Private Equity, PE pour les intimes. Les vendeurs de placements n’ont plus que ce mot à la bouche. On a comme l’impression qu’ils ont trouvé la nouvelle martingale pour générer de généreuses rétrocommissions depuis que les SCPI ne se vendent plus (sic!).

Et oui, dans un business de commercial, il faut toujours trouver un nouveau produit pour attirer le chaland. Il faut bien avouer que les performances passées de l’investissement dans les entreprises non cotées sont incroyables.

France Invest communique autour d’un taux de rendement de 14% / an sur les 10 dernières années.

Source : France Invest

Récemment, dans une proposition commerciale, un acteur à la recherche de pigeons d’épargnants précisait même :

« Attention : l’autofinancement de la stratégie en année 7 et le versement de la rente dépend d’une hypothèse de rendement annuel de 15 %. Au regard des rendements historiques du Private Equity, cette hypothèse est conservatrice. Elle n’est cependant pas garantie »

Ce week-end, je n’ai pas résisté à en faire un post linkedin tellement je considère ces communications comme douteuses, pour ne pas dire proche de l’escroquerie intellectuelle (cf. post « coup de gueule » linkedin : Private Equity, le nouveau piège pour les épargnants, pigeons des retrocommissions versées aux vendeurs de placements. Il est urgent de faire le nettoyage dans ce métier de la distribution d’épargne. Ce n’est plus possible.

Bref, les performances passées du private equity sont exceptionnelles.

Dans les faits, il convient tout de même de relativiser ces performances qui sont brutes ! Brutes de frais, brute de rémunération des intermédiaires, brute de fiscalité.

En réalité, et c’est trop souvent comme ça, il s’avère que les performances réellement constatées sur les fonds de private equity à destination des particuliers sont plus proches de 4% ou 5%.

Au passage, les intermédiaires et les frais de gestion sont tellement élevés qu’il n’en reste que des miettes pour l’épargnant (cf. « Le private equity pour les petits épargnants n’est pas rentable !« .

Néanmoins, quelques fonds professionnels, à destination de ceux d’entre vous capables d’investir minimum 150 000€, sans aucune liquidité sur 10 ou 15 ans, ont réalisé des performances vraiment exceptionnelles sur ces 10 dernières années.

Des performances passées exceptionnelles, mais des performances futures décevantes ?

Si les performances passées sont exceptionnelles, elles ne nous intéressent pas. Ce qui intéresse l’investisseur de 2024, ce sont les performances futures, celles des 10 années prochaines.

Les performances des 10 prochaines années seront-elles comparables aux performances des 10 dernières années ?

Je ne sais pas. Personne ne sait, mais à mon humble avis, il suffit d’analyser les moteurs de performances des 10 dernières années pour comprendre que ce sera difficile.

Le private equity, c’est le paradis de l’effet de levier et des LBO. C’est le paradis des financiers qui savent démultiplier les gains grâce à l’effet de levier de l’endettement.

Dans un monde à taux négatifs dans lequel l’argent coule à flot, l’effet de levier est facile et source d’un enrichissement quasi sans limites.

De même, la faiblesse des taux d’intérêt justifie des multiples de valorisation toujours plus élevés.

C’est l’application basique des formules de gordon shapiro et autres DCF qui expliquent que lorsque les taux sont faibles, le prix des entreprises explosent à la hausse.

Bref, nous sortons d’une période de 10 ans exceptionnelle au niveau des taux d’intérêt. Une période qui aura été particulièrement favorable à la valorisation de tous les actifs cotés ou non cotés.

Les performances incroyables du private equity s’expliquent principalement par cette période de taux trop bas, mère de toutes les bulles, y compris celle des entreprises non cotées.

Aujourd’hui, nous ne sommes clairement plus dans ce moment d’exception. Les taux négatifs, c’est fini.

La bulle d’euphorie est bel et bien derrière nous côté financement et taux bas. Nous sommes entrés dans une période plus délicate.

  • Une période durant laquelle les LBO vont être moins rentables, car l’effet de levier plus faible du fait de taux plus élevés ;
  • Une période durant laquelle, les valorisations des entreprises pourraient bien baisser à cause d’un financement plus difficile à obtenir et de la hausse des taux ;
  • Une période durant laquelle des taux excessivement bas ne pourront plus masquer les difficultés économiques et la faible croissance de certaines entreprises ;

Bref, une bonne partie des moteurs qui auront autorisé les excellentes performances passées du private équity sont éteints.

Il faudra être encore plus sélectifs sur vos investissements futurs ! L’ensemble des entreprises ne pourra pas profiter de la hausse mécanique liée aux taux bas. Seules les meilleures, les entreprises les plus rentables permettront d’afficher des performances exceptionnelles !

Attention aux désillusions…

ps : Et c’est l’expérience qui parle : Lorsqu’un financier s’adresse aux petits particuliers pour lui proposer des performances incroyables, c’est généralement qu’il y a un loup 🙂

A suivre.

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