Que se passe-t-il sur le marché de la location ? Avez-vous l’impression, comme semble de démontrer les premiers chiffres publiés par le baromètre seloger, que la crise du coronavirus ne sera pas sans conséquence ?
Il est bien évidemment trop tôt pour l’affirmer avec certitude, mais les premiers indicateurs vont dans le sens d’un bouleversement du marché.
Avec la disparition des touristes, le business de la location meublée saisonnière s’effondre.
- Avec la disparition des touristes, le business de la location saisonnière Airbnb n’est plus l’eldorado et surtout, lorsque la situation redeviendra normale, les autorités auront à cœur de soutenir le secteur de l’hôtellerie en limitant fortement le marché gris de la location saisonnière. Il est utopique de croire que le business de la location saisonnière retrouvera sa rentabilité d’avant, notamment en zone urbaine, lorsque le logement est en concurrence directe avec un hôtel.
- Les propriétaires de logements en location saisonnière se sont massivement adaptés à la situation et ont transformé leur location meublée saisonnière en location meublée longue durée. Dans le dernier baromètre seloger, le nombre d’offres de logements meublés a augmenté de 11% entre 2019 et 2020 ; cette très forte hausse doit trouver, au moins en partie, une explication dans ce changement de marché des propriétaires bailleurs.
- Souvenez-vous, au début de l’année, nous vous alertions face à tous ces investisseurs surendettés qui surfaient sur les promesses de rendement à deux chiffres pour séduire le banquier et s’endetter de manière déraisonnable. Nous avions écrit cet article « Crédit immobilier : Arnaquer le banquier pour obtenir un maximum de crédit immobilier locatif« . Le retournement du marché de la location saisonnière pourrait bien confirmer nos alertes. Un certain nombre de propriétaire bailleurs surendettés pourraient bien avoir des difficultés à rembourser leurs crédits immobiliers.
- Quelles seront les conséquences pour le marché de la location meublée longue durée de cette arrivée massive de nouveaux logements ? Lorsque l’offre augmente fortement et que dans le même temps la demande baisse, les lois du marché ne doivent elles pas avoir aboutir à une baisse des loyers et des prix de l’immobilier ? (cf. « Vers une baisse des prix de l’immobilier à Paris, Lyon, Bordeaux et une hausse ailleurs ?« ).
Des locataires qui veulent retrouver une meilleure qualité de vie en fuyant Paris et l’Île-de-France au profit de métropoles plus accessibles
Comment ne pas comprendre ces locataires urbains qui ont vécu l’enfer pendant le confinement. Comment peut-on croire que l’avant sera comme l’après lorsque l’on a vécu trois mois de fortes chaleurs, enfermé dans 42m² que l’on paye le prix d’un demi-château en province ?
La crise du coronavirus a réveillé nombre de ces précaires qui résident à Paris et région parisienne.
Aujourd’hui, le cadre supérieur parisien à un niveau de vie inférieur à un smicard en province à cause des prix de l’immobilier exorbitants. Pour pouvoir se loger de manière décente, il faut gagner 15000€ / mois minimum et encore là où le salarié médian de province est heureux avec ses 1800€ / mois.
Bien évidemment, comme le rappelle fort à propos l’INSEE dans cet article « Quitter Paris pour la campagne…Un rêve de citadin mais pas (encore ?) une réalité statistique« , il est trop tôt pour donner une réalité statistique à cette intuition. Néanmoins, au regard des chiffres passés et notamment le solde migratoire entre l’Ile-de-France et la province, la tendance était déjà forte avant le confinement ; Il ne serait pas étonnant de constater une accélération dans les prochains mois…
Deux graphiques pour illustrer ce mouvement déjà en œuvre :
1- Un solde migratoire négatif en Ile de France ; Il y a plus de départ que d’arrivée en Ile de France
Source : Insee, recensement de la population 2017
2 – Un déficit migratoire de l’Île-de-France avec le reste du territoire français
majoritairement concentré vers les régions littorales ou limitrophes
Les derniers chiffres publiés par le baromètre seloger semblent confirmer une accélération de cette volonté des locataires à quitter Paris et l’Ile de France :
À la lecture des chiffres enregistrés sur notre site, on constate que dans certaines villes de plus de 100 000 habitants, le volume d’annonces immobilières (qu’il s’agisse d’achat ou de location) a fortement augmenté si l’on compare entre elles les périodes allant du 1er juin au 31 juillet 2019, d’une part et 2020, d’autre part.
C’est le cas à :
– Lyon : + 23 % d’offres au global / + 46 % à l’achat + + 7 % à la location.
– Nantes : + 16 % d’offres au global / + 6 % à l’achat / + 32 % à la location.
– Paris : + 41 % d’offres au global / + 24 % à l’achat / + 64 % à la location.
On peut toutefois légitimement s’interroger quant à l’objectif que poursuivent ces propriétaires vendeurs… Désirent-ils vendre leur logement lyonnais, nantais ou encore parisien afin d’acheter plus grand, moins cher, plus vert, quitte pour cela, à s’éloigner des grands centre urbains ? C’est une possibilité qui ne saurait être écartée. Selon une étude SeLoger, 29 % des Franciliens interrogés ont ainsi élargi leur périmètre de recherche et prospectent désormais loin des grandes villes.
Les recherches portant sur des locations parisiennes ont baissé (- 23 % entre 2019 et 2020 sur les périodes observées
Seloger
Évolution des annonces publiées sur SeLoger *
Ville | Évolution |
---|---|
Bordeaux | 1 % |
Lyon | + 23 % |
Marseille | 0 % |
Mulhouse | + 4 % |
Nantes | + 16 % |
Nice | + 6 % |
Paris | + 41 % |
Rennes | + 12 % |
Strasbourg | – 7 % |
Toulouse | + 12 % |
A suivre…