Je vous propose aujourd’hui une rétrospective 2011 et quelques perspectives pour 2012 par trois économistes :

  • Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Adjoint en charge des gestions d’OFI AM
  • Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas
  • Sylvain Broyer, économiste chez Natixis

La compilation de ces trois analystes devrait nous aider à nous faire une idée sur l’état des marchés actions et surtout sur la nature des difficultés que nous devrons surmonter en 2012.

Une synthèse de la situation économique en cette fin d’année 2011 …

Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Adjoint en charge des gestions d’OFI AM

L’année 2011 a été particulièrement anxiogène et un certain nombre de dogmes ont été remis en cause : risque sur les obligations souveraines de la zone euro, disparition de l’euro, perte de la meilleure notation sur la dette américaine.

Cette conjonction de facteurs n’a naturellement pas été favorable aux marchés financiers, particulièrement en Europe. À ce jour, l’indice Eurostoxx recule de 15 % en 2011 et reflète les inquiétudes au sujet de la zone. L’euro est une mauvaise construction mais sa disparition serait de nature systémique. C’est pourquoi les politiques s’attachent, dans la douleur, à sauvegarder la monnaie unique. Ce sera au prix d’une discipline budgétaire « allemande » qui tombe au pire moment, à l’heure où la croissance ralentit fortement. Les perspectives de croissance sont donc sombres et les prévisions de 0,5 % pour la zone euro paraissent même un peu optimistes.

Le reste du monde va mieux mais s’inquiète du devenir de l’euro car, finalement, les économies et les systèmes financiers sont très imbriqués. aux États-Unis, la réserve fédérale a finalement réussi à créer une sorte d’effet richesse par sa politique massive de rachat de dettes qui maintient les taux d’intérêt à un très faible niveau. La consommation se poursuit à peu près et, surtout, les entreprises vont bien avec des marges au plus haut. Le cycle d’investissement peut donc maintenant repartir. D’ailleurs, l’économie recrée des emplois et l’immobilier commence à donner quelques signes de reprise. Wall Street a donc bien mieux résisté et l’indice S&P 500 recule de seulement 2 % à ce jour en 2011. Les pays émergents sont naturellement les plus forts contributeurs de la croissance mondiale, même si cette zone ralentit, à l’image de la Chine.

Paradoxalement, les actions émergentes ont perdu près de 25 % cette année en euros. Les pays émergents ne sont pas encore totalement immunisés vis-à-vis des pays occidentaux du fait de la sensibilité des exportations et de l’implication des banques occidentales dans le financement (en dollars) du commerce asiatique. La bonne nouvelle est que cela devrait permettre à l’inflation de se calmer et donc aux politiques monétaires de s’inverser et s’assouplir. Au final, nous n’attendons pas une grande année de croissance, avec une possibilité d’être en dessous de 4 % au plan mondial.

 

En 2011, Le pire a été évité.

Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas, résume parfaitement la situation de 2011 en 4 lignes :

Le pire a été évité. L’euro est toujours debout, et le gouvernement fédéral américain n’a pas mis la clé sous la porte. Mais le Congrès n’a toujours pas trouvé le moyen d’éviter le resserrement budgétaire prévu pour 2012. Les dirigeants européens se sont, certes, accordés sur un plan audacieux qui permettra, sans doute, d’éviter un remake de la crise, mais n’ont toujours pas réussi à y mettre un terme.

 

L’année s’achève sur un tableau assez sombre

Sylvain Broyer, économiste chez Natixis,

L’année s’achève sur un tableau assez sombre, où le risque de rationnement du crédit est tangible, les capitaux étrangers ressortent des pays émergents, et où des hypothèses extrêmes concernant la survie de l’Union Monétaire Européenne s’entendent.

 

 

2012 sera une année charnière, celle de la politique, pas de la fin du monde.

Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas

2012 sera probablement un tournant de l’histoire européenne, à mesure que l’heure de vérité approche.

Les perspectives de croissance de la zone euro sont sombres:

  • l’austérité est généralisée (l’Espagne a annoncé de nouvelles mesures cette semaine).
  • L’Allemagne pourrait, toutefois, réserver de bonnes surprises, comme en témoignent les dernières enquêtes (PMI manufacturier, Indice IFO) en suivant la voie tracée par les Etats-Unis (rebond avant matérialisation de la faiblesse dans l’économie réelle).

