Le sujet est sensible est d’une grande complexité, c’est donc avec une extrême humilité que nous allons essayer de vous apporter des éléments de réflexion.
Pour vous accompagner dans la réflexion, nous avons posé cette même question complexe à Guillaume ROUVIER et à toute l’équipe de Hiboo.

Comme d’habitude, ils nous ont répondu par une vidéo d’une grande qualité.
Faut-il investir en actions pour se protéger contre le retour de l’inflation ?
Cette analyse de hiboo est vraiment intéressante, mais elle ne me semble pas totalement mettre en avant le lien indispensable entre inflation et capacité des entreprises à augmenter leur chiffre d’affaires.
L’INSEE définit l’inflation comme suit :
L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l’augmentation du coût de la vie. La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l’économie nationale dans son ensemble (ménages, entreprises, etc.).L’indice des prix à la consommation (IPC) est utilisé pour évaluer l’inflation. Cette mesure est partielle étant donné que l’inflation couvre un champ plus large que celui de la seule consommation des ménages.
Définition de l’inflation par l’INSEE
Bref, de manière synthétique, l’inflation, c’est la hausse générale et durable des prix. Générale et durable sont les deux mots importants de cette définition.
Dans la mesure ou les prix sont fixés par les entreprises (car oui, ce sont les entreprises qui ont des choses à vendre et qui fixent le niveau leur prix en fonction de la capacité des consommateurs à payer). Cela signifie donc que la hausse générale et durable des prix, c’est à dire l’inflation, va de pair avec l’augmentation des chiffres d’affaires des entreprises… et des bénéfices.
Si les entreprises ne sont pas capables d’augmenter les prix de vente, alors l’inflation ne pourra être que temporaire. Dans une telle hypothèse, on doit pouvoir évoquer une « hausse de prix temporaire » plutôt qu’une inflation. C’est là une nuance fondamentale.
Une hausse des prix alors que les entreprises sont incapables d’augmenter leur prix conduit à l’érosion des bénéfices et donc à la destruction de la croissance économique… et donc à la baisse des prix. Ce n’est pas le sujet du jour.
Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est l’inflation, c’est la hausse générale et durable des prix… et donc des chiffres d’affaires et des bénéfices des entreprises.
Une entreprise est un système complexe qui fait évoluer en permanence son modèle économique pour générer des bénéfices qui lui permettront d’investir (cf. « Investir en actions, c’est investir dans un système complexe qui s’adapte en permanence pour générer des bénéfices. »)
Les bénéfices d’aujourd’hui sont les investissements de demain et donc les bénéfices d’après demain.
L’entreprise qui veut croître devra donc s’efforcer de maintenir le pouvoir d’investissement de son bénéfice en le faisant croître, à minima, au même rythme que l’inflation. Une entreprise dont le bénéfice n’augmenterait pas à minima au même rythme que l’inflation serait en voie de destruction.
La hausse durable et générale des prix qu’est l’inflation suppose donc que les entreprises augmentent leur chiffre d’affaires et leurs bénéfices. Il est alors logique de considérer l’investissement en actions comme un investissement capable de protéger l’investisseur contre le risque inflationniste.
La question est alors de savoir si nous entrons dans un nouveau inflationniste ou si nous sommes seulement dans une hausse temporaire des prix ?
C’est le sujet fondamental.
En effet, en cas de hausse ponctuelle des prix dans un environnement fondamentalement déflationniste, les entreprises ne pourront pas augmenter les prix de vente et subiront une dégradation violente de leur capacité à générer des bénéfices (lorsque les coûts de production augmentent, mais que le chiffre d’affaires est stable, alors les marges baissent).
Je crois d’ailleurs que nous avons là le prochain stress qui pourrait faire baisser les marchés actions. En effet, dans un premier temps, la hausse des prix devrait faire fortement chuter les capacités bénéficiaires des entreprises et pourrait interroger le niveau actuel de leurs cours de bourse.
En revanche, si ces hausses de prix se transformaient en hausse générale et durable des prix, c’est à dire en inflation notamment grâce à une augmentation des salaires, alors la capacité des entreprises à répercuter ces hausses de prix dans les prix de vente pourraient enclencher un cercle vertueux favorable à la valorisation des entreprises et aux prix des actions.
La question fondamentale devient donc : Est ce que la crise du Covid-19 va changer la structure de l’économie ? Peut on espérer un « après » Covid différent de l’avant Covid ? Est ce que éléments structurels déflationniste dans lesquels nous étions empêtrés depuis 15 ans vont disparaître dans l’après Covid-19. Le covid est il un « game changer » pour l’économie ?
