension sociale de redistribution sans les contraintes passées.

Ce changement de donne devrait être positif pour l’investissement : plus besoin d’augmenter les impôts  et de « prendre aux riches pour donner aux pauvres », c’est la politique monétaire qui fait le travail. Or ce sont justement les possédants  qui peuvent investir.

Nous en reparlerons.

On voit que si l’on s’intéresse aux cas du Zimbabwe, la Turquie ou du Venezuela, entre autres, les intervenants de marché posent un regard différent, tout simplement parce que ce sont des  monnaies faibles, d’États économiquement faibles, et facilement attaquées de l’étranger.

Afin de  comprendre vers où nous nous dirigeons, nous allons :

  • Rappeler les causes de l’inflation
  • Essayer l’apprécier les facteurs + et les facteurs –
  • Tenter d’en déduire l’avenir…..

Inflation et sentiment d’inflation

Avant de rappeler les mécanismes d’inflation, j’aimerais dire qu’il ne faut pas confondre l’inflation calculée par les organismes internationaux sérieux, et le sentiment d’inflation que chacun peut avoir dans sa vie courante.

En effet, tous nous indiquent, qu’il n’y a quasiment pas d’inflation, alors que nous constatons que  beaucoup de produits, alimentaires ( surtout bio-luxe) mais aussi les loyers, les charges, l’eau, l’EDF, le gaz…., sont plutôt orientés à la hausse.

C’est, hélas, une vérité et les plus touchés sont les couches sociales les plus fragiles déjà antérieurement à la covid. (d’où le futur usage de la dimension sociale de la monnaie).

Cela fait partie des risques sociétaux dont nous aurons l’occasion de reparler.

Mais globalement il n’y a pas d’inflation actuellement.

On doit distinguer trois causes d’inflation :

  • L’inflation importée
  • L’inflation par les salaires
  • La rapidité de circulation de la monnaie

L’inflation importée

L’inflation importée, très souvent due au cours du pétrole et des matières premières dans un pays comme le nôtre qui n’en est pas pourvu.

Notons au passage que tout ceci est coté en dollars et que, par conséquent, le cours du dollar compte pour beaucoup.

Il est actuellement orienté à la baisse, cela durera tant que l’économie américaine ne sera pas vraiment repartie et modère une éventuelle hausse des matières premières.

Mais l’inflation importée pourrait aussi venir  des produits manufacturés importés.

Pour le moment, ces produits importés sont essentiellement chinois ou asiatiques et force est de le constater, ces prix en tenant compte de la qualité qui s’améliore sans cesse, ont plutôt tendance à baisser.

Par exemple, une télévision  de bonne taille qui valait 2000€ il y a 20 ans, coûte aujourd’hui environ 1000€ avec de meilleures performances.

Notez bien que si cette même télévision coûtait 2000€, (au lieu de 1000€), compte tenu de sa technologie supérieure, elle serait valorisée moins chère dans le calcul de l’inflation par des organismes comme l’INSEE .

Le deuxième poste d’inflation est intérieur, celui des salaires (et des charges d’entreprise)

Mais, là aussi, nous le savons tous, les salaires augmentent peu voire pas chez nous.

Mais alors où se retrouve donc toute cette masse monétaire distribuée par les banques centrales ?

Réponse :

Les QE après 2008 ont été faits pour sauver le système bancaire en difficulté et éviter d’autres Lehman Brothers. Et cet argent reste dans le circuit bancaire qui se charge par ailleurs de créer de la monnaie sous forme de prêts au secteur privé.  (d’après Alain Madelain)

Il s’oriente aussi dans les circuits monétaires alimentant les marchés financiers.

Cet argent ne se retrouve donc pas directement dans les circuits commerciaux traditionnels ni dans les salaires.

Au final, ce sont donc les actifs qui en profitent (marchés boursiers et immobiliers), et nous avons ce que nous observons depuis 20 ans une « inflation des actifs » immobiliers  et financiers

Le troisième facteur d’inflation est dû à la rapidité de circulation de la monnaie.

Plus l’argent passe de main en main rapidement, plus le prix des objets et services aura tendance à augmenter par effet d’entraînement.

Ici offre et demande sont liées, mais la demande est essentielle.

C’est actuellement ce que cherchent à faire les Américains en distribuant (avec Biden) 2000$ par ressortissant nécessiteux. ( Aux US mérite d’être, aidé en dessous de 99000$/an  !!!)

Là-bas encore plus qu’ici,  les milliers de milliards vont continuer à pleuvoir….

Le consommateur américain dépense volontiers, bien davantage que l’Européen, et l’effet inflationniste d’une telle mesure sera donc plus forte aux US qu’en Europe.

Est-ce que cette situation peut évoluer dans la période post crise de la covid ? Quelle sera l’inflation après le Covid-19

Vous l’avez sans doute constaté comme moi, on entend tout et son contraire dans la presse spécialisée :

« A force d’injecter de l’argent, l’inflation reviendra bien un jour »

« nous sommes en phase de japonisation de l’Europe » donc pas d’inflation

« c’est la stagnation séculaire » donc pas de croissance ni d’inflation.

« quand les taux remonteront, parce qu’ils vont remonter dès que la relance sera là ….Nous aurons aussi de l’inflation  avec une hausse des taux»

Et pourquoi donc  toutes ces affirmations contradictoires ?

Parce que les paramètres sont trop nombreux pour les faire rentrer dans une équation simple.

Alors, en vrac, et sans pouvoir attribuer un coefficient aux divers paramètres, essayons d’apprécier les facteurs + et les facteurs -:

Ce qui pourrait faire revenir l’inflation à l’avenir :

-Le pétrole n’a plus très bonne image, mais reste malgré tout indispensable pendant longtemps encore. Cependant, la part des énergies vertes  augmente, et leur coût d’exploitation est plus élevé  (générateur d’inflation) que celui du  pétrole.