Nous sommes plus optimistes quant aux perspectives américaines : l

  • a Fed lancerait le QE3 si le Congrès échouait à soutenir l’économie.
  • Le monde émergent sera également un élément déterminant, en particulier le Brésil, dont la croissance a calé fin 2011, et la Chine, qui doit gérer sa bulle immobilière.

Dans ce contexte peu rassurant, des élections se tiendront dans plusieurs pays clés : Finlande en janvier, Russie en mars, France (entre avril et juin), Mexique (juillet), Chine (octobre), Etats-Unis (novembre). 2012 sera une année charnière, celle de la politique, pas de la fin du monde.

 

En 2012, le climat ne nous paraît pas très propice à une revalorisation des actifs financiers

Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Adjoint en charge des gestions d’OFI AM

Sur le plan des devises, nous avons la conviction que l’euro est trop cher et que, tôt ou tard, la BCE capitulera et s’engagera plus franchement dans une politique de « Quantitative easing ». C’est la seule grande Banque centrale à ne pas avoir adopté massivement cette stratégie alors que la croissance de la zone est structurellement la plus faible. À partir de ce moment là, l’euro baissera, et notamment contre le dollar. Cela devrait favoriser les stratégies de diversification internationale.

Pour les actions, le « coussin des faibles valorisations » est intéressant, mais il ne suffit pas. Pour redevenir franchement positif, il manque plusieurs ingrédients : momentum économique plus positif, dynamique de révisons à la hausse des bénéfices des entreprises, flux d’investissement, règlementations… Bref, de la visibilité et de la confiance. En conséquence, nous maintenons une appréciation « neutre » vis-à-vis de cette classe d’actifs.

En conclusion, le climat ne nous paraît pas très propice à une revalorisation des actifs financiers. Il faudra donc construire pour 2012 des portefeuilles diversifiés, équilibrés avec quelques lignes directrices fortes :

  • La recherche de rendement (dividendes, obligations d’entreprises, émergentes voire même gouvernementales européennes…) ;
  • Des stratégies asymétriques, et de ce point de vue, les convertibles ont beaucoup d’attrait ;
  • Commencer à construire des positions de protection contre l’inflation car, tôt ou tard, elle repartira vu les politiques monétaires actuelles.

 

2012 ne démarrera pas mieux

Sylvain Broyer, économiste chez Natixis

2012 ne démarrera pas mieux. Le point d’interrogation principal tient à l’inclinaison des marchés à absorber les nouvelles émissions de dettes souveraines européennes, en particulier au premier trimestre alors que le Trésor italien devrait émettre environ 40% de ses besoins annuels.

Mais le second semestre pourrait s’afficher sous des auspices un peu meilleurs, lorsque le parapluie européen aura été ouvert.

Nous n’attendons l’année prochaine que 0,3% de croissance en zone euro, 0,5% en France, une récession marquée en Italie (-0,6%), mais une croissance encore correcte en Allemagne (+0,9%). Alors que la périphérie n’a pas terminé sa cure d’austérité budgétaire, la France et l’Italie devront s’y mettre. Les perspectives pour l’investissement et l’emploi sont mauvaises.

Seule l’Allemagne, qui ne subit pas de contrainte de financement et voit sa demande domestique tirée par un fort investissement des ménages et une nouvelle hausse des salaires réels fait mieux.

Parmi les autres nations du G7, le Royaume-Uni sera encore en croissance faible (+0,6%), la politique budgétaire britannique étant terriblement restrictive ; les Etats-Unis (+1,7%) seront toujours sevrés d’une reprise du crédit et bloquées par l’absence de consensus politique autour de questions fiscales importantes (pérennité des baisses d’impôts, limite sur la dette) et des élections majeures en novembre (président, un tiers du Senat et la totalité de la chambre des représentants).

Les émergents feront mieux, mais sans s’affranchir de la faiblesse des grandes économies (3,3% de croissance au Brésil, 3,5% en Russie, 8,6% en Chine et 7,3% en Inde).

Finalement, seule la désinflation et les stocks seront facteurs d’amélioration en cours d’année.

 

 

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