Comme vous le savez si vous lisez régulièrement ma prose, j’ai envie d’y croire. Mais est ce bien raisonnable ? J’ai envie de voir dans la crise du Covid une prise de conscience générale qui pourrait obliger nos dirigeants à modifier leur dogme.
On parle notamment d’une remise en cause de l’hyper-mondialisation des échanges source de destruction de nos modèles sociaux (on ne peut s’endetter éternellement pour acheter des produits fabriqués par des hommes, femmes, enfants sous payés et maltraités dans nombre de pays émergent – Le modèle n’est pas viable), mais aussi de protection de l’environnement. D’ailleurs, il y a fort à parier que l’ambition environnemental soit l’argument principal qui permette de remettre en cause l’hyper-mondialisation.
Cette question sera le sujet important de la fin de l’année 2021 et il est facile d’imaginer un stress important des spéculateurs devant l’effondrement des bénéfices des entreprises incapables d’augmenter les prix de vente finaux alors que les coûts de production augmentent parfois fortement.
Le prix des actions sur le marché financier pourrait alors chuter fortement. Chute temporaire en cas de transformation de cette hausse des prix en inflation… mais chute durable sur les entreprises étaient finalement incapables de rétablir leur capacité bénéficiaire.
Le capitalisme ayant impérativement besoin de générer des bénéfices pour exister, cette chute durable semble inimaginable, même si on pourrait être tenté de le croire pendant quelques temps…
Comme je l’explique dans cet article « [Réflexion] Le scénario noir à l’origine d’une crise financière dans l’après Covid-19« , il est probablement naïf de croire que l’après Covid-19 sera facile.
Celui qui croit que le Covid est un « game changer » doit considérer que l’investissement en action est pertinent pour les prochaines années alors que celui qui considère le moment comme une pause avant un retour inévitable vers la récession/déflation ne doit surtout pas y investir.
Et vous dans quel camp êtes vous ? Inflation ou hausse temporaire des prix ?
ps : N’oubliez pas de cliquer sur « valider mon vote » pour enregistrer votre choix.
Je pense que l’injection massive de liquidité pour soutenir le marché va faire monter les prix et donc implqiue inflation. Apres, l’inflation n’est pas forcément bonne pour toute les actions.
Uniquement pour celle qui ont du « pricing Power » cad qu’ils peuvent monter les prix de ce qu’il ve,de sans perdre les clients. Toute les valeur n’ont pas ce pricing power. et ça sera là toute la difficulté d’investir, bien choisir celle qui peuvent passer au consommateur la hausse des prix des matieres premieres et mains d’oeuvre.
Bonjour Guillaume,
Comme je l’ai déjà mentionné dans un de mes commentaires sur un autre post la question est : qu’est ce que le Covid a changé structurellement ?
Pour ma part je pense « pas grand chose ». Je ne vois pas ce qui pourrait nous mettre dans un cycle inflationniste comme dans les années 70/80. Le seul élément plausible serait l’énergie : énergie verte et renouvelable hors de prix par rapport au pétrole et gaz, mais pour une transmission aux salaires je ne vois pas pour le moment.
Ce qui change pour moi, c’est une politique monétaire accommodante qui soutient et finance une politique budgétaire débridée.
Contrairement à 2008, l’argent va couler à flot dans l’économie réelle. Nous allons tout droit vers un objectif de surchauffe de l’économie.
Quoi qu’il en soit, investir en lissant sur les actions sur le long terme est une excellente stratégie pour se constituer un patrimoine. Les dividendes réinvestis assureront une bonne performance.
Bonjour
Travaillant dans l’industrie , je peux vous dire que nous connaissons tout azimut une valse des étiquettes que je n’ai pas connu depuis avant 2000. Des hausses de 6 % n’amènent même pas de négociation serrée, ce qui était impensable en 2019.
Et votre entreprise peut elle se permettre d’augmenter ses prix de vente pour maintenir ses marges ? C’est ça le véritable sujet.
Pas vraiment, nous passons 3%. Derrière les grands discours , il y a une réalité qui s’est affirmée massivement avec la mondialisation : quelques grands oligopoles mondiaux dictent leur loi sur la ou les matières qu’ils maitrisent. Ce qui est comique ( on rit jaune ! ) , c’est que sous couvert de protection du consommateur ou de la planète , ces groupes poussent à des réglementations poussées que seuls les plus gros peuvent suivre. Par ailleurs , leur terrain de jeu est tellement large ( la terre entière ) que vous causer quelque tord que ce soit ne leur causera jamais d’inconvénient.
Dans la mesure ou les prix sont fixés par les entreprises (car oui, ce sont les entreprises qui ont des choses à vendre et qui fixent le niveau leur prix en fonction de la capacité des consommateurs à payer).