-Certaines matières premières pourraient voir leurs prix monter comme les métaux rares, ou même moins rares comme le cuivre, le nickel,  dont sont gourmandes les nouvelles technologies.

Ce qui permet de croire à une inflation faible à l’avenir :

Dans les quelques années à venir, la croissance dont la tendance était déjà baissière, pourrait avoir du mal à se remettre de la crise de la covid.

-Nous avons eu  une récession à -10 % en France en 2020 et environ -5 % en Allemagne et aux USA.

Et en 2021, c’est loin d’être gagné !!

-La récession plaide plutôt en faveur d’une déflation, ce dont personne ne veut, à commencer par les Américains qui lutteront de tout leur poids pour le redémarrage de l’économie donc de l’inflation.

-Et nous ne savons pas encore quelle vigueur aura la reprise et quand elle commencera.

-Et puis la situation est  différente également selon les pays.

Inflation plus :

l’inflation par les salaires.

Aux USA par exemple,  la tendance est à l’augmentation des salaires. Il faut préciser que là-bas, les bas salaires sont très bas. Les démocrates vont quasiment doubler le SMIC fédéral, de 8 à 15$/H.

Nous voyons donc que les Américains veulent faire redémarrer l’économie et l’inflation.

-Les salaires en Chine augmentent plutôt  vite, les Chinois souhaitant accéder le plus rapidement possible au standard de vie occidental.

Mais ils ont sûrement encore des réserves en personnel peu cher.

Là-bas, la croissance sera même légèrement positive en 2020. (un peu plus de 2%) L’inflation en Chine varie assez rapidement, de 5 % en janvier 2020 à quasiment zéro actuellement, soit environ 2 % sur l’année dernière en moyenne. Elle pourrait revenir à la hausse avec la reprise mondiale. Mais la Chine reste encore en marge des circuits financiers mondiaux et ne leur transmettra pas leur inflation aussi facilement que le virus.. !!

Inflation moins :

-En France, malgré les apparences, le SMIC est plutôt élevé, et il n’est pas  question  de l’augmenter, les entreprises n’en ayant pas les moyens tout simplement.

-Et puis il y a le reste de l’Asie, très performante et peu chère,  où même les Chinois délocalisent !! comme en Indonésie ou  au Vietnam où le SMIC local est d’environ 300€ et ne bouge pas beaucoup ce qui pèse sur l’inflation. (de même au Maroc)

-Enfin, nous avons la digitalisation, la robotisation, qui entrent de plus en plus en concurrence avec l’humain car moins chères, et qui ne sont pas encore  arrivées à maturité, loin de là.

-Pendant le confinement beaucoup d’entreprises se sont aperçues qu’elles pouvaient fonctionner de manière équivalente avec moins de personnel, ce qui accroît la productivité, et par conséquence réduit l’inflation, mais augmente le chômage.

-La 5G  dont les premiers clients seront les entreprises, va nettement contribuer à accroître les gains de productivité.

-Déjà il devient parfois moins coûteux d’installer une usine robotisée en France que de faire travailler des marocains chez eux.. c’est ce qu’a fait Orientis par exemple.

Tentons d’en déduire l’avenir

L’ère des QE se termine, et elle est maintenant remplacée par l’hélicoptère money (pour le moment aux USA) qui consiste tout simplement à donner de l’argent aux gens qui en ont plus ou moins besoin.

Mais pas uniquement, aux US, le déficit budgétaire bat son plein : tout sera dynamisé avec les démocrates, les infrastructures, le budget militaire, les salaires, et bien sûr l’investissement.

En France, pendant toute l’année 2020 on a aussi distribué de l’argent gratuitement avec le chômage partiel et les aides aux entreprises. Mais les plus pauvres seront également aidés, c’est indispensable à la cohésion sociale.

Et partout on se prépare à faire plus et mieux avec les monnaies digitales des banques centrales, qui leur permettront de gagner du temps en créditant directement les comptes en banque des familles en difficultés sans passer par le circuit bancaire traditionnel.

Cela générera t il de l’inflation ?

Peu ou pas en Europe pour le moment, sans doute plus aux USA

Car pour qu’il y ait de l’inflation, il faut réellement un impact haussier sur les prix des produits fabriqués et vendus et des services.

En Europe ( surtout en France) la tendance est à la thésaurisation, cela réduit la circulation de la monnaie.

Aux USA on mise plutôt sur la consommation, on peut donc penser que là-bas l’indice des prix à la consommation finira par monter.

Mais la pire des pressions sur l’inflation serait une absence de croissance une fois le virus évacué, au contraire facteur de déflation.

Les Américains en ont une réelle crainte et feront tout pour la booster, c’est certain.

Au total,  et sans faire de calculs impossibles, on peut logiquement penser que l’inflation restera modeste dans les 2/3 ans en Europe, et qu’ ensuite cela dépendra des politiques économiques suivies dans le monde.

Mais on peut parier qu’elles seront expansionnistes.

On peut aussi supposer que l’inondation monétaire qui démarre aux États Unis, associée aux taux bas, extrêmement probables dans la durée, se poursuivra en Europe (à un moindre degré) et finira par relancer la machine économique en générant  de l’inflation à terme.

Ceci est indispensable car la tendance baissière antérieure de la croissance, devrait revenir d’elle même, une fois terminée l’euphorie prévue de la période de reprise post covid ( fin 2021, 2022).

Et comme nous le verrons bientôt, on ne peut pas se le permettre.

Mais l’Europe sera  de toutes façons en décalage avec  les USA.

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