Il s’agit de LA question qui devrait nous animer tout au long de l’année 2021.
D’un côté, les partisans de la déflation considèrent que la crise du coronavirus sera à l’origine d’une grave récession et mécaniquement d’une baisse des prix par l’effet naturel du marché de l’offre et de la demande. Lorsque la demande baisse, l’offre doit s’adapter et donc baisser ses prix ;
D’un autre côté, les partisans de l’inflation considèrent qu’après des mois de récession pendant lesquels le pouvoir d’achat des ménages aura été, malgré tout, protégé et surtout pendant lesquels les entreprises se seront fortement endettées, la sortie de crise pourrait être violente à la hausse et accompagnée d’une indispensable hausse des prix afin de reconstruire la marge des entreprises et rembourser les crédits en cours.
Patrick ARTUS vient de publier une analyse passionnante au terme de laquelle il présente son scénario d’une année 2021 animée par la reprise de l’inflation.
Extrait :
La question du risque de déflation est à nouveau évoquée en raison de la grande faiblesse de l’inflation en 2020.
Avec le recul de l’activité, la hausse du chômage et des stocks, la baisse des prix des matières premières, il est normal qu’on observe, en 2020, une inflation très basse; on observe aussi, en 2020, une hausse forte du coût salarial unitaire, avec le recul de la productivité, qui n’est pas passée dans les prix, d’où un fort recul des marges bénéficiaires. Mais, en 2021, il devrait y avoir normalisation de l’inflation, ce qu’attendent en réalité les marchés financiers, et pas déflation avec :
– Le redressement de l’activité et la baisse des stocks;
– Le redressement des prix des matières premières;
– La volonté des entreprises de redresser leurs marges bénéficiaires;
– Le maintien, au moins pendant une partie de l’année, des nouvelles mesures sanitaires.
Les Banques Centrales se sont protégées contre cette normalisation de l’inflation en passant le message qu’elles peuvent accepter une inflation supérieure à l’objectif qui compense la période d’inflation inférieure à l’objectif (c’est «l’Average Inflation Targeting»).
Les marchés financiers ont bien compris ce nouveau comportement des Banques Centrales, d’où l’absence d’effet de la remontée de l’inflation anticipée sur les taux d’intérêt à long terme.
Inflation ou déflation en 2021 ?
Une inflation plus forte avec des taux d’intérêt toujours aussi bas = Remboursement sans effort des dettes publiques !
Une inflation plus élevée dans un contexte de taux d’intérêt très bas est recherchée depuis maintenant 10 ans par les États et les banques centrales : C’est le moyen le plus efficace pour effacer les dettes publiques sans effort.
Notre économie est construite autour de l’inflation. Une inflation plus élevée dans un contexte de taux d’intérêt très bas est recherchée depuis maintenant 10 ans par les États et les banques centrales : C’est le moyen le plus efficace pour effacer les dettes publiques sans effort.
La déflation, c’est l’attentisme. Dans une période déflationniste, vous avez tout intérêt à ne pas agir, à attendre.
L’inflation, c’est la nécessité d’agir pour ne pas s’appauvrir. Dans un période inflationniste, l’attentisme coute cher. Vous devez agir, investir et dépenser votre argent pour ne pas vous appauvrir.
2021 et la sortie de la crise du coronavirus sera-t-elle l’année de la sortie de la déflation et l’initiation du cycle inflationniste dont nous avons tellement besoin pour relancer l’économie ?
De surcroît, cette année 2021 devrait être marquée par la confirmation des tendances initiées depuis quelques années. Remise en cause de la mondialisation excessive et recherche d’une croissance économique durable et davantage respectueuse de l’environnement pourraient également participer à ce retour de l’inflation.
En 2020, les budgets publics ont financé le confinement. Les ménages ont accumulés des milliards d’euros de monnaie faute de pouvoir dépenser ; Lorsque l’épidémie sera vaincue, les ménages vont vouloir dépenser cet argent, au moins en partie. La demande augmentera alors très fortement et c’est un cycle nouveau qui pourrait s’engager.
C’est le thème d’un second article de Patrick ARTUS : »Les trois utilisations possibles de l’excès de monnaie »
Extrait :
La crise de la Covid a conduit :
– D’une part à une hausse du taux d’épargne des ménages ( qui n’ont pas pu ou pas voulu consommer) et à un recul de l’investissement des entreprises;
– D’autre part à un déficit public massif, qui a compensé la perte de revenu pour les ménages et les entreprises, et qui a été monétisé;
– Au total, en cumulant ces deux évolutions, à un excès de l’épargne privée sur l’investissement (absence de perte de revenu, hausse de l’épargne, baisse de l’investissement)investi sous forme de monnaie.
On voit alors la question centrale pour prévoir la suite: que vont faire les ménages et les entreprises de cet excès de monnaie ?
– Le garder sous forme de monnaie sans rien en faire ?
– Le dépenser (investissement, consommation) ?
– L’utiliser pour acheter d’autres actifs (actions,immobiliers) ?
Dans le premier cas, il ne se passera rien; dans le second cas,il y aura reprise forte de la demande; dans le troisième cas, il y aura forte hausse des prix des actifs.
Les trois utilisations possibles de l’excès de monnaie