C’est donc le consommateur qui fixe le prix
S’il ne peut pas payer il n’achète pas et donc le prix est trop élevé
Cela signifie donc que la hausse générale et durable des prix, c’est à dire l’inflation, va de pair avec l’augmentation des chiffres d’affaires des entreprises… et des bénéfices.
Ça oui car les produits se vendent plus cher
Ce qui ne signifie pas que l’entreprise va dégager plus de marge
Ses frais et couts d’appro vont aussi augmenter avec l’inflation
Il n’est pas certain qu’elle puisse maintenir son niveau de marge avec l’inflation
Le consommateur n’étant pas forcément prêt à payer le prix souhaité par l’entreprise
Prochaine étape à surveiller : hausse des salaires ou revendications en ce sens. Si oui alors tout est possible.
Didactique sur l’inflation qui contient en germe la déflation
Pour comprendre les effets de l’inflation, il est utile de comprendre que l’inflation n’est pas une hausse générale des prix en tant que telle, mais une augmentation de l’offre de monnaie qui déclenche alors une augmentation générale des prix des biens et services en termes d’argent.
Prenons le cas d’un stock fixe de monnaie. Chaque fois que les gens augmentent leur demande pour certains biens et services, de l’argent va être alloué à ces biens et services. En réponse, les prix de ces biens et services sont susceptibles d’augmenter – plus d’argent y sera dépensé.
Puisque nous avons un stock de monnaie inchangé, moins d’argent peut maintenant être alloué à la dépense pour d’autres biens et services. Étant donné que le prix d’un bien est le montant d’argent dépensé pour le bien, cela signifie que les prix des autres biens vont baisser , c’est-à-dire que moins d’argent y sera dépensé.
Pour qu’il y ait une augmentation générale des prix, il doit y avoir une augmentation de la masse monétaire. Avec plus d’argent et aucun changement dans la demande de monnaie, les gens peuvent désormais allouer une plus grande quantité d’argent à tous les biens et services.
Selon Mises dans la liberté économique et l’interventionnisme,
L’inflation, comme ce terme a toujours été utilisé partout et surtout dans ce pays, signifie augmenter la quantité de monnaie et de billets de banque en circulation et la quantité de dépôts bancaires soumis à chèque. Mais les gens utilisent aujourd’hui le terme «inflation» pour désigner le phénomène qui est une conséquence inévitable de l’inflation, c’est-à-dire la tendance de tous les prix et taux de salaire à augmenter. Le résultat de cette déplorable confusion est qu’il ne reste plus de terme pour désigner la cause de cette hausse des prix et des salaires. Il n’y a plus de mot disponible pour signifier le phénomène qui a été, jusqu’à présent, appelé inflation. (p. 99)
L’inflation est un processus dans lequel les derniers bénéficiaires de la monnaie fiduciaire nouvellement créée sont appauvris tandis que les premiers bénéficiaires de cet argent s’enrichissent. Ce processus d’appauvrissement est déclenché par une augmentation de la masse monétaire.
Cette augmentation active un échange de rien contre quelque chose. Cela équivaut au détournement des économies réelles des derniers bénéficiaires de l’argent nouvellement généré vers les premiers bénéficiaires.
Désormais, si le taux de croissance de la masse monétaire est de 10% alors que le taux de croissance de la production de biens et services est également de 10%, les prix de ces biens et services augmenteront en moyenne de 0%. Dans la pensée populaire, cela sera perçu comme s’il n’y avait pas d’inflation ici.
Cependant, sachant que l’inflation est une augmentation de la masse monétaire, il est clair que le taux d’inflation est de 10%. Ce qui importe ici, ce n’est pas l’évolution des prix des biens et des services, mais l’augmentation de la masse monétaire. Cette augmentation met en marche le processus d’appauvrissement.
Quelle est l’inflation?
Alors, quel est l’état actuel de l’inflation? Selon la pensée populaire, représentée par le taux de croissance annuel de l’indice des prix à la consommation (IPC), l’inflation s’est établie à 2,6% en mars, contre 1,7% en février et 1,5% en mars 2020.
Cependant, en termes de masse monétaire, le taux de croissance de l’inflation s’établit à 69,2% en mars contre 13,4% en mars 2020. Des hausses monétaires massives ont affaibli le processus de formation de l’épargne réelle. En conséquence, la capacité des entreprises à faire croître l’économie a été gravement compromise.
De plus, la capacité des entreprises à faire croître l’économie s’est encore affaiblie en raison des dépenses publiques massives, qui ont détourné les économies réelles des entreprises vers divers projets gouvernementaux non productifs.
À noter que les dépenses publiques ne devraient se renforcer qu’à court terme. En raison de ces dépenses fiscales et monétaires massives, le réservoir d’épargne réelle – au cœur de la croissance économique – pourrait être en grande difficulté.
Ainsi, une baisse probable du réservoir d’épargne réelle devrait affaiblir considérablement l’activité économique à venir; par la suite, la qualité des actifs des banques se détériorera probablement. Par conséquent, le taux de croissance annuel du crédit inflationniste des banques, ou des prêts «à rien», est sur le point de s’affaiblir visiblement, mettant ainsi sous pression le taux de croissance de la masse monétaire. Cela se produit parce que, à mesure que la qualité des actifs bancaires diminue et que la valeur des emprunteurs potentiels diminue, les banques prêtent moins et exercent une pression à la baisse sur la masse monétaire.
Notez que le taux de croissance annuel de la masse monétaire est déjà tombé à 69,2% en mars contre 79,1% le mois précédent. Au milieu d’une bulle financière – comme nous le sommes probablement maintenant – même un léger ralentissement du taux de croissance de la masse monétaire pourrait être fatal.
Remarque: ce graphique montre les changements dans la mesure de la masse monétaire TMS .
C’est parce que les activités de bullaires ne peuvent pas être autonomes; elles ont besoin du soutien des augmentations de la masse monétaire qui détournent des économies réelles des générateurs de richesse.
De plus, notez à nouveau qu’une des principales causes de la baisse possible de l’épargne réelle est une augmentation sans précédent de la masse monétaire et des dépenses publiques massives. Alors que le réservoir d’épargne réelle continue de croître, l’augmentation massive de la masse monétaire sera probablement suivie d’une tendance à la hausse du taux de croissance des prix des biens et services. Cela pourrait commencer au début de l’année prochaine. Cependant, une fois que le réservoir d’épargne réelle commencera à décliner – en raison d’un pompage monétaire massif et de politiques budgétaires imprudentes – diverses activités de bulle plongeront. Ceci, à son tour, entraînera probablement une forte baisse de l’activité économique et de la masse monétaire.
Ironiquement, bien que la croissance de la masse monétaire soit immense en ce moment, en raison de la possible explosion des activités de bulle, les prix des biens et services pourraient en fait baisser dans les années à venir. Autrement dit, la déflation surviendra lorsque les bulles de l’industrie éclateront. Cela pourrait se produire dès la seconde moitié de 2022. Pourtant, la possibilité d’une déflation dépend du fait que le pool d’épargne réelle diminue, ce qui est notoirement difficile à observer.
https://brunobertez.com/2021/05/21/didactique-sur-linflation-qui-contient-en-germe-la-deflation/
Beaucoup de secteurs sont touchés par une augmentation conséquente des prix de matières de bases. Nécessairement pour préserver (ou retrouver après une relance initiale suite à l’arrêt du secteur) les marges, une hausse des prix des matières finis et service est probable, sous réserve qu’elle touche l’ensemble du secteur.
Certes les entreprises restent maîtresses des prix de leur catalogue, mais ce dernier doit aussi tenir compte de la concurrence pour vendre.
Comme toute guerre la pandémie se traduit par une refonte économie. Cette dernière va s’appuyer sur les nouvelles tendances liées à la recherche de circuit court (hausse des tarifs des transports, verdissement de l’économie), d’indépendance au travers de relocalisation et d’accélération de la recherche (filière hydrogène, …) et changement de mode de consommation (voiture électrique, …).
On aimerait expliquer l’économie par des « mécanismes » mais le volontarisme politique et la confiance sont essentiels et pourtant difficilement mesurables.
Les états auraient besoin d’inflation pour effacer leur dette mais ils ne pourraient plus emprunter.
Tant qu’ils maîtrisent la création monétaire (ok indirectement officiellement) il me semble plus probable qu’ils continuent dans le confort…
AMHA le coup d’arrêt de cette illusion viendra de la Chine : quand elle aura moins besoin qu’on lui achète pour financer la croissance de son ENORME marché intérieur elle pourra monter ses prix et stopperla pression déflationiste qui nous permet un pouvoir d’achat illusoire (on ne produit pas ce qu’on achète). A ce moment là l’élastique nous reviendra dans la figure plus ou moins fort selon quand on aura fini par corriger.
Voilà un commentaire très pertinent Guillaume, je partage ton analyse. Bien construit. Je vois cependant le revenu universel chambouler quelque peu cette logique . J’invite également les internautes à lire Bruno Bertez . Tu écris quelque part Guillaume ? Un blog ?